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Soumis par Anonyme le

En bref :

  • L'ISR évolue peu en 2010.
  • Les critères de sélection ne permettent pas toujours d'éviter les investissements néfastes.

En 2010, les investisseurs privés et institutionnels ont placé 324 milliards d'euros dans des fonds d'investissement, comptes d'épargne et autres formules d'investissement. Sur cette masse financière, une petite part (13,21 milliards) a été spécifiquement placée dans des produits financiers ISR (1). En valeur absolue, les montants placés en ISR continuent de progresser. Par contre, la part du marché qu'ils occupent a légèrement diminué pour atteindre 3,77 % fin 2010 (contre 3,92 % en 2009). C'est la première fois depuis 1993 que l'ISR cède du terrain. La toute grande majorité des capitaux placés en ISR le sont dans des fonds de placement (97 %). Sur ce segment spécifique, l'ISR perd encore des points. Fin 2010, 8,13 % des montants placés dans des fonds d'investissement étaient investis dans des fonds ISR (contre 8,28 % fin 2009).

Le solidaire progresse

Ce qui est vrai pour les fonds ISR ne l'est pas pour les comptes d'épargne ISR qui, eux, ont vu leur encours augmenter de 26 %, pour atteindre une part de marché de presque 1%. Les produits solidaires (2) progressent quant à eux en 2010 pour atteindre 1,13 milliard d'euros.

La qualité s'affine

Le Rapport ISR 2011 publié par le Réseau Financement Alternatif (RFA) – dont sont tirés ces chiffres – se penche également sur la qualité des produits ISR. Seuls 22 % de ces produits sont éligibles et ont donc été cotés par le RFA. Les produits structurés et autres produits à capital protégé, avec options par exemple, sont exclus de l'analyse car il est impossible de modifier le panier d'actions au cours de la durée de vie du produit, quels que soient les événements qui aient pu se produire (3). L'analyse qualitative a mis en lumière de très grandes disparités entre les différents produits proposés au public. La cote est attribuée aux produits sur la base de sept critères. Elle est ensuite pondérée par application au seul pourcentage d'entreprises du fonds qui ne présentent pas de risques de se livrer, de manière directe ou indirecte, à des actes graves en termes de violations des droits sociaux, droits humains, droits environnementaux (voir encadré).

Pourquoi pas plus ?

Il existe un phénomène mécanique tout d'abord. La crise de 2008 et 2009 a continué à faire ressentir ses impacts en 2010. Certains fonds ont perdu beaucoup d'argent et ceux classés ISR n'échappent pas à ce point. Une autre hypothèse réside dans le fait que les banques ne font pas l'article de ce type d’investissement, qu'elles ne perçoivent pas comme un argument commercial. Seuls les investisseurs alertés et sensibilisés iront vers des placements ISR.

Principe de précaution

Lorsqu'un investisseur s'engage sur le chemin de l'investissement socialement responsable, il peut se montrer très critique, voire sceptique à l'égard des critères employés et même renoncer à un investissement s'il estime que la méthodologie utilisée ne garantit pas que l’investissement soit totalement éthique. Ceci amène la question de l'utilité de l'investissement ;socialement responsable. L'analyse des fonds ISR montre qu'ils sont de plus en plus souvent composés de sociétés financières. Certes, celles-ci présentent de faibles risques environnementaux et adoptent en général de bonnes pratiques sociales envers leurs employés mais, les analyses extrafinancières tiennent encore peu compte du risque lié au réinvestissement (voir encadré) qui conduirait souvent à les exclure des fonds ISR. D'autre part, les entreprises qui caracolent en tête des fonds ISR sont généralement de grande taille. Quelle que soit leur politique générale, elles trouveront toujours dans leur vivier des exemples positifs et concrets à mettre en avant. À l'heure actuelle, la qualité des fonds ISR est nettement perfectible. Du reste, il n'existe pas encore de norme ISR garantissant que l’investissement soit totalement parfait, tant sur le plan social qu’environnemental. Pourtant, les placements éthiques constituent à l’heure actuelle la meilleure (ou la moins mauvaise) forme de placement possible.

                                                                                                                                        Laurence Roland,
                                                                                                                                                   juin 2011

1. Qu'on qualifie aussi d'éthiques, durables ou socialement responsables.
2. Les produits solidaires investissent dans les entreprises et coopératives à forte plus-value sociale et environnementale ou cèdent une partie de leur bénéfice (par l'intermédiaire de la banque ou de l'épargnant) à des associations.
3. Le nombre des produits structurés ne cesse d'augmenter. Ils étaient 15 en 2006. On en recense 235 en 2010.

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Auteur(s)
Editeur
Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
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Sommaire

En 2010, l'investissement socialement responsable (ISR ) a perdu (légèrement) du terrain. Est-ce à dire que l'investisseur perd la confiance qu'il a mise dans ce type de produits ?

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Année d'édition
2011
Jour d'édition
22
Date d'édition
22/06/2011
Mois d'édition
Juin