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Soumis par Anonyme le

La monnaie existe depuis 5 000 avant J-C. Dès cette époque et jusqu’au moyen âge, les systèmes économiques ont principalement reposé sur l’échange et le troc. Depuis la Renaissance, on voit émerger l’économie marchande.

Aujourd’hui, cette notion a explosé au point que la monnaie n’est plus un moyen mais une fin Depuis qu’il a été décidé d’utiliser l’or et l’argent comme étalon et bien que, depuis 1971, on ait abandonné cette équivalence, la monnaie se confond maintenant symboliquement avec un métal rare et précieux. Du coup, la monnaie qui, au départ, était une idée géniale permettant d’échanger des poires contre des pommes en passant par une unité de mesure commune, a engendré quelques dérèglements. Elle a paupérisé les classes moyennes et a favorisé l’inflation et le chômage. Ce dysfonctionnement provient notamment de la rémunération imposée de l’argent : le taux d’intérêt. Petit à petit, ceux qui possédaient beaucoup d’argent par l’effet des intérêts composés (les intérêts des intérêts), en ont eu de plus en plus et se sont mis à thésauriser, tandis que les pauvres n’en ont plus assez. La monnaie étant rendue artificiellement rare, elle est devenue un instrument de domination.

Sur le marché classique, la banque prête l’argent et récupère une plus grande somme via le taux d’intérêt que doit payer le client. Ce taux d’intérêt, en plus de causer le chômage et l’inflation, a un impact négatif sur l’environnement. Car, pour parvenir à payer un taux d’intérêt élevé sur leurs emprunts, les entreprises se voient obligées de faire chuter la rémunération du travail, d’élever leur prix de vente, de modifier leur gestion d’entreprise en sollicitant davantage les ressources naturelles, bref de rechercher le profit à court terme.

Introduire à nouveau le social dans les échanges économiques

Face à ces dérives, sont nées, fin du 20ème siècle, des expériences qui visaient à casser ce mécanisme et à réintroduire un lien social dans les échanges de biens et services entre personnes. Aujourd’hui, des milliers d’expériences existent à travers le monde. Certaines sont « limitées » dans l’espace et dans le temps tandis que d’autres couvrent un territoire plus large, voire un pays entier. Elles se basent sur la création d’une monnaie parallèle dont la valeur peut se calquer sur celle de la monnaie officielle mais pas nécesssairement. D’un projet à l’autre, les buts poursuivis varient. Certains veulent remettre de la solidarité entre des personnes d’un même territoire, d’autres ont une vocation strictement économique.

Les caractéristiques des monnaies parallèles

Les monnaies parallèles, quelles qu’elles soient, répondent à un certain nombre de caractéristiques. Toutes sont des monnaies à taux 0. Autrement dit, le fait d’en posséder ou d’en prêter ne rapporte rien, pas plus que le fait d’en emprunter ne coûte. Certaines monnaies sont en plus « fondantes ». Elles perdent une partie de leur valeur avec le temps qui passe, incitant ainsi son détenteur à en dépenser et à en remettre dans le
circuit économique. Certaines monnaies ne s’échangent qu’entre particuliers ou qu’entre professionnels. D’autres réussissent à ajouter une dimension sociale en impliquant les pouvoirs publics. Ceux-ci acceptent, contre paiement en monnaie locale, l’accès à certaines infrastructures publiques (la bibliothèque, la piscine, les services sociaux ou de santé,...).

Quels que soient ces systèmes alternatifs, la monnaie, telle qu’on la connaît, disparaît complètement ou prend une toute autre valeur.

Elle ne devient plus une valeur en soi et abstraite, complètement détachée de notre expérience quotidienne. Elle permet de recréer le lien social que l’argent avait perdu, contribue à définir des espaces d’échange locaux, fait connaître les ressources locales aux consommateurs et renforce le lien communautaire. Ces systèmes visent aussi à ce que le politique reprenne le pas sur l’économique en redonnant à la monnaie sa vraie place : un outil d’échanges réels et non plus un objet virtuel (1).

Quelques exemples actuels parmi d’autres ...

  • Les SEL (systèmes d’échange local) ou banques de temps ou LET ’S (local economic trading system) : il en existe dans pratiquement tous les pays. Principe de base : des personnes s’échangent entre elles des biens et des services qu’elles se « rémunèrent » en unités (fixées ou non sur une monnaie officielle ou sur le temps). Le système permet d’être en négatif (d’avoir plus demandé qu’offert). Il permet – voire incite – à ne pas forcément rendre le service à la personne qui l’a fourni initialement.
  • WIR : une banque alternative qui, en Suisse, réunit plus de 60 % des PME, prête de l’argent sans intérêt et a développé sa propre monnaie.
  • L’Ithaca Hour est une monnaie locale utilisée dans la ville d’Ithaca (30 000 habitants) dans l’Etat de New York. Elle est acceptée par tous les commerçants et par une Banque locale. La monnaie Ithaca Hour vise à défendre les intérêts des petits commerces locaux contre ceux des grandes enseignes nationales. La monnaie est donc acceptée dans de nombreux petits commerces mais dans aucun grand magasin. En revanche, l’hôpital de la ville accepte l’Ithaca Hour. Dans sa forme originale – et respectant l’idée de monnaie à taux 0 – elle permet aux commerçants de se préfinancer. Ils achètent des biens ou des services avec la monnaie locale et remboursent ensuite leurs achats en acceptant cette monnaie locale dans leur propre établissement. L’Ithaca Hour vaut 10 $ (le salaire horaire aux USA ).
  • Le Verdinha en Argentine. Cette monnaie permet d’échanger des produits et services soutenables dont les producteurs ou prestataires ont décidé eux-mêmes du prix qu’ils estiment juste.
  • Le RES, le Chiemgauer, ...
  • Il existe environ 5 000 expériences de monnaies parallèles à travers le monde.

(1) Quotidiennement, 2 000 milliards $ sont échangés de par le monde tandis que 8 000 milliards sont consacrés annuellement au commerce. Si on divise cette somme par 200 (jours ouvrables), on peut déduire que seuls 2 % servent aux échanges commerciaux, le reste n’est que spéculation.

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Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
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Pourquoi payer son pain en euro ? Pourquoi ne pas le payer en centimètre, en bar ou en kilogramme ? Pourrait-on imaginer que notre euro n'ait pas de valeur en soi, mais qu'il soit un simple instrument de mesure ? Face à la déroute du système financier économique actuel, des hommes et des femmes tentent d'imaginer de nouvelles formes d'échange.

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Année d'édition
2007
Date d'édition
12/2007
Mois d'édition
Décembre