RES suit au départ, le même ordre d’idée que WIR. Les PME, commerçants et indépendants qui font partie de ce réseau peuvent payer, chez d’autres entreprises affiliées, en RES-euros, monnaie alternative dont la valeur est équivalente à celle de l’euro. Eux-mêmes peuvent vendre leurs biens et services à d’autres affiliés en RES-euros.
Crédit sans intérêt et chiffre d’affaire augmenté
Un avantage majeur de ce système est qu’il permet, comme toutes les monnaies alternatives, d’avoir du crédit sans intérêt. En effet, un commerçant peut être pendant un certain temps en négatif sur son compte RES-euros.
Dès qu’il vendra une marchandise ou un service à un autre commerçant affilié, son solde augmentera. Un autre avantage est bien entendu économique puisqu’il amène de nouveaux clients qui n’hésitent pas à faire plus de kilomètres pour trouver une en treprise qui acceptera ses RES-euros.
Ce n’est pas autre chose que dit Eddy Romain, patron de Déco Vert Espaces Jardins, une entreprises de jardinage à Morlanwelz : « J’ai acquis de nouveaux clients, qui viennent d’autres régions, que je n’aurais jamais eus en d’autres temps. Cette clientèle représente une augmentation de 2 % de mon chiffre d’affaires. Grâce à cela, je peux, à mon tour, payer des fournisseurs intéressants pour mon exploitation professionnelle.»
Et le social, alors ?
Plus de 4 000 commerçants se sont affiliés, principalement en Flandres, mais ce chiffre stagne. Pourtant, l’argument économique mis en avant, l’augmentation du capital, ne vaut que si le nombre
d’affiliations augmente.
Aujourd’hui, RES se trouve un nouvel argument pour promouvoir son système. La société veut passer d’un système d’échange à une véritable monnaie alternative et se profiler comme un moyen de résistance à la globalisation, de soutien à l’économie locale et de lutte contre la paupérisation de la classe moyenne, celle des petites commerçants et artisans qui résistent de moins en moins bien face aux grandes multinationales.
« Aujourd’hui, rappelle Gérard Nys, un courtier RES en Wallonie, l’hyperconcentration du capital provoque des dérives capitalistes, telles qu’Ikea, Microsoft ou Aldi pour ne citer qu’eux. A côté de ces géants du commerce qui écrasent les prix, vu la quantité de marchandises qu’ils vendent, l’épicier du coin ne peut résister et, comble du cynisme, après que ce dernier ait définitivement fermé les portes de son magasin, des grandes chaînes de distribution alimentaire ouvrent au même endroit des commerces de proximité ! »
Un pas plus loin ?
RES propose en outre un système de soutien aux ASBL, clubs de sport et autres, sur un principe de soutien aux associations locales, similaire au Chiemgauer (voir p.7). Les particuliers peuvent acheter, via l’ASBL qu’ils souhaitent soutenir, 50 RES-euros, par exemple, qu’ils dépenseront chez des commerçants affiliés. Ils ne paieront que 45 €. Ils auront donc soutenu leur ASBL sans effort, le commerce local et auront « gagné » 10 %. L’ASBL, quant à elle, ne préfinance pas les RES-euros et, en plus, reçoit une commission de 10 % (1). Le système se finance sur la commission que paie chaque commerçant sur les transactions.
RES reste donc un système alternatif purement commercial dont l’intérêt reste l’augmentation du chiffre d’affaires pour les commerçants, artisans et entrepreneurs qui en font partie. Mais, en même temps, il a pour ambition de dynamiser le commerce local, au détriment des grandes entreprises. Un tel système ne pourra pourtant vraiment prendre corps que s’il atteint une masse critique, raison pour laquelle RES mène une vraie politique commerciale d’acquisition de nouveaux clients.
Plus d’infos sur www.res.be
(1) Si elle vend pour 50 RES -euros, elle recevra 5 € de commission.
Dans les années ‘90, Walter Smets possédait un magasin de meubles design. Un jour, un homme poussa la porte et acheta, en une seule fois, des meubles pour un million de francs. Il en conclut que, pour qu'une affaire marche, les indépendants, artisans et commerçants doivent s'entraider. C'est ainsi que naquit RES, un réseau de plus de 4 000 commerçants en belgique qui s'échangent des biens et services, sans débourser un euro !