
Chers gouvernements,
Les faits sont têtus et trois d’entre eux demandent votre attention en priorité.
Garantir le pouvoir d’achat !
Une étude de l’Université de Gand (1) a scruté l’évolution des revenus de 900.000 ménages entre octobre 2020 et mars 2024 : le pouvoir d’achat du cinquième quintile, les 20 % qui gagnent le plus d’argent, a augmenté de 4,5 % tandis que celui du premier quintile, les 20 % avec les revenus les plus bas, a diminué de 2,7 %.
En cause notamment le calcul de l’indice des prix à la consommation qui sert de base à l’indexation automatique des salaires et des prestations sociales. Pour l’énergie, il se base uniquement sur les nouveaux contrats en sorte que l’indice a été surestimé en 2021 et 2022 quand le prix de l’énergie s’est envolé puisqu’il n’a pas été tenu compte des contrats fixes qui n’étaient pas impactés. Par contre, il a, pour la même raison, été sous-estimé dès le début 2023 lorsque le prix de l’énergie s’est écroulé. Il faut donc d’urgence revoir ce calcul pour éviter que le pouvoir d’achat des plus vulnérables ne soit encore réduit !
Favoriser l’épargne populaire !
Le coffre-fort des 10 % les plus nantis abrite 70 % des actifs financiers détenus par les ménages alors que les 50 % les moins riches n’en possèdent que 6 %. Même pour les dépôts bancaires, on constate que les 50 % les moins riches détiennent ne détiennent que 16 % de l’encours contre 40 % pour les 10 % les plus riches (2).
Pourtant, l’épargne de précaution que l’on retrouve typiquement sur les comptes bancaires est indispensable à chacun·e, mais en particulier aux moins nantis, pour faire face à des imprévus, perte d’emploi, séparation, panne de véhicule, panne d’équipements de la maison, frais d’hospitalisation à avancer… Or, elle est découragée par une faible rémunération, bien en-deçà de l’augmentation du coût de la vie. Afin que la faible épargne des plus modestes ne perde pas de sa valeur, il faut urgemment instaurer un compte d'épargne populaire à taux unique indexé dont le montant ne dépasserait pas un certain plafond et qui serait soumis à des conditions de revenus !
Garantir une bonne performance énergétique !
Compte tenu notamment de la répartition très inégalitaire des actifs financiers,
de nombreux propriétaires ne peuvent pas financer la rénovation énergétique de leur habitation : entre 43 et 50 % en Wallonie et entre 36 et 39 % en Région de Bruxelles-Capitale (3).
Pour donner la chance à chacun·e d’échapper à la précarité énergétique et permettre à la Belgique d’atteindre ses ambitions climatiques, nous devons d’urgence fonder un véritable régime de sécurité sociale qui assure à chacun·e un logement bénéficiant d’une bonne performance énergétique !
(1) Gert Peersman, Koen Schoors en Milan van den Heuvel, De heilige graal: de koopkracht van 900.000 belgische gezinnen tijdens de Vivaldi-regeerperiode, Gentse economische inzichten, Universiteit Gent, 16 mai 2024
(2) Dominique Berns, Le patrimoine des ménages a presque triplé en un quart de siècle, Le Soir, 20 mai 2024
(3) Prof. dr. J. Albrecht et S. Hamels, C. van de Water, Les obstacles financiers aux rénovations climatiques et de confort en Wallonie, Agoria, 10/202