La finance solidaire est fortement liée aux définitions de l’économie sociale utilisées en Belgique. En effet, elle intègre un certain nombre de critères qui donnent des couleurs de solidarité à notre économie lorsqu’il s’agit de financer, par exemple, des activités d’insertion sociale, mais aussi des aspects démocratiques grâce à leurs statuts qui incluent ce type de balises. Elle s’attache également au respect des parties prenantes lorsqu’elle finance des entreprises qui limitent l’enrichissement des actionnaires au profit des travailleur·euse·s ou de l’environnement.
Les montants de financement destinés de cette finance solidaire sont significatifs : pour l’année 2022, nous avons estimé qu’ils étaient à hauteur de 18,73 milliards d’euros. Ces montants sont d’ailleurs en augmentation depuis plusieurs années.
Nous avons estimé que ce montant comprend le financement de 5.884 organisations en 2022, dont 2.115 en Wallonie, 2.459 en Flandre et 1.310 en région bruxelloise. Les ASBL actives dans un domaine solidaire représentent la grande majorité des organisations de la finance solidaire en termes de nombre. Cependant, elles sont rejointes par les sociétés avec agrément(s) et les sociétés à finalité sociale (amenées dès janvier 2024 à devenir des sociétés avec agrément(s)) en termes de volume de financement. Cela signifie que les associations possèdent bien moins de ressources financières, en moyenne, que les sociétés avec agrément(s).
Depuis 2023, les financeur·euse·s prenant part à la finance solidaire disposent d’un nouvel incitant spécifique pour mobiliser leur argent au profit de ces entreprises (investcoop.brussels). Jusque-là seuls deux incitants étaient liés à des critères de solidarité : l’avantage fiscal sur le revenu imposable des sociétés coopératives qui est réservé à celles qui sont agréées pour le Conseil national de la coopération et la réduction d’impôt pour les participations dans les Fonds de développement du microfinancement. Les autres incitants à investir dans la finance solidaire ne sont pas conditionnés à l’aspect solidaire du produit financier, mais applicables à n’importe produit financier remplissant les critères définis.
Si le périmètre de la finance solidaire proposé dans cette étude dresse les contours d’un financement supposé solidaire, il ne le garantit pas automatiquement. C’est pourquoi il est nécessaire que ces financements soient vérifiés et contrôlés afin de garantir aux financeur·euse·s que leur argent est effectivement bien utilisé à des fins solidaires. Car malheureusement, la finance en général est trop souvent le lieu de socialwashing et de greenwashing. Sans définition et sans contrôle, elle affirme facilement résoudre des problématiques sociétales sans prouver la manière dont elle met cela en œuvre, ni les résultats auxquels elle parvient
La finance solidaire labellisée, qui s’élève à environ 579 millions d’euros en 2022, certifie qu’un nombre suffisant de critères de solidarité sont appliqués pour que ces financements soient qualifiés sans aucun doute de solidaires. En 2022, elle est composée de 86 organisations ayant obtenu le label Finance solidaire, en majorité de coopératives. Le volume des financements de la finance labellisée est passé de 120 millions d’euros en 2015 à 579 millions d’euros à fin 2022, et a plus que quadrupler en 7 ans.
La finance solidaire, qu’elle soit labellisable ou labellisée, nécessite la mobilisation de l’épargne citoyenne, des ressources des institutions financières publiques et privées pour changer massivement le logiciel de notre économie détraquée afin de remettre au centre de notre société le respect de l’humain et de son environnement. « Elle est un moyen de reconnecter l’argent des Belges avec les entreprises de l’économie sociale afin de créer une alternative solide à la finance classique souvent trop peu respectueuse de l’humain et la planète », avance Charlaine Provost, chercheuse chez Financité.
Annexes
Rapport sur la finance solidaire 2023