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L'Edito : Indispensable finance solidaire
Le sociologue et philosophe Edgar Morin tirait récemment la sonnette d’alarme dans une tribune au Monde (22 janvier 2024) : « l’hégémonie d’un profit incontrôlé (cause majeure de la crise écologique) accroît les inégalités dans chaque nation et sur toute la planète. » C’est peu dire que nous sommes urgemment contraint·e·s de changer de paradigme, de transformer la finance prédatrice en solidaire.
15 mars 2024
Paragraphe actualités

Le sociologue et philosophe Edgar Morin tirait récemment la sonnette d’alarme dans une tribune au Monde (22 janvier 2024) : « l’hégémonie d’un profit incontrôlé (cause majeure de la crise écologique) accroît les inégalités dans chaque nation et sur toute la planète. » C’est peu dire que nous sommes urgemment contraint·e·s de changer de paradigme, de transformer la finance prédatrice en solidaire.

Cette dernière, sans visée spéculative et moyennant une rémunération limitée, fournit l’argent nécessaire à la réalisation d’opérations économiques qui présentent une valeur ajoutée pour l’humain, la culture et/ou l’environnement, en vue de favoriser le bien commun, la cohésion sociale et la gouvernance démocratique. Elle pesait 18,73 milliards d’euros dans notre pays en 2022, selon la dernière étude livrée par Financité. Soit une belle progression (près de 60 % en 7 ans) mais qui, pour autant, ne porte la finance solidaire qu’à une part encore très modeste du patrimoine financier net des particuliers belges : à peine 1,64 %. Elle doit donc progresser vite et bien.

Vite. Les deux côtés de la chaîne méritent d’être activés. Les citoyen·e·s qui, plus que jamais, doivent être conscient·e·s que l’on dirige le monde avec son argent et, surtout, transformer cette conscience en actes concrets et positifs. Mais aussi les entreprises de l’économie sociale qui doivent croître et essaimer pour construire une société plus cohérente, harmonieuse et durable.

L’expérience de NewB, y compris dans sa version actuelle d’intermédiaire en banque et assurance, montre que nous sommes nombreux et nombreuses à vouloir bouger et faire bouger les choses. Les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle dynamisant en déployant une politique volontariste comme vient de le faire la Wallonie en renforçant les services d’accompagnement des acteurs de l’économie sociale.

Mais la quantité ne suffit pas, il faut lui adjoindre qualité et cohérence. L’étude de Financité montre que seuls 3 % de la finance solidaire est labellisée, c’est-à-dire contrôlée de manière indépendante. Cela ne veut pas dire que 97 % soit de mauvaise qualité, simplement que celle-ci n’est pas garantie.

Au-delà de la qualité, se pose la question de la cohérence. Qu’une banque accorde un crédit à une entreprise d’économie sociale est certes utile pour celle-ci mais peut induire des effets pervers s’il n’est que le cache-sexe d’une politique de financement irrespectueuse de l’humain et de son environnement. L’alliance qui se crée entre le financeur et le financé implique une adéquation d’objectifs entre eux si le second veut éviter d’être l’idiot utile du premier.

Les coopératives de crédit à finalité sociale, comme Crédal ou F’in common méritent d’être un canal privilégié de financement pour les entreprises d’économie sociale. Là aussi, les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle en incitant les particuliers à investir dans ces coopératives, ce que vient de mettre en place la Région de Bruxelles-Capitale.

Cohérence et dynamisme doublés de politiques publiques volontaristes sont les ingrédients du développement de cette décidément indispensable finance solidaire

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