
La sécurité sociale nous permet de nous protéger mutuellement des principaux risques sociaux (maladie, licenciement, vieillesse, etc.). C’est grâce à ce dispositif que nous bénéficions des remboursements des soins de santé, d’une pension, du chômage, des congés payés ou des allocations familiales.
Mais contrairement à la pension ou le chômage, il n’existe pas de sécurité pour le bien-manger. On sait pourtant qu’une bonne alimentation, qui respecte à la fois la nature et ceux et celles qui la produisent, est bénéfique à long terme pour la santé et pour l’environnement. Avoir accès à une alimentation choisie et de qualité est un droit fondamental reconnu au niveau international, que la Belgique s’est engagée à respecter.
Depuis plusieurs années, l’idée émerge donc de constituer une nouvelle branche de la sécurité sociale : la sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Chaque citoyen·ne aurait accès à un budget dédié à l’alimentation de qualité, décidée collectivement. Ce budget serait le fruit de cotisations proportionnelles au revenu.
Le collectif As Bean, une ASBL créée par un groupe de jeunes bioingénieurs et cuisiniers, teste actuellement le système à petite échelle avec le Centre d'études économiques et sociales de l'environnement de l’ULB. 70 étudiantes et étudiants vont recevoir 100 euros par mois pour faire leurs courses alimentaires de septembre 2024 à juin 2025. Ces 100 euros sont dédiés à l’achat de produits alimentaires et ne peuvent être dépensés que dans le réseau de commerces choisi par le collectif. Pour l’instant, 8 magasins ont été choisis, principalement des supermarchés coopératifs.
Une première version a été imaginée en créant une monnaie temporaire développée par Financité, tout en permettant l’utilisation de chèques papier pour les étudiant·e·s ne disposant pas de smartphone. Hélas, certains magasins ne voulaient pas investir du temps pour la prise en main de cette monnaie. Le projet a donc évolué et une application mobile est utilisée par les étudiant·e·s pour encoder les dépenses réalisées en euros. Ces encodages permettront de suivre les achats et établir des liens entre le budget dédié à l’alimentation et le comportement des étudiant·e·s. Parallèlement, les participant·e·s qui reçoivent 100 euros par mois participent à des ateliers où ils·elles construisent le réseau, apprennent et échangent sur les systèmes alimentaires et décident collectivement de l'alimentation qu'ils et elles veulent soutenir.