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Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Banques centrales et banques commerciales se partagent le monopole de la création monétaire.
  • Les premières décident de la politique monétaire dans leur pays. Les secondes font tourner l'économie, mais la mettent aussi en danger.

Banque centrale, banque commerciale : je t'aime, moi non plus

Le Traité de Maastricht (1992) délègue à la Banque centrale européenne (BCE) la compétence pour la politique monétaire en Europe en lui imposant une mission : assurer l'équilibre des prix à l'intérieur de la zone euro 1. Pour atteindre ce résultat, la BCE (avec les banques centrales nationales) s'est fixé comme objectif de maintenir l'inflation 2 à un niveau inférieur à 2 % l'an. Elle dispose, pour ce faire, de moyens de pression, dont le principal est le taux d'intérêt. Ainsi, en tant que banques des banques, les banques centrales nationales entretiennent des relations avec les banques commerciales. Elles encaissent des dépôts des banques commerciales et leur prêtent de l'argent. Le taux d'intérêt exigé par les banques centrales aux banques commerciales déterminera le taux d'intérêt réclamé par les banques commerciales aux entreprises privées. Plus l'intérêt exigé par les banques centrales aux banques commerciales est élevé, plus celui exigé par les banques commerciales aux entreprises l'est aussi. Banques centrales et banques commerciales sont donc liées et influencent toutes deux, à leur manière, l'orientation économique d'un pays.

En Belgique ?

Il y a d'abord la Banque nationale de Belgique qui frappe les pièces de monnaie et la Banque centrale européenne qui émet les billets. Ce n'est pas la Banque nationale qui détermine la quantité de monnaie en circulation, mais la demande des acteurs économiques. Et la monnaie peut être demandée pour deux raisons : l'échange de biens et de services, et la mise en réserve d'argent (thésaurisation). Cette demande est sensible à deux paramètres en particulier : le niveau du produit national (la quantité totale de biens et services échangés) et le taux d'intérêt. Ainsi,quand tout abonde, quand un pays produit beaucoup de biens et services, il y a besoin de beaucoup de monnaie pour s'échanger ces biens et services. À contrario, si la production manque, il y a moins d'échanges qui se font, donc moins de monnaie en circulation. Quant au taux d'intérêt, plus la banque exige un taux élevé, moins les personnes, les entreprises ou les États empruntent de l'argent. La demande de monnaie aux fins d'emprunt diminue donc lorsque le taux d'intérêt exigé augmente.

La double face du crédit

Aujourd'hui, la monnaie créée par les banques centrales (les pièces et les billets) ne représente plus que 15 % de la masse totale de monnaie qui est en circulation. Le reste, la monnaie scripturale (voir p. 4), provient des crédits accordés par les banques commerciales (voir T'as pas un euro ?). Plus les banques prêtent, plus elles permettent aux acteurs économiques d'échanger entre eux et plus elles encaissent des dépôts. Selon les derniers accords de Bâle 3, les fonds propres d'une banque devront représenter 7 % de ses activités de marché ou de crédit d'ici à 2019. Avec 10 000 euros de fonds propres, une banque pourrait ainsi prêter jusqu'à 140 000 euros. Ce qui ne veut pas dire que la banque ne détient pas les 130 000 euros de différence : elle les puise dans les dépôts que nous lui faisons tous.
Si une partie de ces dettes n’est pas remboursée par ses clients, comme ce fut le cas avec les crédits hypothécaires en 2008 (les fameux subprimes), les banques risquent la faillite et mettent tout le système économique en danger.
Il n'en demeure pas moins que l'activité de prêt est essentielle pour l'économie. Par contre, elle pose problème lorsque la banque accorde des crédits de façon irresponsable (comme ce fut le cas avec les subprimes) ou lorsque les activités financées par ses prêts ne sont pas respectueuses de l'homme et de son environnement.

Thibaut Monnier,
septembre 2011

1. La zone euro regroupe les pays de l'Union européenne qui ont adopté l'euro comme monnaie unique.
2. L'inflation est la hausse du prix moyen des biens et services. L'offre surabondante de monnaie en est la première cause.
3. Les accords de Bâle réunissent quatre fois par an les banques centrales pour définir les règles prudentielles qui régiront l'ensemble des banques de la planète. À l'heure actuelle, les banques sont toujours soumises à la règlementation de Bâle II qui fixe à 4 % la garantie de fonds propres d'une banque pour ses activités de marché ou de crédit.

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Auteur(s)
Editeur
Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
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Sommaire

Les États se sont désinvestis du pouvoir de création monétaire. Aujourd'hui, l'essentiel de la monnaie en circulation provient des crédits bancaires. Si ces derniers sont nécessaires à la bonne santé du système économique, ils peuvent aussi nuire à la société.

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Année d'édition
2011
Jour d'édition
14
Date d'édition
14/09/2011
Mois d'édition
Septembre