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Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Beaucoup sont venus chercher un travail qu'ils ne trouvaient pas chez eux.
  • Leurs économies servent le plus souvent à aider la famille restée au pays.
  • Au total, elles représentent des sommes d'argent colossales convoitées par bien des intermédiaires.

Qui sont les migrants ?

Il y a d'abord les migrants économiques qui quittent leur pays pour trouver du travail. Certains sont peu qualifiés, d'autres hautement qualifiés. Seuls ou en famille, la plupart séjourneront dans le pays d'accueil de façon temporaire pour retourner ensuite dans leur pays d'origine. D'autres s'établiront pour une période indéterminée. Certains possèdent un permis de séjour valide, d'autres sont des migrants irréguliers, également désignés dans les médias comme « illégaux » ou « sans papiers »(1).
Beaucoup aussi sont venus en Europe pour étudier, ont trouvé du travail et sont restés. J'ai décroché une bourse pour faire un post-graduat en architecture à Louvain-la-Neuve. Au départ, je n'imaginais pas rester. Mes études terminées, j'ai travaillé en tant que chercheuse à l'université. Aujourd'hui, je travaille pour une ASBL afin de promouvoir des projets de co-développement avec les migrants équatoriens, explique Consuelo Perez, partie de Quito (Équateur) en 1998.

Envoyer de l'argent,pour quoi faire ?

Scolariser un enfant, faire face aux soins de santé, aider à l'achat d'une maison, ou tout simplement permettre aux proches de se nourrir. Les transferts d'argent constituent le plus souvent de petits coups de pouce financiers à la famille ou aux amis restés au pays. Mon fils unique a grandi avec moi en Belgique depuis ses 9 ans jusqu'à ses 17 ans, puis il a voulu retourner en Équateur pour étudier et vivre avec son père. Je lui envoie tous les mois de l'argent pour l'aider à financer ses études universitaires, poursuit Consuelo qui a pu stabiliser sa situation financière en Belgique.

Les intermédiaires

La Belgique compte près d'un million d'immigrés. Voilà un chiffre qui, pour les intermédiaires financiers auxquels les migrants confient leur argent, veut dire beaucoup. Trois types d’intermédiaires officiels se partagent le marché des transferts de fonds : les banques commerciales, les opérateurs non bancaires, et la poste. Cependant, les intérêts prélevés par de telles structures incitent de nombreux migrants à utiliser des canaux informels comme les « porteurs de valises » ou comme les riches commerçants établis dans le pays d'accueil et disposant d'un solide réseau de boutiques sur place, où les familles peuvent retirer leur argent. Je préfère confier mon argent à des amis qui le donneront sans rien demander quand ils rentrent au pays plutôt qu'à des banques qui me prélèveront des intérêts importants, explique Rabah El Baïri, arrivé de Berkane (Maroc) en 1986, et devenu menuisier car il ne parvenait pas à payer ses études de biologie. Consuelo, qui doit envoyer de l'argent de façon beaucoup plus régulière, a opté pour un compte à vue classique dans une banque néerlandaise établie en Belgique et qui collabore avec deux grandes banques équatoriennes disposant de guichets et de distributeurs automatiques. Les coûts sont relativement élevés, mais j'ai l'assurance que mon argent arrive et que seul mon fils peut y accéder au moyen de sa carte bancaire nominative, précise-t-elle. Quant à Alioune Diop, arrivé de Dakar (Sénégal) en 1996 pour travailler comme ingénieur commercial, il préfère recourir aux services des opérateurs non bancaires : J'ai longtemps fonctionné avec des porteurs de valise, mais ils me prélevaient autant d'argent que Western Union, voire parfois plus. Avec des opérateurs professionnels, mon argent est tracé, je sais à qui il profite et je peux en déduire une partie de mes impôts en Belgique(2), explique-t-il.

La boule à facettes

Les transferts de fonds internationaux, juste un business juteux ? Non, ils constituent également une source financière très importante pour les pays en voie de développement(3). Ils augmentent en cas de ralentissement économique. En renforçant le pouvoir d'achat des familles receveuses, ils permettent à la demande intérieure d'un pays de ne pas chuter trop lourdement. Ils constituent pour certaines personnes une sorte de sécurité sociale, qui comble le manque en la matière dans le pays d'origine. Par contre, ces transferts ont tendance à faire augmenter la consommation des biens d'importation au détriment des biens localement produits. Ils peuvent aussi provoquer une augmentation de la demande des biens marchands trop importante par rapport à la capacité de production du pays receveur.

1. À ne pas confondre avec les demandeurs d'asile ou les réfugiés, qui souhaitent trouver refuge dans un autre pays vu la menace qui pèse sur eux d'être poursuivis du fait de leur appartenance ethnique, de leur religion ou de leurs opinions politiques.
2. Sur preuve qu'il s'agit d'assistance familiale et non de transfert pour raison commerciale.
3. Les plus grands couloirs de transferts d'argent au départ de la Belgique ont pour destination le Maroc, la Turquie et la République démocratique du Congo, qui sont, par ordre d'importance, les pays dont le nombre de ressortissants est le plus important en Belgique.

Type de support
Type de document
Auteur(s)
Editeur
Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
Lieux
Sommaire

394 millions d'euros, c'est la somme d'argent envoyée hors d'Europe, en 2010, par les travailleurs migrants résidant en Belgique. Du moins pour ce qui a transité par les opérateurs déclarés.

Numéro de classement dans la bibliothèque ou code de rangement
AR-MONN2011-14
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Année d'édition
2011
Jour d'édition
17
Date d'édition
17/12/2011
Mois d'édition
Décembre