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Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Les commissions liées au transfert de fonds sont anormalement élevées.
  • Le manque de concurrence dans ce secteur empêche d'atteindre un prix à l'équilibre.
  • D'autres opérateurs existent. Il faut comparer.

Les migrants qui veulent envoyer de l'argent au pays peuvent faire appel au réseau informel – payant ou non – avec plus au moins de sécurité. Les autres choisiront le réseau bancaire. Ceci implique que tant le migrant que le bénéficiaire resté au Sud possèdent un compte bancaire dans des institutions ayant conclu un partenariat. Des milliers d'autres choisissent les services d'opérateurs non bancaires (Western Union, CoinStar, MoneyGram...). Ces opérateurs permettent au bénéficiaire de retirer de l'argent depuis n'importe quel commerce affilié. Il peut s'agir d'une banque, d'une simple épicerie ou d'un bureau postal. La force de ces entreprises réside dans l'étendue de leur réseau, laquelle rend possible la livraison d'argent jusque dans les coins les plus reculés sans qu'il soit nécessaire, ni pour celui qui l'envoie, ni pour celui qui le reçoit, de posséder un compte en banque ou d'habiter à proximité d'une banque ou d'un distributeur de billets.

Rien que des avantages

Utiliser de tels services présente de nombreux avantages. L'étendue du réseau, la rapidité et la sécurité en sont les principaux, puisqu'en moins de deux heures l'argent est disponible à l'autre bout de la planète. Les opérateurs tels que Western Union offrent également la possibilité de dédicacer la destination de l'argent de manière à, par exemple, payer directement une facture de téléphone ou d'énergie dans le Sud – ce qui garantit que l'argent envoyé au pays ne sera pas utilisé à d'autres fins que celles prévues initialement. Ces opérateurs bancaires mettent également en avant la déductibilité fiscale puisque– selon le Code général des impôts belge – les aides aux parents, pour peu qu'elles soient raisonnables et proportionnées à leurs besoins et aux revenus des enfants, sont totale-
ment déductibles.

À quel prix ?

Les prix pratiqués par les opérateurs non bancaires sont en général à la hauteur des avantages. Ils ont été de nombreuses fois dénoncés par des ONG qui préféreraient voir l'équivalent des montants liés aux commissions atterrir dans les poches des personnes restées au pays plutôt que dans celles des patrons des opérateurs non bancaires et de leurs actionnaires.

Les coûts liés à ces services comprennent en général une commission de transfert (le plus souvent fixe) à laquelle s'ajoute une commission de change variable selon le pays et la devise de réception. Ce coût peut parfois être très élevé. Dans le cas de la Turquie, par exemple, les euros doivent d'abord être changés en dollars avant d'être convertis en livres turques. Enfin, le destinataire du montant devra, lui aussi, s’acquitter d'une taxe d'encaissement. Celle-ci est en général directement prise en charge par les migrants dans le Nord. Actuellement en Belgique, les coûts moyens réclamés par les opérateurs non bancaires varient entre 6 et 11 % (pour des montants transférés allant de 140 à 350 €)1. La Banque mondiale recommande une limite de 5 % du montant transféré pour les frais appliqués par les sociétés de transfert d'argent.

Pourquoi si cher ?

Les opérateurs non bancaires occupent une position quasi monopolistique qui permet aux leaders du marché de fixer eux-mêmes les prix et empêche d'autres acteurs, tels que les instituts de microfinance pourtant en général bien implantés dans le Sud,de se développer. Le premier, Western Union, a un chiffre d'affaires trois fois supérieur à celui de son premier concurrent (Coin Star). Les grands opérateurs signent en effet la plupart du temps des accords exclusifs avec toute une série de banques locales. Pour les habitants des campagnes et des villes plus reculées du Sud, ils deviennent dès lors la seule option possible. Western Union affiche d'ailleurs des prix moyens bien supérieurs à ceux de ses concurrents directs(2).

D'autres acteurs sur le marché

Les grands opérateurs non bancaires ne sont pourtant pas les seuls sur le marché. Certains, comme MoneyTrans, proposent une plus-value à leurs services, comme celle de garantir l'utilisation des fonds. Le bénéficiaire resté au pays reçoit ainsi, non pas de l'argent, mais des bons d'achat qui serviront de monnaie d'échange pour payer des denrées alimentaires, s'acquitter de frais scolaires... Ceci marche pour autant, bien sûr, qu'il se trouve, sur place, des commerçants acceptant ce type de paiement.

D'autres acteurs se développent actuellement sur le marché. Il s'agit du mobile banking qui permet de transférer de l'argent de téléphone mobile à téléphone mobile. En Belgique, MobiSud se lance dans l'aventure et a conclu un partenariat avec un opérateur mobile marocain. Cette solution permet de se passer du réseau (et du paiement) des intermédiaires financiers et de recevoir de manière quasi immédiate l'argent sur n'importe quel terminal mobile.

Les opérateurs de transfert de fonds profitent pour l'instant d'une situation qui n'est clairement pas à l'avantage des migrants et de leurs proches restés au pays. L'une des manières de rendre le secteur plus responsable consisterait à déforcer cette situation de monopole et de les obliger à être plus transparents sur leurs tarifs, mais aussi d'informer les migrants sur les alternatives qui s'offrent à eux.

1. Voir, à ce sujet, le comparateur de prix par pays et par montant sur le site de la Banque mondiale http://remittance-prices-francais.worldbank.org/.
2. D'après la Banque mondiale (chiffres de 2011), les taux des coûts de transfert de Western Union se situent entre 8,89 et 11,44 % des montants transférés contre une variation oscillant entre 6,42 et 7,82 % pour Coin Star. Il s'agit là de la moyenne pondérée pour les trois principaux pays bénéficiaires de ces tarifs (Maroc, Turquie et RDC).

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Auteur(s)
Editeur
Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
Lieux
Sommaire

Les frais demandés par les opérateurs non bancaires sont souvent très élevés. Pourtant, la distance ou la sécurité des transferts ne peut pas tout expliquer. Petit tour de pratiques pas toujours reluisantes.

Numéro de classement dans la bibliothèque ou code de rangement
AR-ROLA2011-9
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Année d'édition
2011
Jour d'édition
17
Date d'édition
17/12/2011
Mois d'édition
Décembre