Côté pile...
Du côté des pays riches, il s'agit de garantir à la fois l'approvisionnement de leurs propres populations et l'intérêt des pays moins avancés, qui subissent de plein fouet la libéralisation des échanges, et ne combattent pas à armes égales sur le marché international. C'est pourquoi l'aide au développement est si importante. Elle doit permettre des investissements dans le Sud, visant à garantir la souveraineté (ou l'autonomie) alimentaire des pays concernés. Malheureusement, les pays riches ont une fâcheuse tendance à reprendre d'une main ce qu'ils donnent de l'autre (quand leurs promesses d'aide se concrétisent, ce qui n'est pas toujours le cas), parce qu'ils imposent aux pays du Sud des politiques inéquitables. Un exemple : les subventions à l'exportation de produits comme le coton, qui faussent la concurrence sur le marché mondial. De telles subventions sont a priori interdites, mais dans la pratique, elles perdurent.
... Et côté face
Quant aux pays pauvres, ils devraient pouvoir protéger leurs marchés et investir dans le secteur agricole pour améliorer les rendements mais aussi le niveau de vie des agriculteurs, premières victimes de la malnutrition. Et cela, sans porter préjudice à l'environnement qui garantit leur survie à long terme, mais en optimisant, au contraire, les potentialités de la nature. L'intérêt des populations commande le soutien à une agriculture paysanne, permettant de répartir les terres, les revenus et les denrées. Malheureusement, c'est tout le contraire qui se passe... D'où l'augmentation de la malnutrition et de l'exode rural, que les aléas climatiques ne peuvent qu'amplifier. À court terme, un moratoire international sur l'achat des terres s'impose.
La finance de la fourche à la fourchette
L'agriculture a besoin de financements tout au long de la chaîne alimentaire, depuis l'accès au foncier jusqu'à la distribution des produits transformés. Dès le XIXe siècle, des caisses de crédit mutuel ont permis aux paysans européens de s’organiser pour pouvoir investir dans des conditions équitables. Ailleurs dans le monde, des pratiques similaires, comme les tontines en Afrique, ont permis à des générations entières de paysans de faire face aux achats d'intrants ou aux aléas climatiques nécessitant la constitution de réserves. Ces coutumes ont d’ailleurs inspiré de nombreux projets d’aide au développement comme les « banques de céréales ».
Pourtant, à l'ère de la globalisation, des cultures pourrissent sur pied dans des pays manquant d’infrastructures de stockage ou d’acheminement des produits vers les marchés. Production, transformation et distribution nécessitent une fixation des prix et des préfinancements que garantissent des mécanismes de marché comme le commerce équitable, mais qui ne sont malheureusement pas assurés via le commerce traditionnel.
Il ne faut d'ailleurs pas aller bien loin pour constater les méfaits d'une dérégulation agricole qui entraîne un dumping fatal aux producteurs : pensons aux litres de lait déversés dans les champs par les producteurs wallons en septembre 2009...
Il revient aux Etats d'adopter des politiques agricoles plus volontaristes et mieux équilibrées au plan international.