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Soumis par Anonyme le

FINANcité : Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe actuellement dans les pays du Sud, quelle est cette nouvelle ruée vers l’or brun ?

AZ : Depuis la crise alimentaire de 2008, un phénomène nouveau est apparu : l’achat massif de terres arables par des firmes transnationales qui n’ont rien à voir avec le secteur agroalimentaire. Il y avait déjà du commerce des terres auparavant, mais l’objectif financier des firmes transnationales est maintenant clair. Celle qui a fait le plus parler d’elle est la firme sud-coréenne Daewoo, qui a entraîné la chute d’un président, à Madagascar. Ce phénomène provient directement de la crise alimentaire. La Corée du Sud en est un bel exemple : elle importe environ 60 % de son alimentation. Différents pays très dépendants des importations alimentaires se sentent vulnérables par rapport aux fluctuations des prix agricoles sur les marchés mondiaux. Ils se disent qu’il vaut mieux prévoir l’avenir en accaparant, en achetant des terres arables qui ne sont pas cultivées, dans les pays les plus pauvres, essentiellement dans l’Afrique subsaharienne, mais pas uniquement. Ils s'intéressent aussi à des pays comme l’Ukraine ou la Russie qui ont ces grandes surfaces à cultiver, et à des pays asiatiques, comme l’Indonésie ou les Philippines.

FINANcité : Qui achète ? Des États ou des sociétés privées ?

AZ : Le phénomène devient spéculatif. Des firmes investissent dans ces terres parce qu'elles voient que les prix fluctuent. Elles tablent alors sur le fait qu'ils vont sans doute encore augmenter. Toute une série de pays émergents consomment de plus en plus de viande et ont donc besoin de plus en plus de céréales. Au même moment, on constate qu’il y a une disparition d’environ 100 000 km² de terres arables chaque année. Dégradations de l'environnement, urbanisation... La quantité de terres arables diminue. Et pendant ce temps, les besoins alimentaires vont croissant. Les financiers prévoient donc une sous-production et conséquemment, une hausse de prix. Ils spéculent sur une augmentation des prix futurs.

FINANcité : Quid des États qui vendent ou louent des terres ? Que devraient-ils faire pour protéger leur population ?

AZ : La première chose à faire est de refuser de vendre les terres, mais évidemment les tentations sont grandes. Les acheteurs apportent de l’argent, parfois beaucoup d’argent à court terme à des gouvernements qui en ont peu et qui sortent d’une crise alimentaire, puis d’une crise économique et financière. Ils ont donc besoin d’argent frais. À cela il faut ajouter que la Banque mondiale conditionne de plus en plus ses financements, ou en tout cas encourage par ses financements la vente des terres agricoles dans les pays qui font appel à elle. Le problème est que l'agro-business ne nourrit en général pas les populations les plus pauvres du globe et en particulier les petits paysans qui sont les premiers à souffrir de malnutrition. Selon les estimations de la FAO, 1,2 milliard de personnes souffrent de malnutrition dans le monde en 2009. Ils étaient 850 millions en 2007. Les deux tiers sont des paysans du Sud. Il faut les soutenir pour leur permettre de nourrir leur population et d'avoir les capacités économiques suffisantes pour se nourrir eux-mêmes. C'est pourquoi le CNCD prône la souveraineté alimentaire, objet de nos campagnes 11.11.11 de 2006 et de 2007.

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AR-ATTO2009-2
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Année d'édition
2009
Jour d'édition
15
Date d'édition
15/11/2009
Mois d'édition
Novembre
 

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