La banque exclut le financement du pétrole ou du gaz non conventionnel. Elle limite également son financement aux entreprises dont le charbon ne représente pas plus de 25% de leurs activités. Malgré cela, la banque affirme qu'elle ne fournit plus actuellement de financement direct pour le charbon.
KBC a signé plusieurs traités et marque ainsi des points dans le Scan des banques. L'un de ces traités est l'Engagement collectif des Nations unies pour l'action climatique (Collective Commitment to Climate Action, CCCA). En le signant, la banque promet d'aligner son portefeuille bancaire sur l'Accord de Paris. Malgré cela, KBC refuse de rejoindre l' "Alliance Net-Zéro" (Net-Zero Banking Alliance, NZBA), la jugeant trop ambitieuse et irréaliste.
En ce qui concerne le climat, les politiques mises en place par KBC ont plusieurs lacunes. Bien qu'elle affirme ne pas financer l'extraction de nouveaux puits de pétrole et de gaz, elle se limite en réalité à exclure des projets spécifiques. Elle n'exclut pas l'entreprise elle même, ce qui permet à l'exploration pétrolière et gazière existante de se poursuivre et à de nouvelles infrastructures fossiles d'être construites avec le soutien de KBC. En outre, la banque n'a pas de politique élaborée concernant les pratiques de lobbying de l'industrie fossile.
En pratique
La dernière publication de FairFin sur le financement des banques belges à l’industrie fossile (Belgisch geld voor nieuwe fossiele infrastructuur, 2023) montre que KBC possède 252 millions d'euros d'actions dans des entreprises qui développent des infrastructures
fossiles. Même si elle ne finance pas directement ces projets spécifiques, elle finance les entreprises
La politique de KBC en matière de biodiversité est satisfaisante. Ce score est principalement dû aux différentes normes auxquelles la banque adhère, telles que les normes de performance de la Société financière internationale (International Finance Corporation, IFC). Par exemple, la banque n'investit pas dans des entreprises qui ont un impact négatif sur les espèces menacées.
Cependant, la politique de la KBC, qui devrait s'aligner sur ces normes, reste faible et pourrait être beaucoup plus explicite et détaillée. La banque n'a pas de politique générale qui exclut les investissements dans des projets qui détruisent la nature. Au lieu de cela, elle sélectionne quelques secteurs auxquels des conditions spécifiques sont ensuite appliquées. Par exemple, la KBC ne prend en compte la déforestation que dans certains secteurs, comme la production d'huile de palme, au lieu de l'appliquer à l'ensemble de ses activités.
En pratique
FairFin a révélé en octobre 2021 que KBC investissait massivement dans la distribution de plastique jetable. KBC a investi plus de 280 millions d'euros dans certains des plus grands utilisateurs de plastique jetable. En avril 2021, FairFin a également publié un rapport montrant que KBC a fourni 480 millions d'euros de financement à des multinationales du secteur du cacao. La déforestation à grande échelle de jungles protégées est un problème connu dans les chaînes d'approvisionnement des géants du cacao tels que Mondelez et Barry Callebaut depuis des décennies. Malgré cela, KBC finance ces deux entreprises.
KBC obtient des résultats satisfaisants en matière de politique d'armement. La banque exclut totalement les armes controversées, telles que les armes à sous-munitions, les mines antipersonnel, les armes biologiques et chimiques et les armes nucléaires. Les
entreprises actives dans ces domaines sont inscrites sur une liste noire. KBC a également pris des précautions supplémentaires concernant la fourniture d'armes à ce qu'elle appelle des "régimes controversés". Ainsi, la banque ne veut pas contribuer financièrement à la fourniture d'armes à des régions instables ou à des régions où les droits humains ne sont pas respectés.
Mais la politique de la KBC en matière d'armement présente encore de nombreuses lacunes. Les produits à double usage (militaire et civil) ne sont pas abordés. Elle n'exclut pas non plus complètement les systèmes d'armes létales autonomes (Lethal autonomous weapon, LAWS) et ne classe pas les pays qui allouent un budget disproportionné à la défense dans la catégorie des "régimes controversés".
La politique de KBC en matière d'égalité entre les hommes et les femmes est insuffisante. La banque a apporté quelques améliorations sur le plan interne. Par exemple, des formations sont désormais proposées sur la discrimination fondée sur le sexe, entre autres. La KBC vise à prévenir la discrimination et le harcèlement et à promouvoir les possibilités de promotion pour les femmes. Malgré cela, l'écart entre les hommes et les femmes reste réel. KBC n'atteint même pas une participation de 30 % de femmes au niveau du conseil d'administration, des postes de direction et de l'encadrement supérieur. La banque ne se préoccupe pas non plus de l'égalité des sexes dans les entreprises qu'elle finance.
La politique de KBC en matière de transparence est tout juste satisfaisante. Chaque année, la banque publie un rapport sur le développement durable et un rapport annuel.
Pour les fonds ISR (investissement socialement responsable), KBC donne un aperçu de ses pratiques d'investissement. Elle publie également des informations sur les fonds dans lesquels elle investit, ainsi que ses votes sur les résolutions de ces entreprises. Il s'agit
donc d'une amélioration de la transparence. Néanmoins, il manque encore beaucoup d’éléments. Par exemple, la banque pourrait
communiquer sur les entreprises auxquelles elle prête, sur les discussions qu’elle entretient avec elles et sur la manière dont ces conversations influencent ses décisions d'investissement.
Un aspect positif est que KBC gère une liste noire publique. Il s'agit d'une liste limitée d'entreprises que la banque exclut de tout financement. KBC dispose d'une liste similaire pour les gouvernements, mais ne la rend malheureusement pas publique.
La politique de KBC en matière de corruption est très bonne. KBC a annoncé qu'elle appliquait une politique de tolérance zéro à l'égard de la corruption au sein de sa propre organisation. Cependant, la KBC court le risque d'être indirectement impliquée dans la corruption parce que la banque n'exige pas suffisamment de garanties des entreprises qu'elle finance.
En ce qui concerne la politique de rémunération, KBC obtient un score insuffisant. La banque prend en compte les indicateurs de durabilité pour déterminer les primes. Le degré d’importance de ces indicateurs n'est toutefois pas communiqué. En outre, KBC accorde des primes qui peuvent représenter de 50 à 100 % du salaire fixe. Cela augmente le risque que les dirigeant·e·s et les employé·e·s se concentrent davantage sur les résultats financiers et moins sur les performances à long terme ou les critères non financiers. Le salaire fixe le plus élevé au sein de la banque est 57 fois plus élevé que le salaire fixe le plus bas, ce qui constitue une différence significative. Les primes élevées et le manque de transparence sur la manière dont elles sont déterminées expliquent ce faible score.
KBC obtient un score tout juste convenable sur le thème de la fiscalité. Le groupe bancaire se conforme aux exigences de déclaration relatives à ses propres activités. Il interdit à ses employé·e·s de conseiller à leurs client·e·s d'enfreindre les lois
fiscales. En ce qui concerne les entreprises dans lesquelles KBC investit elle-même, la banque ne fixe pas encore suffisamment d'exigences pour éviter l'évasion ou la fraude fiscale.
KBC obtient des résultats satisfaisants en matière de droits humains. La banque souscrit à des conventions internationales telles que les principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises multinationales. Elle s'engage ainsi à exiger des entreprises qu'elle finance qu'elles mettent en place des processus visant à remédier aux violations des droits humains auxquelles elles contribuent directement ou indirectement. Cependant, KBC n'exclut pas tous les investissements dans des entreprises impliquées dans de graves violations des droits humains, et ses politiques présentent encore des lacunes importantes. Par exemple, elle n'a pas de politique spécifique sur l'accaparement des terres et les droits des femmes et des enfants. En outre, la banque n'a pas de politique explicite concernant les entreprises qui facilitent les implantations, y compris leurs activités économiques, dans les territoires occupés, conformément au droit humanitaire international.
KBC exclut les activités financières dont les régimes sont les plus controversés. La liste de ces régimes et la méthodologie qui a présidé à son élaboration ne sont pas accessibles au public, ce qui rend tout contrôle externe impossible.
En pratique
La coalition internationale Don't Buy Into Occupation a publié son dernier rapport en 2023. Il montre que KBC finance à hauteur de plus d'un milliard d'euros des entreprises opérant dans des colonies israéliennes illégales en territoire palestinien. Ces colonies sont
reconnues par le droit international comme des crimes de guerre. Les entreprises qui y opèrent courent un risque élevé de participer à des violations des droits humains. Une enquête de novembre 2023 menée par CINEP, Cooperacción, CENSAT et Fair Finance International a révélé que KBC avait accordé plus de 348 millions de dollars de prêts au géant minier Glencore. Cette multinationale est connue pour ses opérations très problématiques et les nombreuses violations des droits humains qu'elle provoque, en plus de la pollution de l'environnement et de la corruption.
La politique de KBC en matière de droits du travail obtient un score acceptable, en augmentation par rapport à la dernière analyse en 2022. La majorité du score de KBC est due l’application des normes de la Société financière internationale (International Finance Corporation, IFC). La banque s'engage ainsi à vérifier qu'il n'y a pas de violations graves des droits du travail, telles que le travail forcé ou le travail des enfants, lorsqu'elle finance des projets.
Pour améliorer encore son score, KBC devrait communiquer plus clairement les droits du travail qu'elle prend en compte dans son processus de décision et la manière dont elle vérifie que les entreprises qu'elle finance (et leurs fournisseurs) les respectent.
En pratique
Les recherches de FairFin sur le terrain dans le secteur du cacao (2020) et dans les mines de cobalt de Glencore (2020) révèlent que KBC est l'un des principaux bailleurs de fonds des entreprises impliquées dans divers abus. Il est clair que les politiques de KBC ne parviennent toujours pas à prévenir les abus dans la pratique. Le travail des enfants, l'exploitation et l'accaparement des terres se poursuivent dans les chaînes d'approvisionnement des entreprises financées par KBC. Toujours en 2023, KBC refait surface dans des enquêtes sur le financement européen du géant minier Glencore. Cette enquête a montré que KBC avait accordé plus de 348 millions de dollars de prêts à l’entreprise.
KBC est une banque universelle dont le siège se trouve en Belgique. Elle est issue de la fusion de l'ancienne Kredietbank et de la banque CERA en 1998. KBC est également très active en Europe centrale et orientale, où travaillent plus de la moitié de ses 41 000 employé·e·s. KBC collecte de l'épargne, accorde des prêts et opère en tant qu'assureur. En Belgique, KBC est le deuxième bancassureur et compte environ 12 millions de client·e·s dans le monde. La banque se concentre sur les petites et moyennes entreprises.
Les activités bancaires de KBC ne s'arrêtent pas aux frontières de la Belgique, c'est pourquoi cette étude se base sur les données de l'ensemble du groupe.