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SCAN DES BANQUES

Tous les deux ans, FairFin et Financité passent au peigne fin les politiques d'investissement des banques opérant en Belgique. L’analyse se concentre sur les grandes banques qui ont le plus de client·e·s et sur un certain nombre de petits acteurs durables. Les banques sont étudiées sur dix thèmes, allant du changement climatique et des droits humains, en passant par l'évasion fiscale et la corruption. Pour établir le Scan des banques, nous suivons une méthodologie établie au niveau international. Pour ce faire, nous examinons presque exclusivement la politique d'investissement d'une banque, c'est-à-dire les conditions que les banques s'imposent à elles-mêmes. Nous vérifions leur politique sur 10 thèmes, chacun d'entre eux contribuant à la note globale de la banque. Il est donc possible qu'une banque n'ayant pas formalisé une politique d'investissement ait un mauvais score alors qu'une banque qui a établi des règles précises en la matière obtient un score supérieur alors qu'elle ne les respecte pas nécessairement. Dans le détail de chaque note, nous essayons donc de préciser si l'institution a été épinglée dans un rapport sur les investissements nuisibles ou ce qu'elle pourrait faire pour améliorer son score.

CHANGEMENT CLIMATIQUE

En investissant dans les énergies renouvelables, les banques peuvent lutter contre le changement climatique. Il est également urgent de mettre un terme aux flux d'argent vers les combustibles fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz. Non seulement pour le climat, mais aussi pour nos portefeuilles. Car dans un monde vivable où le réchauffement de la planète se limite à 1,5°C, l'utilisation des combustibles fossiles doit être considérablement réduite. Il ne devrait donc pas y avoir d'investissements supplémentaires dans ces combustibles, ce qui rendrait les investissements dans les combustibles fossiles sans valeur.

Triodos Bank
88 %

La politique climatique de la Banque Triodos est bonne et s'est légèrement améliorée par rapport à l'analyse précédente. La banque rend compte des émissions de gaz à effet de serre qu'elle finance pour tous les prêts et investissements, conformément aux normes reconnues. Elle exige désormais des entreprises qu'elles publient leurs émissions directes et indirectes, et rejette clairement celles qui tentent d'affaiblir la politique climatique en faisant du lobbying. La banque applique une politique de tolérance zéro à l'égard des combustibles fossiles. Les investissements dans les combustibles fossiles sont exclus pour la gestion d’actifs, mais seulement pour les investissements dépassant une limite de 5 % du chiffre d'affaires. Malheureusement, Triodos n'offre plus d'informations sur la compensation des émissions de CO2 conformément aux certifications pertinentes.

VDK
79 %

Dans notre précédente analyse, nous avions critiqué l'absence de rapport sur l'impact climatique de vdk. Après avoir consulté FairFin et reçu des lettres de réclamation, la banque publie désormais des rapports plus détaillés sur son impact climatique, y compris sur les émissions causées par ses investissements. En outre, elle étend sa politique aux fournisseurs des entreprises dans lesquelles elle investit. De cette manière, vdk vise à couvrir la plus grande partie possible de la chaîne d'approvisionnement.

La banque montre donc une progression en termes d'impact sur le climat, mais avec un score de 79%, il y a encore de la marge pour l’amélioration. Vdk a une politique solide pour la gestion de son propre portefeuille d'investissement, mais a des exigences moins strictes pour les entreprises dans lesquelles elle investit. Bien que Vdk communique la quantité d'émissions de gaz à effet de serre de son propre portefeuille d'investissement, elle n'exige pas cette transparence de la part des entreprises dans lesquelles elle investit. 

Argenta
75 %

Argenta communique désormais davantage sur son impact sur le climat. En 2022, elle a ainsi publié pour la première fois un rapport climat. En outre, elle a fortement renforcé sa politique climatique et exclut par exemple les entreprises qui produisent des combustibles fossiles.

Des améliorations sont encore possibles. Argenta pourrait notamment exiger des entreprises qu'elles alignent leur impact sur le climat sur un réchauffement climatique maximal de 1,5°C. 

Belfius
57 %

En ce qui concerne le climat, le score de Belfius a légèrement augmenté. La banque communique désormais davantage sur son impact climatique conformément aux lignes directrices de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures. Belfius encourage activement les entreprises à adopter des sources d'énergie renouvelables. Elle exige également plus de transparence sur l'impact climatique des entreprises et un plan pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.

Belfius n'accordera plus de nouveaux prêts aux entreprises actives dans l'extraction du charbon ou du pétrole et du gaz non conventionnels. Pour les investissements, les entreprises qui tirent 10 % ou plus de leur chiffre d'affaires de ces activités seront exclues. À partir de 2030, toutes les entreprises charbonnières seront exclues, ce qui est conforme à un scénario limitant le réchauffement climatique à 1,5°C. Belfius exclut également complètement les entreprises actives dans la prospection et l'exploitation de nouveaux gisements de pétrole et de gaz.

La seule faille qui subsiste est que les entreprises qui extraient du pétrole et du gaz, mais qui utilisent l'argent de Belfius pour des projets liés à la transition verte, seront toujours financées. Belfius continue ainsi à laisser la porte ouverte aux entreprises qui tirent des bénéfices des énergies fossiles. En outre, Belfius manque encore de politiques dans plusieurs domaines, comme l'interdiction pour les entreprises de faire du lobbying qui nuit à la législation sur le climat.

En pratique

La dernière étude de FairFin "L'argent belge pour les nouvelles infrastructures fossiles" (Belgisch geld voor nieuwe fossiele infrastructuur, 2023) montre que Belfius et son gestionnaire de fonds Candriam détiennent pour 47 millions d'euros d'actions dans des entreprises qui développent des infrastructures fossiles

ING
54 %

La politique d'ING en matière de changement climatique est tout juste suffisante. La banque n'exclut toujours pas totalement le financement et les investissements dans les centrales électriques au charbon et les mines de charbon. Alors qu'ING dispose de politiques d'exclusion et d'élimination progressive adéquates pour la production d'électricité à partir du charbon, elle applique un seuil de chiffre d'affaires de 30%, trop élevé pour l'exploitation minière du charbon.


ING applique sa politique d'exclusion des combustibles fossiles uniquement à la production controversée de pétrole et de gaz, et au financement de projets pour de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. La banque n'a pas de politique visant à réduire la production d'électricité à partir de pétrole ou de gaz. En outre, elle n'a pas de politique visant à encourager les entreprises à passer à des sources d'énergie renouvelables. Enfin, ING n'a pas de politique exigeant des entreprises qu'elles cessent de faire du lobbying contre l'action climatique et qu'elles incluent des accords sur le changement climatique dans leurs contrats avec les fournisseurs.

En pratique

L’étude "Belgian money for new fossil infrastructure" (2023) montre qu'ING est le deuxième bailleur de fonds en Belgique pour l'expansion de l'infrastructure fossile. En 2023, la banque détenait 173 millions d'euros d'actions dans ces entreprises et a fourni 220 millions d'euros en souscription et 893 millions d'euros en prêts. ING s'est explicitement engagée à aligner son portefeuille financier sur un scénario climatique de 1,5°C. Toutefois, cet engagement ne s'applique pas au portefeuille d'investissement de la banque. Au sein de son portefeuille de financement, ING a identifié les secteurs ayant le plus grand impact sur le climat et a fixé des trajectoires de réduction des émissions pour ces secteurs, visant 2030 et 2040, avec des objectifs intermédiaires pour 2025. Néanmoins, les trajectoires fixées par ING pour le secteur du pétrole et du gaz ne sont pas compatibles avec un scénario à 1,5°C. Le rapport annuel "Banking on Climate Chaos" montre également à plusieurs reprises qu'ING est un important prêteur l'énergie fossile. Chaque année, la banque injecte des milliards dans les combustibles fossiles. Sur cinq ans (2016-2021), son financement s'est élevé à plus de 75 milliards de dollars.

BNP PARIBAS
49 %

La politique climatique de BNP Paribas s'améliore légèrement par rapport à la dernière évaluation, mais reste insuffisante. La banque concentre sa politique climatique sur des projets plutôt que sur des entreprises dans leur entièreté. Bien que BNP Paribas ne finance plus directement les projets les plus polluants d'une entreprise, il existe un risque que l'argent qu'elle reçoit par ailleurs soit encore utilisé pour de telles activités. BNP Paribas pourrait obtenir un meilleur score si elle étendait sa politique au niveau de l'entreprise. BNP Paribas pose certaines conditions. Par exemple, la banque ne fera pas (ou plus) affaire avec des entreprises qui extraient du pétrole ou du gaz des gisements de schiste, des sables bitumineux ou des puits de pétrole près du pôle Nord. L'exploitation y est particulièrement néfaste pour l'environnement et la population locale. Néanmoins, la banque continue d'investir dans des entreprises qui exploitent ou produisent du charbon, du pétrole et du gaz conventionnels. Il s'agit là d'une énorme lacune dans sa politique. BNP Paribas a fait un pas dans la bonne direction en divulguant les émissions des entreprises qu'elle finance, mais il faut mentionner qu’il ne s’agit pas de sa propre initiative mais d’une obligation de la nouvelle législation française sur la transparence dans le secteur financier.

En pratique

La dernière étude de FairFin "L'argent belge pour les nouvelles infrastructures fossiles" (Belgisch geld voor nieuwe fossiele infrastructuur, 2023), montre que BNP Paribas a financé près de 9 milliards d'euros à des entreprises qui développent des infrastructures fossiles. Même si elle ne finance pas directement ces projets spécifiques, elle fournit des fonds aux entreprises.

Une étude de ShareAction (février 2022) a montré que BNP Paribas finance des entreprises qui développent de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. Ce financement a augmenté depuis 2016. Pourtant, l'Agence internationale de l'énergie a clairement indiqué que ces nouvelles extractions auraient dû être complètement arrêtées à la fin de l'année dernière. C'est le seul moyen de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2050 et de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

Dans le rapport annuel "Banking on Climate Chaos", BNP Paribas apparaît à plusieurs reprises comme l'un des principaux bailleurs de fonds de l'énergie fossile. Chaque année, la banque injecte des milliards dans les combustibles fossiles. Sur cinq ans (2016-2021), son financement s'est élevé à plus de 75 milliards de dollars

KBC
42 %

La banque exclut le financement du pétrole ou du gaz non conventionnel. Elle limite également son financement aux entreprises dont le charbon ne représente pas plus de 25% de leurs activités. Malgré cela, la banque affirme qu'elle ne fournit plus actuellement de financement direct pour le charbon.

KBC a signé plusieurs traités et marque ainsi des points dans le Scan des banques. L'un de ces traités est l'Engagement collectif des Nations unies pour l'action climatique (Collective Commitment to Climate Action, CCCA). En le signant, la banque promet d'aligner son portefeuille bancaire sur l'Accord de Paris. Malgré cela, KBC refuse de rejoindre l' "Alliance Net-Zéro" (Net-Zero Banking Alliance, NZBA), la jugeant trop ambitieuse et irréaliste.

En ce qui concerne le climat, les politiques mises en place par KBC ont plusieurs lacunes. Bien qu'elle affirme ne pas financer l'extraction de nouveaux puits de pétrole et de gaz, elle se limite en réalité à exclure des projets spécifiques. Elle n'exclut pas l'entreprise elle même, ce qui permet à l'exploration pétrolière et gazière existante de se poursuivre et à de nouvelles infrastructures fossiles d'être construites avec le soutien de KBC. En outre, la banque n'a pas de politique élaborée concernant les pratiques de lobbying de l'industrie fossile.

En pratique

La dernière publication de FairFin sur le financement des banques belges à l’industrie fossile (Belgisch geld voor nieuwe fossiele infrastructuur, 2023) montre que KBC possède 252 millions d'euros d'actions dans des entreprises qui développent des infrastructures
fossiles. Même si elle ne finance pas directement ces projets spécifiques, elle finance les entreprises

Deutsche Bank
36 %

La politique climatique de la Deutsche Bank est faible. Elle a légèrement amélioré sa politique depuis la dernière analyse, mais reste en bas du classement. La banque a fixé des objectifs mesurables de zéro net pour 2030 et 2050, en se concentrant sur les secteurs à forte intensité de carbone, tels que la production de pétrole et de gaz, la production d'électricité, l'automobile et la production d'acier. La banque communique désormais de manière plus complète sur son impact climatique.

Deutsche Bank continue de financer le charbon. En ce qui concerne les autres combustibles fossiles, certains nouveaux projets sont exclus du financement, tels que les nouveaux projets pétroliers et gaziers dans l'Arctique et les projets liés aux sables bitumineux. Cependant, il n'y a pas de rejet fondamental de l'extraction et de la production de pétrole et de gaz. Deutsche Bank déclare qu'elle soutient les entreprises clientes dans leur transition vers un modèle d'entreprise à faible émission de carbone, mais qu'elle ne s'attend pas à ce qu'elles adoptent des sources d'énergie renouvelables.

En pratique

Dans le rapport "Banking on Climate Chaos", Deutsche Bank apparaît à plusieurs reprises comme l'un des principaux bailleurs des combustibles fossiles. Chaque année, la banque injecte des milliards dans les combustibles fossiles. Sur cinq ans (2016-2021), son financement s'est élevé à plus de 75 milliards de dollars.

Une part importante de cette somme est allée à des projets et à des entreprises qui développent activement l’utilisation des combustibles fossiles. Des recherches menées par ShareAction (2022) ont montré que le financement de ces entreprises par Deutsche Bank a en fait augmenté depuis 2016. L'Agence internationale de l'énergie a pourtant clairement indiqué que ces nouvelles extractions auraient dû être complètement arrêtées à la fin de l'année dernière. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2050 et limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

Crelan
15 %

Crelan exclut le financement des entreprises actives dans le pétrole, le charbon et l'extraction de gaz, mais ne publie pas les émissions de gaz à effet de serre (scope 1, 2 et 3) de son portefeuille de financement et d'investissement. Sa politique en matière de dérèglement climatique reste trop peu précise. Les documents publiés par Crelan ne précisent, par exemple, pas si l’exclusion du charbon concerne l’extraction dans des nouvelles mines de charbon ou dans des mines déjà existantes. L’exclusion ne précise pas non plus si elle couvre toutes les entreprises ayant des liens avec le secteur du charbon ou spécifiquement les entreprises minières.

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