SCAN DES BANQUES
Tous les deux ans, FairFin et Financité passent au peigne fin les politiques d'investissement des banques opérant en Belgique. L’analyse se concentre sur les grandes banques qui ont le plus de client·e·s et sur un certain nombre de petits acteurs durables. Les banques sont étudiées sur dix thèmes, allant du changement climatique et des droits humains, en passant par l'évasion fiscale et la corruption. Pour établir le Scan des banques, nous suivons une méthodologie établie au niveau international. Pour ce faire, nous examinons presque exclusivement la politique d'investissement d'une banque, c'est-à-dire les conditions que les banques s'imposent à elles-mêmes. Nous vérifions leur politique sur 10 thèmes, chacun d'entre eux contribuant à la note globale de la banque. Il est donc possible qu'une banque n'ayant pas formalisé une politique d'investissement ait un mauvais score alors qu'une banque qui a établi des règles précises en la matière obtient un score supérieur alors qu'elle ne les respecte pas nécessairement. Dans le détail de chaque note, nous essayons donc de préciser si l'institution a été épinglée dans un rapport sur les investissements nuisibles ou ce qu'elle pourrait faire pour améliorer son score.
REMUNÉRATION
Un bonus est l'argent qu'un·e employé·e reçoit pour ses performances professionnelles, en plus de son salaire. Après la crise financière de 2008, cette "politique des bonus" a été largement critiquée : des banques ont fait faillite en raison de comportements risqués tout en donnant des millions d'euros à leur personnel sous forme de bonus. De plus, ces bonus ont encouragé le personnel des banques à prendre des risques qui pourraient avoir des conséquences négatives pour la société dans son ensemble. Une bonne banque lie un bonus à des objectifs à long terme, est transparente sur sa politique de bonus et ne laisse jamais un bonus dépasser 10 % du salaire annuel fixe.
La politique de rémunération de la Banque Triodos est excellente. Les directeur·rice·s et les cadres ne reçoivent pas de prime. Dans des cas exceptionnels, les collègues peuvent recevoir une récompense pouvant aller jusqu'à un mois de salaire (8 % du salaire annuel). Le salaire le plus élevé à la Banque Triodos est dix fois plus élevé que le salaire le plus bas.
La politique de bonus d'Argenta est excellente et permet d'atteindre presque le score maximum. Le salaire de tou·te·s les collaborateur·rice·s d'Argenta (employé·e·s, cadres et membres du conseil d'administration) est un montant fixe. Aucune prime n'est versée à quelque niveau que ce soit. La vision d'Argenta est que les objectifs à long terme sont plus importants que les bénéfices à court terme. La seule lacune est l'absence d'informations la tension salariale (différence entre le salaire le plus bas et le plus haut) chez Argenta.
Vdk obtient de bons résultats en matière de politique de primes. Le comité de direction, les cadres supérieurs et le personnel administratif ne reçoivent pas de primes. La banque cherche ainsi à éviter que la maximisation des profits ne prime sur la valeur ajoutée sociale dans les décisions importantes. Les collaborateur·rice·s commerciaux·ales reçoivent quant à eux·elles des primes partiellement basés sur des critères à long terme tels que la durabilité.
La politique de bonus d'ING a obtenu un score nettement inférieur à la moyenne et a légèrement diminué depuis la dernière analyse. ING peut encore réclamer un bonus s'il s'avère que les objectifs fixés n'ont pas été atteints. Le conseil d'administration reçoit un bonus pouvant aller jusqu'à 20% du salaire annuel. Les cadres supérieurs et les preneur·euse·s de risques reçoivent un bonus pouvant aller jusqu'à 100%. Il existe des exceptions pour les preneur·euse·s de risques situé·e·s en dehors de la zone économique européenne, pour lesquels le bonus peut atteindre 200%. Il y a beaucoup de choses à améliorer. Par exemple, la banque ne communique pas cla rement la différence entre le salaire fixe le plus élevé et le plus bas. En outre, ING n'est pas non plus transparente sur la part du bonus qui est déterminée par les objectifs de durabilité.
En ce qui concerne la politique de rémunération, KBC obtient un score insuffisant. La banque prend en compte les indicateurs de durabilité pour déterminer les primes. Le degré d’importance de ces indicateurs n'est toutefois pas communiqué. En outre, KBC accorde des primes qui peuvent représenter de 50 à 100 % du salaire fixe. Cela augmente le risque que les dirigeant·e·s et les employé·e·s se concentrent davantage sur les résultats financiers et moins sur les performances à long terme ou les critères non financiers. Le salaire fixe le plus élevé au sein de la banque est 57 fois plus élevé que le salaire fixe le plus bas, ce qui constitue une différence significative. Les primes élevées et le manque de transparence sur la manière dont elles sont déterminées expliquent ce faible score.
La banque obtient un score plus qu'insuffisant en matière de politique de primes, bien que ce score ait légèrement augmenté depuis la dernière analyse. Les primes peuvent atteindre 200 % du salaire fixe. 60 % des primes sont attribuées sur la base d'objectifs à long terme, mais ne sont pas liées à des objectifs de développement durable. La banque n'a pas fixé de ratio maximum entre le salaire le plus bas et le salaire le plus élevé de ses employé·e·s.
BNP Paribas obtient un score plus qu'insuffisant sur le thème de la politique de bonus. La banque ne limite pas le montant des primes. Bien que BNP Paribas utilise des critères de développement durable lors de l'attribution des primes, ceux-ci ne jouent qu'un rôle très mineur. De plus, la banque ne divulgue pas exactement ce que les critères impliquent et les normes à respecter. Par ailleurs, il n'existe pas de politique qui limite les inégalités de revenus entre les salarié·e·s les mieux et les moins bien payé·e·s.
Belfius obtient une note plus qu'insuffisante pour sa politique de rémunération. La banque fixe un plafond clair pour le montant des primes, à savoir un maximum de 100 % des revenus fixes. Par rapport à d'autres grandes banques, ce n'est pas si mal, mais pour une banque publique, cela reste considérablement élevé. Les primes sont liées à des objectifs à long terme. Belfius peut également les réclamer si elles ont été accordés de manière injustifiées. La banque manque encore de transparence en ce qui concerne le calcul des primes.
La politique de rémunération appliquée par Crelan est transparente, mais les détails sur la rémunération fixe ne sont pas publiés. La banque n’applique en outre aucun critère social ou de durabilité pour la fixation des bonus.