Aller au contenu principal
Soumis par Anonyme le

Derrière une kyrielle de mots techniques et de programmes alambiqués qui prétendent sauver l’économie européenne se cachent en réalité un financement public du secteur bancaire et des grands groupes internationaux. Explication.

Depuis la crise des subprimes et à nouveau lors de cette crise du Covid-19, la Banque centrale européenne (BCE) promet de faire « tout ce qu’il faut » pour sauver l’euro et le système banco-financier européen. Pour ce faire, elle permet aux banques commerciales d’accéder à un puits quasi sans fond d’argent fraîchement imprimé (ou plutôt tapé sur un clavier d’ordinateur).

En effet, la BCE détient le pouvoir de créer autant d’unités de compte (appelés euros) qu’elle le désire. Et elle ne s’en prive pas, avec déjà plus de 2 700 milliards créés depuis 2014. Mais où vont ces milliers de milliards? Les traités européens interdisent à la BCE de financer directement les États dans les moments difficiles. Alors la BCE décide d’aider… le secteur financier.

Et oui, car ces fameux programmes permettent avant tout aux banques de revendre les titres et actifs dont elles souhaitent se débarrasser afin d’alléger leur bilan et de rétablir leur solvabilité. Pour peu qu'ils soient éligibles, la BCE les rachète.

Cela va-t-il aider l’économie réelle ?

Ces nouveaux euros tout frais ne sont pas les mêmes que ceux dans votre portefeuille ou sur votre compte en banque. Il s’agit uniquement de réserves centrales. De la monnaie exclusivement destinée à circuler entre les agents du secteur bancaire sur ce qu’on appelle le marché interbancaire (dont nous parlions dans notre numéro de mars). Place virtuelle où la BCE et les banques commercent entre elles.

Ces liquidités n’ont donc aucune raison, a priori, de finir dans l’économie réelle. Le seul espoir étant que le secteur bancaire daigne regarder du côté de l’économie réelle en prêtant de l’argent aux ménages et petites entreprises grâce à ses réserves plutôt que vers les marchés financiers. Vœux pieux.

Alors, qui en profite ?

Comme on a pu le voir depuis la mise en place de ces programmes à grande échelle en 2014, l’impact pour les citoyen·ne·s est risible. Après 6 ans de pratiques et plus encore au Japon et aux États-Unis, le constat est sans appel : ces programmes favorisent d’abord les banques et les grands groupes internationaux.

Car le diable est dans les détails, et notamment niché dans les centaines de pages qui établissent les règles de fonctionnement de ces programmes. Quels titres une banque peut-elle revendre à la BCE? Uniquement ceux jugés éligibles. Il y a d’une part, les obligations d’États, ce qui revient en quelque sorte à refinancer les États mais en laissant les juteuses marges de cette création monétaire au secteur bancaire. Car puisque les banques savent qu’elles pourront revendre ces obligations à la BCE au moindre problème, elles n’ont plus aucun frein pour les acheter. D’autre part, il y a les titres de grands groupes cotés en bourses qui ont vu leur cote, justement, croître significativement à la suite de ces assouplissements.

Le nouveau programme annoncé et ses 750 milliards (extensibles) changera-t-il la donne pour permettre de financer, par exemple, la transition verte tant nécessaire? Non. Le message de la BCE est clair : « aucun critère vert ne sera appliqué ». Les critères d’achats des titres des grands groupes sont, eux, reconduits.

Type de support
Type de document
Editeur
Réseau Financité
Lieux
Thématiques liées
Code de classement
FAP-FRAN2020
Indice du code de classement
1
Numéro de classement dans la bibliothèque ou code de rangement
FAP-FRAN2020-1
Cocher cette case pour générer un nouveau code lors de l'enregistrement de ce contenu
Désactivé
Année d'édition
2020
Jour d'édition
14
Date d'édition
14/06/2020
Mois d'édition
Juin