Bâle III : les banques de détail sont - elles désavantagées ?
Pourquoi pensez-vous que Bâle III entraînera une distorsion de concurrence entre banques d'affaires et banques de détail ?
Lever des fonds coûte cher à une banque, qu'elle que soit sa taille. Cependant les banques d'affaires et d'investissement - cotées en Bourse -, perdront quelques billes mais n'auront pas de mal à trouver de nouveaux actionnaires pour lever de nouveaux fonds. C'est beaucoup plus compliqué pour les banques de détail qui travaillent main dans la main avec les entrepreneurs. Nous n'avons ni le même carnet d'adresses ni les mêmes clients. Aussi, les nouvelles exigences en capitaux sont une très bonne chose, mais elles devraient être adaptées pour les banques de détail sans quoi Bâle III risque de porter atteinte à la diversité des acteurs bancaires en Europe.
Ces accords constituent-ils un frein à l'innovation ?
Nous devrons probablement limiter notre offre de crédit pour atteindre les nouveaux quotas. Ce qui signifie que nous allons devoir prendre moins de risques. Or, les entrepreneurs innovants sont ceux là-mêmes qui prennent le plus de risques. Une société sans innovation est une société qui se meurt.
Vous considérez que Bâle III oublie tout un pan de l'économie. Pourquoi ?
La nouvelle réglementation concerne les activités reprises au bilan des banques. Mais une part substancielle des activités de banques d'affaires est réalisée hors bilan (shadow banking system). Il s'agit d'émmissions de titres adossés à des prêts hypothécaires, de cession de prêts, ... Ces activités, pourtant dangereuses, échapperont aux nouvelles exigences. Il est donc essentiel que le shadow banking system fasse également l'objet de régulation.
Pour répondre à cette question, FINANcité a interrogé Chris De Nooze, directeur du Groupe européen des banques d'épargne.