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La promesse d'un distributeur à moins de 5 km n'est pas suffisante

Le projet Batopin, initié par Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC, s’était engagé à maintenir un point cash dans un rayon de 5 km du domicile pour 95% des citoyen·ne·s belges. La nouvelle mouture du plan de Batopin, revue pendant l’été, ne tient visiblement toujours pas ses promesses puisque les provinces de Namur et du Luxembourg sont toujours insuffisamment desservies.

Le nombre de communes belges non desservies par un distributeur évolue positivement, puisqu’il passe de 29 à 11 communes selon le nouveau plan révélé hier. A en croire Batopin, la Wallonie sera la grande gagnante de cette nouvelle version puisque seules 7 communes wallonnes n'auront aucun distributeur sur le territoire, contre 9 actuellement. Mais ce chiffre tient compte de tous les services, en ce compris donc les distributeurs des banques ne faisant pas partie du projet Batopin et ceux mis en place par bpost, qui pallie trop souvent à l’absence de service bancaire.

Financité rappelle aussi que le critère des 5 km (à vol d’oiseau !) utilisé par Batopin est loin d’être une distance acceptable.

Pas uniquement une question de distance

Afin de servir correctement la population, il nous semble que le projet devrait viser à atteindre les deux objectifs suivants de manière cumulative :

  • au minimum 95% de la population doit avoir accès à un distributeur offrant l'assortiment de base (retrait, dépôt…) dans les 2,5 km par la route, et au minimum 98% de la population dans les 5 km par la route ;
  • chaque commune doit disposer d'un nombre d’appareils équivalent à au moins un appareil par tranche de 1.500 habitant·e·s (densité de la population)

En matière d’accessibilité, il convient aussi de prêter attention au mode d’accès (il devrait pouvoir être possible d’accéder à un distributeur à pied ou en transport en commun), des horaires et de la localisation. Au lieu de se préoccuper des lieux de passage, il conviendrait d’installer les appareils là où les habitant·e·s font régulièrement leurs courses.

Contrairement à ce que les banques voudraient bien faire croire pour justifier la diminution de leur service, le volume de cash en circulation est toujours en augmentation. Financité rappelle qu’accéder facilement au cash, et donc à notre argent, est un droit. Rien ne devrait être décidé en la matière sans consulter les citoyen·ne·s.

Plus de 6000 personnes ont déjà signé la pétition de Financité dans le cadre de la campagne « Soyons cash ».

Annexes

Lire notre analyse : L'avenir des distributeurs de billets
Notre campagne : Soyons cash
Lire notre analyse : Le cash, un outil de résilience sous-estimé
Lire notre analyse : Le cash, quelques arguments discutables contre l'argent liquide

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90% des fonds autoproclamés « socialement reponsables » analysés par Financité possèdent un actif qui viole les droits fondamentaux

Dans la première partie du Rapport sur l'investissement socialement responsable, nous avions identifié 1072 fonds autoproclamés « socialement responsables ». Dans ce rapport qualitatif, nous avons pu analyser la composition de la moitié d'entre eux au regard de 4 listes noires des investissements.

Les deux premières thématiques font écho au principe de « ne pas causer de préjudice important » de la taxonomie européenne car elles concernent des entreprises ou des États dont les activités ou les pratiques nuisent au respect des droits fondamentaux et/ou qui sont également impliquées dans les armes de guerre. Les deux autres thématiques concernent les points de débats autour de la taxonomie verte européenne : les activités climaticides telles que les énergies fossiles (notamment les nouveaux projets d'exploration) et la déforestation et également de l’industrie nucléaire.

Sur la totalité des fonds, Financité a pu disposer de la composition des portefeuilles pour 542 d’entre eux. Deux raisons expliquent l’absence d’analyse pour les 530 autres fonds. Pour une bonne partie, l’information n’est simplement pas disponible. Pour une autre, la structure du fonds est si complexe qu’elle est presque impossible à analyser, même pour des professionnel·le·s.

  • Droits fondamentaux : sur les 542 fonds analysés, 488 d’entre eux, soit 90% ont investi dans au moins un actif de la liste noire droits fondamentaux (droit humanitaire, droits sociaux, droits civils, environnement et gouvernance, selon les conventions internationales ratifiées par la Belgique). L’encours directement investi dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire s’élève au total à 8,3 milliards d’euros.
  • Armes de guerre : sur les 542 fonds analysés, 159 d’entre eux, soit 29% ont investi dans au moins un actif de la liste noire armes de guerre. L’encours directement investi dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire s’élève au total à 181 millions d’euros.
  • Activités climaticides : 392 fonds, soit 72% ont investi dans au moins un actif de la liste noire climaticide. L’encours directement investi dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire s’élève au total à 1,4 milliards d’euros.
  • Nucléaire : 271 d’entre eux, soit 50% ont investi dans au moins un actif de la liste noire nucléaire. L’encours directement investi dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire s’élève au total à 2,4 milliards d’euros.

Seuls 24 fonds sur les 542 analysés passent le filtre des quatre listes noires Financité.

Notre analyse révèle également que 91 % des fonds autoproclamés ISR et qui ont reçu le label Towards Sustainability ont investi dans des entreprises et/ou des États qui ne respectent pas des principes contenus dans les conventions ratifiées par la Belgique portant sur le droit humanitaire, civil, environnemental, social et de gouvernance. 28 % des fonds autoproclamés ISR et qui ont reçu le label Towards Sustainability ont investi dans des entreprises et/ou des États de la liste noire armes de guerre, 46 % ont des actifs présents dans la liste noire nucléaire et  71 % sont exposés à la liste climaticide.

Jamais auparavant la part des fonds cotés à zéro n’avait été si importante : au 31/12/2020, ce sont 95% des fonds qui reçoivent cette note. Les raisons principales à cela concernent la présence d’actifs dans la liste noire Financité droit fondamentaux et le manque de transparence sur la composition des portefeuilles.

Il est ainsi légitime d’affirmer que les entreprises qui proposent des produits autoproclamés d’investissement socialement responsable en Belgique sont, dans leur grande majorité, des acteurs de pratiques commerciales déloyales qui, dans la présentation qu’ils font de leurs produits, induisent ou sont susceptibles d'induire le public en erreur sur les caractéristiques extrafinancières principales de ceux-ci.

Nous avons également examiné la qualité des comptes bancaires ISR en Belgique, comme nous le faisons déjà depuis plusieurs années. On ne compte que 9 comptes bancaires ISR sur le marché et seuls 6 sont jugés satisfaisant au regard de la transparence et des politiques mises en place.

La moyenne du marché des comptes d'épargne diminue légèrement à 55/100 alors que la moyenne pondérée par les encours diminue à 69/100. Si nous ne considérons que les comptes cotés au-delà de 70% (soit une cotation satisfaisant au niveau de la méthodologie et des résultats), l’encours représente seulement 0,33% de l’ensemble des comptes bancaires en Belgique.

Nous avons pour finir analysé les politiques mises en place par les grandes banques pour l'octroi des crédits. Les quelques données publiquement accessibles sont insuffisantes pour comprendre l’étendue du risque que les crédits financent des entreprises et/ou des États qui se rendent coupables ou complices de violation de droits fondamentaux, d’implication dans l’armement de guerre, dans le nucléaire ou dans des projets climaticides.

Annexes

Rapport sur la qualité du marché de l'investissement socialement responsable en Belgique 2021
Synthèse du rapport sur la qualité du marché de l'investissement socialement responsable en Belgique 2021

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En 1 an, la Belgique a perdu 460 agences bancaires, 2 189 appareils de self-banking et 732 distributeurs de billets

Il y a 20 ans, le royaume comptait plus de 12 000 agences bancaires. Fin 2020, il n’en restait plus que 4 232 (- 66,81%). Rien qu’entre fin 2019 et fin 2020, 460 agences ont à nouveau disparu.

Il est fort probable que le nombre total de fermetures soit, fin 2021, supérieur au nombre avancé dans les différents plans de restructuration. Toutes les agences fermées pendant les périodes de confinement n’ont pas nécessairement rouvert leurs portes. Au contraire, les banques mettent en avant la progression importante de l’utilisation des canaux numériques par la clientèle pendant la crise sanitaire pour justifier une nouvelle diminution du nombre d’agences. Rien que dans les 4 grandes banques, on compte déjà cette année 371 fermetures d'agence (147 pour ING, 127 pour BNP Paribas Fortis, 68 pour KBC et 29 chez Belfius).

Une suppression des appareils en libre service et imprimantes

Si l’accès au guichet s’est restreint, justifié par la digitalisation ou par la crise sanitaire, il est aussi devenu de plus en plus rare de trouver dans les agences des espaces dits de self-banking équipés en appareils permettant d’effectuer certaines opérations bancaires, comme des virements, et d’imprimer des extraits de compte. Après avoir compté jusqu’à 15 306 appareils en 2010, le pays n’en comptait plus que 10 649 en 2019 et 8 460 en 2020, soit une baisse de 20,56% en un an.

Ces automates, faciles à utiliser, permettent pourtant aux personnes « non digitalisées », notamment les personnes âgées, de gérer leurs opérations bancaires de manière autonome sans avoir besoin la plupart du temps de l’aide du personnel bancaire.

Les banques qui mettent encore des imprimantes à disposition de leurs client·e·s sont aussi de moins en moins nombreuses. Si on en trouve encore chez Belfius, Beobank ou bpost, ce n’est plus le cas chez BNP Paribas Fortis, Crelan ou ING. Les personnes qui, grâce à ces machines, pouvaient facilement et aussi souvent que nécessaire imprimer leurs extraits de compte n’ont le plus souvent plus d’autre choix que de recourir à l’envoi d’extraits par la poste. Cette solution est loin d’être satisfaisante car elle est payante dans la plupart des banques. Un seul extrait de compte par mois ne permet pas un pointage précis des dépenses et des rentrées notamment pour les personnes à faible revenu qui craignent de passer en négatif.

L'accès au cash en danger

C’est sans doute l’accès à l’argent liquide qui a été le plus touché. Depuis quelques années, les moyens de paiement électroniques (cartes, virements et prélèvements électroniques, paiement par mobile, etc.) proposés par les banques et le secteur du paiement prennent de plus en plus de place dans les habitudes de paiement. Si bon nombre de consommateur·rice·s en sont très satisfait·e·s, ce n’est pas le cas de tou·te·s. Certaines personnes sont toujours très dépendantes du cash tandis qu’une grande majorité souhaite continuer à avoir le choix, ce qui devient de plus en plus difficile.

Après avoir atteint un pic en 2013 avec 8 707 appareils, le nombre de distributeurs de billets mis à la disposition de la population n’a cessé de diminuer depuis lors pour atteindre les 6 433 en 2020, soit la disparition de plus d’un quart des distributeurs (- 26,11%).

Tant au niveau de la zone euro que de l’Union européenne, la Belgique se situe en-dessous de la moyenne en nombre de distributeurs par million d’habitant·e·s. Alors que tous les pays ne connaissent pas de baisse du nombre de leurs distributeurs, la Belgique fait partie des pays qui ont connu la baisse la plus importante au cours de ces 5 dernière années.

La suppression des agences bancaires conduit à la disparition des distributeurs qui y sont installés, ce qui est mal vécu par une partie de la population qui doit parfois effectuer des kilomètres pour accéder à un appareil. Dans le cadre de sa campagne intitulée « Soyons cash », Financité a eu l’occasion de recueillir de nombreux témoignages de personnes qui restent attachées à un accès aisé à un distributeur de billets. La pétition s’opposant au projet Batopin, initié par les 4 grandes banques du pays et qui prévoit une réduction drastique du nombre de ces distributeurs a récolté plus de 9 000 signatures.

Plus d’informations et les chiffres de l’inclusion financière en matière de crédit et d’épargne dans le Rapport sur l’inclusion financière 2021.

Annexes

Rapport sur l’inclusion financière 2021
Synthèse du rapport sur l’inclusion financière 2021
Baromètre de l’inclusion financière 2021
Campagne Soyons cash

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Les Petits Producteurs remporte le Prix Financite 2021

À la base du projet, la Ceinture Aliment-Terre Liégeoise fédère des associations, des citoyen·ne·s et des producteur·rice·s avec un objectif : manger autrement. « Le projet, c’est d’ouvrir des magasins qui soutiennent réellement des producteurs et productrices et d’en être fier », résume simplement Pascal Hennen, fondateur après une carrière d’ingénieur industriel en agriculture.

Une coopérative à finalité sociale est donc créée et l’équipe commence rapidement à tisser des liens avec les producteur·rice·s de la province de Liège. La coopérative s’engage à leur acheter la production un an à l’avance, se charge du transport et ce sont les producteur·rice·s qui fixent le prix. Le reste du modèle économique est frugal : aucun poste de dépense important en dehors de la rémunération des producteur·rice·s et des employé·e·s. Pour un légume acheté dans le magasin, 70% du montant couvre l'achat de la marchandise et 14% part en salaires. Le reste est maintenu à un minimum afin de proposer des prix abordables.

Dans les 4 magasins ouverts depuis la création des Petits Producteurs, la gamme de produit est volontairement réduite. S’il n’existe pas de filière en accord avec les valeurs de la coopérative, alors le produit n’est pas proposé à la vente. « Nous ne vendons pas une pomme, nous vendons le travail de notre arboriculteur », défend Pascal Hennen.

Si Les Petits Producteurs connaissent un succès certain dans la région liégeoise avec ses 24 employé·e·s et ses 620 coopérateur·rice·s, le but n’est pas de grandir à outrance, mais plutôt de disséminer leur modèle économique et améliorer les filières d’approvisionnement. C’est d’ailleurs à cela que seront investis les 2 500 euros remportés grâce au Prix Financité. Il s’agit de mettre en relation les producteur·rice·s pour tisser des liens et de créer un pôle logistique destiné au circuit court.

A propos du Prix Financité

Le prix Financité vise à promouvoir la finance solidaire. Les 80 projets en liste étaient ceux qui avaient au moins un financement certifié par le label Finance solidaire. Ce label garantit que financements portés par les coopératives ou ASBL servent à développer des activités génératrices d'utilité sociale et/ou environnementale en se basant sur des critères sociétaux.

Le label offre aussi aux entreprises qui ont des financements labellisés une promotion de leurs produits et de leurs projets via un site internet dédié et différents supports de communication (newsletters, actions...) tournés vers les citoyen·ne·s désireux·euse·s de placer leur argent conformément à leurs valeurs et non à la simple recherche du profit maximum.

Ces financements sont dédiés à des activités très variées, allant de l'écologie au journalisme, en passant par l'agriculture, la culture ou encore le microcrédit destiné aux pays en voie de développement.

Annexes

Site du label Finance solidaire
Les lauréats des années précédentes
Les Petits Producteurs

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prix financité 2021
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Mauvais résultats de Belfius : nous devons exiger autre chose d'une banque publique

Communiqué de presse de la plateforme Belfius est à nous

935 millions d'euros de profit, cela pourrait donner l'impression que tout est sous contrôle et que les choses vont bien. Pourtant, dégager de tels profits, cela a un prix. Pour ce qui est de Belfius, les choix managériaux de M. Raisière (administrateur-délégué) et de son équipe ont donné la priorité, année après année, aux profits, et on ne peut que constater que la banque n'a cessé de s'éloigner de ce qui pourrait être une mission de service public.

Le contexte écologique et social nécessite une intervention - c'est un fait avéré. Une banque publique figure au rang des outils qu'il est possible d'utiliser à ces fins. Pourtant, et malgré les montants astronomiques mis depuis 2008, et encore en 2011 et 2020, dans les sauvetages répétés du secteur bancaire, les gouvernements successifs s'enferment dans leur refus de considérer Belfius comme un service public et un outil au service de modèles de pratiques et de modèles de production socialement et écologiquement justes. Malgré des belles paroles, leurs critères d'investissement écologique et social ne sont pas mieux que le standard très problématique des autres grandes banques.

Elle ne remplit toujours pas son rôle vis-à-vis des habitant·e·s de Belgique et certaines tendances se sont même nettement aggravées ces dernières années puisque la direction de Belfius a suivi exactement la tendance du secteur bancaire privé : fermeture massive des agences et distributeurs dans les quartiers populaires et les campagnes (près de trois cents agences fermées en dix ans, soit un réseau amputé de près d'1/3 de ses implantations); priorité visible aux client·e·s les plus fortuné·e·s tant dans le réseau d'agences que dans les communications de la banque (comme le montre l'attention mise à développer l'offre de wealth management).

Non seulement, Belfius participe à ces tendances délétères, mais - à travers son implication dans Febelfin, le lobby du secteur - elle contribue au sabotage organisé par les grandes banques belges, qui complique l'accès aux banques et au cash, pousse les client·e·s "moins rentables" vers le tout-numérique, exclut ainsi des pans entiers de la population d'un service pourtant élémentaire, et utilise ce moindre recours à des services bancaires devenus inatteignables pour justifier de nouvelles coupes et empirer encore la situation.

Avant Belfius, avant les dix années Dexia qui se sont soldées par deux épisodes de sauvetage public, cette banque était le Crédit Communal de Belgique, une banque de proximité, de service public, et la banque des communes. Loin de vouloir idéaliser cette période, on peut cependant décider de continuer dans cette lignée plutôt que dans celle - sans issue - de Dexia/Belfius. Que l'État renonce à ses dividendes, que la direction de Belfius soit sommée de rétablir un secteur public bancaire, disparu du paysage belge. Que des agences réouvrent et rétablissent une qualité de service pour que chacun et chacune puisse y accéder. Que la banque joue un rôle positif dans la transformation de nos modèles de production, parce que c'est urgent et important, et parce qu'elle en a les moyens. 

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3/4 des communes belges francophones sont couvertes par une monnaie locale

Aujourd’hui, les 17 monnaies citoyennes de la Fédération Wallonie-Bruxelles constituent un réseau solidaire. Elles sont à la fois un outil de promotion et de stimulation du commerce local, un outil d’émancipation citoyenne et de cohésion sociale. C’est également un dispositif résilient qui nourrit le renforcement des circuits courts.

Les monnaies citoyennes circulent désormais sur plus de ¾ des communes belges francophones, passant de 60 en 2017 à 213 en 2021. On constate aussi, année après année, une croissance vertigineuse de la masse en circulation : entre 2014 et 2020, le réseau des monnaies a pratiquement doublé la masse en circulation chaque année. Ce succès s’explique par l’augmentation progressive du nombre de monnaies qui se sont développées sur le territoire, par l’engouement généré par la mise en route des initiatives, mais aussi par le soutien des pouvoirs publics qui ont injecté des sommes importantes sur le territoire de certaines monnaies. Difficile toutefois de manquer la première baisse de la masse monétaire en circulation en 2021. Il est cependant important de considérer que les chiffres 2020 étaient probablement gonflés suite aux grosses injections issues des différents plans de relance communaux et qui devaient en toute logique être suivis de reconversions en euros importantes de la part des prestataires.

L’étude permet aussi d’avoir pour la première fois une vue sur le profil des 2 428 prestataires de MLC.

Sans surprise, le commerce de détail représente quasiment la moitié des entreprises prestataires. Cela n’est pas étonnant dès lors qu’à sa création une monnaie va dans un premier temps se tourner naturellement vers les commerces de proximité. Contrairement à ce que l’on peut communément penser, l’alimentation ne représente que 27% du commerce de détail.

Plans de relance

Dans le cadre de leurs plans de relance lancés pendant la crise sanitaire, les pouvoirs publics belges se sont intéressés aux monnaies citoyennes pour soutenir les commerces de proximité et réactiver la consommation locale.
A Gembloux, la commune a mis en place un système de bonification en permettantà tou·te·s les citoyen·ne·s un billet de 19 Orno qu’ils·elles n’ont en fait payé que 10.
En août 2020, la Ville de Charleroi a octroyé 20 Carol’Or à tou·t·e·s les habitant·e·s de Charleroi Métropole grâce à des coupons communaux, soit un total de 4 millions de valeurs de chèques-relance.
En avril 2021, dans la commune de Meix-devant-Virton, l’octroi d’une prime de 150 Épis a été proposée aux habitant·e·s de la commune ayant été mis au chômage temporaire, mais aussi aux indépendant·e·s qui ont obtenu le droit passerelle et/ou dont le commerce a dû fermer pendant la crise (Horeca, coiffeur·euse·s) ou encore aux bénéficiaires du C.P.A.S.
D’autres plans de relance ont également été mis en place à Wellin, Ath, Namur, Tournai, La Louvière, Neufchâteau, Braine-l’Alleud et Mons (lire en page 38-46 du rapport).

Développement du système de paiement électronique

En 2020, plusieurs monnaies locales ont décidé de passer au système de paiement électronique complémentaire aux billets papier.
Ce nouveau moyen de paiement permet, par le biais d’une application sur smartphone, de réaliser des achats en scannant un QR code dans la boutique du prestataire ou d’effectuer des transactions instantanées à distance entre utilisateur·rice·s. Cette solution digitale offre un véritable second souffle aux MLC et leur permet de se développer considérablement. Les citoyen·ne·s peuvent désormais recharger leur compte sans passer par un comptoir de change. La monnaie citoyenne digitalisée permet également de convaincre de nouveaux·elles utilisateur·rice·s de passer le cap. D’une part, le SPE favorise les transactions entre entreprises qui peuvent désormais échanger en monnaie locale des montants importants à distance. Il permet aussi d’autre part de toucher des publics plus jeunes pour lesquels payer avec son smartphone en scannant un QR code n’est qu’une formalité.

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Rapport sur les monnaies locales citoyennes 2022
Synthèse du Rapport sur les monnaies locales citoyennes 2022
Baromètre des monnaies locales citoyennes

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NewB, W.Alter et F'in Common s'associent pour octroyer une ligne de crédit aux Tournières

Une première en termes de financement de l’économie sociale : 3 acteurs de la finance solidaire s’associent pour accompagner et accélérer la croissance de la coopérative Les Tournières. Dans ce cadre, un premier projet va voir le jour.

Les acteurs de la finance responsable et solidaire permettent aux entreprises qui mettent l’humain, l’environnement et la solidarité au centre de leurs activités, en lieu et place du profit, de trouver du financement en accord avec leurs valeurs.[1] Ensemble, leur capacité à soutenir l’économie sociale est décuplée.

C’est bien ce qu’ont compris les trois acteurs de finance responsable et solidaire que sont NewB, W.Alter et F’in Common. Ensemble, ils ont octroyé à la coopérative Les Tournières, basée à Liège, une importante ligne de crédit de plus de 1,3 millions d’euros dans un premier temps.

Ce crédit permettra à la coopérative de réaliser ses ambitions, à savoir intensifier son action et répondre de manière ambitieuse et rapide à un besoin criant en matière de logements décents pour une catégorie de personnes particulièrement fragilisées notamment suite à la crise sanitaire et environnementale actuelle.

Un premier projet commun

Créée en 2003, la coopérative immobilière « Les Tournières » est propriétaire d’une quinzaine de bâtiments qui ont tous comme objectif commun de mettre à disposition des logements ou des espaces pour des projets à impact social élevé. Les Tournières sont aussi une organisation membre de NewB depuis 2017. 

Grâce à ce premier cofinancement, la coopérative a pu acheter un bâtiment dans le quartier Saint-Léonard à Liège afin de permettre aux ASBL Infirmiers de rue et Thaïs de développer leurs activités dans ce quartier populaire de la cité ardente.

La première, « Infirmiers de Rue », connue par sa méthode Housing First et récemment implantée à Liège, affectera tout le rez-de-chaussée à de nouveaux bureaux afin d’accueillir une plus grande équipe.

La seconde, « Thaïs », soutient un public familial en situation de précarité. Dans le cadre de ce projet, elle accueillera une famille nombreuse monoparentale, projet s’inscrivant dans la lignée d’un appel à projet pour femmes victimes de violences lancé par la Ministre de l’Economie sociale, de l’Action sociale et des Droits des femmes, Christie Morreale.

[1] La première étude de Financité sur la finance solidaire estime à 0,4 % le pourcentage de financement de l’économie sociale qui vient de la finance solidaire.

Franchir un palier

Ce type de co-financement est tout à fait innovant dans le secteur de la finance solidaire. Ce crédit tend à prouver que ses acteurs, en s’unissant, parviennent à porter des projets d’envergure avec une forte contribution sociale pour notre société.

Pour les Tournières, cette ligne de crédit permet de simplifier les demandes et d’éviter les questions de la finances classiques, grille d’analyse dans laquelle la coopérative ne se reconnaît pas : on ne parle pas d’actionnaires mais de coopérateurs et coopératrices, ceux-ci et celles-ci ne sont pas rémunéré·e·s et investissent pour l’impact social du projet.

Pour F’in Common, (aussi membre de NewB) la mise en commun des forces de la finance solidaire est un réel atout pour l’économie sociale. En effet, cette coopérative qui a pour objectif d’octroyer des crédits uniquement aux entreprises de l’économie sociale travaille régulière avec des partenaires financiers aguerris. Pour Charlaine Provost, directrice de F’in Common « la finance solidaire et l'économie sociale sont une chance unique de quitter les dérives de la finance classique. Nous sommes fiers de nous unir avec de tels partenaires pour contribuer au renforcement de cet écosystème. »

Pour la banque NewB, c’est une grande première. Il s’agit du tout premier crédit professionnel pour la banque coopérative. Avec ce projet de co-financement, NewB tient ses engagements en soutenant l’économie sociale et une de ses 350 organisations membres historiques : les Tournières. Ce sont les valeurs d’inclusion et d’insertion sociale que NewB a voulu soutenir dans ce projet de crédit aux Tournières et indirectement à Infirmiers de rue et Thaïs. Alors que la banque est pleinement en exercice pour les particuliers, il s’agit du premier crédit professionnel que NewB octroie. Le premier d’une longue série de crédits pour professionnels dont le lancement se fait de manière progressive.

Pour W.Alter qui est déjà partenaire financier de la coopérative depuis ses débuts et aussi investisseur institutionnel de NewB, ce dossier peut marquer un tournant dans le financement de l’économie sociale. Avec une mutualisation des moyens, les porteurs de projets peuvent franchir un palier en disposant de moyens plus importants pour réaliser leurs ambitions. W.Alter espère en cela que les acteurs de l’économie sociale reverront encore à la hausse leur ambition et leur projet de croissance.

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Nouvelle codirectrice pour Financité

L’importance et l’urgence des enjeux sociétaux actuels ont poussé l’équipe de Financité à s’agrandir ces dernières années avec une plus grande diversité des métiers. La croissance du nombre d’employé·e·s et les nouveaux projets en cours justifient la nomination d’Annika Cayrol en qualité de codirectrice. Bernard Bayot, actuel directeur de Financité, et Annika Cayrol assureront ensemble la gestion journalière de l’organisation.

Chez Financité depuis 2007, Annika Cayrol y est entrée en tant que chargée de projet pour une étude sur le microcrédit en Belgique. Elle a rapidement été sollicitée pour développer la recherche sur l’investissement socialement responsable, pas étonnant pour elle qui avait déjà rédigé un mémoire sur les parties prenantes dans la stratégie de développement durable d'une banque.

Elle coordonne depuis plusieurs années les activités de développement de Financité, comme le label Finance solidaire, l'accompagnement sur les levées de fonds aux entreprises, la coopérative de financement F’in Common, la production de listes noires d’investissement ou encore la digitalisation des monnaies locales citoyennes. « Après 15 ans chez Financité, je suis honorée de mettre mon expérience et mon enthousiasme au service de la finance responsable et solidaire », se réjouit Annika Cayrol.

Ce changement de gouvernance permettra également à Financité de mieux répondre aux défis du financement de la transition, autre domaine d’expertise de sa nouvelle codirectrice.

« Je suis particulièrement heureux qu’Annika ait accepté d’apporter toute sa compétence et son expérience en participant à ce mode innovant de gouvernance qui va considérablement renforcer Financité », se félicite Bernard Bayot.
 

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Annika Cayrol
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92% des fonds autoproclamés « socialement reponsables » analysés par Financité possèdent un actif présent sur une liste noire

Chaque année, Financité publie son Rapport sur l'investissement socialement responsable en Belgique. L’encours total des produits financiers ISR étudiés connaît sa plus forte augmentation en 2021 pour atteindre un nouveau record de 211,72 milliards d’euros (+106,95 milliards d’euros par rapport à fin 2020).

Évolution globale de l'encours ISR (2011-2021) – en milliards EUR


Qualité des fonds autoproclamés socialement responsables

Financité analyse ensuite la composition des portefeuilles en comparant les actifs détenus dans les fonds avec 4 listes noires : droits fondamentaux, climaticide, nucléaire et armes de guerre. Au 31 décembre 2021, 2 314 fonds autoproclamés ISR ont été identifiés. Sur la totalité des fonds, nous avons pu disposer de la composition des portefeuilles pour 916 d’entre eux. Pour une bonne partie, l’information n’est simplement pas disponible. Pour une autre, la structure du fonds est si complexe qu’elle est presque impossible à analyser, même pour des professionnel·le·s.

  • Droits fondamentaux : sur les 916 fonds analysés, 815 d’entre eux, soit 89% ont investi dans au moins un actif de la liste noire droits fondamentaux (droit humanitaire, droits sociaux, droits civils, environnement et gouvernance, selon les conventions internationales ratifiées par la Belgique). L’encours directement investi dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire s’élève au total à 208,89 milliards d’euros.
  • Armes de guerre : sur les 916 fonds analysés, 319 d’entre eux, soit 35% ont investi dans au moins un actif de la liste noire armes de guerre. L’encours directement investi dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire s’élève au total à 181 millions d’euros.
  • Activités climaticides : 625 fonds, soit 68% ont investi dans au moins un actif de la liste noire climaticide. L’encours directement investi dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire s’élève au total à 1,4 milliards d’euros.
  • Nucléaire : 538 d’entre eux, soit 59% ont investi dans au moins un actif de la liste noire nucléaire. L’encours directement investi dans des entreprises ou des États présents sur la liste noire s’élève au total à 2,4 milliards d’euros.
    Seuls 67 fonds sur les 916 analysés passent le filtre des quatre listes noires Financité.

Les produits labellisés

Les fonds qui ont reçu le label Towards Sustainability (créé par le secteur financier) ne font pas beaucoup mieux. Comparé à l'ensemble des fonds autoproclamés socialement responsables commercialisés en Belgique, le nombre de fonds qui investissent dans des actifs présents sur nos 4 listes noires n'est que légèrement moins élevé.

Comparaison entre l’exposition aux listes noires des fonds autoproclamés ISR et labellisés Towards Sustainability du périmètre ISR de Financité


La réglementation européenne

Un premier ensemble d'exigences européennes est entré en vigueur le 10 mars 2021. Seuls les fonds qui ont un objectif d'investissement durable clair (article 9) peuvent désormais utiliser l'appellation "durable". Ils sont souvent qualifiés de "verts foncés". Les fonds "verts clairs" (article 8), sans avoir un objectif de durabilité précis, promeuvent des caractéristiques environnementales ou sociales (ESG) et doivent être clairs à propos de la manière de respecter ces caractéristiques. Le reste de fonds (article 6) n'a pas d'objectif environnemental ou social.

Que ce soit dans la liste noire climaticide, nucléaire ou armes de guerre, les fonds classés article 9 investissent moins souvent dans des entreprises ou des Etats répertoriés accusés de contribuer au réchauffement climatique, de participer à l’industrie civile ou militaire du nucléaire ou de développer des produits dangereux pour la vie humaine comme les armes de guerre. Ils ne font cependant guerre mieux concernant les droits fondamentaux, c'est-à-dire le respect des conventions internationales ratifiées par la Belgique.

Fonds ayant au moins un actif présent dans la liste

Malgré des efforts en termes d’harmonisation des définitions de la finance responsable (taxonomie européenne, labels), il est certain que la notion d’investissement socialement responsable n’est pas interprétée avec le même sérieux par tout le monde. Avec 9 fonds sur 10 impliqués dans des
violations des droits fondamentaux, 3 sur 10 dans les armes de guerre, 7 sur 10 dans des activités climaticides et 6 sur 10 dans l’industrie civile et militaire nucléaire, Financité peut affirmer que les fonds autoproclamés ISR sont encore loin de satisfaire à des critères exigeants en matière de responsabilité sociétale. Et ce n’est pas beaucoup plus reluisant, à ce stade, pour les fonds "vert foncé" classés article 9.


Annexes

Lire la synthèse des Rapports sur le marché de l'investissement socialement responsable en Belgique 2022
Consulter le baromètre du marché de l'investissement socialement responsable en Belgique 2022
Lire le Rapport sur le marché de l'investissement socialement responsable en Belgique 2022
Lire le Rapport sur la qualité du marché de l'investissement socialement responsable en Belgique 2022
 

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illu isr
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Financité regrette l'arrêt des activités de NewB

Persuadé qu’une transition écologique plus qu’urgente ne peut se faire qu’à condition d’être accompagnée d’une transition financière, c’est-à-dire réorienter les flux vers des projets à plus-value sociétale, notre mouvement pour une finance plus responsable et solidaire a toujours soutenu la création de NewB. Parce que nous voulons que les valeurs de NewB deviennent la norme dans le secteur bancaire belge, parce que nous sommes membres à part entière de la coopérative, parce que deux membres de notre équipe siègent au Conseil d'administration.

La banque, qui avait échoué à récolter les 40 millions nécessaires pour financer son développement, ne sera plus en mesure de continuer son activité bancaire. C’est un important revers pour la finance éthique et solidaire, l’entreprenariat coopératif et l’économie sociale. NewB était une occasion unique de s’assurer que tout l'argent déposé sur un compte en banque soit utilisé en faveur de la transition sociale et écologique dont notre société a tant besoin.

Les coopératrices et coopérateurs, dont Financité fait partie, décideront de l’avenir de leur coopérative lors de l’assemblée générale du 26 novembre.

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agence newb
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