Aller au contenu principal

Réaction de Financité à la condamnation de Batopin

Type d'actualité
Date de publication
Paragraphe actualités

En juin 2021, Financité avait saisi l’Autorité belge de la concurrence (ABC) sur l’initiative Batopin, lancée par les quatre grandes banques pour une gestion interbancaire des réseaux d’automates. Ce consortium prévoyait la gestion commune du parc de distributeurs, qui s’accompagnait du diminution drastique de leur nombre. « Cette entente entre les quatre banques qui, rappelons-le, sont supposées se faire concurrence, conduisait inévitablement à une restriction de l’accès aux cash pour les particuliers comme pour les commerçants afin inévitablement d’en diminuer l’usage dans notre pays », affirme Anne Fily, chercheuse en inclusion financière chez Financité.

Près de quatre ans plus tard, l’enquête de l’Autorité belge de la concurrence confirme les craintes de Financité : le·la consommateur·rice belge doit parcourir, en moyenne, une distance significativement plus importante pour se rendre au site de distributeur le plus proche par rapport à la situation qui aurait prévalu en l’absence de coopération, tout en prenant en compte l’évolution de la demande d’espèces.

Il faut rappeler que le cash est un bien public : les banques ont bien le monopole de nos dépôts d’argent mais elles ne peuvent pas empêcher la population d’y accéder.

Selon l’accord passé avec l’ABC, Batopin s’engage donc à ajouter « 70 nouveaux sites d’ici fin 2027 répartis entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles, en complément des 220 sites supplémentaires déjà prévus à la suite de l’accord conclu entre le secteur et le gouvernement le 31 mars 2023, dont l’ajout devient désormais contraignant (soit 290 sites supplémentaires par rapport aux 750 initialement prévus).»

Notre organisation, qui a toujours jugé l’accord du 31 mars 2023 entre le gouvernement et l’ensemble du secteur bancaire insuffisant, se réjouit que l’ajout devienne désormais contraignant. En effet, le protocole signé en mars 2023 ne se basait que sur la bonne volonté des banques, était limité à fin 2027, et ne prévoyait aucune sanction. « Seule une initiative législative permettra de garantir l’accès à l’argent liquide », insiste Anne Fily.

L’ABC mentionne aussi le maintien de la présence de distributeurs dans les communes déjà desservies ainsi qu’une couverture permettant à 95% des Belges de retirer des espèces et à 85% d’en déposer à moins de 5 km par la route de leur domicile. Alors que l’accord de 2023 mentionnait un accès à un distributeur pour 95% de la population à moins de 2km (zone urbaine), 3 km en zone intermédiaire et 5 km en zone rurale, il semble que cette précision importante a été mise de côté. Nous saluons cependant le fait qu’il soit question de davantage d’appareils équipés de la fonction de dépôt et d’un choix plus grand de coupures, ce qui est réclamé par les usager·ère·s.

Nous examinerons les détails de l’accord et rappelons au gouvernement que nous ne disposons toujours pas de données complètes et fiables dans ce dossier. Pour rappel, avec leur action introduite devant le Conseil d’État, Financité et Testachats demandent toujours les détails de la méthodologie utilisée par la Banque nationale de Belgique pour déterminer la répartition des distributeurs de billets afin de mieux comprendre la répartition prévue par province, le taux de couverture négocié par province pour les trois types de zones en 2025 ainsi que le nombre de distributeurs par zone et par commune, seule manière de vérifier si l’accord garantit vraiment l’accès à l’argent liquide pour les Belges.

En 2021, Financite, Testachats et Okra ont lancé une pétition commune pour mettre fin à la diminution du nombre de distributeurs de billets. Bien qu’un accord ait été annoncé entre le gouvernement et fédéral et Febelfin, celui-ci ne garantit pas l’accès aux distributeurs de billets. Notre pétition qui a déjà récolté 33 000 signatures reste donc ouverte.

POUR ALLER PLUS LOIN

Notre campagne SOS CASH

La réforme fiscale des rentiers

Type d'actualité
Date de publication
Paragraphe actualités

Les négociateurs du futur gouvernement discutent toujours de la modification de la fiscalité de l’épargne. Deux propositions de loi sont par ailleurs actuellement sur la table. Portées par l’Open-VLD et la N-VA, il s’agit, en résumé, de propositions de globalisation de l’imposition des revenus d’épargne et d’investissement et de mise en place d’une seule exonération générale pour tous ces types de revenus.

Dans l’état actuel de la législation, les intérêts produits par les dépôts d’épargne sont exonérés fiscalement jusqu’à un montant de 1.020 euros (pour l’exercice d’imposition 2025), au-delà duquel ils sont taxés au taux de 15 %. En revanche, les revenus que rapportent les placements dans des fonds d’investissement, les obligations ou les actions sont taxés en principe dès le premier euro au taux standard de précompte mobilier de 30 %. D’autres exonérations spécifiques de revenus mobiliers sont prévues comme l’exonération de la première tranche de 833 euros de dividendes ou l’exonération de la première tranche de 200 euros d’intérêts alloués par une société agréée comme entreprise sociale.

Une inégale détention des actifs financiers

Les ménages belges détenaient 18,146 millions de comptes d’épargne réglementés fin 2023. Cela ne veut toutefois pas dire que tous les ménages détiennent un compte d’épargne : selon la troisième enquête « Household Finance and Consumption Survey », 25% des ménages belges ne disposaient pas de compte d’épargne en 2017.

Selon les chiffres de la Banque nationale de Belgique, si le dépôt moyen sur les comptes d'épargne est de 22.631 euros, le montant médian n’est que de 5.360 euros. 30 % des déposant·e·s n’ont pas plus de 1.000 euros sur leur compte, 19 % ont entre 1.001 et 5.000 euros et 10 % entre 5.001 et 10.000 euros. 59 % des petit·e·s épargnant·e·s (jusqu’à 10.000 euros de dépôts) ne possèdent que 5 % du total des dépôts quand 8 % des épargnant·e·s ont plus de 75.000 euros et détiennent ensemble la moitié du total des placements sur les livrets.

Les investissements dans des actifs plus risqués ou plus sophistiqués sont essentiellement le fait des ménages affichant des niveaux de richesse et de revenu plus élevés. Selon une étude sur la répartition du patrimoine des ménages belges publiée par la BNB en date du 8 janvier 2024, les 10 % des ménages les plus nantis détiennent 79 % des actions cotées. Seuls 41 % des ménages détiennent un plan de pension volontaire ou un contrat d’assurance-vie. La proportion de ménages ayant investi dans des fonds communs de placement est encore plus faible : 23 %.

Les ménages dont la capacité d’épargne et d’investissement est limitée, voire inexistante, ne tirent que peu ou aucun bénéfice des exonérations fiscales actuelles pour les revenus d’épargne. De tels avantages fiscaux s’adressent aux ménages disposant de revenus suffisamment élevés pour être en mesure d’épargner ou d’investir.

Ce constat soulève une question fondamentale : quelle est la justification légale et économique d’un maintien d’exonérations fiscales pour les ménages les plus aisés, qui n’ont pas besoin de tels incitants pour épargner ou investir ? Cette interrogation prend d’autant plus de poids lorsque l’on considère le coût considérable de ces mesures pour l’État belge.

Dans ce contexte, une réforme de la fiscalité applicable à l’épargne et à l’investissement s’impose. Celle-ci devrait impérativement s’appuyer sur les données économiques susmentionnées, dans un souci d’équité fiscale pour l’ensemble des contribuables et de préservation des finances publiques.

Recommandations de Financité

Financité défend le principe de la globalisation des revenus à l’impôt des personnes physiques (« IPP »), afin qu’ils soient taxés de la même manière, en étant soumis au barème progressif de l’impôt. De la sorte, on diminue la pression fiscale sur le travail en faisant davantage contribuer les plus fortuné·e·s.

Si la proposition de base de globalisation de tous les revenus n’est pas une option envisageable pour le futur gouvernement, notamment en raison du contexte politique actuel et du besoin de discussions d’une réforme plus conséquente pour de telles ambitions de réforme, Financité suggère alors de suivre la proposition de globalisation limitée aux revenus mobiliers de l’épargne et de l’investissement. Dans ce cas toutefois Financité préconise de (i) ne pas prévoir d’exonération et (ii) augmenter le taux du précompte mobilier (actuellement de 30 %, soit largement inférieur aux taux d’imposition du barème progressif à l’IPP).

Financité recommande en outre l’adoption des mesures suivantes dans le cadre des réflexions autour de la fiscalité de l’épargne :

  • Suppression d’autres taux réduits au précompte mobilier : En Belgique, le taux standard du précompte mobilier sur les dividendes est de 30 %, mais il peut être réduit dans certaines situations pour les PME. Il s’agit de régimes fiscaux spécifiques favorisant le passage de dirigeant·e·s en sociétés de management. Les deux propositions de loi soumises à avis se focalisent sur les exonérations de précompte mobilier. Il nous paraît opportun d’étendre la réflexion de la taxation des revenus de l’épargne et de l’investissement aux autres incitants fiscaux que sont les taux réduits de précompte mobilier pour certaines PME,
  • Création d’un compte épargne populaire : Afin d’inciter l’épargne des personnes à faible revenu (maximum 25.000 euros par an pour une personne seule), Financité suggère la création d’un compte épargne populaire avec un taux garanti qui préserverait la valeur des économies des personnes concernées,
  • Simplification du compte d’épargne concernant les taux : Financité plaide aussi pour la suppression de la prime de fidélité et l’instauration d’un taux unique pour les comptes d’épargne. Quand un ménage a besoin de retirer des sommes de son compte d’épargne plusieurs fois par an pour payer des factures non récurrentes ou faire face à une dépense imprévue, il ne peut pas trop compter sur la prime de fidélité.

1,9 million de personnes n’utilisent pas la banque en ligne

image de gabarit
Banner RIF2024
Type d'actualité
Date de publication
Paragraphe actualités

On sait que 16 % des personnes entre 16 et 74 ans n’utilisent pas la banque en ligne (soit 1 374 997 personnes). Chez les 75-89 ans, ce taux est plus élevé et 54 % des personnes ne font pas d’opérations bancaires en ligne (soit 507 203 personnes selon les données de Statbel en 2024). Au total, 1 882 200 personnes n’utilisent donc pas la banque en ligne.

Nous ne disposons pas de statistiques sur l’utilisation de la banque en ligne chez les personnes âgées de plus de 90 ans, mais on peut supposer que peu d’entre elles en font l’utilisation, ce qui augmenterait encore le total de 1,882 million de personnes.

« On a tendance à penser que la digitalisation des services bancaires n’affecte qu’un petit pourcentage de personnes. Mais ce sont 1,882 million de personnes qui sont concernées et qui souffrent de la fermeture des agences et de appareils permettant d’effectuer des virements et de consulter son compte dans les espaces de self-banking », affirme Anne Fily, chercheuse en inclusion financière chez Financité.


Utilisation d'un service de banque en ligne (16-74 ans)
(Source : Statbel)


Le Rapport sur l’inclusion financière en 2024 note aussi que le nombre d’agences bancaires poursuit sa baisse sur tout le territoire avec -9,71 % entre 2022 et 2023. La Belgique aura ainsi perdu 77,62 % de ses agences depuis 2011. La baisse est particulièrement forte dans les grandes banques qui n’ont pas terminé de « rationaliser » leur réseau d’agences.

Les agences sont de plus en plus inégalement réparties sur le territoire. En 2023, 69,93 % des agences bancaires étaient implantées en région flamande (58 % de la population), 24,36 % en région wallonne (31,39 % de la population) et 5,70 % en région de Bruxelles-Capitale (10,62 % de la population). Avec un total de 258 agences (7,96 %) contre 298 en 2022 et 321 en 2021, la province de Hainaut qui compte 11,56 % de la population est la province la moins bien servie.

Le nombre d’appareils permettant d’effectuer des virements et de consulter son compte dans les espaces de self-banking est en constante diminution : - 78 % entre 2010 et 2023, et - 31,45 % entre 2022 et 2023. Les imprimantes permettant d’imprimer les extraits de compte ont totalement disparu dans plusieurs banques.

Accès à l'argent liquide

Fin 2023, il restait 4 056 distributeurs bancaires selon Febelfin et 4 076 selon la BCE (chiffres fournis par la BNB). On comptait en moyenne un distributeur bancaire pour 2 886 habitant·e·s en Belgique contre un pour 1 312 habitant·e·s dans la zone euro.

Le nombre de retraits et les montants retirés dans les distributeurs de billets ont augmenté respectivement de 4,76 % et de 6,16 % en 2023 par rapport à 2022 selon la BCE. En revanche, ils ont respectivement baissé de 10,64 % et de 5,20 % selon Febelfin.

Quelle que soit la source d’information, le montant moyen retiré à chaque passage au distributeur était de 195 euros par retrait en 2023 contre 177 euros en 2021 et 140 euros en 2019. On va donc moins souvent au distributeur de billets, ce qui peut s’expliquer par un accès plus difficile aux appareils, mais on retire davantage d’argent à chaque retrait.

Recommandations

Que l’on habite dans une commune pauvre ou riche, rurale ou urbaine, tout un chacun doit pouvoir accéder à une agence bancaire et à un distributeur de billets. Parce que les banques ont le monopole des dépôts, elles ont des obligations de service public.

« Une véritable inclusion bancaire passe par le droit reconnu à tout un chacun de pouvoir choisir le canal d’accès à sa banque, qu’il soit numérique, physique ou combine les deux, avec une tarification des services similaire quel que soit le canal choisi », demande Anne Fily.

POUR ALLER PLUS LOIN

Le rapport sur l'inclusion financière étudie aussi l'inclusion en matière de crédit, d'épargne et d'assurance.

Belfius donne un terrible signal en refusant de financer des communes

Type d'actualité
Date de publication
Paragraphe actualités

En 2021, le Gouvernement wallon a adopté un plan d’aide global aux communes, appelé « Plan Oxygène », qui consiste à autoriser les communes à contracter annuellement un emprunt remboursable sur 30 ans pour équilibrer les budgets pendant 5 ans (2022-2026). Il s’agissait d’aider en particulier les communes wallonnes en difficulté (28 actuellement), en leur permettant d’emprunter auprès des banques.

Encore faut-il que ces dernières acceptent… Le moins que l’on puisse écrire est qu’elles ne se sont pas bousculées au portillon. Même Belfius, partenaire historique des communes, a refusé de financer celles-ci ! Finalement, seule ING avait accepté de financer ce plan en 2022. L’année suivante, elle a remis le couvert mais en excluant toutefois Liège et Charleroi, forçant la Région wallonne à trouver une solution alternative.

En 2024, les montants à lever sont de 356 millions d’euros et, cette fois, ING a limité son intervention à 82 millions d’euros, en excluant de ce financement les villes de Liège, Charleroi, Mons, Ath, Namur, La Louvière et Verviers. Au vu de cette position de la banque hollandaise, le gouvernement wallon a persuadé Belfius de revenir dans le jeu, qui a accepté de prendre en charge quatre des sept villes mais en laissant Liège, Charleroi et Mons sur le carreau, soit une trentaine de millions sur les quelques 274 millions manquants.

Cette situation est choquante à un double titre. Le déni de démocratie et l’exclusion bancaire.

Selon le journal L’Écho qui se base sur plusieurs sources, Belfius aurait justifié son refus auprès du gouvernement wallon par l’arrivée du PTB au sein du collège communal de Mons dans le cadre d’une alliance avec le PS et Ecolo. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur le PTB, son arrivée au pouvoir n’est que le résultat d’un vote populaire et d’un accord politique respectueux de la constitution et des lois du peuple belge. Il est inacceptable qu’une institution bancaire exprime la moindre défiance à l’égard d’un collège communal qui n’a même pas encore pris ses fonctions, a fortiori lorsqu’il s’agit d’une banque qui est la propriété de l’État belge !

« En refusant de financer les communes en difficulté, les banques qui, faut-il le rappeler, jouissent d’un monopole dans la collecte des dépôts, mettent celles-ci et leurs citoyen·ne·s dans une terrible difficulté », s'inquiète Bernard Bayot, codirecteur de Financité.

Cela n’est pas sans rappeler la situation qui prévalait en 1960 lorsque de nombreuses communes éprouvaient des difficultés budgétaires, notamment pour financer leurs investissements et que les petites et moyennes entités n’avaient de facto aucun accès au crédit, du moins au crédit à long terme. Une situation que Walthère Frère-Orban, ministre libéral des Finances, a résolue en créant le Crédit communal de Belgique car il ne faisait pas confiance à une banque privée pour accorder du crédit aux communes.

En refusant de financer les trois communes concernées, Belfius, héritière du Crédit communal, donne le terrible signal que, gérée comme une banque privée malgré qu’elle appartienne à l’État belge, elle n’est pas davantage digne de confiance pour accorder du crédit aux communes. Il appartient au gouvernement fédéral d’en prendre acte : cette insuffisance de financement privé des investissements nécessaires à l’intérêt de la collectivité sur le moyen-long terme nécessite de recréer un pôle public belge de financement, avec Belfius comme banque publique aux côtés de la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI) pour mettre en œuvre une stratégie de financement coordonnée, durable et ambitieuse.

Financité, Testachats & Okra demandent au futur formateur de ne pas oublier l’accessibilité à l’argent liquide

image de gabarit
SOS CASH - banner
Type d'actualité
Date de publication
Paragraphe actualités

Sachant que les banques ont le monopole de la collecte des dépôts, il est évident qu’elles doivent aussi assurer le service de la mise à disposition de cet argent à leurs client·e·s. Or, force est de constater que le nombre de distributeurs de billets ne fait que diminuer drastiquement ces dernières années, et que les Belges s’en plaignent. Notre pétition soscash.be a déjà récolté plus de 33 000 signatures.

Dans ce contexte, un accord a été signé en mars 2023 entre le gouvernement et Febelfin. Celui-ci se vante d’ « améliorer nettement l’accessibilité des distributeurs automatiques de billets » via une série « d’engagements » pris par les banques. Les trois organisations jugent cet accord insuffisant, mais également peu transparent. Un recours devant le Conseil d’Etat est d’ailleurs toujours pendant afin d’obtenir le détail de cet accord. Alors même que cet accord est bien trop vague, le précédent gouvernement lui-même a dû constater en janvier dernier que Batopin ne respectait pas ses engagements et ignorait les recommandations de la Banque nationale de Belgique.

Bien que les négociations pour un nouveau gouvernement fédéral soient actuellement enlisées, les organisations estiment nécessaire de réagir afin de rappeler l’importance de ce dossier au futur formateur. Elles ont écrit aux présidents de parti en ce sens.

« Certaines propositions sur la table vont dans le bon sens - telle que l’introduction de distributeurs dans les supermarchés à condition que le coût de celle-ci soit supportée par les banques et non par les citoyen·ne·s – mais il faut oser aller plus loin pour regarder la situation dans son ensemble. Nous demandons qu’un vrai débat de société ait lieu, impliquant la société civile, et pas seulement le secteur bancaire », réagit Julie Frère, porte-parole de Testachats.

« Le prochain gouvernement doit répondre aux attentes de la population et oser légiférer sur l’accès à l’argent liquide sur base d’un débat démocratique et transparent. Le cash a cours légal dans toute la zone euro. À défaut d’une initiative contraignante pour les banques, le droit pour tout un chacun de choisir son mode de paiement ne sera plus garanti », avance Anne Fily, chercheuse en inclusion financière chez Financité.

« 29% des personnes âgées entre 55 et 74 ans ayant de faibles revenus ne disposent pas d'internet à la maison (cfr. Statbel) et seulement 35% des personnes de plus de 75 ans disposent d'un smartphone (cfr. Fondation Roi Baudoin). La facilité d’accès a l’argent liquide est nécessaire pour que ces personnes âgées aient un accès autonome à leurs propres ressources financières », rappelle Herman Fonck de Okra.

Plus d’1,3 million d’unités de monnaies locales citoyennes en circulation

image de gabarit
photo monnaies
Type d'actualité
Date de publication
Paragraphe actualités

En Belgique francophone, les monnaies locales complémentaires (MLC) ont franchi le cap du million d’unités en circulation. Au 31 décembre 2020, ce sont 1,3 million de ces « bons de soutien à l’économie locale » qui étaient sur le territoire.

Pour les commerces prestataires, partenaires des différentes monnaies, pouvoir afficher sur leur devanture l’autocollant de la monnaie citoyenne de leur région a plusieurs avantages. Cela permet de garantir aux client·e·s que le commerce respecte les valeurs établies dans les chartes des différentes MLC, mais aussi d’établir des synergies avec d’autres prestataires locaux·ales membres du réseau. L'année dernière, 539 prestataires ont rejoint le réseau qui compte désormais 2.171 commerces et professionnel·le·s.

Si tous les indicateurs semblent montrer que les MLC jouent plus que jamais leur rôle de soutien à l’économie locale, le nombre de volontaires citoyen·ne·s qui gèrent ces 16 monnaies est cependant en baisse (de 236 volontaires en 2019 à 198 en 2020). Force est de constater que l’impossibilité de se rencontrer et de travailler ensemble physiquement ont entraîné une baisse de motivation au sein des groupes qui ont plus que jamais besoin de forces vives.

Développement digital et communal

Si pour beaucoup, l’année 2020 restera synonyme de confinement et de pandémie, elle aura pour les MLC marqué l’avènement du digital. En effet, en plus de l’Epi lorrain (Gaume et Pays d’Arlon) et des Blés (Grez-Doiceau), ce sont maintenant le Voltî (Marche, Ciney), le Val’heureux (Liège et sa région) et le Carol’or (Charleroi) qui bénéficient du système de paiement électronique, complémentaire à la monnaie papier. « La digitalisation facilite les transactions entre entreprises, mais favorise également l’accès à la monnaie citoyenne pour les utlisateur·rice·s, explique Nicolas Franka, chef de projet chez Financité. Grâce à l’application mobile, plus besoin de se rendre au comptoir de change pour obtenir des billets, il suffit de charger son compte sur son smartphone. Ça ne prend que quelques secondes. »

Depuis un an, on voit aussi croitre l’intérêt des pouvoirs publics a l’égard des monnaies locales, citoyennes et complémentaires a l’euro. La presse s’est largement fait écho du plan de relance de Charleroi, où la ville a distribué sous la forme de bons l’équivalent de 20 Carol’Or a chacun·e de ses citoyen·ne·s. Mais Tournai, Ath, Namur, Gembloux ou encore Bruxelles ont également mis en place des initiatives avec les monnaies locales.

Image retirée.

400 millions d'euros pour la finance solidaire

image de gabarit
illu finsol
Type d'actualité
Date de publication
Paragraphe actualités

Il y a bientôt presque 20 ans que la finance solidaire s’est imposée comme un sujet d’envergure internationale. C’est en 2003, à Porto Alegre au Brésil, au 3ème Forum social mondial créé pour venir en contrepoint au Forum économique mondial de Davos, qu’émerge la proposition d’un système financier solidaire mondial. En 2021, à quoi ressemble la finance solidaire en Belgique ? Qui sont les acteurs. Financité publie son Rapport sur la finance solidaire.

La finance solidaire structurelle comprend les financements des organisations pour lesquelles il existe un indice qu’elles appliquent au moins un principe de solidarité : les sociétés à finalité sociale avec agrément(s), les sociétés à finalité sociale (sans agrément), les sociétés avec agrément(s), les ASBL avec agrément(s), les ASBL actives dans un domaine solidaire et les mutuelles.

Depuis 2015, le nombre d’organisations financées par la finance solidaire structurelle est en légère augmentation. En 2019, nous avons identifié 4 915 organisations, et si la tendance se poursuit comme durant les années précédentes, il est fort probable que nous avons dépassé les 5 000 organisations à la fin de l’année 2020. En termes de financement, cela représente plus de 15,8 milliards d’euros.

Image retirée.
La finance solidaire certifiée, ayant reçu le label Financité & FairFin, augmente de façon plus importante. Depuis sa création, le label de finance solidaire a vu le nombre d’entreprises dont les financements plus que tripler pour atteindre 75 structures en 2020 pour un montant de plus de 400 millions d’euros.

Image retirée.

Qui sont les investisseur·euse·s solidaires ?

Image retirée.Le rapport a également réalisé une enquête afin de dresser le profil de l’investisseur·euse solidaire. Il est intéressant de constater qu’un tiers des investisseur·euse·s n’ont financé qu’une seule entreprise, 53% ont financé entre 2 et 5 entreprises. Ainsi, 69 % des personnes interrogées récidivent une fois qu’elles ont investi dans la finance solidaire. Il semble y avoir plus de serial investisseur·euse·s solidaires. 55 % des répondant·e·s investissent en moyenne jusqu'à 500 euros par souscription.

Seuls 15 % des investisseur·euse·s affirment n’avoir investi que dans des entreprises dans lesquelles ils·elles connaissent les porteur·euse·s des projets et presque un tiers (27%) des invertisseur·euse·s consomment les produits et les services vendus par toutes les entreprises dans lesquelles ils·elles ont investi. La plus-value sociétale et/ou environnementale reste le critère de choix le plus important pour les investisseur·euse·s.

Nous avons pu juger une série de critères qualitatifs encourageants : quelles entreprises limitent le versement du dividendes, quelles entreprises interdisent les plus-values à la revente, quel est l'impact en termes de production d'énergie renouvelables...

Cependant, il reste du travail dans la finance solidaire. Ainsi, 82 % des investisseur·euse·s ne participent jamais ou seulement parfois aux assemblées générales et les chiffres montrent également une faible représentativités des femmes (25%) aux conseils d’administration des entreprises de la finance solidaire.

Le marché des produits autoproclamés « socialement responsables » a doublé en 1 an

Pour son seizième rapport sur l’ISR, Financité cherche à délimiter le marché actuel des produits financiers dits socialement responsables. En 2020, l’encours total placé sur les produits appelés éthiques, durables ou responsables a connu une hausse encore plus spectaculaire que les années précédentes (+48,74 milliards d’euros).

La part de marché de l'investissement socialement responsable a elle aussi atteint un sommet historique de 12,2 % en 2020 contre 6,9 % en 2019 (soit le niveau le plus élevé jamais atteint). Ceci est dû à l’importante embellie notée pour les fonds ISR.

Une envolée pour les fonds d'investissement qui compense l'immobilisme dans les comptes bancaires

Malgré l'offre toujours plus importante des institutions bancaires en termes de fonds d'investissement, on ne retrouve sur le marché que très peu de compte courants ou comptes d'épargne qui se targuent d'être socialement responsables. En effet, au 31 décembre 2020, seules trois institutions proposaient ce type de produit. La part de marché de ces produits face au marché global des comptes courants et d'épargne est quasi insignifiante avec 0,46% de l'encours total.

Pour les banques, ce type de placement est visiblement réservé aux investisseur·euse·s. Les petit·e·s épargnant·e·s qui n'ont pas la possibilité d'investir n'ont que peu de choix pour placer leur argent sur un compte « socialement responsable ».

Un problème de transparence

Au vu de la taille du marché, Financité a choisi cette année d'étudier la qualité de ces fonds dans un deuxième rapport à paraître en septembre.

Une première analyse nous laisse cependant penser que la qualité laisse toujours à désirer et révèle en réel problème de transparence. En effet, alors que la publication de la composition du fonds d'investissement est une obligation légale, ces documents sont souvent difficilement accessibles. Même interrogés directement, 63% des promoteurs de fonds ne répondent pas aux demandes de transparence. « En plus d'être une obligation légale, être transparent sur les investissements réalisés devrait un minimum pour des fonds qui se prétendent socialement responsables. Or, pour nombre d'entre eux, ces informations sont totalement inaccessibles », regrette Charlaine Provost, autrice du Rapport sur l'investissement socialement responsable 2021.

Annexes

Rapport sur l'investissement socialement responsable 2021
Synthèse du rapport sur l'investissement socialement responsable 2021
Baromètre ISR 2021

image de gabarit
illu isr
Type d'actualité
Date de publication

Le service bancaire universel doit prendre en compte la fermeture des agences

Après plusieurs mois de négociation, les banques et le gouvernement ont trouvé un accord pour la mise en place d’un service bancaire universel (SBU). Celui-ci s’adresse aux client·e·s non digitalisé·e·s, sans condition d’âge.

Cet accord est un premier pas vers plus d’inclusion en matière bancaire. En effet, beaucoup de personnes âgées, mais aussi celles et ceux qui ne sont pas digitalisées, rencontrent des difficultés pour effectuer leurs opérations bancaires en toute autonomie et ce, en raison de la diminution du nombre d'agences, des distributeurs de billets et de la digitalisation des services bancaires qui entraînent la suppression des imprimantes d'extraits de compte dans les agences, des coûts supplémentaires pour l'envoi des extraits bancaires et les opérations manuelles, etc. Depuis l'année dernière, Financité a d'ailleurs lancé la campagne "Banques : dehors les serniors" pour dénoncer cette nouvelle forme d'exclusion et revendiquer des solutions auprès des pouvoir publics.

Les coûts d'envoi des extraits bancaires et la diminution du nombre d'agence empêchent le service d'être une réelle alternative

Financité se réjouit que le gouvernement s’attaque aux problèmes des nouveaux·elles exclu·e·s bancaires. Cependant, nous regrettons fortement le choix d’une charte, non contraignante, qui n’obligera donc pas les banques à proposer ce service. De la même manière, nous regrettons que le contenu de ce service bancaire universel ne soit pas proposé "tout inclus". En effet, le tarif annuel de 60 euros comprend une carte de crédit, 60 opérations manuelles et 24 retraits au distributeur de la banque, mais ne prend pas en compte l’envoi postal des extraits de compte qui sont facturés séparément.

Les extraits sont certes disponibles gratuitement à l’automate, mais étant donné leur disparition rapide, il reste difficile pour nombre de personnes de se procurer des extraits de compte sans se les faire envoyer par voie postale.

Financité pose le même constat sur la réduction du nombre d’agences bancaires qui n’a pas été pris en compte dans la Charte dessinant les contours du SBU. La disparition des agences rend en effet le service bancaire universel difficile à mettre en œuvre. Beaucoup de client·e·s sont alors réduit·e·s à effectuer leurs opérations manuelles par courrier.

La suppression des distributeurs devrait également être prise en compte. Si les différents projets de diminution des distributeurs aboutissent, plus d'un tiers auront disparu d'ici 2024 et la distance pour accéder à un distributeur augmentera donc considérablement pour la majorité de la population. Retirer de l'argent deviendra donc de plus en plus compliqué et beaucoup de client·e·s devront se rendre aux distributeurs d'autres banques.

Financité a d'ailleurs lancé la campagne "Soyons cash" pour dénoncer le projet de Batopin et une pétition est actuellement en cours.

Annexes

Notre campagne "Soyons cash"
Notre campagne "Banques : dehors les seniors"

image de gabarit
panneaux distributeurs
Type d'actualité
Date de publication

Un nouveau nom pour le label de la finance solidaire

Unique label en Belgique qui certifie que l’argent des investisseur·euse·s est utilisé pour donner vie à des projets qui sont de véritables valeurs ajoutées pour l’humain, la culture et/ou l’environnement, ce label se munit désormais d’un nom qui met clairement en avant ses intentions : représenter une finance solidaire, bien éloignée de la finance traditionnelle.

Ce changement de nom n’est pas fortuit puisqu’il marque également le retrait de FairFin de la gestion du label. « FairFin souhaite devenir une structure qui change les règles du jeu grâce à la recherche et les campagnes. Nous faisons cela avec une équipe relativement réduite. Nous avons donc fixé de nouvelles priorités en nous concentrant sur la communication grand public », précise Els Lauriks, coordinatrice chez FairFin. Cet événement ne désengage cependant pas l’organisation de poursuivre le soutien et la promotion d’initiatives qui constituent un monde plus durable et juste.

Pour Annika Cayrol, coordinatrice du label chez Financité, le changement de nom du label marque un nouveau tournant pour la finance solidaire en Belgique : « les demandes de labellisation de financements sont de plus en plus nombreuses des deux côtés de la frontière linguistique, ce qui montre un réel engouement pour la finance solidaire en Belgique. Même si Financité est une organisation francophone, nous avons mis en place une équipe multilingue derrière le label. Nous avons également le soutien de volontaires néerlandophones pour nous aider dans notre tâche. »

Des serials investisseur·euse·s

A l’heure actuelle, le label Finance solidaire labellise les financements de 82 entreprises et l’investisseur·euse soucieux·euse d’utiliser son argent de manière durable et éthique peut faire son choix parmi 74 produits financiers. Au 31 décembre 2020, l’ensemble des financements labellisés représentaient plus de 400 millions d’euros.

Dans sa première étude sur la finance solidaire publiée en mai, Financité a pu identifier qui investit de la finance solidaire. Dans les personnes ayant souscrit à un produit labellisé, on compte plus d’hommes (62%) que de femmes (37%). Nous avons également constaté qu’elle comprend principalement (plus des trois quarts) de personnes âgées de plus de 45 ans et aucun des répondant·e·s au questionnaire n’a moins de 25 ans.

Il est intéressant de constater qu’un tiers des investisseur·euse·s n’ont financé qu’une seule entreprise, 53 % ont financé entre 2 et 5 entreprises. Ainsi, 69 % des personnes interrogées récidivent une fois qu’elles ont investi dans la finance solidaire

En plus d’être un outil de sensibilisation de la finance solidaire, le label s’est muni d’un site qui permet à celles et ceux qui désirent investir dans des produits labellisés d’y souscrire directement. C’est un atout pour les entreprises qui bénéficient gratuitement de cet outil. Pour celles et ceux qui désirent investir une partie de leur épargne, la plateforme de souscription permet d’accéder facilement à leurs investissements. De quoi faciliter le financement citoyen dans l’économie réelle et sociale.

Annexes

Site du label Finance solidaire
Rapport Financité sur la finance solidaire
Synthèse du rapport Financité sur la finance solidaire

image de gabarit
logo label finsol
Type d'actualité
Date de publication
 

REJOIGNEZ NOTRE MOUVEMENT 

Comme nous, voys croyez qu'une autre finance est possible ? Joignez votre voix aux 4000 membres de notre mouvement (coopératives,asbl,citoyen·ne·s engagé·e·s) et soutenons la finance de demain.