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Quand les syndicats s’en mêlent...

Soumis par Anonyme le

En bref :

Dans une filiale belge d’une banque américaine, Annie Patureau et Catherine Blandiaux, toutes deux déléguées CNE-CSC, ont sensibilisé leurs collègues aux revendications de la coalition Travail décent.

Interview :

Qu’avez-vous entrepris au sein de votre banque, en matière de travail décent ?

Nous avons préparé de la soupe avec des lé-gumes bio et distribué du thé vert. Lors d’une action au courant du mois de mai, le personnel était invité à venir se servir gratuitement. Le but était de sensibiliser les employés aux conditions salariales ici et ailleurs, de leur faire signer la pétition travail décent et, éventuellement, qu’ils donnent de l’argent à Solidarité mondiale (1), l’ONG partenaire de notre syndicat.

Quel est le lien entre la soupe bio et le travail décent ?

Le travail décent commence près de chez nous. Nous voulions sensibiliser le personnel au fait qu’il est possible de consommer des produits locaux plutôt que ceux importés par les multinationales agro-alimentaires.

Avez-vous mené d’autres actions au sein de la banque ?

Nous avons également interpellé le Conseil d’entreprise au sujet de consultants indiens qui travaillent pour l’instant au siège bruxellois. On s’était rendu compte qu’ils habitaient tous dans le même appartement, en vase clos. La direction était étonnée et pas vraiment au courant desconditions de vie de ces consultants, étant donné que leur engagement se fait via un centre de coûts indépendant. Elle s’est donc renseignée et, après avoir rencontré ces consultants, elle nous a répondu que c’était leur choix et qu’ils étaient contents, car leurs conditions de travail et leur salaire ici sont bien plus intéressants que dans leur pays. Ils estiment que leurs conditions de travail sont décentes.

La notion de travail décent intéresserait-elle davantage les Occidentaux que les principaux concernés ?

Faute de contacts avec les travailleurs des filiales étrangèresnous ne savons pas quelle est leur position par rapport à leurs conditions de travail. D’autant que, dans le contexte actuel, les gens ont peur de perdre leur job. C’est le cas en Belgique, mais encore plus dans d’autres pays où la protection du travailleur est faible. Aller un pas plus loin serait de vérifier, dans ces filiales, les conditions de départ puisque nous sommes en pleine restructuration. Jusqu’à présent, la direction s’est contentée de répondre que les conditions offertes étaient au minimum celles exigées par la loi. Cependant, si nous sommes assez bien protégés ici en Belgique, qu’en est-il dans d’autres pays où les lois sociales – comme le droit de se syndiquer par exemple – sont faibles ? Pour nous, il est important que les valeurs prônées par la banque (esprit d’équipe, intégrité, respect des autres et excellence du service au client) ne soient pas seulement une vitrine vers l’extérieur, mais que ces valeurs soient aussi respectées dans les relations internes. En septembre, nous interpellerons formellement le Conseil d’entreprise à ce sujet.

À votre avis, les conditions de travail en Belgique sont-elles correctes ?

Elles le sont, mais on les sent en recul. Au vu des circonstances actuelles, les travailleurs se sentent forcés de prester de plus en plus d’heures. Dans une entreprise globalisée comme la nôtre, le premier réflexe est de regarder à l’étranger, mais il faut rester vigilant quant à ce qu’il se passe en Belgique.

Avez-vous d’autres projets dans le cadre de cette campagne sur le travail décent ?

Au-delà du respect de la légalité, nous voudrions savoir, notamment, s’il y a des délégations syndicales dans les autres filiales. Pour nous, la responsabilité sociale des entreprises ne doit pas se limiter à une photo du CEO offrant les clés d’une nouvelle camionnette à l’ASBL du coin !

(1) www.solmond.be

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Quand on parle de travail décent, on pense surtout aux conditions de travail dans les entreprises des pays en développement. Pourtant, dans l'économie globalisée, cette problématique devient planétaire.

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Septembre

FINANcité Magazine n°15 : Finançons le travail décent !

Soumis par Anonyme le
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2009
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Septembre

FINANcité Magazine n°14 : Perfomance énergétique des bâtiments

Soumis par Anonyme le
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Le nouveau guide des placements éthiques et solidaires en Belgique vient de paraître !

Soumis par Anonyme le
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2009
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Avril

Le SEL, le coup d'pouce à côté de chez vous !

Soumis par Anonyme le

Le premier SEL a été créé au Canada en 1976. En Belgique, ils existent depuis une quinzaine d’années. Celui de Villers-la-Ville, Court-Saint- Etienne et Chastre, le Coup d’pouce est le plus grand de Wallonie.

Les SELs sont des réseaux où les participants, une personne seule ou une famille complète, sont mis en contact les uns avec les autres et s’échangent des services non-professionnels mais aussi des biens et du savoir(-faire).

Le grand principe des SELs est que les échanges qu’on y fait ne sont pas payés en monnaie sonnante et trébuchante. Ils sont comptabilisés en unités dont les noms varient d’un SEL à l’autre. Au SEL Coup d’pouce, on échange des bon’heures (Bhr). On pourra donc gagner des bon’heures en gardant des enfants, qu’on ira ensuite dépenser en allant suivre un cours de cuisine. Bien que chaque SEL ait sa logique, il n’y a, en principe, pas de différence entre une heure de cours de latin et une heure de jardinage. Cependant, à la différence d’un système économique classique, les échanges sont basés sur la solidarité.

Le but n’est donc pas d’accumuler les bon’heures mais bien de faire émerger la solidarité entre personnes proches localement. Partant de ce principe, il est tout-à-fait permis d’avoir un solde en négatif pendant une certaine durée.

Concrètement…

Les familles s’inscrivant dans un SEL font connaître les services qu’elles peuvent rendre suivant leurs capacités et leurs disponibilités. Les raisons d’adhérer à un SEL peuvent être diverses. Pour certains, il s’agira de rencontrer d’autres personnes. Pour d’autres, ce sera davantage un acte militant pour contourner le système capitaliste. Pour d’autres encore, ce sera une manière d’accroître l’autosuffisance économique.

Les SELs, eux-mêmes, peuvent être très différents les uns des autres. Certains viseront l’insertion sociale et la mixité culturelle tandis que d’autres rechercheront à créer une unité au sein d’un même quartier, ou de conserver les richesses au niveau local.

Armand Tardella n’est pas économiste mais physicien. Sa formation l’a amené à penser l’économie comme un système physique et à réfléchir à des solutions alternatives qui permettraient de faire évoluer le système économique actuel.

Financité : Quel but recherchiez-vous quand vous avez créé le SEL de Saint Quentin-en-Yvelines, dans les années nonante ?

Armand Tardella : Ma démarche première était macroéconomique. Ma réflexion a démarré début des années ‘90, en pleine montée du chômage en France. Je voulais voir comment on pouvait réduire le chômage et la pauvreté. J’ai commencé à lire des bouquins sur Keynes. Je me suis convaincu que l’économie de marché était très instable et qu’elle pouvait créer des catastrophes sociales comme en 1929, et comme on en a connues d’autres ensuite. Keynes a résolu cela en inventant les mécanismes de relance qui ont marché pendant quarante ans et grâce auxquels on a connu les trente glorieuses. L’outil de Keynes a été un outil de pilotage dans une économie nationale fermée. A partir des années ‘70, ce mécanisme de pilotage n’a plus fonctionné car les économies se sont ouvertes. En tant que physicien, j’ai cherché quelle était la bonne transformation pour que les lois keynésiennes fonctionnent en système ouvert. J’en ai conclu que ce serait une « monnaie locale non convertible », c’est-à-dire qu’on ne peut pas convertir avec de l’argent externe. On pourrait alors faire une relance dans le réseau grâce à cette monnaie non convertible. L’origine du SEL, pour moi, a été de me dire que si je créais une monnaie locale non convertible, je pourrais instaurer la primauté du politique sur l’économique.

Financité : Est-ce que le SEL était la bonne solution ?

A. T. : Au début de ma réflexion, je pensais que la taille critique devait être un bassin d’emploi – au minimum 100 000 personnes – pour que les échanges internes puissent être assez importants. Aujourd’hui, ma position sur le SEL est que c’est un objet très intéressant mais que, contrairement à ce que je voulais faire, le SEL est du domaine du microsocial. L’intérêt du SEL est l’entraide locale. L’échange économique reste très marginal et n’est qu’un prétexte à se rencontrer.

Financité : Quel est l’intérêt du SEL, alors ?

A. T. : Le SEL a son intérêt. Il y a des gens qui sont entrés et qui étaient en difficulté, et à qui cela a permis de garder la tête au-dessus de l’eau, d’avoir un « petit plus » sur le plan économique et un « grand plus » sur le plan relationnel. Je pense donc qu’il devrait y avoir un SEL dans chaque quartier. Pour moi, le SEL n’est pas une alternative au système économique, c’est de l’entraide locale.

Financité : Avez-vous tenté d’autres expériences au sein du SEL ?

A. T. : On a mis en place une monnaie fondante au sein du SEL. Il fallait donc échanger des biens et services sous peine de voir sa réserve diminuer avec le temps. Mais au bout de quatre ans, on a laissé tomber parce qu’un SEL n’est pas un objet économique. Il n’y a donc aucune raison de faire de la relance dans un SEL.

Financité : Où en êtes-vous dans votre réflexion maintenant ?

A. T. : Maintenant ce que je voudrais, c’est une « monnaie participative privée » mais pour mettre en place cela, il faut utiliser le marché pour combattre le marché et créer une entreprise. Le fait que WIR existe montre qu’un tel produit peut exister. Donc, mon objectif est de créer une boîte comme WIR qui a au moins 10 000 clients mais, qui fonctionne comme un SEL, avec une « cotisation d’assurance ». Cette cotisation, sur le modèle de la monnaie fondante, serait versée au réseau et permettrait d’avoir des politiques d’incitation et de relance.

Le SEL Coup d’pouce réunit, bon an mal an, une centaine de familles. Il a été créé, il y a une dizaine d’années, par Marie et Bernard Simon. Le but premier qu’ils recherchaient à travers la création du SEL était de s’intégrer dans la région où ils venaient de s’installer.

Financité : Quelles difficultés peuton rencontrer dans le fonctionnement d’un SEL ?

Bernard Simon : Les SELs permettent de réintroduire de la solidarité et de (re)créer un lien social dans les échanges. Ils doivent partir de la volonté de faire des choses ensemble, ce qui est déjà un signe d’ouverture. Ils peuvent servir à aider des personnes à se sortir d’une mauvaise situation économique mais, une chose que nous voulons éviter, est que l’on rentre dans un rapport de sauveur-victime. Une autre difficulté peut venir de ce que certains envisagent le SEL du point de vue d’un consommateur estimant qu’une heure d’un service vaut plus qu’une heure d’un autre service.

Financité : Les SELs s’inscrivent généralement dans une dimension locale. Ne pourrait-on pas imaginer les choses en plus grand, pour que ces systèmes d’échange sortent de la « marginalité » ?

B. S. : Personnellement, je ne pense pas et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, small is beautifull. Je pense que l’intérêt d’un SEL est le fait qu’il fonctionne au niveau local. Deuxièmement, il faudrait y intégrer des aspects économiques. Par exemple, qu’un boulanger échange le pain qu’il a fabriqué et le comptabilise en bon’heures. Arrivent alors les problèmes liés aux taxes sur son travail, sur la valeur ajoutée, s’il reçoit trop de bon’heures, comment pourra-t-il alors les dépenser au sein du SEL,... ? Cependant et contrairement à l’option que nous avons choisie ici, certains SELs, comme celui d’Amiens, estimant qu’ils produisent de l’activité et qu’ils utilisent les infrastructures publiques. Ils ont donc proposé aux autorités communales de s’acquitter d’une taxe locale. Par exemple, ils organisent une fête pour les personnes âgées du home communal. Cette « corvée » dont ils s’acquittent s’apparente à une taxe volontaire dont ils choisissent eux-mêmes l’affectation.

Financité: Quel serait pour vous le modèle idéal ?

B. S. : Le modèle idéal serait d’avoir un SEL par quartier, voire par rue parce que le but premier du SEL doit rester l’intégration sociale. Il doit néanmoins avoir une taille critique d’une cinquantaine de familles. Les SELs qui fonctionnent avec 10-12 familles risquent de s’épuiser. Idéalement, il faut penser local mais l’équilibre reste fragile. Il peut être difficile de trouver de nouvelles forces vives. Le grand challenge est de vraiment mettre en pratique ce principe de solidarité. Ne pas utiliser le SEL comme un « gadget » mais vraiment comme une alternative à vivre.

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Marie garde les enfants de Juliette qui, elle-même, met en page l'invitation pour la communion du fils de Raymond qui, lui-même, répare le vélo de Jean qui ira tailler ce week-end les pommiers de Martine. Tous les cinq font partie d'un SEL, un système d'échange local, comme il en existe une centaine en Wallonie et à Bruxelles.

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2007
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12/2007
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Décembre

L'Europe emboîte le pas

Soumis par Anonyme le

Le SOL est une monnaie alternative à grande échelle, utilisable au sein d’un réseau labellisé de l’économie sociale et solidaire et des collectivités locales sur trois régions : la Bretagne, le Nord-Pas-de-Calais et quelques arrondissements d’Ile de France.

Financité : Le SOL est une monnaie se déclinant sous trois modèles différents.

Jean-Philippe Poulnot, Directeur du Développement, Groupe Chèque Déjeuner : Le SOL Coopération ressemble à un système de fidélité. Un porteur de carte Sol qui achète des biens et services dans une structure de l’économie sociale recevra des SOL avec lesquels il pourra acheter des biens et services, les offrir à un autre porteur ou les affecter à un projet proposé par l’association SOL. Etant une monnaie fondante, s’il n’en fait rien, le mécanisme de fonte permettra alors d’alimenter un fonds mutuel pour soutenir de gros projets. Le SOL Engagement est libellé en temps et repose sur des accords entre la collectivité locale et le tissu d’économie sociale local. Par exemple, une personne qui agit bénévolement en nettoyant les bords d’une rivière pourra recevoir des SOL engagement qui lui permettront d’aller à la piscine municipale gratuitement ou à tarif réduit. Enfin, le SOL Affecté est un outil de modernisation des politiques sociales. Par exemple, une ville qui souhaite aider certains foyers en difficulté pourra décider d’affecter des SOL valables uniquement pour l’achat d’aliments bio, ou en provenance de l’agriculture maraîchère locale en circuit court.

Financité : Où en est le projet SOL actuellement ?

J.-P. P. : Le projet SOL est à ce jour en phase d’expérimentation, et ce, jusqu’au 31 décembre 2008, dans le cadre d’un programme européen, EQUAL 2, porté par quatre pays : La France, l’Italie, L’Espagne et le Portugal.

Financité : Quel est son succès ?

J.-P. P. : A ce jour, nous sommes en train de monter en puissance sur le projet, et avons d’ores et déjà 780 porteurs de cartes et 54 prestataires. Prochainement, de grandes entreprises

de l’économie sociale vont contribuer à la diffusion massive de la carte SOL auprès de leurs adhérents. Notre objectif, fin 2008 : atteindre 450 prestataires et 18 000 porteurs de cartes. Ces chiffres évoluent de jour en jour, tout comme le nombre de transactions effectuées.

Financité : Quel est l’intérêt, selon vous, de créer une monnaie parallèle ?

J.-P. P. : Pour pallier les manques de la monnaie officielle... Les monnaies parallèles ont également pour objectif de renforcer la proximité, les circuits de distribution courts, les entreprises de l’économie sociale, de développer des pratiques respectueuses également de l’environnement et donc, dans une certaine mesure, d’apporter leur contribution à la relocalisation d’une économie plus humaine et plus durable, ce que l’on peut, en partie, opposer à la globalisation.

Financité : Pourquoi pensez-vous que l’Europe se soit intéressée à un tel projet ?

J.-P. P. : La monnaie se raréfie, du moins pour son volume réservé à l’échange, et, par ailleurs, ne prend en compte que les activités marchandes, ignorant totalement la richesse créée par le bénévolat, le militantisme, la solidarité, etc. C’est vraisemblablement pour cette raison que l’Union européenne soutient notre projet, tout comme elle s’intéresse aux quelques centaines d’expérimentations de monnaies parallèles actuellement en vigueur en Europe et dans le monde.  

Financité : Votre projet est subsidié. Pourrait-il être viable sans l’apport de l’Europe ou devra-t-il être sans cesse subventionné ?

J.-P. P.: Nous sommes en train de travailler sur le modèle économique du SOL hors programme EQUAL, c’est-à-dire sans subventions des collectivités. Cela implique que les coûts de fonctionnement soient répartis entre les différents acteurs du système et que nous soyons dans une dynamique d’entreprises de l’économie sociale avec un seuil minimum à atteindre de 100 000 cartes.

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Une monnaie alternative, soutenue par l'Europe, est actuellement expérimentée en France dans trois régions.

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2007
Date d'édition
12/2007
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Décembre

Une banque qui fait des affaires sans argent !

Soumis par Anonyme le

La coopérative, devenue aujourd’hui banque, a été créée par quelques patrons de PME, dans le but de s’entraider et d’organiser l’échange des marchandises sans argent. S´inspirant des théories du libéralisme économique, ses fondateurs ont voulu faire face à la pénurie d’argent liquide et remédier aux perturbations de la masse monétaire en circulation dues à la thésaurisation d’alors.

WIR fonctionne comme une banque, proposant un certain nombre de produits bancaires tant pour les particuliers que pour les professionnels. Sa particularité est qu’elle a mis au point une monnaie parallèle, « l’avoir WIR », indexé sur le franc suisse. Les PME ayant adhéré au système peuvent vendre leurs produits et services au sein du réseau, pour partie, en francs suisses et pour partie, en « avoirs WIR ». Fidèle aux théories de Gesell notamment, cette monnaie ne rapporte pas d’intérêts. Le client devra donc veiller à ce qu’il ne gagne pas plus « d’avoirs WIR » qu’il ne peut en dépenser dans le réseau.

Le client a l’avantage de commercer dans un marché captif lui permettant d’augmenter son chiffre d’affaires puisqu’il attirera des nouveaux clients intéressés à dépenser leur « avoirs WIR ». Cet avoir correspond juridiquement à un crédit client-fournisseur à 0 %. WIR gère et organise la compensation des comptes crédit-fournisseur de ses clients. Contrairement à d’autres systèmes similaires, la coopérative rémunère le service qu’elle rend en prélevant 0,5 à 1 % sur chaque transaction, en francs suisses. La faiblesse du coût de transaction s’explique notamment par la structure juridique de WIR – en tant que coopérative, son objectif n’est pas de rémunérer ses actionnaires au maximum – mais aussi, par la gestion. WIR ne compte que 200 employés pour plus de 16 000 clients !

Fort bien implanté dans le secteur de la construction, WIR propose toute une gamme de crédits, notamment de crédits hypothécaires qui peuvent être combinés en « avoirs WIR » et en francs suisses. Ainsi, le particulier ou le professionnel emprunte une partie en WIR qui pourra servir, par exemple, à financer des travaux et une autre partie, en francs suisses, pour rembourser l’achat de la maison.

Les intérêts à payer sur les « avoirs WIR » sont très faibles. Ce système de crédit, uniquement possible parce que la coopérative s’est transformée en banque, permet à WIR d’injecter de nouveaux « avoirs WIR » dans le système. Pour y parvenir, elle a toujours besoin de clients supplémentaires qui lui permettront de garantir les crédits qu’elle accorde.

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Durant les années de crise de l'entre-deux guerres, de nombreuses associations d'entraide pratiquant l'échange de marchandises entre leurs membres se constituèrent un peu partout dans le monde. En Europe, des cercles d'échange sans argent liquide virent également le jour, comme WIR, créé en Suisse en 1934. Aujourd'hui, la coopérative existe toujours et compte 60 000 clients professionnels.

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2007
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12/2007
Mois d'édition
Décembre

RES, l'expérience alternative réussie en Belgique

Soumis par Anonyme le

RES suit au départ, le même ordre d’idée que WIR. Les PME, commerçants et indépendants qui font partie de ce réseau peuvent payer, chez d’autres entreprises affiliées, en RES-euros, monnaie alternative dont la valeur est équivalente à celle de l’euro. Eux-mêmes peuvent vendre leurs biens et services à d’autres affiliés en RES-euros.

Crédit sans intérêt et chiffre d’affaire augmenté

Un avantage majeur de ce système est qu’il permet, comme toutes les monnaies alternatives, d’avoir du crédit sans intérêt. En effet, un commerçant peut être pendant un certain temps en négatif sur son compte RES-euros.

Dès qu’il vendra une marchandise ou un service à un autre commerçant affilié, son solde augmentera. Un autre avantage est bien entendu économique puisqu’il amène de nouveaux clients qui n’hésitent pas à faire plus de kilomètres pour trouver une en treprise qui acceptera ses RES-euros.

Ce n’est pas autre chose que dit Eddy Romain, patron de Déco Vert Espaces Jardins, une entreprises de jardinage à Morlanwelz : « J’ai acquis de nouveaux clients, qui viennent d’autres régions, que je n’aurais jamais eus en d’autres temps. Cette clientèle représente une augmentation de 2 % de mon chiffre d’affaires. Grâce à cela, je peux, à mon tour, payer des fournisseurs intéressants pour mon exploitation professionnelle.»

Et le social, alors ?

Plus de 4 000 commerçants se sont affiliés, principalement en Flandres, mais ce chiffre stagne. Pourtant, l’argument économique mis en avant, l’augmentation du capital, ne vaut que si le nombre
d’affiliations augmente.

Aujourd’hui, RES se trouve un nouvel argument pour promouvoir son système. La société veut passer d’un système d’échange à une véritable monnaie alternative et se profiler comme un moyen de résistance à la globalisation, de soutien à l’économie locale et de lutte contre la paupérisation de la classe moyenne, celle des petites commerçants et artisans qui résistent de moins en moins bien face aux grandes multinationales.

« Aujourd’hui, rappelle Gérard Nys, un courtier RES en Wallonie, l’hyperconcentration du capital provoque des dérives capitalistes, telles qu’Ikea, Microsoft ou Aldi pour ne citer qu’eux. A côté de ces géants du commerce qui écrasent les prix, vu la quantité de marchandises qu’ils vendent, l’épicier du coin ne peut résister et, comble du cynisme, après que ce dernier ait définitivement fermé les portes de son magasin, des grandes chaînes de distribution alimentaire ouvrent au même endroit des commerces de proximité ! »

Un pas plus loin ?

RES propose en outre un système de soutien aux ASBL, clubs de sport et autres, sur un principe de soutien aux associations locales, similaire au Chiemgauer (voir p.7). Les particuliers peuvent acheter, via l’ASBL qu’ils souhaitent soutenir, 50 RES-euros, par exemple, qu’ils dépenseront chez des commerçants affiliés. Ils ne paieront que 45 €. Ils auront donc soutenu leur ASBL sans effort, le commerce local et auront « gagné » 10 %. L’ASBL, quant à elle, ne préfinance pas les RES-euros et, en plus, reçoit une commission de 10 % (1). Le système se finance sur la commission que paie chaque commerçant sur les transactions.

RES reste donc un système alternatif purement commercial dont l’intérêt reste l’augmentation du chiffre d’affaires pour les commerçants, artisans et entrepreneurs qui en font partie. Mais, en même temps, il a pour ambition de dynamiser le commerce local, au détriment des grandes entreprises. Un tel système ne pourra pourtant vraiment prendre corps que s’il atteint une masse critique, raison pour laquelle RES mène une vraie politique commerciale d’acquisition de nouveaux clients.

Plus d’infos sur www.res.be
(1) Si elle vend pour 50 RES -euros, elle recevra 5 € de commission.

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Dans les années ‘90, Walter Smets possédait un magasin de meubles design. Un jour, un homme poussa la porte et acheta, en une seule fois, des meubles pour un million de francs. Il en conclut que, pour qu'une affaire marche, les indépendants, artisans et commerçants doivent s'entraider. C'est ainsi que naquit RES, un réseau de plus de 4 000 commerçants en belgique qui s'échangent des biens et services, sans débourser un euro !

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Une idée vieille de deux siècles

Soumis par Anonyme le

Les premières monnaies locales connurent un grand succès au cours des années ‘30, au moment de la grande dépression, lorsque l’argent commença à manquer. Leur utilisation se basait sur des idées nées quelques années plus tôt. Parmi les théoriciens qui réfléchirent à une utilisation alternative de la monnaie, on peut citer, d’une part, le « Belge » Silvio Gesell et, d’autre part, l’anarchiste Pierre-Joseph Proudhon.

Une monnaie qui perd de sa valeur

Silvio Gesell est l’inventeur de la monnaie franche, une monnaie dite fondante car sa valeur diminue à intervalle fixe (tous les mois par exemple). Silvio Gesell est né en Belgique en 1862 (à Saint Vith exactement qui, à l’époque, était situé en Allemagne). Après avoir développé une affaire d’instruments dentaires en Argentine, il quitta la vie active, revint en Europe et se fixa en Suisse. Depuis ce pays, il développa des théories qu’il a résumées dans son livre L’ordre économique naturel. Ses théories se fondent sur diverses observations.

Tout d’abord, la quantité de monnaie gagée par l’or ne suit pas le rythme de l’accroissement de la production et de la richesse et cette disproportion est la cause principale des désastres économiques. D’autre part, la monnaie est détournée de son véritable emploi pour servir surtout à la thésaurisation, ce qui provoque un ralentissement des échanges et, la quantité de denrées restant la même, cela cause la chute des prix. Contrairement aux marchandises, l’argent ne perd pas de sa valeur. Le détenteur d’argent peut alors attendre que le commerçant baisse ses prix. Quant à ce dernier, il se retrouve obligé de couvrir ses frais par des crédits, sur lesquels il doit payer des intérêts. Celui qui reçoit ces intérêts peut à nouveau les prêter à un autre. On se retrouve donc face à une quantité de plus en plus grande de monnaie qui est extraite du circuit économique.

Pour casser ce cercle « vertueux », Gesell propose que l’argent perde périodiquement de sa valeur, de sorte qu’il devienne inintéressant de le garder et perde ainsi sa position dominante par rapport au travail humain.

L’argent sans intérêt !

L’idée de la monnaie sans intérêt, la monnaie à 0 % est née dans l’esprit de Pierre-Joseph Proudhon. En 1848-1849, il publia Solution du problème social. Dans ce livre, il présenta un programme de coopération financière mutuelle entre travailleurs. Il pensait ainsi transférer vers les travailleurs le contrôle des relations économiques détenu par les capitalistes et financiers. Son projet s’appuyait sur l’établissement d’une « banque d’échange» qui accorderait des crédits à un très faible taux d’intérêt (le taux n’est pas nul en raison des coûts de fonctionnement). Il tente même, au début de l’année 1849 de mettre en place cette banque, qu’il appelle la Banque du Peuple. Mais, malgré l’inscription de plus de 13 000 personnes (surtout des travailleurs) et un capital de 5 millions de francs français de l’époque, cette initiative ne dura pas longtemps.

Plus près de chez nous : le Chiemgauer

Si l’expérience autrichienne semble être sortie d’un autre âge où il était encore possible d’agir localement sur l’économie, il existe pourtant actuellement de nombreuses monnaies locales mises en place à travers le monde. Elles ont comme but de relancer l’économie ou, comme à Prien, quelque part en Bavière, leur vocation est plus directement sociale. L’exemple du Chiemgauer est un exemple de regiogeld (argent local) parmi de nombreux autres.

En 2003, un professeur de lycée, aidé de ses élèves, a décidé de mettre en circulation le Chiemgauer, une monnaie dont la valeur est équivalente à l’euro. Le but de cette monnaie régionale est multiple. D’une part, la stimulation de l’économie locale ; d’autre part, la promotion d’activités culturelles, pédagogiques et environnementales par le soutien fourni à certaines associations et enfin, un renforcement de la solidarité.

Le Chiemgauer a les mêmes caractéristiques que beaucoup de monnaies régionales et suit le principe d’oxydation de l’argent, cher à Gesell. Il perd de sa valeur au fur et à mesure du temps qui passe. Ainsi, après 3 mois, le détenteur du Chiemgauer doit s’acquitter d’une taxe de 2 % de la valeur de la monnaie pour pouvoir la remettre en circulation. Cette perte (minime en réalité) incite le détenteur à dépenser son argent et donc, à le faire circuler tandis que la taxe en question soutient des projets sociaux.

Favoriser l’économie locale au détriment des multinationales

Le Chiemgauer permet de favoriser l’économie locale puisque le consommateur peut acheter son yaourt, par exemple, en Chiemgauer. Le commerçant se sera fourni dans la même monnaie et le fournisseur aura acheté le yaourt ou le lait pour le produire chez l’agriculteur du coin, dans cette même monnaie. Le système fonctionne parce que le Chiemgauer se fonde sur le principe de la solidarité : une majorité de gens de la même région (consommateurs, producteurs et commerçants) acceptent de jouer le jeu.

En 2006, 380 entreprises et 700 consommateurs étaient affiliés au système. Ce chiffre devrait augmenter grâce à l’introduction d’une carte à puce qui permettra de gérer électroniquement les transactions.

L’expérience de Wörgl

Un exemple célèbre est celui de la petite ville autrichienne de Wörgl dans le Tyrol. En 1932, les finances de la ville sont aux abois. Le chômage est élevé et la ville n’a pas d’argent, ni pour aider ses citoyens, ni pour entretenir les infrastructures publiques. Le maire de l’époque opte alors pour une solution osée et met en circulation des « bons-travail ». Une de leur particularité est que, chaque mois, ils perdent 1 % de leur valeur.

Pour conserver la valeur du billet, son détenteur peut aller y faire apposer un cachet à la commune, moyennant le paiement de ce 1 %. Notre maire parie sur le fait que son détenteur préférera toujours dépenser (1) le billet plutôt que de payer. La valeur de ces bons-travail était garantie par une somme équivalente en shillings que la commune avait déposé à la Caisse d’épargne locale. Et le pari fut gagné ! Cette monnaie servit à payer le salaire des ouvriers, les fournitures commandées par la commune et à honorer les factures des travaux, sans jamais toucher aux shillings mis en dépôt ! Tous les commerçants acceptaient l’argent libre (2), au même tarif que la monnaie officielle. De même, si un habitant de Wörgl désirait changer de l’argent fondant contre des shillings autrichiens, il pouvait le faire en s’acquittant d’une taxe de 2 %.

Ce système permit que l’argent reste dans un circuit relativement fermé. En quelques mois, l’argent libre permit d’engendrer pour 100 000 schillings de transactions avec une quantité de bons de départ de 12 000 schillings. C’est ainsi que la pauvre petite ville de Wörgl sortit de la misère dans laquelle elle était plongée. L’expérience s’arrêta en 1934 lorsque l’Etat stoppa le mécanisme, arguant l’interdiction d’imprimer sa propre monnaie.

(1) En effet, si 100 pièces circulent 4 fois par mois, on assistera à 400 transactions. Si 20 de ces pièces sont thésaurisées, on ne verra plus que 320 transactions.

(2) L’argent libre est le terme utilisé par Gesell pour « monnaie fondante ».

Le principe du Chiemgauer

  • Les associations achètent 100 Chiemgauers pour 97 € et les revendent 100 € aux consommateurs.
  • Les consommateurs utilisent leurs Chiemgauers à leur valeur nominale dans les commerces qui l’acceptent. Ainsi le consommateur fait un don de 3 € aux associations sans effort supplémentaire.
  • Les commerces réutilisent ces Chiemgauers pour acheter d’autres produits. Ils peuvent également les changer contre des euros auprès de la fondation qui gère le système mais ne récupéreront que 95 € pour 100 Chiemgauers.
  • La fondation fait un bénéfice de 5 €, 3 € servant à financer les associations (qui achètent 100 Chiemgauers pour 97 €) et garde 2 € pour les frais de fonctionnement.
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L'idée des systèmes économiques alternatifs n'est pas neuve. Elle trouve son fondement au siècle passé, quand le système économique tel qu'on le connaît actuellement fit naître les premiers signes de la déflation et du chômage. Un Belge fut un des pionniers à réfléchir à un tel système.

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2007
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12/2007
Mois d'édition
Décembre

1 euro, 1 centimètre ou 1 watt comme chou vert et vert chou !

Soumis par Anonyme le

La monnaie existe depuis 5 000 avant J-C. Dès cette époque et jusqu’au moyen âge, les systèmes économiques ont principalement reposé sur l’échange et le troc. Depuis la Renaissance, on voit émerger l’économie marchande.

Aujourd’hui, cette notion a explosé au point que la monnaie n’est plus un moyen mais une fin Depuis qu’il a été décidé d’utiliser l’or et l’argent comme étalon et bien que, depuis 1971, on ait abandonné cette équivalence, la monnaie se confond maintenant symboliquement avec un métal rare et précieux. Du coup, la monnaie qui, au départ, était une idée géniale permettant d’échanger des poires contre des pommes en passant par une unité de mesure commune, a engendré quelques dérèglements. Elle a paupérisé les classes moyennes et a favorisé l’inflation et le chômage. Ce dysfonctionnement provient notamment de la rémunération imposée de l’argent : le taux d’intérêt. Petit à petit, ceux qui possédaient beaucoup d’argent par l’effet des intérêts composés (les intérêts des intérêts), en ont eu de plus en plus et se sont mis à thésauriser, tandis que les pauvres n’en ont plus assez. La monnaie étant rendue artificiellement rare, elle est devenue un instrument de domination.

Sur le marché classique, la banque prête l’argent et récupère une plus grande somme via le taux d’intérêt que doit payer le client. Ce taux d’intérêt, en plus de causer le chômage et l’inflation, a un impact négatif sur l’environnement. Car, pour parvenir à payer un taux d’intérêt élevé sur leurs emprunts, les entreprises se voient obligées de faire chuter la rémunération du travail, d’élever leur prix de vente, de modifier leur gestion d’entreprise en sollicitant davantage les ressources naturelles, bref de rechercher le profit à court terme.

Introduire à nouveau le social dans les échanges économiques

Face à ces dérives, sont nées, fin du 20ème siècle, des expériences qui visaient à casser ce mécanisme et à réintroduire un lien social dans les échanges de biens et services entre personnes. Aujourd’hui, des milliers d’expériences existent à travers le monde. Certaines sont « limitées » dans l’espace et dans le temps tandis que d’autres couvrent un territoire plus large, voire un pays entier. Elles se basent sur la création d’une monnaie parallèle dont la valeur peut se calquer sur celle de la monnaie officielle mais pas nécesssairement. D’un projet à l’autre, les buts poursuivis varient. Certains veulent remettre de la solidarité entre des personnes d’un même territoire, d’autres ont une vocation strictement économique.

Les caractéristiques des monnaies parallèles

Les monnaies parallèles, quelles qu’elles soient, répondent à un certain nombre de caractéristiques. Toutes sont des monnaies à taux 0. Autrement dit, le fait d’en posséder ou d’en prêter ne rapporte rien, pas plus que le fait d’en emprunter ne coûte. Certaines monnaies sont en plus « fondantes ». Elles perdent une partie de leur valeur avec le temps qui passe, incitant ainsi son détenteur à en dépenser et à en remettre dans le
circuit économique. Certaines monnaies ne s’échangent qu’entre particuliers ou qu’entre professionnels. D’autres réussissent à ajouter une dimension sociale en impliquant les pouvoirs publics. Ceux-ci acceptent, contre paiement en monnaie locale, l’accès à certaines infrastructures publiques (la bibliothèque, la piscine, les services sociaux ou de santé,...).

Quels que soient ces systèmes alternatifs, la monnaie, telle qu’on la connaît, disparaît complètement ou prend une toute autre valeur.

Elle ne devient plus une valeur en soi et abstraite, complètement détachée de notre expérience quotidienne. Elle permet de recréer le lien social que l’argent avait perdu, contribue à définir des espaces d’échange locaux, fait connaître les ressources locales aux consommateurs et renforce le lien communautaire. Ces systèmes visent aussi à ce que le politique reprenne le pas sur l’économique en redonnant à la monnaie sa vraie place : un outil d’échanges réels et non plus un objet virtuel (1).

Quelques exemples actuels parmi d’autres ...

  • Les SEL (systèmes d’échange local) ou banques de temps ou LET ’S (local economic trading system) : il en existe dans pratiquement tous les pays. Principe de base : des personnes s’échangent entre elles des biens et des services qu’elles se « rémunèrent » en unités (fixées ou non sur une monnaie officielle ou sur le temps). Le système permet d’être en négatif (d’avoir plus demandé qu’offert). Il permet – voire incite – à ne pas forcément rendre le service à la personne qui l’a fourni initialement.
  • WIR : une banque alternative qui, en Suisse, réunit plus de 60 % des PME, prête de l’argent sans intérêt et a développé sa propre monnaie.
  • L’Ithaca Hour est une monnaie locale utilisée dans la ville d’Ithaca (30 000 habitants) dans l’Etat de New York. Elle est acceptée par tous les commerçants et par une Banque locale. La monnaie Ithaca Hour vise à défendre les intérêts des petits commerces locaux contre ceux des grandes enseignes nationales. La monnaie est donc acceptée dans de nombreux petits commerces mais dans aucun grand magasin. En revanche, l’hôpital de la ville accepte l’Ithaca Hour. Dans sa forme originale – et respectant l’idée de monnaie à taux 0 – elle permet aux commerçants de se préfinancer. Ils achètent des biens ou des services avec la monnaie locale et remboursent ensuite leurs achats en acceptant cette monnaie locale dans leur propre établissement. L’Ithaca Hour vaut 10 $ (le salaire horaire aux USA ).
  • Le Verdinha en Argentine. Cette monnaie permet d’échanger des produits et services soutenables dont les producteurs ou prestataires ont décidé eux-mêmes du prix qu’ils estiment juste.
  • Le RES, le Chiemgauer, ...
  • Il existe environ 5 000 expériences de monnaies parallèles à travers le monde.

(1) Quotidiennement, 2 000 milliards $ sont échangés de par le monde tandis que 8 000 milliards sont consacrés annuellement au commerce. Si on divise cette somme par 200 (jours ouvrables), on peut déduire que seuls 2 % servent aux échanges commerciaux, le reste n’est que spéculation.

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Pourquoi payer son pain en euro ? Pourquoi ne pas le payer en centimètre, en bar ou en kilogramme ? Pourrait-on imaginer que notre euro n'ait pas de valeur en soi, mais qu'il soit un simple instrument de mesure ? Face à la déroute du système financier économique actuel, des hommes et des femmes tentent d'imaginer de nouvelles formes d'échange.

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