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Aux rayons du dumping et du greenwashing social

Soumis par Anonyme le

En bref

  • Lidl est le premier à apprendre à ses dépens que l’écran n’est jamais total.
  • Le BSCI ou l’illusion du socialement responsable.

Le 6 avril 2010, Lidl faisait l’objet d’une plainte pour publicité mensongère. La plainte était déposée par une importante organisation de consommateurs allemande et portait sur les affirmations de Lidl en matière de respect des droits des travailleurs dans ses filières d’approvisionnement,notamment en vêtements. La plainte se fonde sur une enquête menée auprès de quatre fournisseurs de Lidl au Bangladesh, en collaboration avec la Campagne Vêtements Propres. Cette enquête a démontré des infractions de Lidl vis-à-vis non seulement de son code de conduite de référence, mais aussi vis-à-vis de la législation nationale de ce pays : congés payés de maternité (4 mois) non respectés, répression du droit de s’associer en syndicat, falsification dans le calcul des salaires, punitions et harcèlement physique, travail sept jours sur sept et non respect des congés payés légaux (12 jours annuels)en sont quelques exemples. Lidl a rapidement réagi à la plainte et a négocié un accord avec les plaignants au terme duquel il s’engage à ne plus affirmer aux consommateurs crédules qu’il respecte les droits des travailleurs dans ses filières ni à faire référence dans ce cadre à la Business Social Compliance Initiative (BSCI).

BSCI, quésaquo ?

Pour optimiser leur position sur leur marché, beaucoup d’entreprises, en particulier des distributeurs, cherchent à se doter d’une image d’acteur socialement responsable sans, dans les faits, assumer cette responsabilité dans leurs filières d’approvisionnement. C’est ce qu’on appelle le greenwashing social. Business Social Compliance Initiative est l’une des organisations qui fournit l’écran de fumée le plus couru ! Elle rassemble un nombre considérable d’enseignes de la distribution autour de son code de conduite et de son objectif annoncé de respect de conditions de travail correctes dans les filières d’approvisionnement. Comme instrument central et quasiment unique de sa démarche, elle promeut le contrôle des unités de production par le biais d’audits sociaux réalisés par les sociétés commerciales. La BSCI n’est pas transparente. Elle se fonde sur une démarche unilatérale et sans participation aux audits d’autres parties prenantes telles que les représentants des travailleurs concernés. Par ailleurs, les entreprises qui en sont membres ne s’engagent pas à respecter son code. En fait, l’objectif de la BSCI semble bien plus de prévenir toute velléité de régulation contraignante en matière de responsabilité de filière que de contribuer réellement à l’amélioration des conditions de travail. Entre 2006 et 2009, Lidl a ainsi fait réaliser quelque 7 500 audits de fournisseurs (vous lisez bien sept mille cinq cents !). Les conditions de travail ont-elles été améliorées pour autant ? Faute d’une information correcte et vérifiée, rien ne permet de le dire. L’enquête réalisée permet quant à elle d’affirmer que ces conditions restent très mauvaises.

La course au prix le plus bas

L’objectif des chaînes de supermarché est d’augmenter à tout prix le chiffre d’affaires et, pour de plus en plus de sociétés du secteur, augmenter les liquidités et les produits financiers. L’activité économique première des distributeurs (la vente de produits de consommation de masse) se limite de plus en plus à un moyen de lever un maximum de fonds qui, une fois placés, doivent générer un profit maximum. Ces conditions se répercutent inévitablement sur les fournisseurs : maintien des salaires à un niveau scandaleusement bas, heures supplémentaires obligatoires, retards dans le paiement des salaires, etc. Petit exemple : en 2008, Carrefour Belgium déclare 46 millions d’euros de bénéfice d’exploitation (généré par son activité économique) contre 62,5 millions de produits financiers (générés en grande partie par ses placements de trésorerie de 1,633 milliards l’euros (1)). Toujours en 2008, le centre de coordination de Carrefour (sorte de banque interne du groupe international, basée en Belgique) a généré pas moins de 1,18 milliard d’ euros de produits financiers. La logique économique cède ainsi la place à une logique financière, voire spéculative.

Les délaissés de l’autre bout de la chaîne

Le Bangladesh est un important pays d’approvisionnement pour les géants de la distribution et pour les discounters. Les salaires pratiqués là-bas ne permettent pas une vie décente. Une étude réalisée pour la Campagne Vêtements Propres montre que les salaires pratiqués dans ce secteur industriel sont très loin de couvrir les dépenses de base d’une famille. Près de 80 % des opératrices de machine à coudre touchent moins de 4 000 takas par mois (44 euros), heures supplémentaires comprises, alors qu’elles doivent en moyenne en dépenser 4 730 pour leur seule subsistance, sans compter celle de leurs enfants. Le salaire des travailleuses de la confection ne compte que pour une partie dérisoire du prix final du vêtement (de l’ordre de 1 %). Doubler, tripler ce salaire n’aurait qu’un impact infime sur les prix au consommateur. Cela ne semble pas jusqu’ici constituer une priorité pour les grands distributeurs.

1. Selon les comptes publiés à la Banque nationale de Belgique et disponibles sur le site de la Centrale des bilans.

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La grande distribution n'a de cesse de vanter les prix les plus bas tout en maintenant un écran de fumée sur les impacts notamment sociaux de ses pratiques.

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Date d'édition
15/06/2010
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Juin

Crédit à tout prix

Soumis par Anonyme le

En Bref :

  • Le supermarché n’est pas une banque.
  • Le consommateur ignore souvent ce à quoi il s’engage.
  • Le credit revolving coûte très cher

On n’a jamais vu un avocat opérer une tumeur à la place d’un médecin. Pourquoi, dès lors, voir des vendeurs accorder des crédits à la place des banquiers ? ! En leur qualité de commerçants, ils ont pour objectif d’assouvir votre soif de consommation, au plus vite. Pour ce faire, plusieurs possibilités s’offrent à eux. Le credit revolving ou crédit permanent en est une. Ce type de crédit permet d’obtenir une réserve permanente d’argent et de puiser quasi indéfiniment dans ses réserves. Une offre qui continue de séduire, à leurs dépens, de nombreux consommateurs.

Concrètement, ça marche comment ?

Partons d’un cas concret (1) : Sophie est au supermarché. Séduite par la promotion sur le dernier home cinema, elle hésite à l’acheter. Le problème est qu’il coûte 3 000 euros, somme que ne possède pas Sophie. C’est alors qu’intervient le vendeur : Vous souhaitez acheter ce magnifique home cinema ? Rien de plus simple ! Payez avec une carte de crédit du supermarché. C’est gratuit et vous prenez le temps qu’il vous faut pour rembourser. Et pour cause, plus le temps passe, plus le supermarché engrange des bénéfices. Pourquoi ? Comme son nom l’indique, le crédit permanent ne court pas sur une échéance, mais est à durée indéterminée. Les intérêts continuent de courir aussi longtemps que votre crédit n’est pas remboursé.
Aussitôt votre premier remboursement effectué, le montant remboursé réintègre votre réserve et redevient empruntable comme nouveau crédit. Votre réserve devient ainsi intemporelle et il n’est pas nécessaire de rembourser la totalité du premier emprunt pour en contracter un nouveau. Mais revenons au cas de Sophie. Elle doit rembourser mensuellement 5 % du solde restant dû, avec un minimum de 25 euros par mois. Le taux d’intérêt effectif global dans son cas est de 17 %. Dans ces conditions, Sophie devra débourser le premier mois 189,51 euros ! Ce n’est qu’à partir du 14e mois de remboursement qu’elle passera en dessous de la barre des 100 euros par mois. Elle devra attendre le 41e mois pour atteindre le montant de 25 euros et 55 mois pour rembourser intégralement son home cinema. Soit plus de 4 ans et demi ! Si Sophie décide en plus de réemprunter régulièrement pour d’autres achats le montant qu’elle a déjà remboursé, elle court à sa perte.

Où est le problème ?

La loi belge protège le consommateur des crédits abusifs à la consommation. La capacité d’emprunt du consommateur lui est garantie pour autant que celui-ci dispose d’une capacité de remboursement adéquate et suffisante. L’ensemble des professionnels du crédit s’accorde pour considérer l’octroi de crédit comme un acte sérieux et responsable. Ils se doivent de connaître l’identité du consommateur, de déterminer avec lui les besoins de financement, de le conseiller sur le but du crédit. Ils se doivent d’évaluer la solvabilité de leur client et de lui donner toute information nécessaire concernant le contrat de crédit envisagé (2).
Avant d’accorder un prêt, ils doivent consulter la Centrale des Crédits aux Particuliers. Ce registre central des crédits belges reprend les informations relatives aux crédits hypothécaires et aux crédits à la consommation de chaque contractant. Pas question donc d’endetter un client en lui prêtant une somme qu’il ne peut rembourser. En théorie, le consommateur est protégé et informé. En pratique, les groupes bancaires se dégagent de leur responsabilité en développant une offre de crédit vendue en grandes surfaces. Les vendeurs qui y opèrent s’y connaissent peu en matière financière et ne remplissent pas le devoir de conseil auquel ils sont tenus. Une telle facilité d’obtention de ce type de crédit (souvenons-nous de Sophie) liée à une information plus que lacunaire (souvent, les personnes ignorent les conditions du crédit) emmènent, presque à leur insu, un certain nombre de personnes sur la piste glissante du surendettement. Fin 2009, la Banque Nationale de Belgique établissait que 40,5 % des défauts de paiement étaient dû à des ouvertures de crédits.

(1) Basé sur un exemple du bimestriel Budget & Droits de janvier/février 2009 n°202, pp32-33
(2) Crédits en grandes surfaces et devoir de conseil : les banques jouent-elles un double jeu ?, Olivier Jérusalmy, www.financite.be, rubrique « bibliothèque »

Chaque année, la plateforme Journée sans crédit sensibilise 

le grand public aux dangers du crédit facile

Organisée par vingt associations francophones et néerlandophones, la plate-forme Journée sans crédit a pour objectif de sensibiliser les consommateurs aux dangers du crédit facile et de formuler des recommandations aux pouvoirs publics pour améliorer la protection des consommateurs les plus fragilisés. Retrouvez leurs trucs et astuces pour éviter le surendettement sur www.journeesanscredit.be.

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Pas d'argent sur vous ? Ce n'est pas grave. Ouvrez un compte crédit dans un supermarché et accédez à vos rêves les plus fous...

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Carrefour : la dérive actionnariale

Soumis par Anonyme le

En bref

  • Blue Capital : la stratégie ratée de deux actionnaires endettés.
  • Un calcul dont la Belgique fait les frais.
  • Malgré 1,030 milliard d’euros (1) de chiffre d’affaires au premier trimestre 2010 en Belgique, la direction du groupe Carrefour prévoyait en février de fermer 21 magasins.

Après avoir économisé 590 millions d’euros en 2009, Carrefour mise sur 500 millions supplémentaires en 2010. En Belgique pourtant, on parle déjà du groupe au passé.

L’origine du problème

Mars 2007, le français Bernard Arnault (seconde plus grosse fortune de France et leader mondial de l’industrie du luxe) et le fonds américain Colony Capital intègrent le capital de Carrefour. Via leur filiale luxembourgeoise Blue Capital, ils s’approprient d’entrée de jeu 10 % du capital du distributeur. Blue Capital devient ainsi le deuxième actionnaire de Carrefour, derrière la famille Halley qui en détient 13 %. Blue Capital veut pousser Carrefour à vendre une partie de son patrimoine immobilier. Cette opération devrait permettre de dégager une plus-value estimée à l’époque à 14 milliards d’euros (2). Un bénéfice qui serait alors redistribué sous forme de dividendes aux actionnaires qui se seraient probablement retirés du groupe. Mais c’était sans compter sur le krach immobilier qui fit chuter les prix. Dès lors, impossible de vendre des briques à un bon prix ! La perte potentiellepour Blue Capital est de 1,9 milliard d’euros. Les investisseurs commencent à paniquer. Le marché boursier se refroidit et l’action Carrefour chute. Les titres Carrefour achetés 53 euros n’en valent plus que 29.

Le cercle vicieux de l’actionnariat

Obligé de s’endetter pour rentrer dans le groupe Carrefour, Blue Capital, après une première mauvaise opération financière, est en
mauvaise posture. Afin de rentrer dans ses frais, le fonds d’investissement envisage alors de vendre les filiales asiatiques et sud-américaines pour se replier sur l’Europe. Une vente qui dégagerait un bénéfice suffisamment important pour amortir les pertes que les actionnaires viennent de subir, mais un choix qui ne tient pas compte de l’avenir. En 2008, le chiffre d’affaires de Carrefour a augmenté de 17 % en Chine et de 29 % au Brésil. Et cette tendance se confirme pour le futur. Carrefour est aujourd’hui numéro un de la grande distribution alimentaire au Brésil ! Le groupe a donc tout intérêt à ne pas se séparer de ses florissantes filiales. De plus, si les marchés européens sont stables, la consommation y est lente et la hausse des ventes y reste limitée. Deuxième revers pour Blue Capital : soucieuses d’un équilibre des forces de la grande distribution sur leur territoire, les autorités chinoises s’opposent à la vente de la filiale en Chine. Cette solution est donc abandonnée. Quant à la filiale sud-américaine, elle est bien trop rentable pour être vendue. Les actionnaires l’ont bien compris et s’opposent à cette vente. Face aux contestations, Blue Capital se voit contrainte de laisser cette option en suspens.

Une logique de court terme qui met la Belgique hors-jeu

Cette mésaventure illustre la dérive à laquelle conduit le transfert de propriété des entreprises dans les mains d’actionnaires guidés par une logique exclusivement financière de court terme. Une démarche qui vide le groupe Carrefour de toute préoccupation sociale. L’objectif n’est plus de produire la richesse par une activité économique, mais de capter la richesse en spéculant. Un calcul dont la Belgique fait les frais. Si une chute de 74 % des bénéfices annuels a été observée en 2009, le groupe Carrefour demeure bénéficiaire en Belgique. Mais pas suffisamment selon les décideurs. Les supermarchés belges ne rivalisent pas avec ceux du Brésil, de Chine ou encore d’Indonésie.

(1) http://www.carrefour.com/docroot/groupe/C4com/Pieces_jointes/CA/COMMUNIQUE%20T1%202010%20FR%20DEF.pdf

(2) Alternatives économiques, n° 286, décembre 2009, p.70.

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Les récents événements chez Carrefour prouvent une fois de plus que les décisions ne sont plus réfléchies en fonction des intérêts du plus grand nombre, mais dépendent d'une minorité d'actionnaires majoritaires.

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FINANcité Magazine n°18 : Grande distribution, qui passe à la caisse ?

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