La "fausse classe moyenne" piégée
Centrale des Crédits aux Particuliers : Analyse des données statistiques 2012
Crédit social à la consommation : ça marche !
Projet pilote wallon lancé en 2003 par Crédal, l'expérience a fait également son apparition à Bruxelles en 2006 sans avoir, jusqu'ici, posé les pieds en Flandre. Enthousiasmant à plus d'un titre, le crédit social à la consommation reste, malgré sa belle croissance, encore beaucoup trop confiné. Est-il permis de le rêver en 3D ?
Les banques au service de l'homme
En bref
- Dès le XIXe siècle, les banques publiques et coopératives vont répondre aux besoins des plus démunis.
- Les banques commerciales doivent leur monopole actuel à la vague néolibérale des années 80.
L'Europe à l'heure du financement public ...
Les premières caisses d'épargne publiques, créées pour offrir aux populations urbaines et, en particulier, aux plus démunis, une bouée de sauvetage dans les moments de crise, voient le jour au début du XIXe siècle.
Aujourd'hui, elles représentent près d'un tiers du marché de détail européen, avec 160 millions de clients et 980 000 salariés. Parmi les nombreuses actions menées actuellement par les caisses d'épargne, citons Die Zweite Sparkasse en Autriche. Littéralement la « seconde caisse d'épargne. Celle-ci est une véritable « banque de la deuxième chance » qui n'accepte comme clients que des personnes surendettées. Elle leur propose notamment un compte en banque sans autorisation de découvert, une carte de paiement mais aussi un prêt immobilier.
... et coopératif
La première banque coopérative(1) naît dans la deuxième moitié du XIXe siècle, avec la création des caisses solidaires, sur le modèle d'un certain Raiffeisen. Ce bourgmestre allemand crée en 1849 un fonds de secours destiné à soutenir les agriculteurs dépossédés de leur bétail. Après plusieurs années de fonctionnement, Raiffeisen a l'idée de demander aux agriculteurs de devenir membres de l'association. Désormais, tout emprunt doit être garanti par un membre.
Les principes coopératifs se développent : les clients sont à la fois propriétaires et bénéficiaires du système ; la rémunération est limitée sur le capital ; les membres s'expriment de manière égale dans les assemblées ; les bénéfices de la coopérative doivent d'abord rémunérer le travail accompli et servir à pérenniser l'entreprise ensuite ... Aujourd'hui, les banques coopératives détiennent plus de 20 % des parts de marché dans l'Union européenne, comptent plus de 140 millions de clients et représentent une force de travail de 730 000 salariés.
En Belgique
Excepté la classe bourgeoise, peu de Belges ont accès au système bancaire à la deuxième moitié du XIXe siècle. Face à cette exclusion, l'État belge crée en 1850 une caisse générale de retraite auprès de laquelle des personnes prévoyantes peuvent se constituer une petite pension pour leurs vieux jours. Quinze ans plus tard est créée la Caisse générale d’épargne, avant que les deux institutions ne fusionnent sous le nom de Caisse générale d’épargne et de retraite ( CGER ). Le crédit populaire prend vie en 1864, essentiellement dans les villes. Il se développe très vite et réunit déjà 14 000 sociétaires à partir de 1899. Quant aux sociétés d’assurance et d’épargne, elles voient le jour dès la fin du XIXe et constituent très vite l’épine dorsale des mouvements socialiste et chrétien. En 1908, la Belgique totalise 45 banques populaires dont 34 comptent 24 000 adhérents ! Dès 1920, le modèle coopératif est en plein boom et la Prévoyance Sociale, Coop-Dépôts ( CODEP ), les Assurances Populaires et la Coopérative ouvrière belge, future banque BACOB, voient le jour. La CGER devient quant à elle la plus grande banque publique de tout le pays. À partir des années 80, la diversité du paysage bancaire belge et européen va se voir grandement affaiblie avec l'émergence des politiques néolibérales. Peu à peu, les gouvernements européens vont sacrifier les objectifs d'intérêt général au profit de politiques de maximisation du profit. Dérégulé, le paysage bancaire européen va progressivement perdre une partie de ses caisses d'épargne et de ses banques coopératives. Si certains pays ont réussi à les conserver, d'autres comme la Belgique se retrouveront carrément privés de toute alternative à la banque commerciale, laissant en friche plus d'un siècle de tradition publique et coopérative.
1Les termes "banques coopératives" et "banques populaires" sont ici considérés comme synonymes.
Les banques publiques et coopératives sont les premières à avoir insufflé de la solidarité dans les rapports à l'argent. Retour historique.
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Financer le profit social
Crédit à tout prix
En Bref :
- Le supermarché n’est pas une banque.
- Le consommateur ignore souvent ce à quoi il s’engage.
- Le credit revolving coûte très cher
On n’a jamais vu un avocat opérer une tumeur à la place d’un médecin. Pourquoi, dès lors, voir des vendeurs accorder des crédits à la place des banquiers ? ! En leur qualité de commerçants, ils ont pour objectif d’assouvir votre soif de consommation, au plus vite. Pour ce faire, plusieurs possibilités s’offrent à eux. Le credit revolving ou crédit permanent en est une. Ce type de crédit permet d’obtenir une réserve permanente d’argent et de puiser quasi indéfiniment dans ses réserves. Une offre qui continue de séduire, à leurs dépens, de nombreux consommateurs.
Concrètement, ça marche comment ?
Partons d’un cas concret (1) : Sophie est au supermarché. Séduite par la promotion sur le dernier home cinema, elle hésite à l’acheter. Le problème est qu’il coûte 3 000 euros, somme que ne possède pas Sophie. C’est alors qu’intervient le vendeur : Vous souhaitez acheter ce magnifique home cinema ? Rien de plus simple ! Payez avec une carte de crédit du supermarché. C’est gratuit et vous prenez le temps qu’il vous faut pour rembourser. Et pour cause, plus le temps passe, plus le supermarché engrange des bénéfices. Pourquoi ? Comme son nom l’indique, le crédit permanent ne court pas sur une échéance, mais est à durée indéterminée. Les intérêts continuent de courir aussi longtemps que votre crédit n’est pas remboursé.
Aussitôt votre premier remboursement effectué, le montant remboursé réintègre votre réserve et redevient empruntable comme nouveau crédit. Votre réserve devient ainsi intemporelle et il n’est pas nécessaire de rembourser la totalité du premier emprunt pour en contracter un nouveau. Mais revenons au cas de Sophie. Elle doit rembourser mensuellement 5 % du solde restant dû, avec un minimum de 25 euros par mois. Le taux d’intérêt effectif global dans son cas est de 17 %. Dans ces conditions, Sophie devra débourser le premier mois 189,51 euros ! Ce n’est qu’à partir du 14e mois de remboursement qu’elle passera en dessous de la barre des 100 euros par mois. Elle devra attendre le 41e mois pour atteindre le montant de 25 euros et 55 mois pour rembourser intégralement son home cinema. Soit plus de 4 ans et demi ! Si Sophie décide en plus de réemprunter régulièrement pour d’autres achats le montant qu’elle a déjà remboursé, elle court à sa perte.
Où est le problème ?
La loi belge protège le consommateur des crédits abusifs à la consommation. La capacité d’emprunt du consommateur lui est garantie pour autant que celui-ci dispose d’une capacité de remboursement adéquate et suffisante. L’ensemble des professionnels du crédit s’accorde pour considérer l’octroi de crédit comme un acte sérieux et responsable. Ils se doivent de connaître l’identité du consommateur, de déterminer avec lui les besoins de financement, de le conseiller sur le but du crédit. Ils se doivent d’évaluer la solvabilité de leur client et de lui donner toute information nécessaire concernant le contrat de crédit envisagé (2).
Avant d’accorder un prêt, ils doivent consulter la Centrale des Crédits aux Particuliers. Ce registre central des crédits belges reprend les informations relatives aux crédits hypothécaires et aux crédits à la consommation de chaque contractant. Pas question donc d’endetter un client en lui prêtant une somme qu’il ne peut rembourser. En théorie, le consommateur est protégé et informé. En pratique, les groupes bancaires se dégagent de leur responsabilité en développant une offre de crédit vendue en grandes surfaces. Les vendeurs qui y opèrent s’y connaissent peu en matière financière et ne remplissent pas le devoir de conseil auquel ils sont tenus. Une telle facilité d’obtention de ce type de crédit (souvenons-nous de Sophie) liée à une information plus que lacunaire (souvent, les personnes ignorent les conditions du crédit) emmènent, presque à leur insu, un certain nombre de personnes sur la piste glissante du surendettement. Fin 2009, la Banque Nationale de Belgique établissait que 40,5 % des défauts de paiement étaient dû à des ouvertures de crédits.
(1) Basé sur un exemple du bimestriel Budget & Droits de janvier/février 2009 n°202, pp32-33
(2) Crédits en grandes surfaces et devoir de conseil : les banques jouent-elles un double jeu ?, Olivier Jérusalmy, www.financite.be, rubrique « bibliothèque »
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Organisée par vingt associations francophones et néerlandophones, la plate-forme Journée sans crédit a pour objectif de sensibiliser les consommateurs aux dangers du crédit facile et de formuler des recommandations aux pouvoirs publics pour améliorer la protection des consommateurs les plus fragilisés. Retrouvez leurs trucs et astuces pour éviter le surendettement sur www.journeesanscredit.be. |
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Indicateurs statistiques sur le traitement du surendettement - Février 2010
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