Migrant women's philantropic practices from the diaspora
Information are available for : Italy, UK, Netherlands, Germany and France.
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The second G8 Conference on Remittances was held in Rome on 9 November 2009. It gathered representatives from international organisations, national ministries, embassies, Central Banks, and representatives from civil society. The conference was a follow-up to the initial conference held two years ago in Berlin.
The International Fund for Agricultural Development (IFAD) and the African Development Bank gathered a multi-stakeholder forum that made six recommendations to improve dramatically the African remittances market.
Dans le chef de nos autorités européennes, l'idée d'un marché unique inclusif, dans lequel circule librement et aisément tout citoyen est l'objectif à atteindre. Toutefois, dans les faits, cet objectif rencontre encore une série d'obstacles plus ou moins importants.
Au nombre de ces obstacles, les difficultés que quiconque s’installe dans un pays étranger peut rencontrer au moment d’ouvrir un nouveau compte bancaire... Il est impératif de se familiariser avec les usages en vigueur, tant en ce qui concerne les exigences administratives qu'en ce qui concerne les pratiques commerciales relatives aux coûts des services bancaires et financiers. À titre d'illustration, si, dans tel pays, l'idée même qu'un compte bancaire occasionne des coûts facturés aux clients est inconcevable, dans tel autre, la preuve de l'identité ne pourra être apportée que sur la base d'une liste très réduite de documents.
Le citoyen européen est donc souvent surpris par toutes ces différences qu'il ressent la plupart du temps comme tout à fait inacceptables. Inacceptables, car pourquoi imposer une contrainte donnée dans un pays si elle n’est pas jugée nécessaire dans un autre ? Inacceptables, car, bien souvent, un défaut de communication (imputable notamment à des lacunes dans l'information fournie par les banques elles-mêmes, parfois aggravées par des problèmes linguistiques) les tracasseries que ces différences génèrent prennent les consommateurs au dépourvu et les placent dans des situations qu'ils considèrent comme absurdes.
Les situations que nous venons de décrire sont bien entendu potentiellement décuplées si l'on se place du point de vue des citoyens non européens, originaires de pays aux traditions administratives et bancaires encore plus éloignées, qui viennent s'installer sur notre sol.
Face à cette réalité, nous nous interrogeons sur l'efficacité de la loi belge en matière de garantie d'accès à des services bancaires de base pour ce type particulier de public. Telle qu'elle est organisée, l'offre de services financiers dans notre pays est-elle appropriée à ces clients différents ?
Au niveau européen, une directive impose notamment que toute personne souhaitant ouvrir un compte en banque dans l’Union puisse apporter la preuve de son identité. Cette condition s'applique à l'ensemble des banques européennes.
Derrière cette façade homogène se cache toutefois une disparité de pratiques, car apporter la preuve de son identité n'est pas une sinécure dans certains pays de l'Union européenne. Nombreux sont encore les pays où la carte d'identité, sous la forme qu'on lui connaît en Belgique, n'existe pas. Dès lors, d'autres documents sont acceptés par les banques – permis de conduire ou divers documents administratifs : carte certifiant l'âge (délivrée par la police en Irlande), carte délivrée par la banque postale (Norvège)...
Ces divers documents ne sont toutefois pas toujours mis automatiquement à la disposition des citoyens et il peut même arriver que des personnes résidant de manière légale dans un pays ne puissent accéder à aucun d'entre eux !
Par l'octroi systématique d'une carte d'identité à toute personne résidant légalement en Belgique, les problématiques liées à la preuve d'identité, lorsqu'elles existent, sont alors le plus souvent le fait de périodes transitoires, en attendant une régularisation... Ce qui n'est certes pas anodin... et peut soulever des questions relatives aux règles d'équivalence à appliquer entre les divers documents en cours dans l'Union.
Au niveau national, la législation belge en matière d'inclusion bancaire fait partie des plus performantes dans le paysage européen. Grâce au « droit » à l'accès à un compte bancaire de base, toute personne disposant d'une preuve d'identité peut donc, dans la banque de son choix, ouvrir un compte bancaire, et, le cas échéant, ouvrir un compte bancaire de base. Ce dernier garantit pour un prix modéré l'accès à un compte qui autorise la réalisation des transactions bancaires indispensables à une inclusion sociale et économique dans un pays hautement bancarisé.
Voici quelques années, de nombreuses études se sont penchées sur la problématique du genre (sexe) dans l'accès et l'usage de multiples biens et services, et notamment en matière de crédit et de microcrédit.
En matière de microcrédit, un projet de recherche a été mené par le Réseau européen de la microfinance1 et, lors de la conférence finale (Madrid, décembre 2007), un large consensus s'est exprimé sur l'existence de besoins particuliers que ressentent les femmes en matière d'approche (p. ex. : à quels moments de la journée les femmes sont-elles disponibles sachant qu’elles assurent souvent un rôle central dans la garde et l'éducation des enfants), de mode de formation (p. ex. : les modules de formation en groupes sont plus appréciés par les femmes que par les hommes), de type de formation (p. ex. : certains métiers sont assez peu mixtes) et de la structure d'accompagnement. Un autre consensus s'est également exprimé au sein des participants sur le fait que selon eux, les femmes n'ont pas des besoins significativement différents à ceux des hommes en terme de produit, raison pour laquelle ils ne voient pas l'utilité de développer une gamme différente de microcrédits.
Ce parallèle nous semble opportun, car il permet de soulever la question de savoir si l'intégration financière des immigrants nécessite des produits financiers spécifiques ou plutôt des approches commerciales adaptées, ou, bien entendu, un savant mélange des deux.
La réponse à cette question n'est sans doute pas unique, et variera selon le profil particulier de la personne migrante. Une distinction de taille, qui influencera la réponse à donner, doit être faite entre les migrants qui laissent leur famille derrière eux et utiliseront largement les modalités de transfert de fonds dans l'espace extra-européen, des autres, qui s'installent avec leur famille ou qui gardent des contacts rapprochés grâce à une bonne mobilité. Ces derniers en effet sont moins soumis que les premiers aux difficultés d'inclusion financière.
Avant de présenter une sélection de bonnes pratiques et afin de mieux les situer dans une logique d'inclusion financière, voici, présentées de manière synthétique, les principales étapes identifiées par L. Anderloni et D. Vandonne (2008) dans le cadre de l'inclusion financière d'immigrants extra-européens.
Étapes |
Besoins financiers |
I Installation initiale Étape de « survie » | possible endettement (arrivée dans le pays) |
II Légalisation | Transferts d'argent internationaux Demande latente de crédit à la consommation et de microcrédit |
III Stabilisation de l'installation | Transferts d'argent internationaux - Services de paiement et d'épargne Crédits à des fins de :
Assurances couvrant les dommages de base |
IV Consolidation |
Transferts d'argent internationaux (dont l'importance diminue) Services financiers de base et besoins financiers plus élaborés, incluant :
|
Transit avec un retour prévu au pays : lorsqu'il existe sur le marché des produits bien positionnés et adaptés – plans d'épargne et de pension transférables.
Installation définitive : dans ce cas, toutes choses égales par ailleurs, les besoins seront similaires et comparables à ceux de la population locale
Nous retiendrons de l'étude ci-dessus, dans la mesure où elle illustre de réalités universelles,
Des marges d'innovation sont toutefois envisageables pour mieux répondre à cette niche de clientèle et notamment dans la manière d'envisager la relation que cette dernière entretient avec l'institution financière.
Parmi les barrières les plus importantes qui limitent l'accès aux produits financiers des institutions financières, on citera, par ordre d’importance, les problèmes linguistiques, les différences culturelles, ensuite seulement – car elles ne concernent pas uniquement les populations émigrées, mais également les populations en risque d'exclusion – les difficultés liées à la localisation des agences, aux horaires d'ouvertures, à la compréhension du vocabulaire financier, au manque de confiance dans les banques.
Des approches marketing spécifiques peuvent donc être inventées afin de répondre plus adéquatement à ce public, et l'intérêt que les professionnels peuvent y trouver est avant tout de capturer une clientèle qui, au fil des ans et de son installation dans le pays, consommera une gamme de plus en plus large et sophistiquée de produits et services financiers.
Le principal obstacle à la mise en place de telles stratégies par les banques est sans doute le coût initial de cette stratégie, qui n'a de sens que dans une approche de long terme, lorsque les perspectives de développement sont suffisantes. En outre, l'opportunité de servir cette niche particulière varie d'un pays à l'autre, selon le niveau de bancarisation/financiarisation de la société. C'est dans les pays hautement bancarisés, où les opportunités de servir de nouveaux clients se font plus réduites, que l'on trouve le plus d'innovation tendant à servir les populations émigrées.
Le produit d'appel majeur, on l'aura compris dans la section précédente, est bien le « transfert de fonds ». Pour se positionner sur le marché et être compétitif, l'opérateur financier doit pouvoir proposer le service à un tarif plus attractif, proposant des taux de change avantageux et des garanties de mise à disposition efficace, grâce notamment à un large réseau de points de retrait dans les pays récepteurs des transferts.
La rapidité des transactions proposées est considérée comme fondamentale et clairement en relation avec la sécurité de celles-ci. Lorsque c'est techniquement possible, la banque peut également fournir des cartes de retrait qui permettent l'usage du réseau d'ATM (guichets de retraits automatiques) local, quand il existe.
Une initiative intéressante a été développée par la Confédération espagnole des caisses d'épargne (CECA) regroupant plus de quarante banques d'épargne au niveau national.
La CECA a en effet mené en 2004 une étude approfondie sur les transferts de fonds effectués à destination de trois pays d'Amérique latine. Sur cette base, elle a décidé de développer une plate-forme commune permettant de procéder à des transferts via Swift/Internet. Cette technologie garantit tout à la fois la rapidité des transactions et un niveau de sécurité significatif, le tout à un prix compétitif par rapport à ceux pratiqués par les organismes spécialisés.
L'objectif poursuivi par ce développement est de permettre aux banques d'épargne de proposer les opérations de transferts de fonds internationaux à leurs clients. Un accord dans ce sens a été signé par les quarante membres de la CECA et quatorze pays d'Amérique latine. Ce développement s'inscrit clairement dans la stratégie des banques d'épargne espagnoles de s'ouvrir aux clients immigrants... qui, on le sait, consolident leur installation notamment par l'utilisation d'autres services bancaires.
Dans l'état actuel de nos connaissances, cette stratégie semble payante en Espagne, où le marché des transferts de fonds est en pleine croissance et où la population immigrante est considérée comme une population présentant un important potentiel.
La mise à disposition par l'institution bancaire de personnel et de supports d'information ou de présentation de produits ou services en diverses langues est une stratégie qui s'observe déjà assez largement dans les pays de forte immigration.
Des différences substantielles existent toutefois quant à la manière dont cette offre est organisée et présentée au public. Car il ne suffit pas de développer ce service particulier, encore faut-il faire en sorte que ce dernier soit bien connu du public qu'il cherche à atteindre. À cette fin, certains groupes bancaires consacrent des agences particulières, situées stratégiquement dans les zones géographiques où se concentre la population cible. Cette approche permet en général une excellente visibilité. Le défaut majeur de cette spécialisation, c'est le risque de constituer un réseau parallèle d'agences pour quartiers de seconde zone... et de développer une offre qui en devienne dès lors stigmatisante.
La Banca Carige, en Italie, a mis en place dans la zone particulière du port de Gênes une agence spécifiquement dédiée aux immigrés ; et la Saopaolo Imi group qui a développé quatre « Points stratégiques multi-ethnic », où du personnel de langue natale française, anglaise, chinoise et arabe est employé afin de répondre à la clientèle immigrée.
Certains opérateurs ayant eu l'occasion d'observer les principales lacunes/difficultés des immigrés ont développé des « cocktails de services » pour mieux répondre à leurs besoins. Trois pratiques espagnoles... berceau d'innovation en la matière, ont été sélectionnées !
Bancaja est une banque implantée au niveau national dont l'activité décrite ci-après est concentrée sur la région de Valence. La banque, afin de pallier l’inexistence de comptes courants proposant des services particuliers aux immigrants, a développé la stratégie marketing suivante : un "Welcome pack" est proposé, qui comporte un compte de dépôt ou un compte courant sans commission, une carte de débit ou une carte ATM et une assurance pour le rapatriement du corps en cas de décès. La banque propose gratuitement l'organisation de la déclaration de résidence (qui en général, coûte 15 euros), de transferts d'argent "A mi país/A mon pays" que ce soit en agence ou via l'Internet. Une offre de microcrédits essentiellement accordés aux immigrants afin de démarrer leur entreprise personnelle, dont les montants sont plafonnés à 15 000 euros sur une durée de 5 ans.
Ibercaja propose également un compte courant s'accompagnant de services particuliers aux immigrants ainsi qu'un site web en quatre langues (roumain, arabe, français et anglais). Le compte courant Multipaís, pour les résidents et non-résidents, offrant des facilités de transfert de fonds.
BBVA Banco Bilbao Vizcaya Argentaria propose une offre multiservices appelée Dinero Express qui comprend : les transferts de fonds (à des prix très compétitifs), des prêts personnels (Crédito fácil), une assurance, une garantie locative pour un logement, des cartes de crédit (Cuenta Claras Multipaís) et même du crédit hypothécaire. En outre, détail d'importance, ses agences sont ouvertes de 10 h à 22 h, 7 jours sur 7.
Au vu des initiatives précitées, on se rend compte qu'en marge du cadre légal, il existe des innovations tant au niveau des produits et services financiers que des approches marketing bien plus à même de rencontrer les besoins des personnes immigrées et d'en faciliter l'inclusion financière.
Au vu de l'importance des communautés étrangères installées sur notre sol, et notamment à Bruxelles, et au vu du peu d'initiatives prises dans ce sens par les opérateurs en place, il est raisonnable de penser qu'il existe des marges de progrès.
Amis banquiers, à vos marques !
Olivier Jérusalmy, décembre 2009
1 Fostering Gender Equality, European Microfinance Network, February 2008.(www.european-microfinance.org)
2 L. Anderloni & D. Vandonne, 2008 « Migrant and financial services », p.12 (http://www.fininc.eu/gallery/documents/wp-migrants-financial-services-final-january.pdf)
En 2010, les 214 millions d'immigrés ont renvoyé approximativement 325 milliards d'euros qu'ont vers leurs pays d'origine. Canaux officiels uniquement. Ces transferts équivalent à trois fois le montant net de l'aide publique mondiale accordée aux pays en voie de développement (PVD). Dans près de 40 de ces PVD, les envois de fonds représentent plus de 10% du PIB. Parmi-eux, au Ghana, en Ouganda, et au Népal, les envois de fonds ont permis de réduire respectivement de 5%, de 11% et de 20% la proportion de la population pauvre. Presque 90% des fonds envoyés sont consacrés à la nourriture, à l'habillement, au logement, à la santé et à l'éducation.
En bref :
En 2001, des Sénégalais établis en Belgique fondent l'ASBL CAAD (Cellule d'action d'aide au développement) afin de faciliter l'intégration de leurs compatriotes dans le plat pays. Huit ans plus tard, ils lancent le projet MIDES (Mutualité des immigrés pour le développement économique et social au Sénégal ) et créent, cette fois, une gamme de services pour celles et ceux qui veulent investir dans le développement du Sénégal.
L’ASBL CAAD est née du constat que les Sénégalais fraîchement arrivés en Belgique occupent des emplois peu qualifiés ou mal rémunérés, sont victimes de discrimination à l'embauche et de la précarité des licenciements. Pour les sortir de ces situations pénibles, CAAD met à leur disposition de l'information et du conseil tel que l’accompagnement administratif et juridique, de l’orientation sociale ou encore de la formation et de l'éducation institutionnelle.
Mais, une fois intégrés, les migrants ont besoin de renouer avec leurs racines. Ainsi est né le projet MIDES. Le premier objectif de la MIDES vise à mettre en place des centrales d’achat à destination des familles bénéficiaires. Le but est de diminuer le prix des denrées alimentaires via l'achat groupé et de permettre à la population locale de se réapproprier le marché. Comment ? L’ASBL CAAD avance l'argent pour la création d'une première centrale d'achat. Une fois que les familles maîtrisent le système, elles rachètent la centrale d'achat à CAAD et s'organisent sous forme coopérative. Deux centrales d'achat, toutes deux génératrices d'emploi, ont ainsi été créées, puis rachetées par les
familles. Elles comptent aujourd'hui chacune environ 100 coopérateurs. Le deuxième volet de la MIDES concerne la prise en charge des soins de santé des familles restées au Sénégal. Les services proposés vont de l'hospitalisation d'urgence aux soins dentaires, en passant par les accouchements. Grâce à un partenariat conclu avec une fédération d'ONG pour l'appui au développement (Congad), la MIDES assure la prise en charge de 100 % des frais sur l’ensemble des services offerts, y compris les médicaments.
Mais la MIDES poursuit un but plus novateur encore : faciliter l'accès au crédit pour les porteurs de projets au Sénégal, et ce, grâce à la mise en place d’un fonds de développement. Pour développer le Sénégal, il faut y investir.
Pour régler le problème de l'investissement, il faut régler le problème de l'accès au crédit, précise Papa Sene, initiateur de la MIDES. Ce fonds, censé être sur pied pour début 2012, sera alimenté grâce à un pourcentage prélevé sur les transferts d'argent effectués par les migrants membres de la MIDES en Belgique.
Président de l'ASBL CAAD et initiateur du projet MIDES.
Qu'est-ce qui freine la mise en place de votre fonds de développement ?
Les négociations avec les opérateurs de transfert d'argent sont longues et ardues. Aujourd'hui, quand un migrant envoie de l'argent, il paie une commission à l'opérateur auquel il s'adresse. Cette commission sert uniquement à payer l'opérateur. Nous voulons ponctionner une petite partie de cette commission et la reverser sur un compte destiné à accorder du crédit aux entrepreneurs locaux .Nous pensons que c'est la façon la plus durable d'inciter les migrants à investir dans le développement du Sénégal.
Avez-vous déjà une idée des tarifs qui seront pratiqués ?
L'objectif est d'offrir un avantage aux migrants. Les tarifs seront proches de ceux pratiqués par les opérateurs non bancaires,à la différence – et elle n'est pas mince – que l'opérateur touchera moins puisqu'une partie de la commission sera versée au fonds de développement. Nous fonctionnerons par palier. Par exemple, un opérateur qui prélève normalement 8 euros sur 100 euros envoyés n'en touchera plus que 7, et un euro sera directement reversé au fonds de développement. En cumulant tous les transferts, cela peut aller très vite.
Des projets d'expansion ?
Nous comptons étendre le projet MIDES à la France et à l'Italie où la diaspora sénégalaise est très présente. Mais cela demande des adaptations. Notre projet a également été très bien reçu par le gouvernement sénégalais et des partenariats avec d'autres pays, proches du Sénégal, sont envisageables pour l'avenir.
Des Sénégalais se sont organisés pour tirer un maximum d'avantages des transferts de fonds. Objectifs : venir efficacement en aide aux familles restées au pays et s'assurer que l'argent envoyé ne sera pas gaspillé.
En bref :
La communauté marocaine de Belgique garde de fortes attaches avec sa région d'origine. En fait, 80 % des Marocains de Belgique sont des Berbères, tous issus de la même région du nord-est du Maroc. Mohamed Bouziani habite Anvers. Voici plus de dix ans, il a créé avec quelques amis l'ASBL Imane, dont l'objectif premier était de récolter des fonds pour les envoyer dans les villages dont ils sont originaires. Rapidement, il s'est rendu compte que cet argent n'apportait pas que de bonnes choses. Il créait une certaine forme de dépendance et ne réglait en aucune manière le problème de ces villages, victimes de l'exode de ses habitants en quête d'un avenir meilleur. Les responsables d'Imane décidèrent donc d'investir l'argent plutôt que de le « donner » aux villageois. L'ASBL a ainsi financé des travaux destinés à répondre à quelques-uns des besoins les plus importants des habitants, comme la création d'un centre de santé régional et une structure d’approvisionnement des villages en eau. Très rapidement, l'ASBL Imane fait le constat que le développement des infrastructures doit aller de pair avec des rentrées d'argent pour les habitants. Imane crée alors sur place une coopérative dans laquelle est investit l'argent des Marocains émigrés. Les villageois y sont associés et deviennent membres de la coopérative en échange d'un petit montant. L'argent récolté a permis de développer l'apiculture en investissant dans des ruches supplémentaires. Le nombre de ruches en activité est passé de 20 à 800. La coopérative s'est ensuite lancée dans la production d'huile d'olive. Elle a reçu d'une ONG les oliviers et la presse à huile. Les membres de la coopérative louent cette dernière pour presser leur récolte. Les revenus de la location permettent à la coopérative de racheter des terrains où planter de nouveaux oliviers. Le dernier programme en date est un programme d'alphabétisation. Le salaire du professeur est pour l’instant essentiellement payé par l'ASBL Imane, mais l'objectif à terme est que la part payée par la coopérative augmente.Cette forme d'aide entre citoyens du Nord et citoyens du Sud – plus basée sur la coopération au développement que sur l'envoi direct d'argent – a l'avantage de permettre un développement durable pour les personnes du Sud. Par contre, elle exige certainement beaucoup plus d'efforts, d'implication et de temps aux migrants. À l'heure actuelle, il n'existe en Belgique aucune structure fédératrice qui mettrait en lien des associations d’allochtones voulant développer des projets socio-économiques dans leur pays d'origine et des projets communautaires dans le Sud. Un tel dispositif permettrait aux personnes belges – d'origine étrangère ou non – d'envoyer de l'argent pour une aide au développement liée à des zones géographiques précises.
www.imane.be
Si les apports pécuniaires peuvent apporter une aide à court terme, ils comblent rarement les besoins durables. À Anvers, l'ASBL Imane a créé un vrai système de finance solidaire à destination du Maroc.
Ces transferts équivalent à trois fois le montant net de l’aide publique mondiale accordée aux PVD. Dans près de 40 d'entre eux, les envois de fonds représentent plus de 10 % du PIB. Au Ghana, en Ouganda, et au Népal, les envois de fonds ont permis de réduire respectivement de 5 %, de 11 % et de 20 % la proportion de la population pauvre. Près de 90 % des fonds envoyés sont consacrés à la nourriture, à l'habillement, au logement, à la santé et à l'éducation. Par ailleurs, la migration Sud-Sud est plus importante que tout le reste puisque 60 % des flux migratoires s'opèrent au sein même de l'hémisphère sud et près de 80 % des migrants d'Afrique ne quittent pas leur continent(1). Enfin, selon les estimations de la Banque mondiale, les sommes transférées ne vont aller qu'en augmentant.
1. SOMOENS, C., « Un observatoire des migrations Sud-Sud », dans Dimension 3, février-mars 2011.
En 2010, 325 milliards de dollars ont transité vers les pays en voie de développement (PVD). Ce chiffre concerne les canaux officiels uniquement.
En bref :
Pour l'année 2010, la Belgique a investi 3 milliards de dollars dans l'aide aux pays en voie de développement, soit 0,64 % de son produit national brut. Ceci constitue une belle augmentation par rapport à 2009(1), mais reste inférieur à l'objectif légal d'atteindre 0,7 % en 2010. En parallèle, la somme d'argent envoyée par l'ensemble des travailleurs migrants de Belgique dans leur pays d'origine est estimée à 394 millions d'euros. Et selon l'Organisation internationale de la migration (OIM), un montant presque équivalent, non comptabilisé dans les statistiques officielles, serait envoyé dans le Sud par des canaux informels. L'argent envoyé par les migrants dans leur pays d'origine constitue donc une solide bouée de sauvetage pour les familles bénéficiaires, et les répercussions sur les pays d'origine sont nombreuses. Parmi les effets positifs, les transferts constituent notamment une source importante de devises pour les pays receveurs, ils permettent une meilleure répartition des revenus, ils peuvent générer des activités productives pour les habitants locaux, ils suppléent à l'inefficacité du système de santé et d'éducation... Parmi les effets négatifs – car il y en a aussi –, les transferts financiers engendrent souvent une augmentation de la consommation de biens importés au détriment de la consommation de produits locaux. L'argent transféré est dépensé, le plus souvent, de façon immédiate et est très peu réinvesti dans l'économie du pays. Ceci entretient une culture de la dépendance, rendant les familles bénéficiaires très vulnérables à un arrêt de ces transferts, qui tendent à diminuer à mesure que le migrant s'enracine dans son pays d’accueil.
La migration est avant tout une affaire de développement, de bien-être durable désiré – et idéalement partagé – par tous(2), pouvait-on lire dans le journal de la coopération belge au développement (CTB) en mars dernier. Selon Jean-Pierre Lahaye, coordinateur de la Cellule d'appui pour la solidarité internationale wallonne (CASIW), c'est avant tout une question d'humanisme. De véritables structures se créent pour aller plus loin que le « simple » transfert d'argent. Le plus souvent, elles se créent d'abord pour aider à l'intégration dans le pays d’accueil. Mais une fois l'intégration réussie, le lien avec le pays d'origine revient en force. Ainsi est apparu ce qu'on appelle, dans le langage des initiés, les OSIM (organisations de solidarité internationale pour la migration). Il en existerait plus de 300 en Belgique, regroupant les diasporas d'Afrique et d'Amérique latine essentiellement, mais également du Moyen-Orient. Les OSIM fonctionnent pour la plupart grâce au bénévolat. Certaines, après s'être constituées en ASBL, vont plus loin en créant une coopérative dont les bénéfices sont affectés à des projets locaux dans le Sud. D'autres encore créent un fonds d'investissement servant à accorder du crédit aux populations locales à qui les banques ont fermé la porte.
Pourquoi qualifie-t-on d'OSIM les structures qui aident à l'intégration dans le Nord ? L'objectif des OSIM est de dépasser le stade de la consommation personnelle des transferts pour atteindre un niveau plus communautaire. Lorsqu'ils sont intégrés, les migrants parlent de façon beaucoup plus positive et réaliste du pays hôte. L'intégration enrichit considérablement la solidarité entre les migrants et les populations des pays d’accueil, précise J-P. Lahaye.
Si elles ne bénéficient pas de définition légale, les OSIM commencent à trouver écho au niveau politique. L'ONU, l'OCDE et la Commission européenne reconnaissent de plus en plus le rôle majeur que peuvent jouer les migrants dans le développement de leur pays d'origine. En Belgique aussi l'intérêt grandit. La Flandre considère les associations de migrants comme le quatrième pilier de développement, aux côtés des acteurs traditionnels que sont la coopération bilatérale (entre deux pays), la coopération multilatérale et la coopération non gouvernementale. La Région wallonne, via sa Cellule d'appui pour la solidarité internationale wallonne, continue également de soutenir de nombreuses OSIM(3). Ainsi voit-on naître une nouvelle forme de système d'entraide financière Nord-Sud basée, non plus sur le subside public, mais sur l’institutionnalisation d’initiatives citoyennes.
1. +19,1 % par rapport à 2009.
2. Dimension 3, février-mars 2011, p.3.
3. Lire à ce sujet MOUTON, A., « Les jeteurs de ponts », dans Dimension 3, pp. 8-9, février-mars 2011.
Pour beaucoup de pays du tiers-monde, les transferts de fonds internationaux représentent une rentrée d'argent plus importante que l'aide publique au développement. Mais la solidarité Nord-Sud ne se traduit pas uniquement par l'envoi d'argent. Certains migrants vont beaucoup plus loin...
En bref :
Les migrants qui veulent envoyer de l'argent au pays peuvent faire appel au réseau informel – payant ou non – avec plus au moins de sécurité. Les autres choisiront le réseau bancaire. Ceci implique que tant le migrant que le bénéficiaire resté au Sud possèdent un compte bancaire dans des institutions ayant conclu un partenariat. Des milliers d'autres choisissent les services d'opérateurs non bancaires (Western Union, CoinStar, MoneyGram...). Ces opérateurs permettent au bénéficiaire de retirer de l'argent depuis n'importe quel commerce affilié. Il peut s'agir d'une banque, d'une simple épicerie ou d'un bureau postal. La force de ces entreprises réside dans l'étendue de leur réseau, laquelle rend possible la livraison d'argent jusque dans les coins les plus reculés sans qu'il soit nécessaire, ni pour celui qui l'envoie, ni pour celui qui le reçoit, de posséder un compte en banque ou d'habiter à proximité d'une banque ou d'un distributeur de billets.
Utiliser de tels services présente de nombreux avantages. L'étendue du réseau, la rapidité et la sécurité en sont les principaux, puisqu'en moins de deux heures l'argent est disponible à l'autre bout de la planète. Les opérateurs tels que Western Union offrent également la possibilité de dédicacer la destination de l'argent de manière à, par exemple, payer directement une facture de téléphone ou d'énergie dans le Sud – ce qui garantit que l'argent envoyé au pays ne sera pas utilisé à d'autres fins que celles prévues initialement. Ces opérateurs bancaires mettent également en avant la déductibilité fiscale puisque– selon le Code général des impôts belge – les aides aux parents, pour peu qu'elles soient raisonnables et proportionnées à leurs besoins et aux revenus des enfants, sont totale-
ment déductibles.
Les prix pratiqués par les opérateurs non bancaires sont en général à la hauteur des avantages. Ils ont été de nombreuses fois dénoncés par des ONG qui préféreraient voir l'équivalent des montants liés aux commissions atterrir dans les poches des personnes restées au pays plutôt que dans celles des patrons des opérateurs non bancaires et de leurs actionnaires.
Les coûts liés à ces services comprennent en général une commission de transfert (le plus souvent fixe) à laquelle s'ajoute une commission de change variable selon le pays et la devise de réception. Ce coût peut parfois être très élevé. Dans le cas de la Turquie, par exemple, les euros doivent d'abord être changés en dollars avant d'être convertis en livres turques. Enfin, le destinataire du montant devra, lui aussi, s’acquitter d'une taxe d'encaissement. Celle-ci est en général directement prise en charge par les migrants dans le Nord. Actuellement en Belgique, les coûts moyens réclamés par les opérateurs non bancaires varient entre 6 et 11 % (pour des montants transférés allant de 140 à 350 €)1. La Banque mondiale recommande une limite de 5 % du montant transféré pour les frais appliqués par les sociétés de transfert d'argent.
Les opérateurs non bancaires occupent une position quasi monopolistique qui permet aux leaders du marché de fixer eux-mêmes les prix et empêche d'autres acteurs, tels que les instituts de microfinance pourtant en général bien implantés dans le Sud,de se développer. Le premier, Western Union, a un chiffre d'affaires trois fois supérieur à celui de son premier concurrent (Coin Star). Les grands opérateurs signent en effet la plupart du temps des accords exclusifs avec toute une série de banques locales. Pour les habitants des campagnes et des villes plus reculées du Sud, ils deviennent dès lors la seule option possible. Western Union affiche d'ailleurs des prix moyens bien supérieurs à ceux de ses concurrents directs(2).
Les grands opérateurs non bancaires ne sont pourtant pas les seuls sur le marché. Certains, comme MoneyTrans, proposent une plus-value à leurs services, comme celle de garantir l'utilisation des fonds. Le bénéficiaire resté au pays reçoit ainsi, non pas de l'argent, mais des bons d'achat qui serviront de monnaie d'échange pour payer des denrées alimentaires, s'acquitter de frais scolaires... Ceci marche pour autant, bien sûr, qu'il se trouve, sur place, des commerçants acceptant ce type de paiement.
D'autres acteurs se développent actuellement sur le marché. Il s'agit du mobile banking qui permet de transférer de l'argent de téléphone mobile à téléphone mobile. En Belgique, MobiSud se lance dans l'aventure et a conclu un partenariat avec un opérateur mobile marocain. Cette solution permet de se passer du réseau (et du paiement) des intermédiaires financiers et de recevoir de manière quasi immédiate l'argent sur n'importe quel terminal mobile.
Les opérateurs de transfert de fonds profitent pour l'instant d'une situation qui n'est clairement pas à l'avantage des migrants et de leurs proches restés au pays. L'une des manières de rendre le secteur plus responsable consisterait à déforcer cette situation de monopole et de les obliger à être plus transparents sur leurs tarifs, mais aussi d'informer les migrants sur les alternatives qui s'offrent à eux.
1. Voir, à ce sujet, le comparateur de prix par pays et par montant sur le site de la Banque mondiale http://remittance-prices-francais.worldbank.org/.
2. D'après la Banque mondiale (chiffres de 2011), les taux des coûts de transfert de Western Union se situent entre 8,89 et 11,44 % des montants transférés contre une variation oscillant entre 6,42 et 7,82 % pour Coin Star. Il s'agit là de la moyenne pondérée pour les trois principaux pays bénéficiaires de ces tarifs (Maroc, Turquie et RDC).
Les frais demandés par les opérateurs non bancaires sont souvent très élevés. Pourtant, la distance ou la sécurité des transferts ne peut pas tout expliquer. Petit tour de pratiques pas toujours reluisantes.