First statistics from new portfolio database show strong performance of MFIs in 2008
Crédit social à la consommation : ça marche !
Projet pilote wallon lancé en 2003 par Crédal, l'expérience a fait également son apparition à Bruxelles en 2006 sans avoir, jusqu'ici, posé les pieds en Flandre. Enthousiasmant à plus d'un titre, le crédit social à la consommation reste, malgré sa belle croissance, encore beaucoup trop confiné. Est-il permis de le rêver en 3D ?
Personal Microcredit - CAPIC French Case Study
French personal microcredit: in depth analysis
Personal Microcredit - CAPIC Belgian Case Study
Étude de cas des pratiques de microcrédit de Credal.
Rapport annuel de l'observatoire de la microfinance
Défi solidaire
Épargner ensemble est-il sans risque ?
En bref :
- Coaliser son épargne comporte un risque légal et un risque financier(1).
- Pour y remédier, les groupes mettent en place des règles internes.
- Le lien social supplante le lien économique.
Mettre son épargne en commun comporte un risque majeur : celui de ne pas récupérer son dû à cause de la défaillance d'un des participants ! Dans le cas d'une tontine, si l'un des participants quitte le groupe après avoir bénéficié de la cagnotte, il déstabilise le système et porte préjudice à ceux qui n'en ont pas encore bénéficié. Dans les cas des groupes de micro-épargne, comme les communautés autofinancées, si l'un des emprunteurs cesse son remboursement, c'est le groupe dans son ensemble qui en supportera les conséquences de manière solidaire. Le risque est ainsi dilué entre les participants. Les groupes de micro-épargne sont, la plu- part du temps, totalement informels. Ils n'ont aucune reconnaissance légale et reposent uniquement sur la confiance que les gens s’accordent entre eux. Les uns et les autres peuvent toujours signer une reconnaissance de dettes, mais celle-ci n'aura que peu de poids en cas de défaillance. Pour pallier ces risques, les groupes peuvent mettre en place des règles internes de fonctionnement. Dans les tontines, les épargnants peuvent obliger un nouveau venu à être parrainé, utiliser une partie de l'épargne pour créer un fonds de garantie, limiter la durée du cycle, obliger la présence de chaque membre– éventuellement à travers un système d'amende – au moment de la distribution de la cagnotte pour maintenir une certaine pression du groupe sur les participants... Les communautés autofinancées (CAF) imposent souvent de trouver des garants au sein du groupe lors des premières prises de crédit, font payer des intérêts de retard, limitent le montant emprunté en fonction du montant déjà épargné, la période de remboursement...
Qu'est-ce qui fait courir le micro-épargnant ?
En premier lieu, nécessité fait loi. Les tontines existent principalement soit dans des pays peu bancarisés, soit pour répondre aux besoins de personnes trop pauvres pour avoir accès au système bancaire classique. Les participants n'ont pas d'autre choix que de s'organiser eux-mêmes pour épargner, se constituer un capital ou organiser une caisse de mutuelle en cas de maladie, enterrement, mariage...
Ensuite, les tontines ou les communautés autofinancées offrent une grande flexibilité (chacun épargne à son rythme) et un mode de financement particulièrement souple : l'utilisation de la cagnotte ne demande aucune justification, le crédit étant principalement accordé sur la base de la confiance que le groupe place dans l'emprunteur. Enfin, le jeu en vaut la chandelle. Les participants courent le risque qu'un membre ne paie pas ses dettes parce que lui-même n'a pas d'autre choix pour obtenir un crédit. Mais, au-delà de ce lien de nécessité économique qui unit les gens, il y a un lien social, bien réel. Les réunions des CAF, par exemple, sont pour les participants l'occasion de s'entraider entre gens d'une même communauté. En cela, le taux d'intérêt que les emprunteurs paient au groupe est considéré par les épargnants comme la rétribution d'un investissement qu'ils font au sein de leur communauté. Contrairement aux institutions financières classiques qui calculent le taux d'intérêt pour couvrir le risque qu'elles encourent en prêtant de l'argent à une personne tierce, le taux d'intérêt appliqué dans les CAF ou les tontines peut être tantôt très élevé tantôt inexistant, car non dicté par une réelle rationalité économique.
Formaliser l'informel
Faudrait-il pour autant créer un cadre législatif particulier pour les groupes de micro-épargne afin de limiter les risques ? Une telle option ôterait la flexibilité et la souplesse qui les animent. Sans compter qu’elle apporterait une réponse inadaptée par rapport à l'objectif de créer des liens de solidarité dans les rapports à l'argent entre les personnes qui y participent.
1. FAIN. A., La gestion du risque dans les groupes d'épargne collective, Réseau Financement Alternatif, juin 2012.
Les formules d'épargne collective peuvent sembler risquées. Pourtant, à travers le monde, des milliers de personnes décident à un moment ou un autre de mettre en commun leur épargne. Quelles sont leurs motivations ?
Le crédit sans banquier en plein boom !
En bref :
- S'autofinancer pour réinstaurer de la confiance d'abord.
- Pour résoudre des problèmes économiques ensuite.
Tandis que le gouvernement espagnol martèle la politique de l'austérité, l’Association des communautés autofinancées de Barcelone poursuit le chemin qu'elle a ouvert il y a huit ans. L'idée de base est très simple en s'accordant du : crédit entre eux, les membres d'un groupe renforcent le lien social et instaurent plus de solidarité et de confiance dans les rapports à l'argent. Les migrants, de par les aléas de leur parcours, constituent un public sensible aux valeurs de solidarité et de confiance, des principes inhérents aux communautés autofinancées (CAF). Mais si les CAF remportent un vif succès auprès des migrants d'Espagne, de plus en plus d’Espagnols de souche rejoignent aussi cette formule. Qu’on parle de « pasanacu en Bolivie», de « tontine au Sénégal » ou «
natillera » en Colombie, l’histoire est toujours la même les : populations ayant peu de revenus savent se débrouiller pour financer leurs dépenses quotidiennes quand l’accès au crédit bancaire est refusé ou ses taux d’intérêt trop élevés, explique David Schurijn, jeune Équatorien qui travaille depuis 2007 comme animateur pour l'Association des communautés autofinancées à Barcelone.
Concrètement
Le fonctionnement d'une communauté autofinancée est très simple : un groupe de personnes se réunit chaque mois et chacun met de l'argent de côté dans une caisse commune. Grâce à cette épargne collective, chaque membre du groupe peut demander un crédit, que ce soit pour acheter un frigo, faire face à une dépense imprévue ou financer l'éducation de ses enfants. Le système des CAF est conçu de telle manière que chaque membre ait son mot à dire et que les décisions soient prises en commun. Aussi, à chaque réunion, les rôles changent le trésorier : devient président, l'hôte de la réunion devient trésorier... Le système est plus ou moins sécurisé selon les règles que les groupes établissent nécessité ou : non que deux personnes du groupe se portent garantes lors d'une demande de crédit, montant maximum autorisé à emprunter... Contrairement au système de la tontine, où l’argent épargné est donné chaque mois à un membre selon un tirage au sort, explique David Schurijn, les membres de la CAF peuvent prendre un crédit quand ils en ont besoin, voire plusieurs dans l’année. De plus, plutôt que de payer un intérêt de remboursement à une banque qu'on ne connaît pas, les membres d'une CAF paient pour le groupe. Ils sont à la fois propriétaires et bénéficiaires du système, poursuit David.
Du plus petit au plus grand
Comme le rappellent les responsables de l’ACAF, l'association qui chapeaute les CAF, les communautés autofinancées sont des tontines améliorées. C'est une formule des pays du Sud qui répond également à des besoins dans le Nord. Tant que le système bancaire exclut les plus démunis, les communautés autofinancées permettront à ces derniers de vivre plus dignement, explique David Schurijn. L'ACAF compte aujourd’hui plus de 80 communautés autofinancées à Barcelone et entend généraliser, voire internationaliser son système via la création d'un « Facebook des CAF ». Aujourd'hui, les CAF sont confrontées à un nouveau problème : elles récoltent plus d'argent qu'elles n'en prêtent. L'association faîtière ambitionne ainsi la création d'une entité fédérative, sorte de CAF des CAF qui devra permettre de prendre des crédits plus importants grâce à l'excédent d'argent accumulé par les communautés autofinancées. C'est probablement un des grands défis que devront relever les CAF dans le futur en décidant ou non de passer d'un réseau de groupes d'épargne informels à un système mutualiste plus organisé.
Trois questions à Abdoulaye Fall, technicien pour l'association des communautés autofinancées à Barcelone.
Quelles sont les conditions de réussite d'une CAF ?
Les groupes doivent pouvoir s'autogérer. Pour y parvenir, ils doivent apprendre à se faire confiance. Pour des personnes qui ne se connaissent pas, ça prend du temps. Par ailleurs, on remarque aussi que les gens s'associent mieux quand leurs intérêts individuels correspondent aux intérêts de leur communauté.
Avez-vous déjà dû déplorer des détournements d'argent ?
Le taux de non-remboursement des crédits est proche de 0. Le fait de changer de rôle à chaque réunion responsabilise les membres du groupe et, une fois la confiance instaurée, le remboursement se fait presque naturellement. En huit ans, nous n'avons connu que deux cas de défaut de paiement.
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Ne pas dépendre du crédit exige une discipline dans les habitudes de consommation. La CAF doit donc aussi être un lieu d'apprentissage et d'échange de bonnes pratiques. Sur le plan collectif, la difficulté est de maintenir le groupe sur la durée. Mais encore une fois, quand la confiance est installée, le groupe perdure.
Les communautés autofinancées proposent de repenser le microcrédit pour le rendre plus participatif. Cette formule originale et conviviale essaime dans le nord de l'Espagne et commence à séduire d'autres pays d'Europe.
La tontine à Ixelles
En bref :
- La tontine permet une épargne forcée.
- Ce système comporte des inconvénients mais permet d'accorder les petits crédits refusés par la banque.
Nous sommes à Matonge, le quartier africain d’Ixelles. Alinka participe à une tontine avec cinq autres participants. Tous les mois, elle verse dans la cagnotte une somme fixe dont chaque participant, tour à tour, bénéficiera. Ainsi, en versant 50 euros mensuellement, elle récupérera, lorsque son tour sera venu, 300 euros. Avec cet argent, Alinka pourra acheter des meubles, des bijoux ou financer une partie de son billet d’avion pour rendre visite à sa famille restée en Afrique.
Dans la forme la plus élémentaire de la tontine, chaque participant s'engage à verser une somme prédéterminée à une fréquence donnée. Cette somme constitue la cagnotte, qui leur sera versée, tour à tour, jusqu’à ce que tous aient pu en bénéficier. L’ordre des levées est généralement tiré au sort, mais peut aussi bien faire l’objet d’une entente entre les participants. Pour le premier bénéficiaire, la tontine s'apparente à un crédit. Les tontines sont très répandues en Amérique latine et en Afrique. Elles y constituent un palliatif lorsque le système bancaire est peu (ou pas) accessible aux populations défavorisées ou géographiquement plus reculées, ou lorsque le circuit traditionnel, défaillant, n’inspire pas suffisamment confiance aux candidats à l’épargne.
Lorsque le système bancaire traditionnel est faible, les tontines peuvent aussi offrir d’autres services financiers tels que le crédit et l’assurance. Dans ce cas, les fonds collectés ne sont pas automatiquement distribués. Ils sont octroyés aux membres sous forme de crédits que ceux-ci remboursent avec intérêts. Les crédits étant souvent courts avec des intérêts relativement élevés, les fonds disponibles s'accroissent rapidement, ce qui permet aux membres d'emprunter plus, plus longtemps, et d’ainsi faire prospérer progressivement leur épargne. Ces tontines peuvent en outre offrir des services d'assurance à leurs membres, en cas d'accident, de maladie, de décès d'un proche, etc. Elles prennent alors la forme de cotisations exceptionnelles ou de crédits d'urgence, sans intérêt et avec une souplesse dans les modalités de remboursement.
Et en Belgique ?
Les tontines existent aussi en Belgique, où les communautés immigrées ont importé ce système d’épargne. Beaucoup d’Africains perpétuent le système de la tontine et mettent parfois ainsi des sommes importantes de côté. Ils optent pour la tontine plutôt que pour le compte d'épargne bancaire parce que, pour eux, la tontine constitue un moyen sûr d’épargner. D'une part, une fois qu’ils ont commencé, les épargnants sont « moralement » obligés de continuer sous peine de mettre à mal l’équilibre de la tontine. D’autre part, la tontine présente pour eux un avantage sur l’épargne bancaire leur argent est inaccessible tant : que ce n’est pas leur tour d’en bénéficier. Gertrude Kafuka, sociologue de formation et médiatrice à la commune d’Ixelles, tempère cependant le succès des tontines. Pour moi, c’est un échec en Belgique, parce qu’il n’y a pas de plus-value économique. L’argent que les membres de la tontine perçoivent est généralement dépensé pour des besoins de consommation directe. Cet argent n'est pas réinvesti en Belgique. Beaucoup d’Africains immigrés en Belgique viennent de pays où le système est déstructuré et où ils ont eu l’habitude de vivre au jour le jour. La tontine répond à ce manque de structure, notamment à travers l'obligation morale de continuer à épargner une fois qu’on a commencé. Nos parents et grands-parents épargnaient en Afrique. Les jeunes générations ont perdu cette habitude parce qu’elles ont dû vivre dans l’urgence. La capacité à épargner n'est donc pas culturelle mais liée aux manques du système, poursuit G.Kafuka. En Belgique, la tontine demeure cependant une des seules manières d'obtenir un petit crédit – parfois indispensable pour l'achat de meubles, d’appareils électroménagers de base – que la banque refuse systématiquement.
Vous aussi ?
L'épargne n'est pas toujours une chose acquise d'emblée. Nombre de personnes pensent qu'elles n'ont pas assez de ressources pour pouvoir mettre de l'argent de côté, n'en perçoivent pas l'intérêt immédiat, ou encore n'arrivent pas à ne pas y toucher. Plusieurs études montrent que, dans la plupart des cas, il est possible d'épargner et, qu'en outre, l'épargne, pour les personnes précarisées, sert véritablement de filet de sécurité en cas de coups durs ou d'imprévus. Le Réseau Financement Alternatif a mené un projet de micro-épargne dans le cadre duquel les participants étaient invités à épargner chaque mois sur un compte différent du leur. S'ils épargnaient de manière régulière, ils recevaient au bout d'un an leur épargne majorée d'une prime de 50 %. Les premiers résultats de ce programme montrent que les personnes ont pu épargner, qu'elles sont heureuses et fières d'avoir pu le faire et qu'elles jugent très positivement le fait que leur argent soit plus difficilement accessible. Nombre d'entre elles sont d'ailleurs prêtes à continuer à épargner, même sans bonification.
Plus d'informations sur ce lien.
Les tontines viennent du Sud, mais existent au Nord depuis que les populations immigrées les y ont importées. Sont-elles vraiment efficaces pour se constituer une épargne ?
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