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Nouvelles solidarités pour le développement

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • L'argent envoyé par les migrants est un complément précieux à l'aide publique au développement.
  • Ces transferts peuvent cependant avoir des effets néfastes.
  • Point positif : de plus en plus de migrants accordent une partie de leurs transferts à des projets locaux dans le Sud.

Aide et/ou assistanat ?

Pour l'année 2010, la Belgique a investi 3 milliards de dollars dans l'aide aux pays en voie de développement, soit 0,64 % de son produit national brut. Ceci constitue une belle augmentation par rapport à 2009(1), mais reste inférieur à l'objectif légal d'atteindre 0,7 % en 2010. En parallèle, la somme d'argent envoyée par l'ensemble des travailleurs migrants de Belgique dans leur pays d'origine est estimée à 394 millions d'euros. Et selon l'Organisation internationale de la migration (OIM), un montant presque équivalent, non comptabilisé dans les statistiques officielles, serait envoyé dans le Sud par des canaux informels. L'argent envoyé par les migrants dans leur pays d'origine constitue donc une solide bouée de sauvetage pour les familles bénéficiaires, et les répercussions sur les pays d'origine sont nombreuses. Parmi les effets positifs, les transferts constituent notamment une source importante de devises pour les pays receveurs, ils permettent une meilleure répartition des revenus, ils peuvent générer des activités productives pour les habitants locaux, ils suppléent à l'inefficacité du système de santé et d'éducation... Parmi les effets négatifs – car il y en a aussi –, les transferts financiers engendrent souvent une augmentation de la consommation de biens importés au détriment de la consommation de produits locaux. L'argent transféré est dépensé, le plus souvent, de façon immédiate et est très peu réinvesti dans l'économie du pays. Ceci entretient une culture de la dépendance, rendant les familles bénéficiaires très vulnérables à un arrêt de ces transferts, qui tendent à diminuer à mesure que le migrant s'enracine dans son pays d’accueil.

Du Nord au Sud et réciproquement

La migration est avant tout une affaire de développement, de bien-être durable désiré – et idéalement partagé – par tous(2), pouvait-on lire dans le journal de la coopération belge au développement (CTB) en mars dernier. Selon Jean-Pierre Lahaye, coordinateur de la Cellule d'appui pour la solidarité internationale wallonne (CASIW), c'est avant tout une question d'humanisme. De véritables structures se créent pour aller plus loin que le « simple » transfert d'argent. Le plus souvent, elles se créent d'abord pour aider à l'intégration dans le pays d’accueil. Mais une fois l'intégration réussie, le lien avec le pays d'origine revient en force. Ainsi est apparu ce qu'on appelle, dans le langage des initiés, les OSIM (organisations de solidarité internationale pour la migration). Il en existerait plus de 300 en Belgique, regroupant les diasporas d'Afrique et d'Amérique latine essentiellement, mais également du Moyen-Orient. Les OSIM fonctionnent pour la plupart grâce au bénévolat. Certaines, après s'être constituées en ASBL, vont plus loin en créant une coopérative dont les bénéfices sont affectés à des projets locaux dans le Sud. D'autres encore créent un fonds d'investissement servant à accorder du crédit aux populations locales à qui les banques ont fermé la porte.

Vers un outil d'action internationale ?

Pourquoi qualifie-t-on d'OSIM les structures qui aident à l'intégration dans le Nord ? L'objectif des OSIM est de dépasser le stade de la consommation personnelle des transferts pour atteindre un niveau plus communautaire. Lorsqu'ils sont intégrés, les migrants parlent de façon beaucoup plus positive et réaliste du pays hôte. L'intégration enrichit considérablement la solidarité entre les migrants et les populations des pays d’accueil, précise J-P. Lahaye.
Si elles ne bénéficient pas de définition légale, les OSIM commencent à trouver écho au niveau politique. L'ONU, l'OCDE et la Commission européenne reconnaissent de plus en plus le rôle majeur que peuvent jouer les migrants dans le développement de leur pays d'origine. En Belgique aussi l'intérêt grandit. La Flandre considère les associations de migrants comme le quatrième pilier de développement, aux côtés des acteurs traditionnels que sont la coopération bilatérale (entre deux pays), la coopération multilatérale et la coopération non gouvernementale. La Région wallonne, via sa Cellule d'appui pour la solidarité internationale wallonne, continue également de soutenir de nombreuses OSIM(3). Ainsi voit-on naître une nouvelle forme de système d'entraide financière Nord-Sud basée, non plus sur le subside public, mais sur l’institutionnalisation d’initiatives citoyennes.

1. +19,1 % par rapport à 2009.
2. Dimension 3, février-mars 2011, p.3.
3. Lire à ce sujet MOUTON, A., « Les jeteurs de ponts », dans Dimension 3, pp. 8-9, février-mars 2011.

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Pour beaucoup de pays du tiers-monde, les transferts de fonds internationaux représentent une rentrée d'argent plus importante que l'aide publique au développement. Mais la solidarité Nord-Sud ne se traduit pas uniquement par l'envoi d'argent. Certains migrants vont beaucoup plus loin...

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Transferts de fonds internationaux : juste un business juteux ?

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Beaucoup sont venus chercher un travail qu'ils ne trouvaient pas chez eux.
  • Leurs économies servent le plus souvent à aider la famille restée au pays.
  • Au total, elles représentent des sommes d'argent colossales convoitées par bien des intermédiaires.

Qui sont les migrants ?

Il y a d'abord les migrants économiques qui quittent leur pays pour trouver du travail. Certains sont peu qualifiés, d'autres hautement qualifiés. Seuls ou en famille, la plupart séjourneront dans le pays d'accueil de façon temporaire pour retourner ensuite dans leur pays d'origine. D'autres s'établiront pour une période indéterminée. Certains possèdent un permis de séjour valide, d'autres sont des migrants irréguliers, également désignés dans les médias comme « illégaux » ou « sans papiers »(1).
Beaucoup aussi sont venus en Europe pour étudier, ont trouvé du travail et sont restés. J'ai décroché une bourse pour faire un post-graduat en architecture à Louvain-la-Neuve. Au départ, je n'imaginais pas rester. Mes études terminées, j'ai travaillé en tant que chercheuse à l'université. Aujourd'hui, je travaille pour une ASBL afin de promouvoir des projets de co-développement avec les migrants équatoriens, explique Consuelo Perez, partie de Quito (Équateur) en 1998.

Envoyer de l'argent,pour quoi faire ?

Scolariser un enfant, faire face aux soins de santé, aider à l'achat d'une maison, ou tout simplement permettre aux proches de se nourrir. Les transferts d'argent constituent le plus souvent de petits coups de pouce financiers à la famille ou aux amis restés au pays. Mon fils unique a grandi avec moi en Belgique depuis ses 9 ans jusqu'à ses 17 ans, puis il a voulu retourner en Équateur pour étudier et vivre avec son père. Je lui envoie tous les mois de l'argent pour l'aider à financer ses études universitaires, poursuit Consuelo qui a pu stabiliser sa situation financière en Belgique.

Les intermédiaires

La Belgique compte près d'un million d'immigrés. Voilà un chiffre qui, pour les intermédiaires financiers auxquels les migrants confient leur argent, veut dire beaucoup. Trois types d’intermédiaires officiels se partagent le marché des transferts de fonds : les banques commerciales, les opérateurs non bancaires, et la poste. Cependant, les intérêts prélevés par de telles structures incitent de nombreux migrants à utiliser des canaux informels comme les « porteurs de valises » ou comme les riches commerçants établis dans le pays d'accueil et disposant d'un solide réseau de boutiques sur place, où les familles peuvent retirer leur argent. Je préfère confier mon argent à des amis qui le donneront sans rien demander quand ils rentrent au pays plutôt qu'à des banques qui me prélèveront des intérêts importants, explique Rabah El Baïri, arrivé de Berkane (Maroc) en 1986, et devenu menuisier car il ne parvenait pas à payer ses études de biologie. Consuelo, qui doit envoyer de l'argent de façon beaucoup plus régulière, a opté pour un compte à vue classique dans une banque néerlandaise établie en Belgique et qui collabore avec deux grandes banques équatoriennes disposant de guichets et de distributeurs automatiques. Les coûts sont relativement élevés, mais j'ai l'assurance que mon argent arrive et que seul mon fils peut y accéder au moyen de sa carte bancaire nominative, précise-t-elle. Quant à Alioune Diop, arrivé de Dakar (Sénégal) en 1996 pour travailler comme ingénieur commercial, il préfère recourir aux services des opérateurs non bancaires : J'ai longtemps fonctionné avec des porteurs de valise, mais ils me prélevaient autant d'argent que Western Union, voire parfois plus. Avec des opérateurs professionnels, mon argent est tracé, je sais à qui il profite et je peux en déduire une partie de mes impôts en Belgique(2), explique-t-il.

La boule à facettes

Les transferts de fonds internationaux, juste un business juteux ? Non, ils constituent également une source financière très importante pour les pays en voie de développement(3). Ils augmentent en cas de ralentissement économique. En renforçant le pouvoir d'achat des familles receveuses, ils permettent à la demande intérieure d'un pays de ne pas chuter trop lourdement. Ils constituent pour certaines personnes une sorte de sécurité sociale, qui comble le manque en la matière dans le pays d'origine. Par contre, ces transferts ont tendance à faire augmenter la consommation des biens d'importation au détriment des biens localement produits. Ils peuvent aussi provoquer une augmentation de la demande des biens marchands trop importante par rapport à la capacité de production du pays receveur.

1. À ne pas confondre avec les demandeurs d'asile ou les réfugiés, qui souhaitent trouver refuge dans un autre pays vu la menace qui pèse sur eux d'être poursuivis du fait de leur appartenance ethnique, de leur religion ou de leurs opinions politiques.
2. Sur preuve qu'il s'agit d'assistance familiale et non de transfert pour raison commerciale.
3. Les plus grands couloirs de transferts d'argent au départ de la Belgique ont pour destination le Maroc, la Turquie et la République démocratique du Congo, qui sont, par ordre d'importance, les pays dont le nombre de ressortissants est le plus important en Belgique.

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394 millions d'euros, c'est la somme d'argent envoyée hors d'Europe, en 2010, par les travailleurs migrants résidant en Belgique. Du moins pour ce qui a transité par les opérateurs déclarés.

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17/12/2011
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Décembre

Cahier FINANcité n°19: Rapport ISR 2010

Soumis par Anonyme le
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09/2010
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Septembre

Le succès de la banque des pauvres

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Les habitants d'une favela s'unissent pour améliorer leurs conditions de vie.
  • Décidés à se réapproprier l'économie locale, ils créent la monnaie baptisée « palmas ».

La monnaie et la banque Palmas sont de véritables succes-stories au Brésil. À tel point que plus de 60 banques sociales ont été créées sur ce modèle, et que la monnaie palmas fait maintenant figure d'outil de lutte contre la pauvreté et l'exclusion en Amérique latine.

Agir plutôt que subir

Tout commence en 1973 à Fortaleza, dans la favela Palmeiras au nord-est du Brésil. La mairie reloge de force les démunis qu'elle expulse du centre-ville pour y construire des hôtels touristiques. Tout manque aux habitants de la favela : des écoles, un hôpital, un accès à l'eau et à l'électricité, un système d'égouts, des transports publics, etc. Les habitants en ont assez et entament une lutte contre les pouvoirs publics pour accéder aux services de base. Grâce à l’aide de la société civile et de quelques paroisses, les premiers résultats se traduisent en 1978 par la construction d'écoles. Au cours de batailles acharnées et d'âpres négociations, l'association des habitants du Conjunto Palmeiras est fondée en 1981. En 1998, plus de 20 ans après le début des revendications, ils obtiennent enfin un accès à l'eau et à l'électricité et les maisons « en dur » commencent à remplacer les habitations de fortune, ce qui pousse les habitants les plus démunis à quitter le quartier car la pauvreté reste une réalité quotidienne. Pour résoudre ce problème, la communauté dé- cide de créer sa propre monnaie.

Nous ne sommes pas pauvres

Les habitants de la favela Palmeiras veulent sortir de la pauvreté. Ils comprennent vite que le peu d'argent qu'ils ont quitte toujours leur quartier sans jamais y revenir. Par leurs achats, ils paient des entreprises qui n'investissent pas localement. En 1998, les habitants constituent une banque coopérative. Grâce à une modeste épargne locale, ils commencent à allouer des microcrédits à la production et à la consommation pour augmenter l'autosubsistance de la favela. En 2002, la volonté commune des habitants de se réapproprier le système économique débouche sur la création de la monnaie complémentaire baptisée « Palmas ». Les palmas ne peuvent être utilisés que dans le quartier, auprès des commerçants locaux. Ils permettent à la population de concentrer les échanges, qui jusque-là sortaient du quartier, à l'intérieur de leur territoire. La Banque Palmas grandit de jour en jour. Trois ans après sa création, après l'avoir menacé de fermeture car elle serait la cause d'une déstabilisation du système économique brésilien, la Banque Populaire du Brésil (BPB), créée par l'ancien président Lula, lui accorde un portefeuille de crédit de 30 000 reais (environ 13 000 euros). C'est le décollage pour la banque Palmas qui devient le correspondant bancaire de la BPB dans les quartiers pauvres. Aujourd'hui, la Banque Palmas a un portefeuille de crédit de 2 millions de reais. Fin 2012, cela fera 10 ans que le palmas circule dans le quartier. Plus de 60 banques sociales ont été créées au Brésil à l'image de cette première expérience.

Thibaut Monnier,
septembre 2011

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Partis de rien, des habitants d'une favela brésilienne ont créé leur propre banque et leur propre monnaie. Comment des personnes sans formation économique et sans ressources financières ont-elles pu réaliser un tel coup d'éclat ?

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14
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14/09/2011
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Septembre

Un tas de monnaies !

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Les monnaies complémentaires répondent à des besoins que ne satisfait pas une monnaie nationale conventionnelle.
  • Elles contrent certains effets négatifs du système financier.
  • Différents objectifs peuvent leurs être affectés.

Acheter des aliments avec des points Delhaize, un abonnement de train avec des éco-chèques ou encore des produits locaux, équitables et bio avec des épis1, c'est possible grâce aux monnaies complémentaires. Elles ont toutes un point commun : ce sont des moyens d'échange, complémentaires aux monnaies nationales conventionnelles. C'est une pratique courante, et ce, depuis le Moyen-Âge, où par exemple les villes et les monastères avaient leur propre monnaie, parallèlement à la monnaie royale qui était la monnaie nationale en vigueur. Aujourd'hui, on en dénombre plus de 5000 de par le monde. La Belgique, mis à part les SEL (systèmes d'échanges locaux), est en reste en ce qui concerne les monnaies citoyennes, mais sans doute en train de rattraper son retard.
L'unité de valeur peut être le temps, l'euro, le centime, le kilomètre parcouru, des points-cadeaux, etc. Prenons, par exemple, les chèques-repas ou les points de fidélité des supermarchés qui permettent d'acheter différents produits, les miles des compagnies aériennes pour les billets d'avions ou encore les SEL qui utilisent une monnaie-temps, c'est-à-dire qu'une heure de service équivaut à une heure d'un quelconque autre service.

Quels objectifs ?

Qu'elles soient citoyennes, publiques ou commerciales, les monnaies complémentaires apparaissent toujours pour combler un manque, répondre à un besoin particulier, que ne remplit pas une monnaie nationale ou supranationale comme l'euro, et ce, plus particulièrement en temps de crise. Relocaliser l'économie, renforcer le lien social, encourager la circulation de la monnaie, éviter la thésaurisation2, éviter la spéculation sur la monnaie, encourager des comportements durables..., tels sont les innombrables objectifs que peut poursuivre une monnaie.
La suite est une question de choix : favoriser la circulation de la monnaie par le principe de monnaie fondante (la monnaie perd de sa valeur avec le temps, ce qui stimule donc les dépenses) ; convertir la monnaie locale à l'euro pour encourager le commerce local mais permettre un retour en euros qui peut être taxé (taxe de rédimage) ; convertir 1h de service en monnaie papier (1h = 1h3, ou 1h = 10 dollars4). En fonction de l'objectif global du projet, différents mécanismes seront mis en place dans une monnaie afin de répondre à ces objectifs spécifiques, c'est ce que l'on appelle « l’architecture monétaire ».

Pour quels types de monnaie ?

Une monnaie citoyenne peut être définie ici comme un projet porté par une collectivité locale en vue de contrer les effets néfastes du système capitaliste (délocalisation, spéculation, épuisement des ressources,...) et surtout d'encourager le soutien aux producteurs et commerçants locaux. Les monnaies commerciales quant à elles tentent généralement soit de fidéliser la clientèle, soit de résoudre les problèmes de liquidités des PME.
Les monnaies publiques quant à elles s'imposent pour mettre en place des politiques publiques stimulant des changements de comportement ou apportant un soutien à certains collectifs.

Quels impacts ?

Il reste cependant difficile d'estimer l'ensemble des impacts d'une monnaie locale, car on ne peut s'en tenir strictement à des critères économiques. Il faut prendre en compte des critères difficilement quantifiables, tels que la création ou le renforcement du lien social, le changement de comportement des acteurs, la réappropriation citoyenne, le renforcement d'une identité locale, etc.
Certains instigateurs de monnaies complémentaires évoqueront également que cela permet de retrouver une certaine autonomie et d'être plus résistant lors de crises économiques. Notamment lorsque les liquidités en monnaie nationale font défaut et que les consommateurs préfèrent épargner plutôt que de dépenser leur argent, et lorsque l'accès au crédit devient plus difficile. C'est précisément pour faire face à ce genre d'instabilité que les monnaies complémentaires sont intéressantes5.

Réappropriation citoyenne d'un outil économique

Aujourd'hui, les initiatives citoyennes fleurissent de toutes parts pour tenter d'endiguer ce phénomène de la finance « casino », de l'économie virtuelle, qui fait des ravages dans la société et sur l'environnement. Ces initiatives proposent de recentrer les échanges sur le local, de manière éthique et durable, en créant plus de cohésion sociale, plus de liens directs consommateurs-producteurs-artisans et en proposant des pistes d'action concrètes pour agir ensemble sur l'économie, bref, de se réapproprier cet outil trop longtemps éloigné des
préoccupations sociales.

Antoine Attout,
septembre 2011

1. L'épi est une monnaie complémentaire citoyenne mise en place par des habitants de Meix-devant-Virton.
2. La thésaurisation est le fait d'amasser de l'argent, de le conserver. Bien que très utile dans tout budget, à grande échelle elle a un effet négatif pour la stimulation de l'économie, car c’est autant d’argent qui ne circule plus.
3. http://selidaire.org
4. www.ithacahours.org
5. FAIN, A., Quelle place pour les monnaies complémentaires dans la fonction de production ? www.financite.be

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Version papier ou électronique, locale ou régionale, exprimée en temps ou convertible à l'euro, on assiste depuis quelque temps à un foisonnement des monnaies dites complémentaires, bien que celles-ci existent depuis le Moyen-Âge.

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14
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14/09/2011
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Septembre

T'as pas un euro ?

Soumis par Anonyme le

Pour comprendre le processus de multiplication de la monnaie par le crédit bancaire, prenons un exemple. Jean va déposer 1000 euros sur son compte à vue à la banque A. Un montant de 1000 euros de monnaie est encodé. La banque ne garde pas la totalité de cet argent en caisse ; elle accepte d'en prêter une partie, c'est-à-dire d’en réintroduire une partie dans le circuit. Ainsi, la banque A décide de conserver en réserve 20 % de la monnaie déposée par Jean et de prêter 800 euros à une autre personne, Sophie. Celle-ci utilise ces 800 euros pour effectuer divers paiements. Les entreprises auxquelles Sophie aura donné son argent, pour un montant total de 800 euros, pourront à leur tour déposer cet argent auprès d'une banque B. La quantité totale de monnaie en circulation devient 1000 + 800 = 1800 euros. Si la banque B décide de prêter aussi 80 % de la monnaie qu'elle a reçue en dépôt (soit 80 % de 800 euros = 640 euros), la quantité totale de monnaie en circulation devient 1000 + 800 + 640 euros, soit 2440 euros. Donc, 1440 euros ont été mis en circulation à partir des 1000 euros déposés par Jean à la banque. La Banque nationale de Belgique estime ainsi que pour 1 euro émis, 17 euros sont générés par le processus de crédit.

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Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
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2011
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14/09/2011
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Septembre

Qui fait tourner la planche à billets ?

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Banques centrales et banques commerciales se partagent le monopole de la création monétaire.
  • Les premières décident de la politique monétaire dans leur pays. Les secondes font tourner l'économie, mais la mettent aussi en danger.

Banque centrale, banque commerciale : je t'aime, moi non plus

Le Traité de Maastricht (1992) délègue à la Banque centrale européenne (BCE) la compétence pour la politique monétaire en Europe en lui imposant une mission : assurer l'équilibre des prix à l'intérieur de la zone euro 1. Pour atteindre ce résultat, la BCE (avec les banques centrales nationales) s'est fixé comme objectif de maintenir l'inflation 2 à un niveau inférieur à 2 % l'an. Elle dispose, pour ce faire, de moyens de pression, dont le principal est le taux d'intérêt. Ainsi, en tant que banques des banques, les banques centrales nationales entretiennent des relations avec les banques commerciales. Elles encaissent des dépôts des banques commerciales et leur prêtent de l'argent. Le taux d'intérêt exigé par les banques centrales aux banques commerciales déterminera le taux d'intérêt réclamé par les banques commerciales aux entreprises privées. Plus l'intérêt exigé par les banques centrales aux banques commerciales est élevé, plus celui exigé par les banques commerciales aux entreprises l'est aussi. Banques centrales et banques commerciales sont donc liées et influencent toutes deux, à leur manière, l'orientation économique d'un pays.

En Belgique ?

Il y a d'abord la Banque nationale de Belgique qui frappe les pièces de monnaie et la Banque centrale européenne qui émet les billets. Ce n'est pas la Banque nationale qui détermine la quantité de monnaie en circulation, mais la demande des acteurs économiques. Et la monnaie peut être demandée pour deux raisons : l'échange de biens et de services, et la mise en réserve d'argent (thésaurisation). Cette demande est sensible à deux paramètres en particulier : le niveau du produit national (la quantité totale de biens et services échangés) et le taux d'intérêt. Ainsi,quand tout abonde, quand un pays produit beaucoup de biens et services, il y a besoin de beaucoup de monnaie pour s'échanger ces biens et services. À contrario, si la production manque, il y a moins d'échanges qui se font, donc moins de monnaie en circulation. Quant au taux d'intérêt, plus la banque exige un taux élevé, moins les personnes, les entreprises ou les États empruntent de l'argent. La demande de monnaie aux fins d'emprunt diminue donc lorsque le taux d'intérêt exigé augmente.

La double face du crédit

Aujourd'hui, la monnaie créée par les banques centrales (les pièces et les billets) ne représente plus que 15 % de la masse totale de monnaie qui est en circulation. Le reste, la monnaie scripturale (voir p. 4), provient des crédits accordés par les banques commerciales (voir T'as pas un euro ?). Plus les banques prêtent, plus elles permettent aux acteurs économiques d'échanger entre eux et plus elles encaissent des dépôts. Selon les derniers accords de Bâle 3, les fonds propres d'une banque devront représenter 7 % de ses activités de marché ou de crédit d'ici à 2019. Avec 10 000 euros de fonds propres, une banque pourrait ainsi prêter jusqu'à 140 000 euros. Ce qui ne veut pas dire que la banque ne détient pas les 130 000 euros de différence : elle les puise dans les dépôts que nous lui faisons tous.
Si une partie de ces dettes n’est pas remboursée par ses clients, comme ce fut le cas avec les crédits hypothécaires en 2008 (les fameux subprimes), les banques risquent la faillite et mettent tout le système économique en danger.
Il n'en demeure pas moins que l'activité de prêt est essentielle pour l'économie. Par contre, elle pose problème lorsque la banque accorde des crédits de façon irresponsable (comme ce fut le cas avec les subprimes) ou lorsque les activités financées par ses prêts ne sont pas respectueuses de l'homme et de son environnement.

Thibaut Monnier,
septembre 2011

1. La zone euro regroupe les pays de l'Union européenne qui ont adopté l'euro comme monnaie unique.
2. L'inflation est la hausse du prix moyen des biens et services. L'offre surabondante de monnaie en est la première cause.
3. Les accords de Bâle réunissent quatre fois par an les banques centrales pour définir les règles prudentielles qui régiront l'ensemble des banques de la planète. À l'heure actuelle, les banques sont toujours soumises à la règlementation de Bâle II qui fixe à 4 % la garantie de fonds propres d'une banque pour ses activités de marché ou de crédit.

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Les États se sont désinvestis du pouvoir de création monétaire. Aujourd'hui, l'essentiel de la monnaie en circulation provient des crédits bancaires. Si ces derniers sont nécessaires à la bonne santé du système économique, ils peuvent aussi nuire à la société.

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Mais d'où vient la monnaie ?

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • L'histoire de la monnaie, déjà longue, n'est pas terminée.
  • Les mécanismes financiers ont rendu difficile la distinction entre ce qu'est la monnaie et ce qui ne l'est pas.

Coquillages et crustacés

Cailloux, fèves de cacao, épices, animaux, coquillages... La monnaie n'a cessé de prendre des formes différentes au fil du temps. Elle fait son apparition 5000 ans avant notre ère. Véritable révolution dans le processus d'échange, la monnaie fournit un étalon de mesure pour l'échange de biens de nature différente (une pomme contre une poire, un cochon contre 100 œufs). Elle peut aussi être mise en réserve pour réaliser des achats à une date ultérieure. Ainsi, la monnaie permet de différer les échanges dans le temps.
Les premières pièces métalliques en Occi- dent sont inventées par les Grecs d'Asie Mineure au VIIe siècle av. J.-C. Peu à peu, l'or et l'argent vont remplacer les coquillages et autres outils d'échange pour s'imposer comme monnaies uniques à la quasi-totalité des sociétés occidentales.

Du billet à la carte de crédit

L’or et l’argent (rares et précieux) ont un inconvénient majeur : ils attirent les voleurs. La parade trouvée par les marchands est de confier leurs métaux précieux aux orfèvres, des personnes en qui ils ont confiance. En échange de l’or et de l’argent reçus, les orfèvres remettent des certificats de dépôt aux déposants 1. Ces certificats sont les ancêtres des billets de
banque. Voyant qu’une partie des dépôts restent dans leurs coffres, les orfèvres-banquiers se mettent à faire des prêts : le crédit bancaire est né. Une distinction s'établit ainsi entre ce qu'on appelle aujourd'hui la monnaie fiduciaire 2 (les pièces et les billets) et la monnaie scripturale constituée par les dépôts à vue dans lesquels on peut se servir immédiatement pour effectuer tous ses paiements. Ces comptes sont utilisables sous diverses formes et continuent d'évoluer avec la technologie : chèques, virements, cartes magnétiques, netbanking...

De l'échange au profit

Les billets de banque reçoivent un cours légal (il devient obligatoire de les accepter en guise de paiement) au XIXe siècle 3, en même temps que les banques perdent la liberté d'émettre les billets. En 1973, le président américain Richard Nixon annonce l'inconvertibilité du dollar en or. L'argent moderne se dématérialise, de sorte que la quantité de monnaie disponible ne dépend plus de la quantité d'or et d'argent s'y rapportant, mais de la quantité qu'on décide de créer. Contrairement à ce que bon nombre d'entre nous imaginent toujours, les États ne créent pas la monnaie. Comme nous tous, ils empruntent aux banques pour qui le critère prioritaire pour accorder un prêt est la capacité de remboursement de l'emprunteur. À l'heure actuelle, l'essentiel des transactions monétaires journalières mondiales (98 % selon les dernières estimations des Nations unies) correspond à de la spéculation. Autrement dit, la plus grande partie des échanges dans notre société ne concerne pas des biens et services réellement existants (une poire contre une pomme), mais des paris que prennent les financiers. Ce qu'ils échangent (des produits dérivés, des assurances...) est aussi une forme de monnaie. Mais, à la différence des pièces qui sont échangées contre un service, ces produits financiers sont achetés et revendus entre eux, dans l'unique objectif de créer toujours plus de profit à chaque achat ou chaque revente. Ces transactions sont confinées au monde financier et ne concernent pas l'économie réelle. Outil d'échange au départ, la monnaie a progressivement pris son autonomie grâce aux mécanismes financiers pour devenir essentiellement une source de profit pour l'industrie financière.

Thibaut Monnier,
septembre 2011

1. Lire à ce sujet : Bayot, B., La Banque : plusieurs métiers, mars 2011, Réseau Financement Alternatif. Disponible sur www.financite.be, rubrique bibliothèque.
2. Du latin fiducia, « la confiance ».
3. En 1873 pour la Belgique.

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Outil d'échange entre les hommes à l'origine, la monnaie est aujourd'hui source de profit.

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FINANcité Magazine n° 23 : Rendez la monnaie !

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FINANcité Magazine n° 22 : Argent public... éthique ?

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