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« Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 »

Soumis par Anonyme le

Le rapport “Allô Bercy” est le premier chapitre publié de CAC40 : le véritable bilan annuel, édition 2020, publication annuelle de l’Observatoire des multinationales. Ici, l'Observatoire met en évidence les multiples sources d’aides publiques directes et indirectes dont bénéficient les grands groupes français depuis le début de la pandémie de COVID-19.

 

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Editeur
L'observatoire des multinationales
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1
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Année d'édition
2020
Jour d'édition
12
Date d'édition
12/10/2020
Mois d'édition
Octobre

L’investissement d’impact: du capital patient au service de la transformation écologique et social.

Soumis par Anonyme le

 

L’investissement d’impact, du capital patient au service de la transformation écologique et social.

715 milliards de dollars / plus de 600 milliards d’euros[1]: tel est le montant que représentent aujourd’hui les investissements d’impact (dont environ 250 milliards pour les obligations environnementales et durables, qui financeront en partie le volet vert du plan Next Generation EU). Cette somme et ces chiffres peuvent impressionner d’autant plus qu’ils s’ajoutent aux investissements colossaux déjà consentis par les États et les institutions publiques pour lutter contre le réchauffement climatiques (100 milliards d’euros par an sur 10 ans prévu par le pacte vert de l’UE).

Né lors du krach financier de 2007, l’investissement d’impact pourrait prendre une nouvelle ampleur à la faveur de cette crise inédite liée à la pandémie de la Covid-19.  Dans « le monde d’après » durement touché par la récession, une finance avec des valeurs, qui chercherait à créer des impacts humains, sociaux et écologiques positifs semble plus que jamais nécessaire pour lutter contre la pauvreté, conduire la transition énergétique, réduire les inégalités, répondre aux nouveaux besoins de santé. Le principe est simple : Investir dans des projets de transformation, qui auront un impact positif en acceptant le plus souvent un retour financier moindre. C’est par exemple le cas lors des émissions d’obligations vertes.

Bien plus ambitieux et exigeant que la « finance soutenable ou durable », l’investissement d’impact revient justement à considérer la finance comme un outil de développement pour la société et non simplement comme un moyen d’enrichissement individuel. Si ce terme bénéficie aujourd’hui d’un engouement certain, il peut connaître aussi certaine limite notamment dans la mesure de l’impact (qu’est-ce qu’un impact réellement positif ?) mais aussi la tendance inhérente au secteur privé à se concentrer sur les activités à impact positif qui seraient les plus profitables. L’investissement d’impact, malgré sa puissance, ne remplace pas l’action et le financement étatique, mais doit plutôt les compléter, les amplifier.

 

Qu’est-ce que l’investissement d’impact ?

Le terme d’investissement d’impact (« impact investing ») est apparu pour la première fois en 2007, lors de l’éclatement de la bulle des subprimes et du déclenchement de la violente crise financière qui s’ensuivit. Au cours d’une rencontre d’investisseurs (dont notamment des gestionnaires de JP Morgan) organisée par la fondation Rockefeller en Italie, fut ainsi émise l’idée d’une finance permettant de générer des impacts sociaux et environnementaux positifs tout en permettant un retour sur investissement ou au minimum une conservation du capital.

L’avènement de l’expression « impact investing » correspond ainsi à un moment clé où la finance, avec la titrisation des dettes et l’activisme débridé des fonds spéculatifs, subit l’opprobre publique. Dans ce contexte, la notion d’une finance alternative, aux effets positifs ne peut que séduire. Dans un monde où l’ambition des Etats n’était pas encore au rendez-vous, l’investissement d’impact permet d’orienter les marchés afin de corriger des dysfonctionnements, d’utiliser leur puissance pour aider à construire une nouvelle économie. Le rapport de recherche co-rédigé JP Morgan, la Rockefeller foundation et le Giin (Global Impact Investing Network) publié en 2010 pose ce principe dès son introduction.

« In a world where government resources and charitable donations are insufficient to address the world’s social problems, impact investing offers a new alternative for channeling large-scale private capital for social benefit. With increasing numbers of investors rejecting the notion that they face a binary choice between investing for maximum risk-adjusted returns or donating for social purpose, the impact investment market is now at a significant turning point as it enters the mainstream[2]. »

L’idée que la « finance » peut servir le « bien commun » n’est certes pas nouvelle:  des banques coopératives ont soutenu des agriculteurs ou des artisans, pour des raisons sociales et économiques dès le XIXème siècle. De même, au sortir de la guerre, l’habitat populaire constitue un autre exemple d’investissement social et rentable durablement. L’émergence du mot « impact » au lendemain d’une crise financière génératrice d’une crise économique signe à la fois la prise de conscience du rôle de plus en plus important que va et peut jouer la finance ainsi que la volonté claire de structurer des initiatives jusque-là plutôt disparates.

L’investissement d’impact ne doit pas être confondu avec l’ISR (Investissement Socialement responsable) qui pèse presque 35 fois plus (25 000 milliards de dollar d’encours). Ce dernier exclut de financer des entreprises ou des secteurs qui ont des impacts négatifs sur l'environnement et ou sur la société, voire au contraire oriente ses flux de capitaux vers les structures et les activités qui agissent le mieux en termes de critères ESG (Environnemental, Social et Gouvernance). L’ISR concerne ainsi principalement des entreprises cotées qui certes, limitent leur externalités négatives, mais développent néanmoins des activités commerciales classiques. Il ne cherche pas à investir dans des projets qui s'engagent pour préserver l’environnement ou pour améliorer la société. Là réside la différence avec l’investissement d’impact, qui vise expressément cet impact positif. Il faut également garder à l’esprit que l’investissement d’impact se distingue de la philanthropie (ou du mécénat d’entreprise) qui, certes cherche à produire un impact positif, mais qui n’a pas d’objectifs de retour financier direct.

L’investissement d’impact cible en premier lieu des entreprises, des infrastructures, des organisations ou des fonds afin générer un rendement financier (au minimum la conservation du capital) et un impact social, environnemental important et positif, qui s’aligne sur les valeurs personnelles de l’investisseur. Il peut concerner toutes les classes d’actifs en particulier la dette (la plus large partie des investissements, environ un tiers) à travers notamment les obligations vertes (green bonds) et les obligations durables, le private equity et même les actifs réels, dans des domaines aussi variés que l‘environnement, l’énergie, la santé, l’agriculture, l’eau, l’éducation, la microfinance ou l’entrepreneuriat, dans tous les secteurs géographiques.  Les obligations vertes (ou environnementales) représentent aujourd’hui l’un des segments d’investissement qui connaît la plus forte croissance (près de 40%, deux fois plus rapidement que l’ensemble des investissements d’impact). Euronext et la bourse de Paris se positionne d’ailleurs comme un des leaders avec 44 000 green bonds côtés représentant 118 milliards de dollars (+ 40 milliards de dollars en un an)[3].

L’impact investing est une notion qui se construit à l’opposé de la spéculation financière. On parle ainsi de capital-patient, une stratégie d’investissement orientée sur la création de valeur et de croissance pérenne. Il se situe donc dans une perspective de long-terme, notamment pour pouvoir générer cet impact positif et ce rendement, puis d’en rendre compte de manière transparente à l’investisseur. Dans le contexte actuel de prise de conscience des crises environnementales et sociales tout comme du nouveau rôle sociétal des acteurs privés, cette stratégie d’investissement a connu une croissance très rapide de l’ordre de 17% par an, ces 3 dernières années, d’après le GIIN. 50 milliards de dollars ont été investis en 2019 dans 11 000 projets d’impact.

Objectifs du développement durable

 

Le retour sur investissement

L’investissement d’impact peut impliquer un retour moins fort que celui d’investissement plus classique. Ce rendement réduit est accepté en échange justement d’un impact environnemental ou social positif important que l’organisation financée réalise avec le capital de l’investisseur. On parle de concessions:

« Some impact investors intentionally target below-market returns in order to achieve a specific type of impact, create a bridge between philanthropy and conventional investing, or catalyze other capital[4]

Ce type d’investissement “à concessions” est le fait de fondations (par exemple la « Bill & Melinda Gates Foundation ou la Fondation Grameen – Crédit Agricole), de banques ou d’agences de développement (“DFI” Development Financial Institutions” par exemple l’AFD (Agence Française de Developpement) ou la BEI (Banque Européenne d’Investissement). Il peut concerner également des investisseurs privés qui voudrait “verdir” leur image, disposer d’une ligne “socialement responsable” ou compenser un impact négatif.

D’autres investissements d’impact conservent néanmoins un double objectif de résultat : ils doivent avoir cet impact environnemental ou social sans néanmoins de concession financière.  Dans l’étude réalisée pour le GIIN en novembre 2017 « Evidence on the Financial Performance of Impact Investments[5] », Abhilash Mudaliar et Rachel Bass démontrent néanmoins certains fonds privés peuvent obtenir des résultats financiers tout aussi compétitifs que ceux des fonds conventionnels

« Impact investors seeking market rate returns can achieve them. Across various strategies and asset classes, top quartile funds seeking market-rate returns perform at similar levels to peers in conventional markets. In many cases, median performance is also quite similar. »

Il faut noter enfin l’existence de contrats à impact social (ou obligations à impact social). Leur principe repose sur un accord entre pouvoirs publics, financeurs, organisme évaluateur et opérateur de terrain pour mettre en place une action sociale précise. Les quatre parties s'entendent sur un objectif de résultat, qui peut être social ou financier. En fait, l’investisseur finance un projet social et prend une plus grande partie du risque associé au projet. Si l'objectif est atteint, l'investisseur perçoit les intérêts, si l’objectif est dépassé, la rémunération est bonifiée, s’il n'est pas atteint, l'investisseur ne bénéficie pas d’un retour et perd son investissement. Ces instruments sont destinés à financer des programmes à vocation sociale et implique le milieu associatif. En France, l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Économique) qui propose microcrédit et accompagnements pour développer une activité est la seule association à avoir bénéficié de ces contrats. Aux États-Unis, Goldman Sachs a été fortement critiqué pour des CIS destinés à financer des écoles, dont les objectifs (des tests scolaires) étaient soupçonnés d’être biaisés.

L’investissement d’impact repose ainsi sur l’idée que le marché peut corriger des dysfonctionnements et appuyer l’action publique, en adoptant une démarche vertueuse, qui génèrera un impact positif. Reste qu’il faut être capable de définir et d’évaluer cet impact, dans sa réalité et dans sa durabilité.

Un référentiel : les objectifs du développement durable

L’investissement d’impact s’appuie notamment sur les 17 objectifs de développement durable[6] (ODD) adoptés par l’ONU à atteindre avant 2030 comme l’éradication de la pauvreté, « la faim zéro », la santé pour tous, l’égalité hommes / femmes, l’éducation de qualité, l’énergie propre et abordable, la lutte contre le changement climatique, la consommation durable ou la paix. Pour atteindre ces objectifs, le financement nécessaire est estimé à 2500 milliards de dollars ! Face à ces besoins considérables, ces objectifs semblent d’ores et déjà hors de portée pour 2030, mais il apparaît évident que le secteur privé et la société civile ont un rôle à jouer, à côté des pouvoirs publics, dans l’investissement. C’est dans ce contexte qu’une autre notion est venue compléter le secteur de l’investissement d’impact : le financement mixte (ou blended finance) qui permet de joindre financement public et privé dans des investissement commun à destination des marchés émergents, afin de maximiser l’impact positif sur le terrain et d’obtenir un effet de levier particulièrement important. Cette idée développée par le World Economic Forum suscite le plus vif enthousiasme dans le secteur de la finance d’impact. Elle se heurte néanmoins à certaines difficultés très techniques comme la structuration de ces fonds ou l’alignement des objectifs.

La délicate question de la mesure d’impact

Si ce type d’investissement vise intentionnellement à obtenir un impact positif, encore faut-il être capable de le déterminer précisément : qu’est-ce concrètement qu’un impact positif ? Comment d’ailleurs l’évaluer réellement et comment mesurer précisément cet impact ?

Il faut en effet reconnaître que la notion d’impact positif demeure assez ambivalente : quel est l’impact réel d’un fonds qui financerait une société proposant des panneaux solaires pour l’éclairage de maisons en Afrique ? Quantifier certains effets en termes de réduction d’émission de CO2 semble relativement aisé. On détermine les quantités de CO2 économisées grâce à l’activité de l’entreprise, qu’on valoriserait alors par le prix de la tonne carbone. Sauf que l’impact dépend aussi du prix et du mode de commercialisation (location, crédit) de cette technologie, des publics visés.  De même, des panneaux fabriqués en Chine puis transportés par cargo, d’une piètre qualité qui ne permettrait pas une durée d’utilisation très longue aurait un impact carbone finalement négatif, bien qu’à première vue une telle initiative pourrait sembler pourtant positive… Dans le même ordre d’idée, comment mesurer l’impact d’un centre de soin par-delà le nombre de patients et mesurer la qualité réelle de soin, l’apport à la communauté ? Comment évaluer la microfinance qui prête certes à des entrepreneurs qui pourront alors exercer une activité ? Quelles sont les conditions de prêt et quelle qualité de vie est obtenue avec l’exercice de l’activité ?

La méthode la plus simple consisterait alors à commander des recherches et des audits : encore faut-il être capable de définir des normes et de collecter des données fiables de mesure quantitatives ESG (environnemental, sociale, gouvernance)… Des organisations indépendantes comme le GIIN (Global Impact Investing Network) mais également des institutions publiques comme l’OCDE tentent d’améliorer le processus de mesure de l’impact, d’autant plus qu’il peut être difficile d’effectuer des comparaisons entre les différents véhicules d’investissement qui utilisent des normes de reporting différentes.

« L'OCDE a proposé de définir l'investissement à impact social comme ciblant les principaux domaines sociaux, environnementaux et de développement qui aident les personnes et les pays qui en ont le plus besoin dans les régions mal desservies ou en développement, et de préciser que l'accent doit être mis en priorité sur la réalisation d'un impact mesurable. Toutefois, aucune définition de ce genre n'est appliquée universellement, et il y a peu de rigueur dans l'établissement des limites de ce qui devrait être considéré comme un investissement à impact. Il manque également des données et des outils d'évaluation comparables à l'échelle internationale[7]. »

Un investissement en plein développement

Malgré cette quantification difficile de ses effets réels, l’investissement d’impact est devenu un terme à la mode, une stratégie tendance avec un aspect fort d’image pour l’investisseur[8]. Cette stratégie est ainsi porteuse d’une intentionnalité, celle de mettre ou de remettre le marché au service de la société, de sortir de l’investissement axé uniquement sur la spéculation ou le profit à court-terme, pour redonner du sens à la finance.

De plus en plus d’entreprises ou d’institutions ont ainsi recours à l’impact investing. Début septembre, l'opérateur Orange a réussi sa première émission d'obligations durables d'un montant de 500 millions d'euros (plus de cinq fois sursouscrite). 60% des fonds seront consacrés à « des projets relatifs à l'efficacité énergétique et à l'économie circulaire », le reste étant dédié à « des projets d'inclusion numérique et sociale ». A la même période, Icade, la foncière de la Caisse des dépôts, a levé pour 600 millions d’euros d’obligations sociales (sursouscrites 10 fois), pour financer ses activités de santé. Dans le même ordre d’idée, des municipalités américaines ont récemment emprunté pour construire une usine de méthanisation, qui permettra ensuite aux camions poubelles de la zone urbaine de rouler au gaz…

Développé au moment où les taux d’intérêt étaient plus élevés, l’impact investing n’en demeure pas moins un outil de financement utile malgré un contexte où l’argent est devenu bon marché. Il permet en effet à des secteurs qui bénéficient d’une faible visibilité auprès des investisseurs d’accéder à des sources nouvelles et importantes de capitaux, notamment les entreprises sociales, celles de l’économie circulaire, certaines start-up dans des pays en voie de développement, des structures financières actives dans la microfinance, des institutions éducatives ou sanitaires.  

La définition de l’impact investing reposant avant tout sur l’intentionnalité et sur l’impact positif permet aujourd’hui de couvrir un large spectre de financement. Dans ce sens, un fonds d’investissement qui entrerait au capital d’une entreprise, qui se projetterait sur le temps long et la valeur à long terme (tout le contraire des fonds capitalistes qui cherche à maximiser leur ROI par la revente, la découpe ou les licenciements) financerait en fait l’économie réelle et aurait un impact positif.  Dans le même ordre d’idée, des projets de LBO social ont émergé, permettant au fonds acquéreur d’associer les salariés en leur accordant des parts et en transformant l’entreprise en coopérative. Dans ce modèle, l’investisseur sacrifie le retour le plus élevé mais bénéficie du plein engagement du personnel et crée de même un impact positif en termes d’emploi.  La réponse à la financiarisation de l’économie, considérée comme l’une des dérives les plus négatives pour la société, ne passe peut-être pas forcément par moins de finance, mais plutôt par une finance mieux-disante, impactante dans laquelle l’Etat aurait pleinement un rôle d’incitateur à travers par exemple la régulation et la fiscalité.  C’est tout le débat qui s’ouvrira dans les prochaines années avec l’essor de la finance d’impact.

 

 

L’investissement d’impact, du capital patient au service de la transformation écologique et social.

715 milliards de dollars / plus de 600 milliards d’euros[1]: tel est le montant que représentent aujourd’hui les investissements d’impact (dont environ 250 milliards pour les obligations environnementales et durables, qui financeront en partie le volet vert du plan Next Generation EU). Cette somme et ces chiffres peuvent impressionner d’autant plus qu’ils s’ajoutent aux investissements colossaux déjà consentis par les États et les institutions publiques pour lutter contre le réchauffement climatiques (100 milliards d’euros par an sur 10 ans prévu par le pacte vert de l’UE).

Né lors du krach financier de 2007, l’investissement d’impact pourrait prendre une nouvelle ampleur à la faveur de cette crise inédite liée à la pandémie de la Covid-19.  Dans « le monde d’après » durement touché par la récession, une finance avec des valeurs, qui chercherait à créer des impacts humains, sociaux et écologiques positifs semble plus que jamais nécessaire pour lutter contre la pauvreté, conduire la transition énergétique, réduire les inégalités, répondre aux nouveaux besoins de santé. Le principe est simple : Investir dans des projets de transformation, qui auront un impact positif en acceptant le plus souvent un retour financier moindre. C’est par exemple le cas lors des émissions d’obligations vertes.

Bien plus ambitieux et exigeant que la « finance soutenable ou durable », l’investissement d’impact revient justement à considérer la finance comme un outil de développement pour la société et non simplement comme un moyen d’enrichissement individuel. Si ce terme bénéficie aujourd’hui d’un engouement certain, il peut connaître aussi certaine limite notamment dans la mesure de l’impact (qu’est-ce qu’un impact réellement positif ?) mais aussi la tendance inhérente au secteur privé à se concentrer sur les activités à impact positif qui seraient les plus profitables. L’investissement d’impact, malgré sa puissance, ne remplace pas l’action et le financement étatique, mais doit plutôt les compléter, les amplifier.

 

Qu’est-ce que l’investissement d’impact ?

Le terme d’investissement d’impact (« impact investing ») est apparu pour la première fois en 2007, lors de l’éclatement de la bulle des subprimes et du déclenchement de la violente crise financière qui s’ensuivit. Au cours d’une rencontre d’investisseurs (dont notamment des gestionnaires de JP Morgan) organisée par la fondation Rockefeller en Italie, fut ainsi émise l’idée d’une finance permettant de générer des impacts sociaux et environnementaux positifs tout en permettant un retour sur investissement ou au minimum une conservation du capital.

L’avènement de l’expression « impact investing » correspond ainsi à un moment clé où la finance, avec la titrisation des dettes et l’activisme débridé des fonds spéculatifs, subit l’opprobre publique. Dans ce contexte, la notion d’une finance alternative, aux effets positifs ne peut que séduire. Dans un monde où l’ambition des Etats n’était pas encore au rendez-vous, l’investissement d’impact permet d’orienter les marchés afin de corriger des dysfonctionnements, d’utiliser leur puissance pour aider à construire une nouvelle économie. Le rapport de recherche co-rédigé JP Morgan, la Rockefeller foundation et le Giin (Global Impact Investing Network) publié en 2010 pose ce principe dès son introduction.

« In a world where government resources and charitable donations are insufficient to address the world’s social problems, impact investing offers a new alternative for channeling large-scale private capital for social benefit. With increasing numbers of investors rejecting the notion that they face a binary choice between investing for maximum risk-adjusted returns or donating for social purpose, the impact investment market is now at a significant turning point as it enters the mainstream[2]. »

L’idée que la « finance » peut servir le « bien commun » n’est certes pas nouvelle:  des banques coopératives ont soutenu des agriculteurs ou des artisans, pour des raisons sociales et économiques dès le XIXème siècle. De même, au sortir de la guerre, l’habitat populaire constitue un autre exemple d’investissement social et rentable durablement. L’émergence du mot « impact » au lendemain d’une crise financière génératrice d’une crise économique signe à la fois la prise de conscience du rôle de plus en plus important que va et peut jouer la finance ainsi que la volonté claire de structurer des initiatives jusque-là plutôt disparates.

L’investissement d’impact ne doit pas être confondu avec l’ISR (Investissement Socialement responsable) qui pèse presque 35 fois plus (25 000 milliards de dollar d’encours). Ce dernier exclut de financer des entreprises ou des secteurs qui ont des impacts négatifs sur l'environnement et ou sur la société, voire au contraire oriente ses flux de capitaux vers les structures et les activités qui agissent le mieux en termes de critères ESG (Environnemental, Social et Gouvernance). L’ISR concerne ainsi principalement des entreprises cotées qui certes, limitent leur externalités négatives, mais développent néanmoins des activités commerciales classiques. Il ne cherche pas à investir dans des projets qui s'engagent pour préserver l’environnement ou pour améliorer la société. Là réside la différence avec l’investissement d’impact, qui vise expressément cet impact positif. Il faut également garder à l’esprit que l’investissement d’impact se distingue de la philanthropie (ou du mécénat d’entreprise) qui, certes cherche à produire un impact positif, mais qui n’a pas d’objectifs de retour financier direct.

L’investissement d’impact cible en premier lieu des entreprises, des infrastructures, des organisations ou des fonds afin générer un rendement financier (au minimum la conservation du capital) et un impact social, environnemental important et positif, qui s’aligne sur les valeurs personnelles de l’investisseur. Il peut concerner toutes les classes d’actifs en particulier la dette (la plus large partie des investissements, environ un tiers) à travers notamment les obligations vertes (green bonds) et les obligations durables, le private equity et même les actifs réels, dans des domaines aussi variés que l‘environnement, l’énergie, la santé, l’agriculture, l’eau, l’éducation, la microfinance ou l’entrepreneuriat, dans tous les secteurs géographiques.  Les obligations vertes (ou environnementales) représentent aujourd’hui l’un des segments d’investissement qui connaît la plus forte croissance (près de 40%, deux fois plus rapidement que l’ensemble des investissements d’impact). Euronext et la bourse de Paris se positionne d’ailleurs comme un des leaders avec 44 000 green bonds côtés représentant 118 milliards de dollars (+ 40 milliards de dollars en un an)[3].

L’impact investing est une notion qui se construit à l’opposé de la spéculation financière. On parle ainsi de capital-patient, une stratégie d’investissement orientée sur la création de valeur et de croissance pérenne. Il se situe donc dans une perspective de long-terme, notamment pour pouvoir générer cet impact positif et ce rendement, puis d’en rendre compte de manière transparente à l’investisseur. Dans le contexte actuel de prise de conscience des crises environnementales et sociales tout comme du nouveau rôle sociétal des acteurs privés, cette stratégie d’investissement a connu une croissance très rapide de l’ordre de 17% par an, ces 3 dernières années, d’après le GIIN. 50 milliards de dollars ont été investis en 2019 dans 11 000 projets d’impacts.

Le retour sur investissement

L’investissement d’impact peut impliquer un retour moins fort que celui d’investissement plus classique. Ce rendement réduit est accepté en échange justement d’un impact environnemental ou social positif important que l’organisation financée réalise avec le capital de l’investisseur. On parle de concessions:

« Some impact investors intentionally target below-market returns in order to achieve a specific type of impact, create a bridge between philanthropy and conventional investing, or catalyze other capital[4].»

Ce type d’investissement “à concessions” est le fait de fondations (par exemple la « Bill & Melinda Gates Foundation ou la Fondation Grameen – Crédit Agricole), de banques ou d’agences de développement (“DFI” Development Financial Institutions” par exemple l’AFD (Agence Française de Developpement) ou la BEI (Banque Européenne d’Investissement). Il peut concerner également des investisseurs privés qui voudrait “verdir” leur image, disposer d’une ligne “socialement responsable” ou compenser un impact négatif.

D’autres investissements d’impact conservent néanmoins un double objectif de résultat : ils doivent avoir cet impact environnemental ou social sans néanmoins de concession financière.  Dans l’étude réalisée pour le GIIN en novembre 2017 « Evidence on the Financial Performance of Impact Investments[5] », Abhilash Mudaliar et Rachel Bass démontrent néanmoins certains fonds privés peuvent obtenir des résultats financiers tout aussi compétitifs que ceux des fonds conventionnels

« Impact investors seeking market rate returns can achieve them. Across various strategies and asset classes, top quartile funds seeking market-rate returns perform at similar levels to peers in conventional markets. In many cases, median performance is also quite similar. »

Il faut noter enfin l’existence de contrats à impact social(ou obligations à impact social). Leur principe repose sur un accord entre pouvoirs publics, financeurs, organisme évaluateur et opérateur de terrain pour mettre en place une action sociale précise. Les quatre parties s'entendent sur un objectif de résultat, qui peut être social ou financier. En fait, l’investisseur finance un projet social et prend une plus grande partie du risque associé au projet. Si l'objectif est atteint, l'investisseur perçoit les intérêts, si l’objectif est dépassé, la rémunération est bonifiée, s’il n'est pas atteint, l'investisseur ne bénéficie pas d’un retour et perd son investissement. Ces instruments sont destinés à financer des programmes à vocation sociale et implique le milieu associatif. En France, l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Économique) qui propose microcrédit et accompagnements pour développer une activité est la seule association à avoir bénéficié de ces contrats. Aux États-Unis, Goldman Sachs a été fortement critiqué pour des CIS destinés à financer des écoles, dont les objectifs (des tests scolaires) étaient soupçonnés d’être biaisés.

L’investissement d’impact repose ainsi sur l’idée que le marché peut corriger des dysfonctionnements et appuyer l’action publique, en adoptant une démarche vertueuse, qui génèrera un impact positif. Reste qu’il faut être capable de définir et d’évaluer cet impact, dans sa réalité et dans sa durabilité.

Un référentiel : les objectifs du développement durable

L’investissement d’impact s’appuie notamment sur les 17 objectifs de développement durable[6] (ODD) adoptés par l’ONU à atteindre avant 2030 comme l’éradication de la pauvreté, « la faim zéro », la santé pour tous, l’égalité hommes / femmes, l’éducation de qualité, l’énergie propre et abordable, la lutte contre le changement climatique, la consommation durable ou la paix. Pour atteindre ces objectifs, le financement nécessaire est estimé à 2500 milliards de dollars ! Face à ces besoins considérables, ces objectifs semblent d’ores et déjà hors de portée pour 2030, mais il apparaît évident que le secteur privé et la société civile ont un rôle à jouer, à côté des pouvoirs publics, dans l’investissement. C’est dans ce contexte qu’une autre notion est venue compléter le secteur de l’investissement d’impact : le financement mixte (ou blended finance) qui permet de joindre financement public et privé dans des investissement commun à destination des marchés émergents, afin de maximiser l’impact positif sur le terrain et d’obtenir un effet de levier particulièrement important. Cette idée développée par le World Economic Forum suscite le plus vif enthousiasme dans le secteur de la finance d’impact. Elle se heurte néanmoins à certaines difficultés très techniques comme la structuration de ces fonds ou l’alignement des objectifs.

La délicate question de la mesure d’impact

Si ce type d’investissement vise intentionnellement à obtenir un impact positif, encore faut-il être capable de le déterminer précisément : qu’est-ce concrètement qu’un impact positif ? Comment d’ailleurs l’évaluer réellement et comment mesurer précisément cet impact ?

Il faut en effet reconnaître que la notion d’impact positif demeure assez ambivalente : quel est l’impact réel d’un fonds qui financerait une société proposant des panneaux solaires pour l’éclairage de maisons en Afrique ? Quantifier certains effets en termes de réduction d’émission de CO2 semble relativement aisé. On détermine les quantités de CO2 économisées grâce à l’activité de l’entreprise, qu’on valoriserait alors par le prix de la tonne carbone. Sauf que l’impact dépend aussi du prix et du mode de commercialisation (location, crédit) de cette technologie, des publics visés.  De même, des panneaux fabriqués en Chine puis transportés par cargo, d’une piètre qualité qui ne permettrait pas une durée d’utilisation très longue aurait un impact carbone finalement négatif, bien qu’à première vue une telle initiative pourrait sembler pourtant positive… Dans le même ordre d’idée, comment mesurer l’impact d’un centre de soin par-delà le nombre de patients et mesurer la qualité réelle de soin, l’apport à la communauté ? Comment évaluer la microfinance qui prête certes à des entrepreneurs qui pourront alors exercer une activité ? Quelles sont les conditions de prêt et quelle qualité de vie est obtenue avec l’exercice de l’activité ?

La méthode la plus simple consisterait alors à commander des recherches et des audits : encore faut-il être capable de définir des normes et de collecter des données fiables de mesure quantitatives ESG (environnemental, sociale, gouvernance)… Des organisations indépendantes comme le GIIN (Global Impact Investing Network) mais également des institutions publiques comme l’OCDE tentent d’améliorer le processus de mesure de l’impact, d’autant plus qu’il peut être difficile d’effectuer des comparaisons entre les différents véhicules d’investissement qui utilisent des normes de reporting différentes.

« L'OCDE a proposé de définir l'investissement à impact social comme ciblant les principaux domaines sociaux, environnementaux et de développement qui aident les personnes et les pays qui en ont le plus besoin dans les régions mal desservies ou en développement, et de préciser que l'accent doit être mis en priorité sur la réalisation d'un impact mesurable. Toutefois, aucune définition de ce genre n'est appliquée universellement, et il y a peu de rigueur dans l'établissement des limites de ce qui devrait être considéré comme un investissement à impact. Il manque également des données et des outils d'évaluation comparables à l'échelle internationale[7]. »

Un investissement en plein développement

Malgré cette quantification difficile de ses effets réels, l’investissement d’impact est devenu un terme à la mode, une stratégie tendance avec un aspect fort d’image pour l’investisseur[8]. Cette stratégie est ainsi porteuse d’une intentionnalité, celle de mettre ou de remettre le marché au service de la société, de sortir de l’investissement axé uniquement sur la spéculation ou le profit à court-terme, pour redonner du sens à la finance.

De plus en plus d’entreprises ou d’institutions ont ainsi recours à l’impact investing. Début septembre, l'opérateur Orange a réussi sa première émission d'obligations durables d'un montant de 500 millions d'euros (plus de cinq fois sursouscrite). 60% des fonds seront consacrés à « des projets relatifs à l'efficacité énergétique et à l'économie circulaire », le reste étant dédié à « des projets d'inclusion numérique et sociale ». A la même période, Icade, la foncière de la Caisse des dépôts, a levé pour 600 millions d’euros d’obligations sociales (sursouscrites 10 fois), pour financer ses activités de santé. Dans le même ordre d’idée, des municipalités américaines ont récemment emprunté pour construire une usine de méthanisation, qui permettra ensuite aux camions poubelles de la zone urbaine de rouler au gaz…

Développé au moment où les taux d’intérêt étaient plus élevés, l’impact investing n’en demeure pas moins un outil de financement utile malgré un contexte où l’argent est devenu bon marché. Il permet en effet à des secteurs qui bénéficient d’une faible visibilité auprès des investisseurs d’accéder à des sources nouvelles et importantes de capitaux, notamment les entreprises sociales, celles de l’économie circulaire, certaines start-up dans des pays en voie de développement, des structures financières actives dans la microfinance, des institutions éducatives ou sanitaires.  

La définition de l’impact investing reposant avant tout sur l’intentionnalité et sur l’impact positif permet aujourd’hui de couvrir un large spectre de financement. Dans ce sens, un fonds d’investissement qui entrerait au capital d’une entreprise, qui se projetterait sur le temps long et la valeur à long terme (tout le contraire des fonds capitalistes qui cherche à maximiser leur ROI par la revente, la découpe ou les licenciements) financerait en fait l’économie réelle et aurait un impact positif.  Dans le même ordre d’idée, des projets de LBO social ont émergé, permettant au fonds acquéreur d’associer les salariés en leur accordant des parts et en transformant l’entreprise en coopérative. Dans ce modèle, l’investisseur sacrifie le retour le plus élevé mais bénéficie du plein engagement du personnel et crée de même un impact positif en termes d’emploi.  La réponse à la financiarisation de l’économie, considérée comme l’une des dérives les plus négatives pour la société, ne passe peut-être pas forcément par moins de finance, mais plutôt par une finance mieux-disante, impactante dans laquelle l’Etat aurait pleinement un rôle d’incitateur à travers par exemple la régulation et la fiscalité.  C’est tout le débat qui s’ouvrira dans les prochaines années avec l’essor de la finance d’impact.

 

Frédéric Ruaz

 

[1] D’après l’étude 2020 du GIIN (Global Impact Investing Network) www.thegiin.org

[2] https://www.rockefellerfoundation.org/report/impact-investments-an-emerg...

[3] A comparer au 100 000 milliards de dollars que représentent le marché global des obligations.

[4] https://thegiin.org/research/publication/financial-performance

[5] https://thegiin.org/research/publication/financial-performance

[6] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-...

[7] https://www.oecd.org/development/social-impact-investment-2019-978926431...

[8] L'investissement d'impact est réservé à des investisseurs professionnels. Il existe quelques rares fonds accessibles au grand public, citons notamment la SICAV LMDF (Luxembourg Microfinance Development Fund) ou en souscrivant au capital de la SIDI (Solidarité Internationale pour le Développement et l'Investissement). 

Frédéric Ruaz

 

[1] D’après l’étude 2020 du GIIN (Global Impact Investing Network) www.thegiin.org

[2] https://www.rockefellerfoundation.org/report/impact-investments-an-emerg...

[3] A comparer au 100 000 milliards de dollars que représentent le marché global des obligations.

[4] https://thegiin.org/research/publication/financial-performance

[5] https://thegiin.org/research/publication/financial-performance

[6] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-...

[7] https://www.oecd.org/development/social-impact-investment-2019-978926431...

[8] L'investissement d'impact est réservé à des investisseurs professionnels. Il existe quelques rares fonds accessibles au grand public, citons notamment la SICAV LMDF (Luxembourg Microfinance Development Fund) ou en souscrivant au capital de la SIDI (Solidarité Internationale pour le Développement et l'Investissement). 

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Comment mettre la finance au service de l’humain ?

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Reporting extra-financier : les entreprises françaises sur la (lente) voie de la transformation durable

Soumis par Anonyme le
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Les entreprises montrent de mieux en mieux comment elles intègrent les questions environnementales, sociales et de gouvernance dans leurs activités. C’est ce qui ressort de l’analyse des déclarations de performance extra-financières des grandes entreprises françaises. Reste à l'intégrer efficacement dans le business des entreprises et à en mesurer pleinement l'impact économique pour évaluer si elles sont bien sur la voie d’une transformation durable

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BlackRock, Vanguard… Les grands investisseurs américains ne votent toujours pas pour le climat

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L’engagement actionnarial est en peine aux États-Unis. L’enquête annuelle de Majority Action montre que les grands investisseurs continuent de voter contre bon nombre de résolutions sur le climat. Et le régulateur met en place de nouvelles règles qui rendront le dépôt de résolutions externes plus difficile qu’avant.

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Massif mobilisation des entreprises et des investisseurs pour protéger la biodiversité, lors du sommet des Nations unies

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Malgré l’épidémie de Covid-19, le sommet des Nations unies sur la biodiversité du 30 septembre a permis de remobiliser les troupes. En seulement quelques jours, de nouvelles coalitions ont vu le jour et d'autres se sont renforcées. L'enjeu est que l'effondrement des écosystèmes soit mesuré et traité par les acteurs avec autant de rigueur que ce qui leur est demandé pour le climat.

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Les lobbies industriels font une entrée remarquée dans la plateforme européenne sur la finance durable

Soumis par Anonyme le
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La Commission Européenne a mis fin aujourd’hui à un suspense de plusieurs semaines en publiant la liste des membres qui vont siéger pendant les deux prochaines années au sein de sa future plateforme sur la finance durable. Elle a modifié en profondeur le profil de la structure qui va succéder au Groupe Technique d’Experts (TEG) : les lobbys industriels y sont beaucoup plus nombreux que les spécialistes de la finance durable.

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Climate Action 100+ pousse l’engagement actionnarial un cran plus loin

Soumis par Anonyme le

Climate Action 100+ serre la vis. Tout comme la Commission européenne, dont la présidente Ursula von der Leyen vient de proposer de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre de l'Europe d'ici 2030, la coalition veut demander un effort supplémentaire aux entreprises qu'elle suit. Ce groupe de plus de 500 investisseurs mondiaux représentant 47 000 milliards d’euros d’actifs sous gestion, a lancé un appel aux 161 sociétés les plus émettrices de gaz à effets de serre afin qu’elles définissent des stratégies de neutralité carbone. En 2021, l’organisation éditera son nouveau cadre de référence d’engagement actionnarial, le "Climate Action 100+ Net-zero company benchmark", avec pour ambition de clarifier ce qui constitue réellement une politique de neutralité carbone.

Ce nouvel outil contiendra six indicateurs permettant aux investisseurs d’analyser les stratégies climatiques des entreprises. Parmi ceux-ci, les investisseurs devront vérifier si l’entreprise a affiché son ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ou avant et, surtout, si elle a défini des objectifs à court et moyen terme pour y parvenir. Le référentiel de Climate Action 100+ mentionne par ailleurs que cette neutralité carbone s’entend sur les scopes 1, 2 et 3 de l’entreprise. 

"Soutenus par l’engagement actionnarial, nous voyons des engagements encourageants et des leaders de la neutralité carbone émerger, mais un changement plus important est requis de manière urgente si on veut limiter le changement climatique à 1,5 degré", confie Stephanie Pfeifer, la directrice générale de l’Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC) et membre du comité de direction de Climate Action 100+.

Favorablement accueilli

Ce rehaussement des exigences de Climate Action 100+ a été accueilli favorablement par Follow This, l’organisation d’actionnaires spécialisés dans les compagnies pétrolières. Jusque là, Follow This estimait que les négociations menées par la coalition d’investisseurs avec les majors pétrolières aboutissaient à des résultats trop tièdes. Le cas s’est posé cette année à l’Assemblée générale de Total. Climate Action 100+ appuyait la politique climat ambitieuse du groupe, résultat d’un dialogue qu’elle avait mené. Mais la coalition d'investisseurs n'avait pas soutenu la résolution actionnariale demandant au pétrolier de s’engager plus loin, notamment en tenant compte du scope 3.

"C’est une grande victoire pour le climat que Climate Action 100+ reprenne nos demandes pour des objectifs spécifiques d’émission alignés sur l’Accord de Paris pour les compagnies pétrolières. Cela a été une question clé dans les résolutions actionnariale de Follow This depuis 2017", déclare Mark van Baal, le fondateur de Follow This. 

Climate Action 100+ prévoit de publier les détails de son nouveau référentiel en 2021, sans doute à temps pour la saison des Assemblées générales. Ce sera justement à ce moment-là que cette nouvelle politique de la coalition d’investisseurs prendra toute sa mesure. 

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Climate Action 100+ demande aux entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre de faire un nouvel effort sur le climat. La coalition d’investisseurs veut pousser les 161 entreprises de son panel, à s’engager pour la neutralité carbone d’ici 2050 sur les trois scopes. Elle va publier un nouveau cadre d'engagement actionnarial, pour fixer aux entreprises des objectifs chiffrés à moyen terme alignés sur l’Accord de Paris.

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La finance solidaire attire toujours les épargnants

Soumis par Anonyme le

Les Français semblent de plus en plus convaincus par l’économie sociale et solidaire. Selon l’association Finansol, qui assure la promotion de la finance solidaire et gère le label du même nom, l’encours de l’épargne solidaire a atteint 15,6 milliards d’euros en 2019 et a progressé de 24 % par rapport à l’année précédente. L’épargne salariale demeure le principal véhicule, elle représente 62,3 % des encours, devant les livrets bancaires (32,5 %).

La finance solidaire a profité de la forte dynamique des marchés financiers en 2019. Ce sont d’ailleurs les placements dans les OPC (Organismes de placement collectif) qui tirent la croissance, ils représentent 86 % de l’augmentation de la collecte. La part solidaire dans l’épargne des français demeure modeste, puisqu’elle ne représente encore que 0,29 % de leurs placements financiers. Mais elle poursuit sa progression (0,25 % en 2018). Selon le sondage du Forum de l’Investissement Responsable (FIR) et de Vigeo Eiris publié le 23 septembre, plus de la moitié des épargnants seraient prêts à investir dans des produits financiers permettant de lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales.

Nouvelles réglementations

Le groupe BPCE demeure en tête de la collecte d’épargne solidaire, avec 33,3 % de parts de marché, suivi par le Crédit Agricole (20,2 %) et BNP Paribas (13,7 %). Le podium est identique pour la gestion des fonds, Mirova, la société de gestion de la galaxie de Natixis, représentant 21,8 % des fonds sous gestion.

L’année 2020, marquée par le confinement en début d’année et par la récession économique, risque néanmoins d’être plus chaotique pour la collecte. L’association Finansol compte néanmoins sur de nouvelles réglementations pour soutenir le financement solidaire. Les textes d’application de la loi Sapin 2 de 2016, relatif au Livret de développement durable et solidaire (LDDS) ont été publiés. Les fournisseurs de LDDS auront l’obligation à partir du 1er octobre de proposer aux épargnants la possibilité de faire un don aux organismes reconnus de l’économie sociale et solidaire. 

Par ailleurs, un décret de juin dernier va obliger les banques à orienter 5 % de la collecte des livrets A et LDDS non centralisée à la Caisse des dépôts vers le financement de l’économie sociale et solidaire. À plus long terme, la loi Pacte devrait également produire un effet positif sur l’épargne solidaire. Elle va obliger les distributeurs d’assurance-vie à proposer au moins une unité de comptes labellisée Finansol à partir de 2022.

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Les encours de l’épargne solidaire ont connu des niveaux records en 2019, avec une progression de 24 % par rapport à 2018. L’année 2020 s’annonce plus périlleuse en raison de la crise du Covid-19, mais plusieurs nouvelles réglementations devraient renforcer l’attractivité du financement de l’économie sociale et solidaire.

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Relancer le commerce grâce à la monnaie locale

Soumis par Anonyme le

Relancer le commerce grâce à la monnaie locale

Morgane Kubicki

Plusieurs communes ont déjà annoncé des plans de relance de la consommation avec un commun : elles s’appuient sur la monnaie locale déjà présente sur le territoire.

Quatre millions d’euros, c’est le montant que la ville de Charleroi a décidé de consacrer à la relance de la consommation. Enfin des euros, pas vraiment. Car pour s’assurer que ce montant profitera au commerce du pays noir, la ville a décidé de distribuer des Carol’Ors, la monnaie locale déjà en circulation depuis l’an dernier. C’est ainsi qu’à la rentrée, chaque habitant·e recevra dans son portefeuille un coupon d’une valeur de 20 Carol’Ors à dépenser dans les commerces locaux membres du réseau.

Mais Charleroi n’est pas la seule ville à s’être appuyé sur la monnaie locale pour imaginer un plan de relance post Covid-19. C’est justement l’épidémie de Covid-19 qui a poussé à la création d’un billet qui a un petit côté « commémoratif » à Gembloux. La ville a en effet demandé au collectif citoyen qui gère la monnaie locale de l’Orno de créer un billet de 19 Orno pour l’occasion. Un clin d’œil, mais aussi une manière d’inciter les habitant·e·s à dépenser en monnaie locale, puisqu’un billet de 19 Orno ne coûte en réalité que 10 euros à la maison communale mais permet bien de dépenser l’équivalent de 19 euros chez les commerçant·e·s de la région.

À Ath, la commune a fait plus direct : chaque Athois·e de plus de 18 ans recevra un chèque de 5 SolaToi (la monnaie locale en question) à dépenser dans les commerces locaux. À Tournai, il faudra avoir entre 18 et 25 ans pour recevoir 20 Yar, la monnaie citoyenne du Tournaisis et les dépenser parmi les prestataires.

La commune de Wellin, elle, en a profité pour rejoindre le mouvement en devenant la douzième commune à adopter l’Ardoise comme monnaie locale dans la province du Luxembourg. Elle a décidé de distribuer ces billets aux personnes ayant subi un chômage économique durant le confinement. Ils·elles sont déjà 80 à avoir profité de cette aide de 50 Ardoises, soit l’équivalent de 50 euros.

Du papier au système électronique

Vu l’ampleur de certains de ces plans de relance, il a aussi fallu revoir le format de ces « bons de soutien à l’économie locale » qui n’existaient jusqu’ici sur format papier. « Les initiatives des villes vont avoir un impact important sur la circulation des billets de monnaies locales, mais avec le système de paiement électronique, c’est une nouvelle dimension », se réjouit Nicolas Franka, responsable du développement du système de paiement chez Financité.

Le Voltî, monnaie locale condrusienne, et le Val’heureux, dans la région de Liège, s’étaient déjà lancées dans la version électronique de la monnaie locale. Le Carol’Or viennent de faire leur apparition sur nos smartphones et la Zinne, avec l’initiative de la commune de Berchem-Sainte-Agathe (lire en page 26) devrait s’y mettre bientôt.

« Le système de paiement électronique supprime le frein de l’impression des billets et de la conversion des euros, détaille Nicolas Franka. Avec son développement, nous voulons accentuer le rôle de la monnaie locale, autrement dit la faire circuler pour soutenir le commerce local. »

D’autres initiatives communales sont déjà en cours de préparation, mais elles ne sont pas les seules visées par les collectifs citoyens qui gèrent les monnaies locales. Prochaine étape : impliquer les entreprises locales en les incitant à distribuer, pourquoi pas, des chèques-cadeaux en monnaie locale à leurs employé·e·s.

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Lobby à Bruxelles : jeux d’influence sur la nouvelle stratégie européenne de finance durable

Soumis par Anonyme le
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Les acteurs européens de la finance affichent tous leur engagement en faveur de la finance durable. Mais l’analyse de leurs réponses à la consultation publique sur la stratégie renouvelée de la Commission européenne en la matière apporte quelques bémols à cette belle unité. L’Essentiel de la Finance Durable vous propose une étude exclusive à partir de l’analyse sémantique de leurs réponses, qui révèle la vraie position des acteurs du secteur.

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