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Ruée vers l'or brun

Soumis par Anonyme le

Les terres agricoles sont en proie à la spéculation financière. Enjeu et perspectives.

Après la flambée des prix des matières premières alimentaires en 2008, la crise financière a dégénéré en crise économique appauvrissant encore les populations les plus vulnérables du globe. Un milliard d'affamés réclament des mesures urgentes de réorientation des politiques agricoles, faute de quoi la situation mondiale pourrait devenir rapidement explosive.

Mais tandis que les pays riches rechignent à verser les aides promises au Programme alimentaire mondial et à débloquer des fonds pour l'aide publique au développement, une nouvelle ruée vers l’or aggrave encore le problème : investisseurs publics et privés mettent à présent le grappin sur les terres agricoles là où, obtenues à bon compte, elles permettront de dégager du profit : dans les pays pauvres ! Rien que pour l’Afrique, 20 millions d’hectares de terre ont été ainsi accaparées en 18 mois. Selon la FAO, cette surface équivaut à un dixième de l’ensemble des terres cultivées en Afrique, ou à deux fois la surface arable de l’Allemagne...(1)

La 1ère condition, si ne qua non, d'une agriculture durable est évidemment l'accès au foncier. Or depuis quelques années, différents pays ne pouvant assurer leur auto-suffisance alimentaire, délocalisent leur agriculture pour éviter d’être soumis aux fluctuations des cours des matières premières sur le marché mondial. Des états comme la Corée, la Chine, le Japon, l'Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis ne s'en cachent pas : ils ont émis des directives et mènent des négociations d'ampleur pour acheter ou louer, en leur nom propre ou le plus souvent par le biais de sociétés mixtes ou privées, des terres chez leurs voisins ou sur d'autres continents.(2)

Droit foncier et accaparement

Si certains achètent, cela signifie que d'autres vendent : là où l’on a besoin de liquidités, là où les processus démocratiques sont précaires ou inexistants... L’accaparement des terres n’est pas un phénomène nouveau. Mais si avant elles étaient prises de force, les terres font à présent l’objet de contrats auxquels il est difficile de s’opposer. Et cet accaparement atteint à présent une ampleur qui affole jusqu’aux responsables des institutions internationales. En effet, la plupart du temps, lesdits contrats sont conclus dans la précipitation, sans la moindre transparence ni aucune considération pour les intérêts des populations locales.

Le terme « accaparement » (traduction française du terme anglais landgrab) est utilisé à propos de terres, considérées comme une marchandise, qui sont achetées ou louées dans le déni des droits économiques et sociaux des populations concernées : paysans jouissant d’un droit coutumier, ou munis de titres de propriété mais se trouvant néanmoins dépossédés de leur bien.

Les droits fonciers se classent en deux catégories : ceux qui sont régis dans l’esprit de la « common law » britannique et reconnaissent une pluralité de droits, limités dans le temps. Et ceux issus du droit français républicain dit « civiliste », selon lequel le droit de propriété, absolu, peut être limité de telle sorte qu’en pratique, ces systèmes convergent par diverses pondérations.

Le système civiliste créé en France sur base des réalités de terrain, a été exporté en Afrique où le contexte était totalement différent. L’état colonial y concédait des droits qu’il s’arrogeait au départ, ce qui était une forme de compromis avec les droits coutumiers. Après les indépendances, les nouveaux états ont récupéré les droits des états coloniaux sur des terres dites nationales dont ils estiment à présent pouvoir se servir à leur guise. Le droit coutumier se trouve donc bafoué. Et au-dessus des états, le droit international est en quelque sorte volontaire puisque non assorti de sanctions. Comment réguler dans ce contexte, les contrats visant les terres en vue de faire respecter les droits économiques et sociaux fondamentaux ? Seule possibilité, selon Michel Merlet, directeur de l’association française aGter qui étudie cette question : recréer des communs(3). Pour promouvoir cette vision, il pourra compter sur Elinor Oström, qui a reçu en 2009, le Prix Nobel de l’économie pour ses travaux sur la gestion des communs...

En tout cas, selon Marc Dufumier(4), professeur à l’Institut National Agronomique de Paris, des contrats fonciers dans le contexte actuel ne peuvent pas être « win-win », comme le prétendent la Banque Mondiale et certains experts(5), tout simplement parce que les intérêts des contractants divergent. Preuve en est que la plupart des « investisseurs », ne souhaitent pas réellement investir en immobilisant des actifs. Ils préfèrent un système de baux permettant de capturer la rente et de maximiser le taux de profit, via des économies d’échelle (ex. des machines et des pesticides à la place des travailleurs). C’est pourquoi selon lui, la sécurité alimentaire ne peut être assurée que par une meilleure répartition des terres.

Emoi dans les pays concernés

Là où sont vendues ou cédées des terres agricoles, l’opinion publique est en alerte : à Madagascar, le projet du conglomérat coréen Daewoo de cultiver du maïs sur 1,3 millions d'hectares a provoqué de vastes mouvements sociaux qui ont contribué au renversement du président Ravlomanana en mars 2009. Andry Rajoelina qui lui a succédé, a dénoncé l'accord avec cette société. Mais quand les investisseurs sortent par la porte, ils reviennent par la fenêtre quelques mois plus tard...

Au Congo Brazzaville, l'opposition(6) dénonce un accord négocié par le gouvernement avec un syndicat d'agriculteurs sud-africains qui permettrait à ceux-ci de cultiver pas moins de 10 millions d'hectares – soit deux fois la taille de la Suisse – sans contreparties garantissant l'intégration de travailleurs congolais ou la préservation des forêts. Au Kazakhstan, l'ancien ministre de l'Agriculture Baltach Tursumbaev s'inquiète de l'appétit chinois pour des terres qui ne suffisent déjà pas à garantir l'approvisionnement des Kazakhes eux-mêmes(7), tandis qu'en Thaïlande, une vague d'achat de terres par des investisseurs arabes a suscité un vaste débat public et diverses mesures gouvernementales(8). Au Pakistan, qui n’arrive pas à nourrir tous ses réfugiés, des sociétés privées ont déjà racheté des milliers d'hectares pour le compte du gouvernement des Emirats arabes unis. Des journalistes s’en émeuvent(9). Au Brésil, le gouvernement tente de légiférer pour restreindre les investissements étrangers(10) tandis qu'en Colombie, des terres sont carrément arrachées par la force aux paysans pour le compte d'entreprises ou de groupes paramilitaires(11).

De nombreux pays africains sont le théâtre de cette ruée vers l'or brun : Angola, Mali, Malawi, Nigeria, Soudan cèdent leurs terres sans imposer en contrepartie des mesures qui garantiraient un échange équilibré. Les investissements dans les infrastructures ou la gestion des ressources naturelles comme l'eau, sont laissés au bon vouloir des investisseurs, s'inquiète Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation. Pendant ce temps, les ONG fourbissent leurs armes : au Kenya, FIAN est venue prêter main forte aux paysans menacés d’expulsion de leurs terres suite à un accord du gouvernement kenyan avec celui du Qatar.(12) Quant aux élus, ils commencent à donner de la voix : au Nigeria, le 10 décembre 2009, la Chambre des représentants a sommé le gouvernement fédéral d’attirer l’attention de l’Union Africaine sur cette nouvelle forme d’impérialisme et de prendre des mesures d’urgence pour stopper la vente de terres africaines aux investisseurs étrangers(13).

Dans l'hémisphère nord, les législations ne laissent pas autant de latitudes aux investisseurs étrangers. Cependant, pour parvenir à leurs fins, les états acheteurs manoeuvrent de plus en plus par le biais de sociétés privées aux activités de plus en plus diversifiées. Ce qui fait dire aux auteurs du site russe www.crisis-blog.ru qu'il s'agit bien là d'un colonialisme new look. Et que si les « simples citoyens ont peu de moyens pour influer sur ces questions agraires, le monde des affaires devrait y réfléchir et investir de telle manière que les enfants de leurs pays puissent à l'avenir continuer à marcher sur une terre qui leur appartiendra »(14).

Businessmen farmers

En Europe occidentale aussi, les terres s’achètent ou se louent de plus en plus cher. Cependant en tant qu’Européens, nous sommes surtout concernés parce que nos gouvernements tardent à réformer les règles internationales en matière d'agriculture d’une part, et d'autre part parce que nous investissons dans des produits financiers ne permettant pas de tracer l'utilisation qui est faite de notre argent.

Or des organismes financiers bien connus chez nous, sont impliqués dans cette course pour l'accaparement des terres. En octobre 2009, l’ONG GRAIN a publié une étude intitulée « The new farm owners »(15) assortie d’un tableau présentant pas moins de 120 véhicules financiers (fonds en tous genres et sociétés d’investissement) impliqués dans l’achat de terres agricoles ou prévoyant de tels investissements. Dans cette liste (qui n’est pas exaustive, précisent les auteurs), Rabobank est cité plusieurs fois, notamment pour son Rabo Farm (Food and Agri Real-assets Management), fond qui acquière et gère des exploitations agricoles en Europe. On y trouve également la Deutsche Bank et APG Investment, le plus important fond de pension des Pays-Bas (2,7 millions d’affiliés). Lequel est actif en Amérique Latine, en Australie... et bientôt en Europe également. Son gestionnaire Frank Asselbergh précise : « quand nous parlons d’investir dans l’agriculture, n’imaginez pas ces petites fermes néerlandaises dont on fait le tour en tracteur en une heure. Ce sont d’énormes parcelles, surtout en Amérique Latine. Elles ne sont pas gérées par un fermier mais par des compagnies professionnelles... »

On s’étonnera aussi de trouver dans cette liste la Raiffeisen Centrobank d’Autriche qui participe au fond Ceres, n°3 des « accapareurs » en Bulgarie (22.000 Ha). Raiffeisen est pourtant un groupe fondé sur une longue histoire de crédit mutuel, qui a permis à de nombreux paysans de sortir de la misère, au XIXe siècle.

L’accaparement des terres agricoles prend même des allures opportunistes avec des fonds baptisés « Climate change » ou « Gaia ». Qu’on ne s’y trompe pas : ces noms « tendance » cachent parfois des pratiques très éloignées des critères de l’agriculture durable soucieuse du bien commun !

Conclusion

Au lieu de mettre l’agriculture paysanne en concurrence avec l’agro-industrie, ne faudrait-il pas lui reconnaître sa fonction socio-économique primordiale – nourrir le monde dans le respect de l’environnement - et protéger les marchés en conséquence, via les droits de douane et les politiques de prix. En permettant à la paysannerie mondiale de s’enrichir et de s’équiper, on la stabiliserait ce qui aurait aussi pour effet de réduire l’intérêt que représente l’accaparement des terres.

En attendant, chacun peut interpeller ceux qui gèrent l’argent que nous plaçons, qu’il s’agisse de fonds de placements, d’épargne pension, d’assurance groupe ou de compte d’épargne. Ou, plus résolument, il est possible d’opter pour des produits financiers permettant de développer une agriculture durable, tant pour les paysans que pour l'environnement et notre santé, au nord ou au sud de la planète(16).

Antoinette Brouyaux,
Décembre 2009
 

1« La situation des marchés des produits agricoles 2009: Flambée des prix et crise alimentaire – expériences et enseignements », Rapport FAO 2009, http://www.fao.org/docrep/012/i0854f/i0854f00.htm

2Chen Qianheng, Zhang Lihua, Wang Jinjing, « Objectif n°1 : sortir des frontières », article paru dans Guoji Jingji Hezuo, Pekin, extraits traduits en français dans le Courrier International n°991 du 29/10 au 4/11/09, dossier « Touche pas à mes terres, le sud face à la razzia des pays riches » & nombreux autres articles sur cette problématique, pp. 36 à 43.

3Exposé de Michel Merlet lors de la conférence Défis Sud/Louvain Coopération au développement le 17/11/09 à Louvain-la-Neuve : « Comment nourrir le monde si les paysans n’ont pas de terres ? », cf. http://www.agter.asso.fr/ - Photo de l’affiche annonçant l’expo : paysan du Bengladesh arborant son titre de propriété et néanmoins chassé de sa terre : http://www.sosfaim.be/pdf/fr/ds89/Affiche_Terres_accaparement_Defis_Sud.pdf

4Exposé de Marc Dufumier lors de la conférence Défis Sud/Louvain Coopération au développement le 17/11/09, ibid.

5Ludger Schadomsky, « Foreign investment presents an opportunity to Africa », 2009 http://farmlandgrab.org/9649 - le blog de l’ONG GRAIN http://farmlandgrab.org permet de suivre l’actualité de l’accaparement des terres.

7Sultan-Khan Akkulyuly, « Nos dirigeants cèdent tout à Pekin », Neonomad.kz, trad. Courrier Int., ibid., p.39

8Tom Spender, « Barrage contre la déferlante arabe », The National, Abou Dabi, trad. Courrier Int., ibid., p.41

9Syed Mohammad Ali, « Les paysans pakistanais victimes de l’opération », Daily Times, Lahore, trad. Courrier Int., ibid., p.42

10Maira Magro, « Ne nous laissons pas envahir ! », Istoé, Sao Paulo, trad. Courrier Int., ibid., p.43

11« Paysan, un métier à haut risque », Cambio, Bogota, trad. Courrier Int., ibid. p. 27

12Florence Kroff, « Les paysans luttent pour leur terre », FINANcité magazine n°16, Réseau Financement Alternatif, 2009

13Onwuka Nsezhi, « Nigeria: House seeks removal of FCT Minister », Blog GRAIN, ibid.,  http://farmlandgrab.org/9679

14« Un colonialisme new-look », crisis-blog.ru, trad. Courrier Int., ibid. p. 37

15Actualisation en octobre 2009 de l’étude de GRAIN parue en octobre 2008, « Main basse sur les terres agricoles en pleine crise alimentaire et financière », http://www.grain.org/articles/?id=55 

16Antoinette Brouyaux, « Agriculture : quels financements ? », Réseau Financement Alternatif, décembre 2009.

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14
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14/12/2009
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Décembre

Gate Gourmet, sauce cannibale

Soumis par Anonyme le

22, v’là les private equity funds !

 

Qu’est-il arrivé à Gate Gourmet ? Cette division de catering aérien de Swissair a été rachetée en 2002 par la société de capital privé Texas Pacific Group. Ce « private equity fund » est l’exemple type du fonds de capital risque investissant directement dans des entreprises privées pour en retirer un rendement maximum. On compte, parmi les investisseurs de tels fonds, des caisses de retraite privées et publiques, des banques commerciales,

des banques d’affaires, des compagnies d’assurances, des personnes fortunées, des fondations...

Ces investisseurs entendent obtenir à court terme des gains bien plus élevés qu’en Bourse. Faute de réglementation adéquate, les fonds d’investissement privé peuvent investir comme bon leur semble et s’endetter de manière illimitée, sans aucune obligation de transparence. Leurs gestionnaires sont stimulés par des commissions et salaires élevés. C’est pourquoi les salariés et syndicats d’une entreprise rachetée par un private equity fund, ont toutes les raisons de s’inquiéter. Ainsi, le Texas Pacific Group a financé le rachat de Gate

Gourmet principalement par endettement, afin de restructurer la société, en vue d’une sortie très lucrative. Il lui fallait donc réduire drastiquement les coûts.

Collision frontale

Au Royaume-Uni, le plan consistait à réduire d’un tiers les effectifs. En Allemagne, il s’agissait de réduire les coûts salariaux de 25 % à Dusseldorf et de 20 % dans les autres établissements. La collision frontale avec les syndicats
était inévitable... Le premier choc eut lieu à l’aéroport d’Heathrow au Royaume-Uni, avec l’embauche secrète par la société de centaines de travailleurs contractuels au beau milieu des négociations collectives. L’offensive antisyndicale s’est ensuite déplacée vers l’aéroport de Dusseldorf en Allemagne, où la société a exigé des concessions sur les heures de travail, les congés et les primes de quart. En octobre 2005, le syndicat des travailleurs de l’alimentation entame une grève de huit semaines. Un compromis est négocié entre le syndicat et la direction locale début décembre 2005. Ce règlement est rejeté unilatéralement par la direction générale de Gate
Gourmet après l’intervention de Texas Pacific Group... Le conflit n’a été réglé qu’en avril 2006, après une grève de six mois. Unis et déterminés, les syndiqués ont pu éviter que la masse salariale soit réduite de 10 %, comme exigé par la société.

Capital-risque... Pour qui ?

Tout comme les hedge funds (fonds d’arbitrage), les private equity funds sont devenus en très peu de temps détenteurs d’énormes masses de capitaux, ce qui les rend incontournables. Ils touchent maintenant de grandes

entreprises, des industries, des marques grand public et même des entreprises liées aux services publics. Autorités financières, banques centrales et gouvernements ne savent comment limiter l’appétit de ces investisseurs voraces

qui privilégient les gains à court terme. Car pour financer le rachat d’entreprises par endettement, il faut un rendement élevé puisqu’il s’agit d’extraire le maximum de valorisation sur une courte période avant de

revendre l’entreprise (ou ce qu’il en reste) et d’empocher au passage une prime substantielle. D’où les réorganisations constantes, la baisse des investissements productifs, une gestion à court terme systématique, une augmentation de la sous-traitance, des ventes et fermetures effectuées sans égard pour la productivité

ou la rentabilité, une détérioration des conditions de travail, une diminution de la sécurité d’emploi, des employeurs invisibles...

Enfin, le financement par endettement a un effet de levier qui menace la stabilité des systèmes financiers internationaux et la durabilité des économies nationales, au Nord comme au Sud.

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Quand des investisseurs insatiables sucent la moelle d'une entreprise... En bref : Quand un fonds d'investissement privé rachète une entreprise, c'est surtout l'entreprise qui risque sa survie ! Le cas de Gate Gourmet, racheté par le Texas Pacific Group...

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Le Réseau Financement Alternatif adhère à la plate-forme Palestine occupée – Dexia impliqué

Soumis par Anonyme le

L'entreprise Dexia Israël Public Finance Ltd étant impliquée dans le financement de colonies dans les territoires occupés en Palestine, le RFA rejoint la plate-forme "Palestine occupée – Dexia impliqué", visant à interpeller cette société qui a son siège en Belgique.

Ce mercredi 13 mai 2009, après une interpellation par des actionnaires à assemblée générale de Dexia SA, cette plate-forme a organisé un rassemblement devant le siège de Dexia Place Rogier à Bruxelles.

La plate-forme qui regroupe désormais diverses ONG, syndicats, 26 communes et une province, demande à l'entreprise d'arrêter de financer illégalement la colonisation israélienne des territoires occupés palestiniens. Elle s'adresse aussi aux actionnaires de Dexia SA, parmi lesquels figurent les Autorités belges, en leur demandant de prendre les mesures indispensables pour mettre un terme à cette situation.

Pour toute information sur cette campagne : www.intal.be

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Cahier FINANcité n°10 : Prévention de l'exclusion financière en Europe - Deuxième partie

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Cahier FINANcité n°11 : Développer des partenariats entre acteurs publics, privés et ONG

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Décembre

Cahier FINANcité n°12 : Définition d'une norme légale d'investissement socialement responsable

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Cahier FINANcité n°9 : Prévention de l'exclusion financière en Europe - Première partie

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Novembre

La monnaie, à l'image des écosystèmes : plus de diversité S.V.P. !

Soumis par Anonyme le

Bernard Lietaer, comment voyez-vous la crise financière ?

Je la compare à une voiture sans freins avec laquelle on devrait traverser les Alpes. Peu importe où surviendra l’accident, il est inévitable. Ainsi, depuis 1975, notre système monétaire a connu 96 crises bancaires et 176 krachs monétaires. Il est, comme cette voiture sans freins, systématiquement instable. Qui ose le dire ? On parle des trous dans la route, on change de conducteur... Bref, toutes les solutions avancées sont des emplâtres sur une jambe de bois.

Quelle solution proposez-vous ?

Je préconise la création de monnaies complémentaires qui permettent de compenser les failles d’un système dominant et monopolistique. L’expérience des monnaies complémentaires existantes a montré qu’elles « respirent » en contre-cycle par rapport à l’économie en monnaie conventionnelle. Quand celle-ci se porte bien, les systèmes complémentaires restent marginaux. En période de récession, ils se développent parce qu’ils facilitent la poursuite de l’activité économique. Un bon exemple est le WIR, en Suisse. La Suisse est un État capitaliste assez conservateur. Cela n’a pas empêché une poignée d’entrepreneurs – ils étaient seize, en 1934 – de créer une monnaie complémentaire permettant aux entreprises membres de se faire crédit l’une à l’autre. 75 ans plus tard, les membres du WIR sont 75 000 et leur coopérative est devenue une banque. Il a été démontré que cet instrument joue un rôle important dans la stabilité de l’économie suisse.

Vous dites bien « monnaie complémentaire » ?

Oui, car je ne préconise pas une grande révolution, mais plutôt le développement de systèmes qui se développent spontanément en cas de récession. C’est en ce sens qu’une crise représente une opportunité. Je ne suis pas contre d’autres solutions comme les nationalisations ou la régulation, mais la régulation ne va pas supprimer les crises, elle ne peut qu’en réduire la fréquence. Quant à des transformations plus radicales, elles rencontrent la résistance des lobbies financiers, d’où la difficulté de les mettre en oeuvre. Donc, les monnaies complémentaires existent déjà ?

Oui, et ce n’est pas nouveau, même si on en entend peu parler. On ne compte plus aujourd’hui les systèmes à usage commercial de type « chèque repas », points bonus des grands magasins ou autres. Quant aux systèmes présentant une dimension sociale – banques de temps comme les services d’échanges locaux (SEL) ou les monnaies fondantes visant à favoriser l’économie sociale et les échanges locaux – il y en a au moins 5000 dans le monde, d’échelles différentes (1). En Allemagne, il y a 63 monnaies régionales dont 30 sont déjà opérationnelles, l’exemple le plus connu étant le Chiemgauer. Les Autrichiens sont aussi très actifs. Pour la France, on peut citer le SOL... Ces expériences dans les pays voisins sont plus facilement transposables à notre réalité que celles, fort intéressantes par ailleurs, des pays du Sud (2).

Quelles sont les conditions de leur succès ?

Pour pouvoir fonctionner au mieux, une monnaie – qui est une convention sociale basée sur la confiance – doit être gérée de façon rigoureuse et transparente. Ceci est vrai aussi pour les monnaies nationales ! Quand ce n’est plus le cas, comme aujourd’hui au Zimbabwe, la monnaie dévalue fortement. La valeur ajoutée des systèmes à vocation sociale, c’est leur impact sur la société. Toute technologie qui change les relations entre les gens a le pouvoir de changer la société : ce fut déjà le cas avec l’écriture, la voiture, l’ordinateur et Internet... La monnaie représente un réseau complexe où tout est interconnecté, c’est pourquoi on peut le comparer aussi aux écosystèmes et s’inspirer de leur fonctionnement.

On pourrait donc appliquer le biomimétisme à l’économie ?

Effectivement ! Pour ma part, je me base sur vingt-cinq années de recherches menées avec des confrères américains (3) qui ont permis de comparer le flux de la monnaie à celui d’autres types de réseaux dynamiques comme la biomasse, les réseaux électriques ou le système immunitaire. Leur durabilité n’est possible qu’à certaines conditions. La recherche de l’efficacité a tendance à gommer la diversité et la richesse des interconnexions. Cela appauvrit le système, le rend plus vulnérable. La résilience, qui est fonction de la diversité couplée à l’interconnectivité, rend un système moins efficace, mais plus robuste. Entre ces deux pôles, on peut déterminer un point d’équilibre que nous avons nommé la « fenêtre de viabilité ». L’effet d’une monnaie parallèle est de revenir vers plus de résilience.

Les monnaies parallèles permettent-elles de combattre la pauvreté ?

Oui, car si la pauvreté est généralement définie en termes de revenus, la richesse est, elle, plutôt évaluée en actifs, ce qui crée une distorsion. C’est tout le problème de la concentration du capital. Si l’on considère qu’à côté du capital financier il y a aussi le capital humain (la capacité de travail, la compétence...) et le capital social (les réseaux sociaux, l’entourage), on peut aider des pauvres à s’en sortir. C’est ce qu’a démontré la pratique de la microfinance, tout comme celle des monnaies complémentaires. Pour ma part, j’ai suggéré qu’en Inde on crée un outil d’épargne basé sur les arbres – qui croissent en taille, et donc en valeur, pour permettre à des petites gens de constituer une épargne (4).

... Et en Belgique ?

À présent, le gouvernement flamand s’intéresse à un projet qui pourrait démarrer à Anvers et à Gand, avant d’être étendu à d’autres régions. Je travaille à ce projet avec Netwerk Vlaanderen. Concrètement, il s’agira d’une carte à puce multifonction, qui permettra de comptabiliser des services entre entreprises ou particuliers, services commerciaux autant que sociaux. Nous voulons ancrer cette initiative dans des communautés existantes et être à l’écoute de leurs besoins, pour que cette initiative ne soit pas seulement top-down mais aussi bottom-up.

Un autre projet est à l’étude, avec un réseau de villes européennes, dont Bruxelles. Il s’agirait d’une monnaie « carbone », visant la réduction des émissions de CO2. Si la Région wallonne veut également se lancer, je suis à sa disposition !

Propos recueillis par Antoinette Brouyaux

(1) Cf. notamment le dossier« Monnaies complémentaires » du FINANcité Magazine nº 8.

(2) Bernard Lietaer et Margrit Kennedy, Monnaies régionales, de nouvelles voies vers une prospérité durable, éd. Charles Léopold Mayer, 2008.

(3) Bernard Lietaer, Robert Ulanowicz & Sally Goerner, « White Paper on the options for managing systemic bank crises », décembre 2008, étude disponible sur www.lietaer.com

(4) Marek Hudon et Bernard Lietaer : « Natural Savings : A New Microsavings Product for Inflationary Environments. How to Save Forests with Savings for and by the Poor ? », in Savings and Development, Fall 2006.

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Bernard Lietaer travaille dans le domaine des systèmes monétaires depuis 30 ans. Après avoir exercé le métier de banquier central, il a été enseignant et consultant. Son livre, Le Futur de la monnaie, publié en 1999, a été traduit en 18 langues. À présent, après avoir écrit avec Margrit Kennedy Monnaies régionales, nouvelles voies vers une prospérité durable, il revient au pays pour mettre en oeuvre, en Flandre, une monnaie alternative !

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Mars

FINANcité Magazine n°13 : Quelle(s) banque(s) voulons-nous ?

Soumis par Anonyme le
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Cahier FINANcité n°17: Apprentissage mutuel en matière d'inclusion financière

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Mars