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David à l'assaut de Goliath

Soumis par Anonyme le

En bref

  • Les banques éthiques ont vu le jour à partir des années 70.
  • L'ISR n'a cessé de prendre de l'ampleur depuis.
  • Mais la qualité des produits dits « éthiques » est souvent douteuse.

L'investissement socialement responsable ( ISR ) est une pratique chère aux banques éthiques. Il consiste à placer son épargne dans des entreprises ou États qui, au-delà de critères financiers traditionnels, respectent des valeurs sociales et environnementales précises. La sélection se fait sur la base de critères d’exclusion ( refuser d'investir dans certains domaines ) ou de critères positifs ( privilégier certains domaines d'investissement ).1
Aujourd'hui, face aux dégâts causés par la finance casino, l'ISR se profile de plus en plus comme l'option innovante et incontournable pour placer son argent.

Banques éthiques en Europe et chez nous

En Europe, on recense actuellement une bonne trentaine d'institutions financières éthiques, même si toutes n'ont pas le statut bancaire. Elles se caractérisent par le fait que tous leurs investissements respectent des critères sociaux et environnementaux. Elles se répartissent sur 13 pays de l'Union européenne, recueillant environ 35 milliards d'euros au total 2 et totalisant 650 000 associés. Ces chiffres restent toutefois une goutte d'eau dans
l'océan bancaire. Chez nous, une seule banque éthique est présente sur le marché depuis 1993 : Triodos.
Deux grandes stratégies sont développées par les banques éthiques : s'immiscer sur le marché bancaire classique avec une offre 100% éthique et tenter de l'influencer. L'autre stratégie consiste à vouloir grandir suffisamment pour rivaliser d'égal à égal. Aujourd'hui, force est de constater qu'aucun de ces objectifs n'est atteint.

L'éthique des banques classiques

En 1984, sous la pression du secteur associatif, apparaissait le premier produit bancaire ISR : le compte d’épargne Cigale. En 1992, c'est au tour des premiers fonds de placement ISR de voir le jour dans nos banques. Leur évolution en termes de quantité et de capitaux n'a cessé d'augmenter depuis lors, mais est très fortement liée à la politique commerciale générale de la banque. En 1992, le volume de capitaux s'élevait à 44 millions. À la fin 2000, ce chiffre dépassait le milliard d'euros notamment suite à la poussée de Bacob qui incita ses clients à investir dans les produits ISR qu'elle proposait. Aujourd'hui le marché ISR belge se compose d’environ 1089 produits financiers 3, dont pas moins de 340 fonds de placement ISR et 7 comptes d'épargne. Le reste des produits sont des parts dans des sociétés ou coopératives à finalité sociale. Le volume total des capitaux s'élève à environ 15 milliards d’euros, ce qui représente 3,4 % de parts de marché, soit un chiffre encore trop faible pour peser sur les lignes directrices des grandes institutions financières. Pourtant, la part de marché des fonds ISR continue d'augmenter ( 9 % en 2011, contre 7,2 % en 2009 ). Ce qui prouve que la demande est bel et bien là. Ce volume de capitaux dépend bien entendu de la stratégie commerciale des grandes banques : Dexia, leader historique sur ce secteur pendant de nombreuses années, s'est fait supplanter en 2005 par KBC qui a inclu réellement l'ISR dans sa stratégie commerciale, avec pour résultat 60 % de parts de marché pour KBC, plus de 6 milliards d'euros, contre 15 % pour Belfius ( anciennement dénommée Dexia ) en 2011.

Greenwashing ou solution durable ?

Selon le dernier rapport ISR en Belgique, la note qualitative moyenne de ce marché a augmenté en 2012, passant de 5,8/100 ( 2010 ) à 6,4/100 ( 2011 ) ... Cette faible note s'explique par le fait que 73 % des fonds cotés ont obtenu 0 point car, étant des produits structurés, bien qu'ils soient ISR à leur conception, ils ne garantissent aucunement la qualité ISR dans le temps. Sur les fonds restants, seul un fonds dépasse la barre des 60/100 4. De là à conclure que la grande majorité des produits ISR sont du greenwashing, il n'y a qu'un pas. Difficile donc pour l'investisseur, engagé ou non, de s'y retrouver (5). Pourtant, le label indépendant Ethibel, créé en 1992, était un gage de qualité pour les produits ISR. En 2002, les grandes banques commerciales se sont retirées du label, estimant être en mesure d'évaluer elles-mêmes ... les entreprises dans lesquelles elles investissent. En l'absence de contrôle externe, il n'est pas rare de retrouver, dans ces fonds de placement, de grandes multinationales ( BP, France Telecom ... ) ou encore des sociétés financières dont une partie de l'activité peut être mise en avant comme socialement responsable. Pour ces dernières, on ne tient pas ou peu compte du réinvestissement possible ! En l’absence d'un cadre juridique délimitant le concept, chaque institution financière, association ou fédération est libre d’en établir une définition propre ... C'est pourquoi FairFin et le Réseau Financement Alternatif exigent
une norme minimale ISR inscrite dans la loi. Actuellement, deux propositions de loi existent pour introduire cette norme de qualité. Elles sont dans les mains du Parlement. Le travail et la percée des banques éthiques en Europe ne peut qu'être encouragé, mais il en faudra plus pour réellement influencer tout le secteur. Aujourd'hui, l'ISR représente moins de 4 % du marché. Si demain, il atteint 20 ou 30 % de parts de marché, les aspects sociaux et environnementaux deviendront incontournables pour les banques, les entreprises et les États ; mais, espérons-le, aussi pour les épargnants qui, par leurs demandes de rentabilité financière, mais aussi sociale ou environnementale, détiennent une des clefs de la solution. La crise actuelle qui touche durement « les plus faibles du système » découle directement de l'irresponsabilité du secteur financier, nous laissant présager un combat de David contre Goliath encore long et parsemé d’embûches avant que la finance ne serve réellement les intérêts de tous plutôt que ceux de quelques-uns.

1. Bernard Bayot, « Finance : l'éthique et la solidarité en prime », RFA, 2009. Analyse en ligne sur financite.be.
2. BAYOT, B., Crise financière et modèles bancaires, RFA, octobre 2012.
3. Rapport sur l'investissement socialement responsable 2012, Réseau Financement Alternatif
4. Ibid.
5. Retrouvez la cotation de l'ensemble des produits ISR sur financite.be, rubrique « Produits financiers ».

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Si la qualité des banques éthiques est à souligner, si celles-ci ont mieux résisté à la crise, force est de constater que leur influence reste marginale.

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29/09/2012
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Septembre

Banques de dépôt VS banques d'affaires

Soumis par Anonyme le

En bref

  • La séparation des métiers bancaires semble une évidence.
  • C'était déjà le cas avant.
  • Aujourd'hui, des clients, des syndicats, des banquiers opposent leurs arguments.

On est mariés

Les banques ont beaucoup de fonctions différentes. Toutes liées à l'argent. Elles reçoivent des capitaux que des clients mettent en dépôt et accordent des prêts. C'est le métier de base de la banque, qu'on nomme tout naturellement banque de dépôt. À côté de ça, les banques d'investissement mènent toute une série d'autres activités sur les marchés financiers : elles émettent des emprunts obligataires, s’occupent d'introduction en Bourse, gèrent les fusions-acquisitions ...

On se sépare ... mais non

Le mélange des genres n’est pas une nouveauté. Dans l'Amérique d'avant le krach de 29, c'était déjà le cas. Après la crise, le législateur étasunien a lancé le Glass-Steagall Act. Cette loi a instauré une incompatibilité entre les métiers de banque de dépôt et de banque d'investissement. La loi a été abrogée en 1999. En Belgique, les banques mixtes ont pris fin en 1935, lorsqu'un arrêté a imposé que les actions d'investissement soient placées dans un holding ou société de portefeuille. Depuis 1975, une loi a rapproché le statut des banques et celui des caisses d’épargne privées et, depuis 2004, les banques peuvent également traiter des activités d'assurances.

Et finalement ?

À nouveau, de nombreuses voix s'élèvent en faveur de la séparation des métiers bancaires. Pour n'en citer que quelques-uns, Paul Volckers ( conseiller du président Obama et ex-président de la Réserve fédérale ) ou Mervyn King, gouverneur de la banque d'Angleterre, sont du même avis. En Belgique, la commission spéciale chargée d’examiner la crise financière et bancaire en 2009 a notamment recommandé la réintroduction d’une séparation claire entre la banque de dépôt et la banque commerciale. Au niveau européen, un groupe de travail rendra son rapport en octobre. Mais d'ici là, le lobby de l'industrie financière fait rage (1).

Qu'est-ce qui bloque ?

Pour les détracteurs de la séparation, plusieurs arguments sont mis en avant. L'imbrication totale des systèmes financiers rend quasiment impossible techniquement la séparation. Le coût du crédit aux particuliers et aux entreprises risque de fortement augmenter car les banques retirent principalement leurs bénéfices de leurs activités d'investissement. Enfin, certains avancent que la séparation n'y changera rien. Ils rappellent que Lehman Brothers, la première banque à avoir fait faillite était purement une banque d'investissement. A contrario, des banques comme Northern Rock qui ont connu de grandes difficultés étaient strictement des banques de dépôt. Or c'est précisément parce que des banques de dépôt ont prêté à des banques d’investissement que la crise financière s'est propagée à l'ensemble de la planète. Très logiquement, une interdiction de cette pratique éviterait aux banques de détail de se trouver en difficulté à cause d’investissements réalisés pour fonds propres dans des produits hautement risqués. À tout prendre, les anti-séparatistes verraient plutôt des banques universelles, soit des grosses structures qui proposent l'ensemble des services mais qui soient suffisamment grosses pour supporter les chocs financiers et pour lesquelles on aura renforcé les règles prudentielles ( voir p.7 ) pour éviter que les activités d'investissement de la banque ne viennent mettre en péril les activités de dépôt. Parmi ces anti-séparatistes, on trouve les banques, bien sûr, mais également les clients parfois ( les grandes entreprises, p. ex. ) car ils bénéficient de ces montages. Leurs dépôts peuvent servir de garantie pour des opérations de marchés qui couvrent leurs financements. Et les syndicats (2) eux-mêmes s'opposent à la séparation, craignant les pertes d'emplois au sein du secteur. En Angleterre, le rapport Vickers préconise une « simple filiarisation » entre banque de dépôt et banque d'investissement d'une même banque. C'est d'ailleurs dans cette voie que s'engagera la Grande-Bretagne à partir de ... 2019. D'autres voudraient aller plus loin et revenir à une séparation stricte telle que l'exigeait le Glass-Steagall Act, où les actionnaires de la banque de dépôt et de la banque d'investissement d'une même banque doivent être totalement différents. Aux États-Unis, la loi Dodd-Frank prévoit, entre autres, d'interdire aux banques de spéculer pour leur compte propre. Mais les lobbyistes et l'inventivité des financiers pour créer de nouveaux produits semblent fortement freiner son application. La spéculation, l'instabilité des marchés existeront probablement toujours. Par contre, le minimum que l'on puisse demander est que les spéculateurs ­ qui réalisent leurs investissements en toute connaissance de cause ­ supportent à eux seuls les risques qu'ils prennent et que les pertes qu'ils réalisent ne pénalisent pas les autres activités classiques de dépôt et de crédit. Actuellement, les lobbys financiers en Europe et aux États-Unis font tout leur possible pour que la séparation stricte des métiers ne se résume qu'à l'interdiction de quelques activités financières spécifiques très risquées au sein des banques universelles. Il est à parier que toute la négociation se trouve dans la définition d'« activités financières spécifiques très risquées ».

1. François Hollande, à la veille de son élection, promettait la séparation des banques. Depuis son élection et la levée de boucliers des banquiers français, il a fait marche arrière.
2. Les syndicats français, par exemple.

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Séparer les banques de dépôt et d'investissement semble être la solution évidente pour prémunir les petits épargnants de la crise et empêcher qu'ils ne soient atteints par les déboires de leurs établissements financiers. Si tout le monde est d'accord, qu'attend-on ?

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Septembre

Quand la soif de profit déshydrate les populations

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • La contestation citoyenne a permis de limiter les dégâts de Coca-Cola sur l'eau en Inde.
  • En Argentine, la privatisation de la gestion de l'eau a fait exploser les prix.

Coca-Cola made in India

La multinationale Coca-Cola s'est installée pour la première fois en Inde en 1977, mais fut rapidement expulsée du pays, car elle refusait, contrairement à l'obligation légale, de publier la liste de ses ingrédients. En 1991, cette obligation tomba et Coca-Cola vint se réinstaller dans la péninsule indienne.

Dans plusieurs États indiens, les populations locales ont accusé l'entreprise d'utiliser l'eau de manière totalement déraisonnée et d'assécher les nappes phréatiques. En 2005, Coca-Cola pompait chaque jour de 1 à 1,5 million de litres d’eau(1). Au Kerala, un État du sud de l'Inde, bien que Coca-Cola ait négocié des contrats avec les autorités locales limitant les quantités d'eau qui pouvaient être extraites, la firme a très vite augmenté les pompages et creusé de nouveaux puits.

La firme a également été accusée d'utiliser de l'eau contaminée pour produire ses boissons et de ne pas la dépolluer avant de la rejeter. D’après Coca-Cola, la présence de pesticides dans les nappes phréatiques n'était pas causée directement par ses activités, mais bien par l'épandage, par les paysans, de pesticides sur les terres arables. Pourtant, la responsabilité de la société commerciale est bien établie. Jusqu'il y a peu, la multinationale vendait (puis offrait) les boues contaminées issues de la fabrication du soda aux paysans, qui s'en servaient comme engrais, ce qui avait pour effet d’aggraver le phénomène de pollution des nappes phréatiques. Un combat juridique, qui devait durer près de vingt ans, s’est alors engagé entre la population locale, soutenue par les autorités régionales, et la compagnie.

Victoire citoyenne

Depuis 2000, des femmes du Kerala se sont organisées pour lutter contre l'entreprise. Des paysans ont porté plainte et exigé de Coca-Cola la protection des sources d’eau potable, des mares et des réservoirs ainsi que l’entretien des voies navigables et des canaux en contrepartie des dégâts causés par l'entreprise. Les tribunaux locaux du Kerala ont alors décidé de retirer la licence de pompage à Coca-Cola, mais la décision n'a pas été suivie d'effets. En 2003, les femmes ont poursuivi leur lutte et ont organisé des sit-in autour des usines après que le gouvernement a déclaré les eaux de la région impropres à la consommation. Ces mouvements citoyens ont perduré. Des dizaines d'autres chaînes humaines se sont formées autour des usines de Coca et Pepsi-Cola. En 2004, enfin, le gouvernement a fait fermer l'usine du Kerala et, en 2010, la société a été condamnée à payer une indemnisation au gouvernement. Pour le magistrat qui a fait passer la décision, l'eau est un bien public, elle ne peut être utilisée à des fins commerciales, et ce, même en l'absence d’une loi régissant l’utilisation des nappes phréatiques. Depuis lors, Coca-Cola tente d'améliorer sa gestion d'eau en Inde, en installant des citernes de récolte d'eau de pluie, en diminuant la consommation d'eau pour la production de ses boissons et en arrêtant de redistribuer aux paysans des boues contaminées.

Le cas argentin

Dans les années 90, des pressions internationales de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et des États-Unis, poussèrent le gouvernement argentin à privatiser ses entreprises publiques. La gestion de l'eau était, à ce moment, lamentable : les pertes en eau sur le réseau dues aux fuites flirtaient avec les 50 %, les coupures étaient fréquentes en été, le traitement des eaux usées laissait à désirer et 30 % de la population n'avait tout simplement pas accès au réseau de distribution. Dès que la privatisation fut annoncée, en 1993, le prix de l'eau augmenta. Cette hausse tarifaire permit au gouvernement de mieux faire accepter son plan de privatisation en faisant miroiter une diminution des prix et une amélioration du réseau de distribution. En 2003, une filiale de Suez, Aguas ArgentiArgentinas, remporta le marché. Et de fait, l'entreprise diminua le prix de l'eau et promit d'investir pour améliorer le réseau de distribution et la récupération de l'eau. Le modèle argentin était alors encensé par la Banque mondiale. L’idylle fut de courte durée. Six mois après la privatisation, Aguas Argentinas négocia avec le gouvernement une hausse des prix en arguant du fait que les coûts d'entretien et de réparation étaient plus importants que ceux convenus dans le contrat de base. La facture d'eau des consommateurs – qui ne virent, du reste, pas vraiment arriver les améliorations promises en termes de densification du réseau de distribution et de qualité de l’eau – augmenta de 42 % entre 93 et 2001. En 2005, face à la pression de la population, qui manifesta dans la rue contre la firme argentine, mais aussi à cause de la crise économique qui fit exploser la dette de l’entreprise privée(2), Suez a décidé de quitter le pays et de revendre sa filiale à deux fonds d'investissement. Depuis lors, Suez hésite fortement à investir dans des pays en voie de développement.

Possible en Belgique ?

Les entreprises désireuses de s'installer sur le sol belge sont contraintes de suivre les directives européennes en matière d'usage de l'eau et de pollution. La première directive, celle-là même qui relaie le principe du consommateur-payeur (2000/60/CE), définit également les conditions d'utilisation durable et raisonnée de la ressource, afin de garantir une eau de qualité pour le futur et de s'assurer que les réserves ne s'épuisent pas. La deuxième directive (2008/1/CE) traite de la pollution des nappes phréatiques, pollution issue notamment de l'exploitation industrielle. Par ailleurs, nos mandataires publics siégeant aux conseils d'administration des intercommunales ont des comptes à rendre à leurs électeurs, et les entreprises privées doivent consulter les intercommunales et obtenir l'accord de la Région avant de puiser le moindre litre d'eau. Il est donc peu probable, par exemple, que le rachat de Chaudfontaine par Coca-Cola en Belgique conduise à des dérives telles que celles observées en Inde. La question est plus délicate en ce qui concerne la privatisation de la gestion. Si la production et la distribution de l'eau sont entièrement aux mains des autorités publiques en Belgique, il n'en va pas de même au niveau de l'épuration. Bruxelles a déjà fait les frais de cette délégation au privé en 2010.

* Cet article est basé sur une analyse d'Antoine Fain, Quand la soif industrielle déshydrate les populations, mars 2012, Réseau Financement Alternatif. Disponible sur www.financite.be, rubrique bibliothèque.

1. « Les femmes du Kerala contre Coca-Cola », dans Le Monde diplomatique, www.monde-diplomatique.fr/2005/03/SHIVA /11985.
2. La crise économique qu'a connue l'Argentine entre 1998 et 2002 a entraîné la rupture de la parité pesos/dollars. Ceci a eu pour conséquence de faire exploser la dette d'Aquas Argentinas en dollars.

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En Inde, Coca-Cola est accusé d'assécher les nappes phréatiques. En Argentine, une société privée gère la distribution de l'eau. Dans les deux cas, le gouvernement s'en mord les doigts tandis que la société civile paie les pots cassés.

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2012
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17
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17/03/2012
Mois d'édition
Mars

Cahier FINANcité n°19: Rapport ISR 2010

Soumis par Anonyme le
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2010
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09/2010
Mois d'édition
Septembre

C3, la monnaie des commerçants

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Stimuler les échanges entre PME au moyen d'un réseau d'entreprises.
  • S'attirer et fidéliser une nouvelle clientèle.
  • Pallier le manque de liquidités des PME.

Convertible en monnaie nationale, le C3 se veut un nouvel outil pour favoriser les activités des PME et donc renforcer l'économie locale et l'emploi. Il s'agit en effet d'une monnaie complé-mentaire, mais dont l'objectif est avant tout commercial, notamment en favorisant la rencontre de l'offre et de la demande au sein d'un réseau d'entreprises et en s'attirant une nouvelle clientèle à moindres frais. Mais c'est surtout une possibilité pour les PME de trouver un financement moins onéreux pour développer leurs activités. C'est en quelque sorte une seconde ligne de crédit au regard du système de financement traditionnel.

Contrer le manque de liquidités

Le principal objectif du circuit de crédit commercial est de pouvoir pallier le manque de liquidités qui est un casse-tête comptable pour toutes les PME. En effet, celles-ci doivent généralement payer leurs fournisseurs dans les 30 jours alors qu’elles ne reçoivent le paiement de leurs clients que dans les trois mois qui suivent. Ce qui signifie qu'à défaut de liquidités suffisantes, les PME doivent absolument recourir à une ligne de crédit. Dans un réseau C3, ce que l'on considère comme du crédit n'est en fait qu'un système d'échange dans une monnaie alternative, avec une possibilité de descendre en négatif sur le compte exprimé dans cette monnaie. De plus, si le fournisseur et le client sont dans le système, le paiement est immédiat.

Le WIR en Suisse

Prenons le cas du WIR 1 en Suisse (Wir signifie « nous » en allemand), qui est un bel exemple de monnaie complémentaire commerciale. Le WIR est né en 1934 à l’initiative de quelques entrepreneurs qui, bloqués par le manque de liquidités en francs suisses lors de la grande crise, ont dû faire preuve de créativité pour ne pas perdre leur entreprise. Le problème était simple : comme lors de toute crise, l'argent était stocké au lieu d'être dépensé et circulait donc nettement moins. Il a fallu trouver des liquidités pour faire tourner la machine de production et, par ce biais, conserver l'activité de l'entreprise et les emplois inhérents. Le résultat : ils ont inventé leur propre monnaie afin de répondre à ces besoins. Il s'agissait donc d'un instrument conçu pour faire face à la crise et qui, au fil du temps, s'est dissocié du cours du franc suisse. Ce réseau d'entreprises compte aujourd'hui 60 000 PME environ et a donné naissance à la banque coopérative WIR pour les services financiers. Aujourd'hui existe la possibilité de recourir à un crédit hypothécaire à un taux de 1 %. Une monnaie destinée aux consommateurs a également été mise en circulation pour soutenir les commerces et entreprises participantes.

Le C3U en Uruguay 2

Le cas du C3U, en Uruguay, est intéressant car il est soutenu par le gouvernement et est présent à l'échelle nationale. Aujourd'hui, l'État accepte même que les taxes soient acquittées dans cette monnaie. Des crédits sont également facilités au sein des membres du réseau pour investir et développer leurs activités, grâce au programme de national de microfinance. D'importants membres sont venus gonfler les voiles de ce projet mis en place par la fondation STRO 3 (Social trade organization) : le Bureau national des taxes, l'Office national des pensions et d'autres fournisseurs indispensables, comme les fournisseurs d'énergie ou de téléphonie. Cette large adhésion permet évidemment de proposer aux nouveaux membres suffisamment d'opportunités pour leurs activités. Les membres de ce réseau ont un compte où les unités sont de même valeur que le peso uruguayen, mais permettent également des paiements en dollars, devise qui est largement utilisée dans l'économie uruguayenne. Un autre apport-bénéfice important du projet C3U est la naissance du programme Cyclos 4, un programme open source permettant un accès netbanking aux utilisateurs de monnaies alternatives. Il permet des paiements par SMS, ce qui peut aussi favoriser l'accès bancaire dans les zones rurales grâce à des institutions de microfinance.

Antoine Attout,
septembre 2011

1. Banque Wir : www.wir.ch
2. www.c3uruguay.com.uy
3. www.socialtrade.org
4. http://project.cyclos.org/

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En s'accordant du crédit mutuellement, un réseau d'entreprises favorise l'entraide et la création d'activités, donnant naissance à un autre type de monnaie complémentaire : le C3, le circuit de crédit commercial.

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2011
Jour d'édition
14
Date d'édition
14/09/2011
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Septembre

Chez nous

Soumis par Anonyme le

À Mons, le ropi est né il y a peu pour tenter de relocaliser les échanges et stimuler les achats locaux, équitables et bio, soutenir le tissu économique local et encourager une transition vers un modèle durable. Il est, de plus, assorti d’un projet pédagogique visant à favoriser les apprentissages entre élèves. Le projet est actuellement dans sa phase de test à petite échelle au sein d'une école, l'IESPP. Le lancement à l'échelle de la ville est prévu pour 2012.

À Meix-devant-Virton, c'est l'épi qui a vu la jour il y a peu, avec un caractère régional pour la Gaume, voire la Lorraine belge et française. L'objectif de départ est de stimuler les dépenses dans les petits commerces locaux, tels que les épiceries, qui peinent à conserver leur activité. Il s'agit donc de pérenniser les emplois existants, voire d'en créer par une stimulation de l'activité économique locale. À cela, s'ajoutent, bien entendu, des objectifs durables, tels que les achats bio et de saison, les circuits courts (agriculteurs-consommateurs), le soutien au tissu associatif et une plus forte cohésion sociale. L'épi est également en phase de test jusque décembre de cette année.

La Région de Bruxelles-Capitale réfléchit elle aussi à un projet de monnaie complémentaire dont l'objectif est d'encourager les comportements écologiques et durables. Elle a déjà commandé deux études sur le sujet qui ont permis de dessiner les contours de l'Eco-Iris (nom provisoire) et qui mèneront probablement au lancement d'un projet pilote dans trois quartiers de Bruxelles. En adoptant des comportements écologiques et durables (se lancer dans le compostage, mettre un auto-collant « non à la pub »...), les habitants recevront des Eco-Iris qu'ils pourront échanger contre des achats dans des magasins verts, des tickets de cinéma ou des séances à la salle de sport.

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Chez nous aussi, les monnaies citoyennes ou publiques commencent à fleurir.

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2011
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14
Date d'édition
14/09/2011
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Septembre

T'as pas un toreke ?

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Avec les autorités publiques, des Gantois ont créé une nouvelle monnaie baptisée « toreke ».
  • Cette monnaie complémentaire sert à redynamiser la vie de quartier.

Le 10 août dernier, une nouvelle journée de travail de quartier était organisée. Ils étaient des dizaines à s'y rendre. L'occasion pour eux de donner un petit coup de main à la maintenance du potager collectif du quartier, de rencontrer d'autres personnes et, au passage, d'empocher quelques torekes, la monnaie du quartier. Ceux-ci pourront être échangés contre des tickets de cinéma mais, le plus souvent, ils serviront de moyen de paiement pour la location annuelle d'un morceau du potager. Le projet Toreke est né dans la tête de quelques organisations actives dans un quartier défavorisé de Gand. Toutes ces organisations ont mille et une idées pour améliorer la vie de quartier mais manquent souvent de ressources humaines. Le toreke s'est donc imposé comme une solution pour faire se rencontrer les habitants, les commerçants et les associations du quartier. Toreke encourage ainsi tous les comportements qui visent à l'amélioration du quartier. On peut donner quelques heures de son temps à une association pour nettoyer un parc, une plaine de jeux, veiller à la maintenance générale du potager collectif ou soigner les poules qui y vivent. Mais peindre sa façade en couleur vive, fleurir ses fenêtres ou le parterre devant la maison, passer à l'électricité verte fait également l'objet d'un « paiement » en torekes. Ceux-ci pourront à leur tour être échangés dans les commerces bio ou de seconde main, contre des tickets de cinéma, de concert...

Succès ?

Ce sont, au total 40 340 torekes (4 034 euros) qui ont été échangés entre 371 habitants, soit pour un peu plus de 100 euros par participant. Les journées de travail collectif rencontrent un grand succès, à tel point qu'en trois mois les organisations ont mis en circulation autant de torekes qu'ils pensaient le faire en un an.
Par contre, les services aux particuliers, comme faire les courses pour son voisin ou lui préparer à manger, se développent moins bien, probablement parce que l'effet ne se fait pas immédiatement ressentir par ceux qui les accomplissent, souligne Wouter Van Thillo de l'association Samenlevingsopbouw, une des organisations à l'initiative du projet. Il faudra donc réfléchir à des adaptations pour encourager les habitants à se lancer dans ce type d'actions.

Mais est-ce vraiment un succès, alors ? Ça l'est pour Wouter Van Thillo, notamment eu égard à la dynamique que cela engendre. Les personnes n'agissent pas directement parce qu'elles reçoivent des torekes. C'est surtout parce qu'on leur donne un cadre pour permettre d'agir. Et cette dynamique-là perdurera probablement au-delà du projet lui-même. D'autant que, si le répertoire des actions à récompenser et des biens ou services à acquérir en torekes est né du fait des associations présentes sur place, ce sont les habitants qui ont construit ce « catalogue », ce sont eux qui ont été les véritables acteurs de ce projet. Mis à part les actions d'aide entre voisins et les actions individuelles, toutes les activités proposées – le nettoyage de rue, la gestion de la location du barbecue... – se font sous la hou- lette des associations de quartier. Le toreke permet donc un nouveau style de gestion des bénévoles. Le fait de leur offrir quelques torekes non pas en guise de paiement mais en cadeau pour les services rendus les emmène dans une démarche positive et durable. Le projet Toreke prendra fin en 2012, en même temps que le soutien financier des pou- voirs publics qui, pendant cette période, aura permis de rémunérer le personnel des associations qui encadrent le projet, et de garantir l'infrastructure et la valeur de ces torekes. Car les projets de monnaies complémentaires qui visent un changement de comportement coûtent forcément de l'argent. Mais contrairement à d'autres projets subsidiés, ceux-là limitent quelque peu la part pécuniaire nécessaire : un toreke reçu pour un coup de main donné à une association peut être utilisé pour acheter des légumes bio qui seront échangés contre un ticket de bus, généreusement offert par un sponsor privé. Les effets du projet perdureront probablement après 2012. Cette initiative aura certainement permis de rendre le quartier plus propre et plus agréable et peut-être incité les habitants à adopter des comportements plus écologiques et durables. Toreke permettra surtout de mettre en relation des habitants et des associations et de franchir le pas de la démarche collective et solidaire.
www.toreke.be

Laurence Roland,
septembre 2011

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Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
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Dans le quartier populaire du Rabot-Blaisantvest à Gand, une monnaie complémentaire circule depuis octobre 2010. Son but affiché est de stimuler l'activité locale, mais surtout de rendre le quartier plus propre, plus vert et... plus agréable à vivre.

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2011
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14
Date d'édition
14/09/2011
Mois d'édition
Septembre

Qui fait tourner la planche à billets ?

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • Banques centrales et banques commerciales se partagent le monopole de la création monétaire.
  • Les premières décident de la politique monétaire dans leur pays. Les secondes font tourner l'économie, mais la mettent aussi en danger.

Banque centrale, banque commerciale : je t'aime, moi non plus

Le Traité de Maastricht (1992) délègue à la Banque centrale européenne (BCE) la compétence pour la politique monétaire en Europe en lui imposant une mission : assurer l'équilibre des prix à l'intérieur de la zone euro 1. Pour atteindre ce résultat, la BCE (avec les banques centrales nationales) s'est fixé comme objectif de maintenir l'inflation 2 à un niveau inférieur à 2 % l'an. Elle dispose, pour ce faire, de moyens de pression, dont le principal est le taux d'intérêt. Ainsi, en tant que banques des banques, les banques centrales nationales entretiennent des relations avec les banques commerciales. Elles encaissent des dépôts des banques commerciales et leur prêtent de l'argent. Le taux d'intérêt exigé par les banques centrales aux banques commerciales déterminera le taux d'intérêt réclamé par les banques commerciales aux entreprises privées. Plus l'intérêt exigé par les banques centrales aux banques commerciales est élevé, plus celui exigé par les banques commerciales aux entreprises l'est aussi. Banques centrales et banques commerciales sont donc liées et influencent toutes deux, à leur manière, l'orientation économique d'un pays.

En Belgique ?

Il y a d'abord la Banque nationale de Belgique qui frappe les pièces de monnaie et la Banque centrale européenne qui émet les billets. Ce n'est pas la Banque nationale qui détermine la quantité de monnaie en circulation, mais la demande des acteurs économiques. Et la monnaie peut être demandée pour deux raisons : l'échange de biens et de services, et la mise en réserve d'argent (thésaurisation). Cette demande est sensible à deux paramètres en particulier : le niveau du produit national (la quantité totale de biens et services échangés) et le taux d'intérêt. Ainsi,quand tout abonde, quand un pays produit beaucoup de biens et services, il y a besoin de beaucoup de monnaie pour s'échanger ces biens et services. À contrario, si la production manque, il y a moins d'échanges qui se font, donc moins de monnaie en circulation. Quant au taux d'intérêt, plus la banque exige un taux élevé, moins les personnes, les entreprises ou les États empruntent de l'argent. La demande de monnaie aux fins d'emprunt diminue donc lorsque le taux d'intérêt exigé augmente.

La double face du crédit

Aujourd'hui, la monnaie créée par les banques centrales (les pièces et les billets) ne représente plus que 15 % de la masse totale de monnaie qui est en circulation. Le reste, la monnaie scripturale (voir p. 4), provient des crédits accordés par les banques commerciales (voir T'as pas un euro ?). Plus les banques prêtent, plus elles permettent aux acteurs économiques d'échanger entre eux et plus elles encaissent des dépôts. Selon les derniers accords de Bâle 3, les fonds propres d'une banque devront représenter 7 % de ses activités de marché ou de crédit d'ici à 2019. Avec 10 000 euros de fonds propres, une banque pourrait ainsi prêter jusqu'à 140 000 euros. Ce qui ne veut pas dire que la banque ne détient pas les 130 000 euros de différence : elle les puise dans les dépôts que nous lui faisons tous.
Si une partie de ces dettes n’est pas remboursée par ses clients, comme ce fut le cas avec les crédits hypothécaires en 2008 (les fameux subprimes), les banques risquent la faillite et mettent tout le système économique en danger.
Il n'en demeure pas moins que l'activité de prêt est essentielle pour l'économie. Par contre, elle pose problème lorsque la banque accorde des crédits de façon irresponsable (comme ce fut le cas avec les subprimes) ou lorsque les activités financées par ses prêts ne sont pas respectueuses de l'homme et de son environnement.

Thibaut Monnier,
septembre 2011

1. La zone euro regroupe les pays de l'Union européenne qui ont adopté l'euro comme monnaie unique.
2. L'inflation est la hausse du prix moyen des biens et services. L'offre surabondante de monnaie en est la première cause.
3. Les accords de Bâle réunissent quatre fois par an les banques centrales pour définir les règles prudentielles qui régiront l'ensemble des banques de la planète. À l'heure actuelle, les banques sont toujours soumises à la règlementation de Bâle II qui fixe à 4 % la garantie de fonds propres d'une banque pour ses activités de marché ou de crédit.

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Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
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Les États se sont désinvestis du pouvoir de création monétaire. Aujourd'hui, l'essentiel de la monnaie en circulation provient des crédits bancaires. Si ces derniers sont nécessaires à la bonne santé du système économique, ils peuvent aussi nuire à la société.

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2011
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14
Date d'édition
14/09/2011
Mois d'édition
Septembre

Éthique : communément vôtre ?

Soumis par Anonyme le

En bref :

  • L'investissement socialement responsable au niveau des communes est faible.
  • Les responsables communaux méconnaissent les produits.

Le cycle de l'argent communal

Les communes gèrent l'argent des contribuables en « bons pères de famille ». Elles doivent réaliser des placements sûrs et les plus rentables possible. Leurs recettes proviennent de trois sources : des dotations de la Région, des subsides pour la réalisation de projets spécifiques et, bien sûr, des taxes et impôts qu'elles perçoivent auprès de leurs habitants. La commune utilise ces recettes pour gérer ce dont elle a la compétence (l'hygiène des voiries, la sécurité, les bâtiments scolaires, le logement, l'action sociale...). Une partie de cet argent doit être mobilisable à court ou moyen terme (pour payer des factures, des salaires...) tandis qu'une autre peut être investie à plus ou moins long terme. Dans tous les cas, cela peut se faire dans des produits financiers socialement responsables. Pourtant, sur les 589 communes que compte la Belgique, seules 8 % d'entre elles placent (ou voudraient placer) une partie de leurs avoirs dans des produits socialement responsables. Lorsque c'est le cas, le plus souvent,les sommes placées ne dépassent pas 5 à 10 % des avoirs selon une étude menée en 2009 par le Réseau Financement Alternatif et Netwerk Vlaanderen (1). Jusqu'à présent, les communes perçoivent mal l'importance d'investir l'argent public dans des activités qui ne soient pas nuisibles à l'homme et à son environnement. Les notions de « bon père de famille » et d'« investisseur responsable » n'ont pas encore dépassé le niveau du seul argument économique.

De bonnes et de mauvaises raisons

Si l'on ne tient pas compte des communes qui estiment ne pas avoir d'argent à placer, la raison principale pour laquelle elles ne placent pas leurs avoirs de manière socialement responsable est qu'elles ignorent qu'elles peuvent le faire ! Soit elles ignorent que cela existe, soit l'information reçue des promoteurs leur paraît insuffisante, soit encore, elles se sentent mal à l'aise avec de tels produits (les trouvant peu adaptés à leurs besoins, moins rentables, trop risqués...). Au contraire, lorsque l'on se penche sur les raisons qui amènent une commune à placer une partie de ses avoirs en ISR, on constate qu'elles reposent d'abord sur la volonté de combiner rentabilité économique et sociétale ou de montrer le bon exemple. On est donc bien loin de l'obligation pourtant légale (en tout cas en Région bruxelloise, de placer au minimum 10 % des avoirs en tenant compte de critères sociaux et environnementaux). Enfin, pour certains, le receveur (le trésorier) – qui gère les dépenses et recettes communales à court terme – ne doit pas baser sa stratégie d'investissement sur la volonté du Collège, soumis, lui, au changement de législature. Les investissements socialement responsables ne peuvent donc se faire que dans le cadre des investissements à long terme décidés par le Collège des échevins.

Des communes irresponsables ?

Certaines ont créé des fonds de pension socialement responsables pour les mandataires ou les employés communaux, en choisissant elles-mêmes les critères de sélection ou, le plus souvent, en acceptant ceux proposés par la banque. D'autres considèrent que leurs investissements, notamment dans des coopératives éoliennes ou à travers des subsides ou des aides ponctuelles dans des associations sont déjà des actes socialement responsables. On le voit, si les mandataires communaux investissent peu en ISR, c'est avant tout qu'il leur manque un cadre. Une définition légale de l'investissement socialement responsable, des produits ISR simples adaptés aux communes et à leurs besoins, une obligation réelle et univoque de placer l'argent des contribuables dans des produits éthiques sont autant d’éléments qui permettraient aux communes d'investir de manière socialement responsable sans tenir le rôle de pionnier obligé d’ouvrir seul toutes les portes.
                                                                                                                                      Laurence Roland,
                                                                                                                                      juin 2011

1. BAYOT, B., CAYROL, A., DEMOUSTIEZ, A., WEY N, L., Évaluation de la gestion des fonds publics selon des critères sociaux,environnementaux et éthiques, 2009.

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Réseau Financité, (ex- Réseau Financement Alternatif)
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Entre réglementations, bonnes intentions et réalisations, où le bât blesse-t-il au niveau de nos communes ?

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2011
Jour d'édition
22
Date d'édition
22/06/2011
Mois d'édition
Juin

ISR, c'est quoi ?

Soumis par Anonyme le

Investir de manière socialement responsable (ISR ), c'est donc investir dans des entreprises ou des États, dans des paniers d'entreprises ou d'États (comme pour les fonds de placement) ou sur des comptes d'épargne (qui eux-mêmes réinvestissent sous forme de crédits aux particuliers ou aux professionnels) qui respectent un certain nombre de règles tant sur le plan financier qu’extrafinancier. L’investissement doit être rentable mais doit également être respectueux de l'homme et de son environnement, à travers l'activité qu'il permet. Il peut s'agir d'un investissement dans une petite coopérative locale qui cultive des légumes bio comme d'un investissement dans une multinationale cotée en Bourse. Les méthodes pour sélectionner les entreprises et les États diffère d'un produit à l'autre. De manière générale, le gestionnaire exclut certains secteurs (par exemple, les fabricants d'armes controversées) ou certains types d'activités
au sein d'un secteur. Ensuite, il analyse les entreprises sur la base de critères sociaux (le respect des normes de l'Organisation internationale du travail, la politique de formation, de mobilité, salariale...), environnementaux (les rejets CO 2, la politique de réduction des déchets...), de bonne gouvernance (le risque de corruption, les méthodes de décision au sein de l'entreprise...) et, enfin, financiers. Il ne garde alors dans son « univers d'investissement » dans lequel il puise les entreprises pour composer son fonds que celles qui ont obtenu le meilleur score.

                                                                                                                                         Laurence Roland,
                                                                                                                                         juin 2011

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2011
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22
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22/06/2011
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Juin
 

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