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Le GSM, un outil d'inclusion financière?

Soumis par Anonyme le

Le GSM devient l'alternative à la banque dans les pays du Sud

3,5 milliards de personnes dans le monde sont exclues des services financiers. Elles sont trop pauvres pour que les banques les acceptent comme clients ou trop distantes de la moindre agence bancaire. Du coup, elles n'ont pas non plus accès au microcrédit qui leur permettrait de lancer une activité professionnelle. À cause de l'éloignement, les frais de gestion de ces clients sont si élevés que les taux d'intérêt liés à leur crédit deviennent exorbitants.

Et si la solution venait d'ailleurs ?

On estime aujourd'hui que 4 milliards d'individus dans le monde ont accès à un GSM. En 2013, ils seront 6 milliards à pouvoir se connecter. D'après The Economist, d’ici dix ans au plus, toute personne qui le souhaite aura accès à un GSM1.

Les possibilités offertes par le GSM sont nombreuses : s’informer sur le cours des prix pour vendre au meilleur moment ; pour les agriculteurs, avoir accès à des bulletins météorologiques et recevoir, des prévisionnistes, des réponses à des questions précises par SMS ; dans le domaine de la santé, le GSM peut servir à envoyer des SMS d’alerte sur le SIDA et des rappels pour prendre des médicaments, il peut servir aussi à établir un diagnostic à distance par le biais de photos envoyées aux médecins par GSM.

La téléphonie mobile permet enfin à de petits entrepreneurs d’exercer une activité sans avoir une boutique fixe. Une personne habitant en milieu rural, loin de toute agence bancaire, peut contracter un microcrédit via un GSM et se faire payer par ses clients par ce même canal. Les taux d'intérêt liés au microcrédit sont considérablement diminués. En même temps, les frais liés à l'ouverture d'une agence sont réduits pour les banques.

Inclusion bancaire des populations rurales les plus isolées, réduction des coûts de transaction pour les clients, suppression de la nécessité de se déplacer à la banque pour effectuer des transactions financières, services bancaires à moindre coût, sécurité, rapidité sont les principaux bénéfices que l’on peut tirer de l’application de la téléphonie mobile au service bancaire.

Le GSM permet aussi les transferts d’argent des migrants sans passer par les voies traditionnelles et chères telles que Western Union.

 

Fournir des services financiers par le biais des GSM – ce qu'on appelle le mobile banking – est en passe de devenir LA nouvelle source de développement économique et d'inclusion sociale et financière.

Le mobile banking constitue dès lors un véritable outil de développement. La Banque mondiale estime qu'une augmentation de 10 % du nombre de téléphones portables dans les pays en développement entraine une augmentation du PIB par habitant de 0,8 %2.

Deux modèles de mobile banking coexistent aujourd'hui. Dans les deux cas, le client réalise ses opérations financières par l'intermédiaire de son GSM mais, pour récupérer son argent comptant, il devra passer par l’intermédiaire soit d’une banque, soit d'un détaillant de l'opérateur mobile. Dans ce cas, le client possède un compte virtuel, localisé sur le serveur de son opérateur mobile.

Kenya et Afrique du Sud : deux success-stories

WIZZIT a été lancé en 2004 en Afrique du Sud. Il s'agit d'une banque virtuelle, sans succursale physique. Les clients utilisent les SMS pour payer des produits, transférer de l'argent à d'autres détenteurs de comptes WIZZIT ou recharger leur GSM.

Dépôt et retrait d’argent se font auprès des bureaux de poste ou de certains guichets de banque. Pas d’abonnement mensuel, pas de solde minimum et possibilité d’avoir une carte de débit.

Au Kenya, deux opérateurs mobiles (Safaricom et Vodafone) ont lancé M-PESA, un service pour les utilisateurs de GSM à cartes prépayées.

La Commercial Bank of Africa crée un compte virtuel pour les clients ; Safaricom fournit la carte SIM qui permet les transactions financières. Celui qui a reçu un SMS en guise de paiement l'échange chez un agent (typiquement un petit commerçant) contre du cash.

Aujourd'hui, 7 millions de Kenyans utilisent ce service (sur 38 millions d’habitants, dont 18 millions de détenteurs de GSM), transférant près de 2 millions de dollars par jour à travers le système, à raison de 20 dollars en moyenne par transaction.

Ces beaux succès ne doivent pas faire oublier les défis qui attendent encore les opérateurs de mobile banking : identification des besoins réels des utilisateurs (épargne en plus des paiements et transferts) ; solutions innovantes pour lutter contre l'illettrisme des clients qui dès lors ont des difficultés à utiliser les services du mobile banking ; régulation (besoin d’un cadre juridique spécifique pour cette e-monnaie).

Un avenir prometteur

Il y a dix ans, personne n'aurait imaginé l'importance qu'allait prendre le GSM dans nos vies quotidiennes, et encore moins qu'il puisse être utilisé comme moyen d'inclusion financière pour les plus pauvres.

Sans nul doute, le mobile banking a la capacité de révolutionner les services financiers, en permettant l’accès à une large majorité de ceux qui en sont exclus aujourd'hui dans les pays en développement.

Les promesses sont grandes, les obstacles le sont aussi. Gageons que les opérateurs réussiront à les dépasser pour faire du GSM un outil de développement, de croissance et de lutte contre l'exclusion financière dans les pays en développement.

 

1 The Economist, 29 septembre 2009

2 The Economist, 29 septembre 2009

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Dans certains pays où les agences bancaires sont rares en dehors des grands centres urbains, les GSM peuvent pallier la pénurie de réseau bancaire.

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17/03/2010
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Mars

Interview de Marco Van Hees pour le FINANcité magazine

Soumis par Anonyme le

Ce livre réquisitoire sur les pratiques des banques privatisées, est paru en février 2010 aux éditions Aden. Interview de son auteur, Marco Van Hees, qui est par ailleurs... inspecteur au service de l'impôt des sociétés.

FINANcité : Marco Van Hees, quel est le mobile de ce « livre noir » des pratiques bancaires ?

Je souhaite favoriser une prise de conscience en apportant aux lecteurs une vue globale car beaucoup de gens ont une conscience partielle des enjeux socio-économiques. Dans cette enquête sur les profits et crises des banques belges, je montre les liens entre différents problèmes mis bout à bout en retraçant l'histoire de la privatisation de la CGER jusqu'à la reprise de Fortis par BNP Paribas, en pointant les profits abusifs des banques et en plaidant pour la recréation d'une banque publique.

Aux dépens de qui les profits des banques sont-ils abusifs ?

Les banques s'enrichissent aux dépens de leurs clients, du personnel et de l'État, sans compter les actionnaires comme l'a montré la saga Fortis. Les pratiques commerciales des banques dupent les clients et mettent la pression sur le personnel. Quant aux techniques qui lèsent l'État, je les passe en revue dans l'ouvrage : de la création monétaire à la fraude fiscale, voire sociale. Quelques grandes affaires largement médiatisées en attestent. Ensuite, j'explique comment les banques en profitent à nouveau lorsque l'État les aide...

L'État n'a-t-il pas fixé assez de conditions au sauvetage des banques ?

L'État est venu au secours des banques, en vertu du principe « too big to fail » (trop gros pour sombrer). Mais comme ces aides n'ont été assorties d'aucune condition, comme un enfant capricieux auquel on ne fixe pas de limites, les banques reproduisent les mécanismes qui ont conduit à la crise. On n'est pas à l'abri d'une répétition de ce scénario. C'est pourquoi la deuxième partie de mon livre présente le modèle de la banque publique comme une alternative qui extrairait la banque de la logique du profit.

Quels sont selon vous les avantages des banques publiques ?

L'objectif n'est plus le profit à court terme mais l'intérêt de la population, des entreprises, bref l'intérêt général. Dès lors, une banque publique peut éviter les pratiques commerciales abusives et les investissements risqués. Elle peut accorder des crédits sociaux à ceux qui en ont besoin.

Il s'agit aussi de redéployer un réseau d'agences. Quand je vois aujourd'hui leur disparition progressive... Dans le petit village où j'habite, il reste une agence, elle va être fermée elle aussi. Le même phénomène s'est produit avec les bureaux de poste.

En Nouvelle-Zélande, une banque publique créée en 2002, la Kiwibank, a permis de redéployer tout un réseau bancaire et postal dans les localités délaissées par les banques privées. Les Néo-Zélandais ont connu les privatisations avant nous... Ils en sont déjà revenus !

Le directeur de la Kiwibank se plaît d'ailleurs à expliquer que cette institution n'a pas du tout investi dans les subprimes et autres produits financiers toxiques dans lesquels les banques privées se sont engouffrées. Du coup, l'an dernier, la Kiwibank s'en est bien mieux tirée qu'elles.

Qu'entendez-vous par « investissements crapuleux, indigestes et toxiques » ?

Les investissements crapuleux sont ceux qui sont effectués par les banques, pour leur compte propre ou celui de leurs clients, dans des entreprises polluantes ou agissant dans l'illégalité. Citons par exemple le financement des implantations de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens.

Les investissements indigestes sont ceux qui mettent une banque en difficulté parce qu'elle a vu trop grand. Ainsi, en rachetant ABN-Amro en 2008, Fortis a joué à la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf. Il est vrai que cette grenouille n'attaquait pas seule, mais dans le cadre d'un consortium belgo-hispano-écossais. N'empêche, vu le contexte et le prix payé (24 milliards d'euros), il est clair que la grenouille a eu les yeux plus grands que le ventre.

Quant aux investissements toxiques, il s'agit de ces fameux investissements dans des produits financiers complexes et opaques qui ont déclenché la crise financière, avec les conséquences que l'on sait.

Vous citez souvent Didier Reynders...

Selon lui, « l'État n'a pas vocation à gérer une banque ». Ce n'est pas mon avis, c'est pourquoi je reviens dans ce livre sur l'histoire de la CGER, créée en 1865 par Walter Frère-Orban, un ministre des Finances... libéral. Après avoir remboursé en cinq ans la dotation de départ, cette banque a fonctionné pendant 128 ans de manière autonome, sans transfert entre la CGER et l'État. Par contre, 10 ans après sa privatisation totale, la banque, devenue Fortis, a eu besoin de fonds publics.

Pourquoi pas une banque coopérative ?

Certaines banques coopératives, dans le passé, on fait faillite car ces banques sont également soumises aux aléas de la concurrence. La couverture du livre n'est pas anodine : le risque est réel pour les petits poissons, d'être mangés par les gros. D'où l'idée d'extraire les services bancaires de ce contexte en créant une banque publique, qu'on pourrait appeler en Belgique la « Fritibanque ».

Croyez-vous que les mentalités soient prêtes pour une « Fritibanque » ?

En tout cas, une grande partie de la population est en faveur d’un tel projet, ce qui n'est pas le cas, il est vrai, des responsables politiques. On entend souvent dire que les services publics coûtent cher, mais les prêts à un taux avantageux offerts auparavant par les offices publics de crédit hypothécaire coûtaient beaucoup moins cher à l'État que les déductions fiscales accordées aux acquéreurs. Le calcul du coût des pensions montre également que la gestion des pensions publiques est nettement moins coûteuse que celle des pensions privatisées. Enfin, on pourrait faire en sorte que la Fritibanque respecte l'emploi et le personnel, soulage les finances publiques par des pratiques prudentes et des prêts avantageux, et que des organes soient mis en place pour contrôler démocratiquement le management. Enfin, la « Fritibanque » serait tenue d'effectuer des placements éthiques.

Quid des « investissements socialement responsables » proposés par les banques privées ?

Je suis assez sceptique, quand on voit ce qu'elles font à leur clientèle, à leur personnel, à l'État... Dès lors que ces institutions sont soumises à des impératifs de profit, leur régulation s'avère difficile. Et l'on voit que les instances de contrôle ne sont pas toujours efficaces.

Et si les « investissements socialement responsables » devenaient une norme légale, permettant par exemple de limiter la déductibilité fiscale liée à l'épargne pension, aux seuls investissements clairement identifiés comme socialement responsables ?

Ce serait toujours ça de pris, évidemment ! Mais ce ne sera pas facile à obtenir, les banques vont tout faire pour empêcher de telles dispositions. Tout compte fait, ne serait-il pas plus facile de créer une banque publique ?

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Enquête sur les profits et crises des banques belges Plaidoyer pour une banque publique

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Méthodologie ISRD de BEAMA

Soumis par Anonyme le
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Vers une banque d'intérêt général

Soumis par Anonyme le

Depuis quelques mois, les citoyens du monde, notamment dans notre pays ont la douleur de découvrir ce qu'est devenu le métier de banquier. Traditionnellement, celui-ci se targue d'être un rouage essentiel de l'économie. D'un côté, il permet aux épargnants de préserver et de faire fructifier leur épargne. De l'autre il transforme cet argent en prêt pour les agents économiques que sont les ménages, les entreprises et les organisations publiques et privées. Ce mécanisme paraissait fluide et sans défaut, au service de tous et de chacun. Mais, au fil du temps, l'image d'Epinal s'est peu à peu écornée.

Au début des années '80, des organisations religieuses et des ONG se sont inquiétées du fait que leur épargne pouvait être utilisée en Afrique du Sud, en appui au régime de l'apartheid. C'est que les banques sont bien peu disertes sur la manière dont elles transforment notre épargne. Lentement, les consciences se sont éveillées et les clients des institutions bancaires ont réalisé que placer de l’argent n’est pas un geste neutre. Cette dynamique ne va cesser de se renforcer dans le courant des années 1990 et une autre dimension est apportée à l’investissement éthique. Il ne s’agit plus simplement d’exclure des entreprises en fonction de leurs activités, mais bien de mieux décortiquer leurs modes de fonctionnement afin d’encourager les meilleures de chacun des secteurs. Les firmes sont comparées entre elles sur différents indicateurs – système de « best-in-class »(1) —, puis sélectionnées en vertu de leur engagement envers la société (2).

Il n'empêche, en avril 2004, on se rend compte que du travail reste à faire pour responsabiliser le monde bancaire: un rapport d’enquête est publié par Netwerk Vlaanderen au sujet des investissements de cinq grandes banques actives en Belgique (Axa, Fortis, Dexia, ING et KBC) dans les industries qui fabriquent des armes « controversées » : mines antipersonnel, bombes à fragmentation, bombes à uranium appauvri ou armes nucléaires. Ce rapport démontre que, directement ou indirectement, ces cinq institutions financières avaient des liens financiers avec 13 entreprises de ce secteur, à hauteur de 1,2 milliard d’euros. Face à ce constat, les clients/épargnants de ces banques leur ont demandé de se retirer de tout investissement ou financement dans de telles entreprises et d’élaborer et de mener une politique qui interdise tout lien financier futur de ce type.

Mais, plus largement, la question posée est celle de l’information et du contrôle dont bénéficient les clients/épargnants à l’égard des investissements et des financements accordés par leur banque non seulement dans l’industrie de l’armement mais aussi dans d’autres entreprises peu soucieuses du respect des droits humains et de l’environnement : que fait ma banque de mon argent ? Celle-ci ne doit-elle pas informer clairement, honnêtement et complètement ses clients de sa politique d’investissement et rendre public son portefeuille d’investissements et de financements ?

Par ailleurs, au milieu des années '90, avec la chute de la banque Barings, on s'est rendu compte qu'une banque aussi ancienne et prestigieuse pouvait tomber en faillite parce qu'un de ses traders a fait des placements hasardeux, en dehors de tout contrôle. Durant les années suivantes, dans un paysage belge où tout acteur financier public avait disparu, emporté par la vague néo-libérale, il a fallu constater que non seulement l'accès à un crédit adapté mais aussi l'accès à un simple service bancaire de base (avoir un compte courant, disposer d'une carte de débit, ...) n'étaient plus garantis à qui ne montrait pas patte blanche, à savoir ne justifiait pas de suffisamment de revenus pour se montrer intéressant pour la banque (3).

Car, entre-temps, les banquiers s'étaient trouvés une activité bien plus rémunératrice que les crédits – que certains, en privé, avouaient ne plus trop pousser -, à savoir les commissions sur les placements financiers. Côté crédit, outre la pratique de la titrisation (4) qui a permis de disperser le risque loin de tout contrôle régulatoire, on appliqua les fameux systèmes de « scoring », dans lequel les données de l'emprunteur sont passées à la moulinette standardisée d'un ordinateur, quelle que soit la relation de confiance qu'aurait pu développer l'agent bancaire avec son client (5). Combien de fois les travailleurs du secteur ne se sont-ils pas sentis profondément mal à l'aise d'être devenus des auxiliaires d'une course effrénée au profit, bien loin de cette vocation de confidents des clients, où la confiance était le maître mot d'une relation réussie. Et Dieu sait si ce sentiment de mal-être était encore plus perceptible chez les employés issus des banques publiques ou coopératives.

La crise financière a, sans ambiguïté, montré les limites d'un modèle de ce type, qui n'était ni suffisamment transparent, ni suffisamment contrôlé pour être durable. On est bien loin de l'image d'Epinal évoquée plus haut. Est-ce pour autant une fatalité ? D'autres modèles, parfaitement viables, existent: celui de la caisse d'épargne qui reste un modèle dominant dans des pays comme l'Espagne ou l'Allemagne, la banque postale qui s'avère une success story dans un pays comme la Nouvelle-Zélande (6), des banques coopératives comme la future banque éthique européenne qui naîtra de la fusion de Banca Etica en Italie, de Fiare en Espagne et de la NEF en France, ou encore des banques spécialisées dans le développement durable comme Triodos et des coopératives de crédit comme Crédal.

Sortir de la crise bancaire belge par le haut ne paraît possible qu'à la condition d'en revenir au métier de base, récolter l'épargne pour octroyer des crédits, et se donner des objectifs précis. Bien sûr, créer de la valeur financière – on ne parle plus que de cela ces derniers jours, comme aux meilleures heures de la finance casino – mais aussi poursuivre l'intérêt général de trois manières : en assurant le développement local par une politique de crédit appropriée, en garantissant l'inclusion financière de tous par une offre de produits simples et adaptés et en favorisant le développement durable par l'intégration de critères sociaux et environnementaux dans les politiques de crédit et de placement. La banque, dans cette conception, devient un vrai service d'intérêt général, qu'il appartient aux pouvoirs publics d'assumer ou de confier à un opérateur externe. Soit donc la création d'une banque publique, soit une initiative qui s'inspire de la diversité des solutions bancaires évoquées plus haut pour fonder un projet pluriel et novateur où seraient impliqués, aux côtés des pouvoirs publics, d'autres acteurs qui sont issus de la société civile (syndicats, ONG, congrégations religieuses, entreprises d'économie sociale, universités, mutuelles, ...) et dont la finalité sociale fonderait celle de cette banque d'intérêt général.

Que peut faire le citoyen devant un tel enjeu qui peut paraître le dépasser ? Nous l'avons vu, c'est lui qui, au travers de ses indignations et de sa volonté de changement, a permis de nourrir la réflexion pour une plus grande responsabilité du monde bancaire. C'est encore lui qui a aujourd'hui les cartes en main pour construire une banque d'intérêt général: des cartes politiques pour peser sur les choix des pouvoirs publiques, sociales pour convaincre les acteurs de la société civile et, bien sûr, consuméristes car, en fin de compte, c'est lui qui choisi sa banque.

Michel Genet,
Bernard Bayot,
 

1. Méthode de sélection qui consiste à ne retenir, dans le portefeuille d'investissement d'un produit financier éthique et solidaire et pour un secteur donné, que les entreprises les plus avancées sur le plan de la responsabilité sociale.

2. Annika Cayrol, « Le développement durable appliqué au secteur bancaire : la crise actuelle peut-elle avoir un effet bénéfique ? », FINANcité Cahier, n° 9, Réseau Financement Alternatif, novembre 2008.

3. Bernard Bayot, Élaboration d'un service bancaire universel - 1ère partie : l'accès ou le maintien d'un compte bancaire, Réseau Financement Alternatif, janvier 2001, http://www.rfa.be/files/Synthesesbbfr.pdf.

4. La titrisation est l'émission de titres représentant une société spécialement créée pour acheter le portefeuille de crédit d'un organisme prêteur, titres qui sont destinés à être cédés à des investisseurs.

5. Olivier Jérusalmy, « Credit scoring : une approche objective dans l'octroi de crédit ? », FINANcité Cahier, n°10, Réseau Financement Alternatif, novembre 2008; « Credit scoring : décryptage d'une pratique discriminante... et discriminatoire ? », FINANcité Cahier, n°10, Réseau Financement Alternatif, novembre 2008.

6. Bernard Bayot, « L'interventionnisme public dans la finance», Réseau Financement Alternatif, décembre 2008.

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2009
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02/2009
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Février

Banques qui pillent, banques qui pleurent

Soumis par Anonyme le
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Aden
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Enquête sur les pratiques bancaires et l'histoire de la privatisation de la CGER. Plaidoyer pour une banque publique.

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2010
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01/02/2010
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Février

Finance : l'éthique et la solidarité en prime

Soumis par Anonyme le

La crise financière qui a éclaté l’année dernière a au moins eu un mérite : celui de mettre à bas le mythe d’une finance désincarnée, qui semblait flotter, indifférente à la pesanteur, se moquant de l’activité des hommes et de leurs préoccupations. On affirmait même, sans rire, que cette finance créait de la richesse par elle-même. Une sorte de pierre philosophale des temps modernes ! La réalité est évidemment différente et l’éclatement de la bulle financière en a fourni une éclatante démonstration.

Parmi les questions que la crise a mises en évidence figure celle de la recherche du profit qui, pratiquée sans retenue, nous a conduits à l’impasse. Revient dès lors au goût du jour une autre approche de la finance, qui entend traiter l’argent et ses multiples facettes (épargne, investissement, crédit, gestion d’un compte) non plus sous un angle de stricte rentabilité économique, mais en y adjoignant des considérations d’éthique et de solidarité. Comprenons l’éthique comme un ensemble de règles morales et de conduite qui vont guider notre comportement professionnel ou personnel, et la solidarité comme la conscience d’une responsabilité et d’intérêts communs au point d’entraîner, pour les uns, l’obligation morale de porter assistance aux autres. Une finance qui est soumise à l’intérêt général plutôt que de lui porter atteinte, voilà une idée qui sonne tendance dans cette atmosphère post-crise. Pourtant, la réflexion et les pratiques relatives à l’éthique et à la solidarité financières ne datent pas d’hier mais sont, au contraire, ancrées dans notre tradition économique et sociale.

Aux origines

L’éthique, essentiellement religieuse, a très tôt été introduite dans les pratiques d’investissement. Les investisseurs religieux de confession juive, chrétienne et islamique ainsi que de nombreuses cultures indigènes ont longtemps mêlé argent et morale, prenant en considération les conséquences de leurs actions économiques et refusant les investissements qui entraient en contradiction avec leurs convictions profondes.
Ce fondement religieux, qui est loin d’avoir totalement disparu aujourd’hui, s’est arrimé, dans le contexte des États-Unis des années 1970, à un fondement beaucoup plus large, davantage citoyen et politique, qui trouve son origine dans les bouleversements sociaux et culturels des années 1960, en particulier les mouvements de lutte pour les droits civiques, les mouvements féministes, consuméristes, environnementalistes ou encore le mouvement de contestation contre la guerre au Vietnam. Ces préoccupations ont donné naissance à une véritable conscience publique au sujet des problèmes sociaux, environnementaux et économiques ainsi que de la responsabilité des entreprises à leur égard (1).

La composante solidaire est, quant à elle, davantage liée à la difficulté que certaines couches de la population rencontrent pour accéder à un crédit adapté. Dès le XIXe siècle, la crise économique de 1847-1848 a entraîné l’émergence de différents modèles de crédit populaire. D’abord une forme de crédit mutuel est née dans le monde rural à une époque où l’émancipation paysanne eut pour conséquence une liberté et une autonomie économiques telles qu’elles n’avaient encore jamais existé. Comme la population rurale était totalement inexpérimentée en matière économique, elle tomba très vite aux mains d’usuriers sans scrupules, s’endetta immodérément, perdit ainsi ses propriétés et sombra dans la misère. Pour lutter contre les méfaits de l’usure et la gravité de l’endettement des paysans, Friedrich Wilhelm Raiffeisen créa en Rhénanie, le 1er décembre 1849, la première véritable société de crédit aux agriculteurs, la « Société de secours aux agriculteurs impécunieux de Flammersfeld ». Son intuition était que la charité ne permettrait pas d’améliorer durablement le sort des gens mais qu’il fallait apprendre aux pauvres à se prendre en mains. Point de charité, mais l’auto-assistance.
Les caisses Raiffeisen vont se multiplier, fondées sur les quatre principes suivants :

  • opérer dans une région limitée, telle une commune ou une paroisse,
  • redistribuer l’épargne locale sur place,
  • octroyer des crédits à moyen terme (plusieurs années) et à faible taux d’intérêt,
  • se baser sur la responsabilité individuelle, solidaire et illimitée de tous les membres de la caisse.

C’est sur ce modèle qu’en 1892 sera créée la première des caisses Raiffeisen en Belgique. Celles-ci se développeront ensuite, essentiellement en Flandre, pour devenir CERA près d’un siècle plus tard (2).
La deuxième forme de crédit populaire est davantage urbaine. Peut-être sous l’influence de Hermann Schulze-Delitzch qui est, avec Raiffeisen, le promoteur du crédit populaire en Allemagne au XIXe siècle, apparaissent dès 1864, sous la direction de personnalités libérales de la région liégeoise, comme L. d’Andrimont et A. Micha, des banques populaires, associations de crédit mutuel qui ont pour objectif de permettre l’accès au crédit des couches sociales moyennes ou populaires, restées étrangères au développement de la banque dans le deuxième tiers du XIXe siècle.

Les banques populaires essaiment : 9 sont créées de 1864 à 1873, 11 de 1874 à 1892, elles réunissent 14 000 sociétaires en 1899. Fruits d’une deuxième vague coopérative, les sociétés d’assurance et d’épargne voient le jour dès la fin du XIXe : la Prévoyance Sociale, Coop-Dépôts (CODEP), les Assurances Populaires, la Coopérative Ouvrière de Banque (COB), qui deviendra ensuite la BACOB, constitueront très vite l’épine dorsale des mouvements socialiste et chrétien. En 1908, les banques populaires sont au nombre de 45 dont 34 comptent 24 000 adhérents. Ce n’est que durant la période d’entre-deux-guerres que ce secteur touchera le monde ouvrier par la multiplication des caisses d’épargne liées au mouvement ouvrier, tant socialiste que chrétien (3).
Face à l’exclusion bancaire, les pouvoirs publics ne sont pas en reste. Le 8 mai 1850 est adoptée une loi qui institue une caisse générale de retraite, auprès de laquelle des personnes prévoyantes peuvent se constituer une petite pension pour leurs vieux jours, au moyen de versements volontaires, sous garantie de l’État. Ensuite, la loi du 16 mars 1865 créera la Caisse générale d’épargne, avant que les deux institutions ne fusionnent sous le nom de Caisse générale d’épargne et de retraite (CGER). La création de la CGER constitue une intervention frappante de l’État libéral de l’époque dans le domaine des caisses d’épargne. Les libéraux doctrinaires, avec Frère-Orban comme chef de file, défendaient en effet cette mesure interventionniste d’un point de vue idéologique, politique et surtout financier et économique. Ils arguaient avant tout en faveur de la création d’un climat propice aux investissements par l’élargissement du crédit, au profit de la bourgeoisie (4).

Jusqu’à la fin des années 1950, la CGER jouira d’un quasi-monopole de fait dans la collecte de la petite épargne. Avec la modernisation des techniques de gestion (notamment, la création de réseaux de terminaux bancaires), la politique d’expansion des agences bancaires, l’amélioration du niveau de vie de la population et la croissance économique des golden sixties, les banques se sont intéressées de près à cette catégorie d’épargnants dont le marché leur est apparu plein de potentialités. Depuis lors, la concurrence n’a fait que s’exacerber, non seulement entre les banques privées et la CGER, mais aussi entre la CGER et d’autres institutions publiques telles que le Crédit communal (5).

Où en sommes-nous ?

On connaît l’évolution du marché bancaire de ces 15 dernières années. KBC, dans son état actuel, est issue de la fusion en 2005 de KBC Bancassurance Holding et de sa société mère Almanij. KBC Bancassurance Holding était elle-même issue de la fusion, en 1998, de la Kredietbank, ABB-assurances et la Banque CERA, toutes détenues par Almanij. Le secteur bancaire coopératif du pilier socialiste ne pourra davantage être maintenu : après une fusion de Codep avec la Banque Nagelmackers, la nouvelle entité sera finalement cédée, en 2001, au Groupe Delta Lloyd. De son côté, en 1997, BACOB a absorbé Paribas Belgique, renommée par la suite Banque Artesia. Le processus de restructuration s’est poursuivi en 1999 avec la création d’une entité entièrement intégrée sur le plan des services financiers : Artesia Banking Corporation SA, qui réunissait la banque « retail » BACOB, la compagnie d’assurances Les AP Assurances, la banque d’affaires d’Artesia ainsi que diverses filiales spécialisées. Enfin, en juillet 2001, Arcofin, actionnaire de référence de ce groupe, a conclu une fusion entre Artesia Banking Corporation et Dexia. Cette transaction a permis à Arcofin de devenir le principal actionnaire de Dexia, à côté notamment du Holding Communal.
Le groupe Fortis a quant à lui acquis la CGER entre 1993 (50 %) et 1997 (100 %), mais aussi le Crédit à l’industrie en 1995, MeesPierson en 1997 et la Générale de Banque en 1999, avant de connaître les déboires de l’année dernière qui ont requis une nouvelle intervention de l’État par le biais, cette fois, d’une prise de capital au moyen de l’argent public (6).

Cette évolution structurelle du marché bancaire qui a gommé autant que possible les différences entre les banques commerciales et les banques de développement est la conséquence de l’évolution du marché mais aussi de sa régulation. C’est en effet à partir de la fin des années 1970 qu’a été initiée l’intégration ou la libéralisation du marché bancaire avec l’adoption de la première directive bancaire européenne le 12 décembre 1977 (7). Toutes les particularités dont bénéficiaient les banques de développement, comme des facilités fiscales, des garanties publiques… et qui leur permettaient de remplir leurs fonctions de développement local, ont en grande partie disparu (8).

Parallèlement, se sont développées des banques éthiques en Europe. C’est le cas d’institutions d’inspiration anthroposophique comme la GLS Gemeinschaftsbank qui fut créée en Allemagne en 1974, ou la Banque Triodos née aux Pays-Bas en 1980. La première utilise l’argent de ses épargnants pour octroyer des prêts à des écoles et crèches libres, des fermes écologiques, des initiatives de soins de santé et thérapies sociales, des projets pour des chômeurs, des magasins de produits sains et des projets de vie communautaire, mais aussi à des projets commerciaux. La seconde, qui dispose de succursales à Zeist (Pays-Bas), à Bristol (Royaume-Uni), à Bruxelles (Belgique) et à Madrid (Espagne) ainsi qu’une agence à Francfort (Allemagne), finance des entreprises qui apportent une valeur ajoutée sociale, environnementale et culturelle grâce aux fonds que lui confient les épargnants et investisseurs désireux d’encourager le développement d’entreprises novatrices et durables.
C’est également le cas de banques coopératives qui s’inscrivent dans la tradition des banques populaires. Il en va ainsi de la Banca Etica qui est née en juin 1995 en Italie pour concrétiser l’idée d’une banque conçue comme point de rencontre entre les gens qui partagent l’exigence d’une gestion plus responsable et transparente des ressources financières. Le but est d’encourager des initiatives socioéconomiques s’inspirant des principes d’un modèle de développement humain et social durable, où la production de la richesse et sa distribution sont fondées sur des valeurs de solidarité et de responsabilité vis-à-vis de la société civile.
On recense actuellement une bonne trentaine d’institutions de ce type en Europe, même si toutes n’ont pas le statut bancaire. C’est le cas de six coopératives de crédit actives en Belgique : Crédal, Hefboom et Netwerk Rentevrij qui accordent du crédit à l’économie sociale de notre pays, et Alterfin, Incofin et Oikocredit qui financent des instituts de microfinance dans les pays en développement.

À côté de ces institutions, se sont développés des produits financiers offerts par les banques classiques sous la dénomination d’investissement socialement responsable (ISR). D’aucuns parlent d’« investissements éthiques », d’autres d’« investissements durables », « socialement responsables », voire « soutenables ». Derrière ces variations sémantiques, l’on retrouve toujours le même socle fondateur, généralement en phase avec l’évolution des préoccupations citoyennes : la prise en compte de considérations éthiques et sociales, au-delà des objectifs financiers traditionnels, dans les décisions d’investissement ou de placement. L’ISR consiste donc à placer son épargne dans des entreprises ou États qui, au-delà de critères financiers traditionnels, respectent des valeurs sociales et environnementales précises. La sélection des entreprises ou États se fait soit par des organismes spécialisés indépendants, soit par une cellule de recherche interne au promoteur du produit, sur la base de critères d’exclusion ou de critères positifs.
C’est ainsi que le nombre total de produits financiers ISR sur le marché belge, secteurs retail et institutionnel confondus, s’élevait à 237 au 31 décembre 2008 (9), contre 186 un an plus tôt, soit une progression de 27 %. En 2008, comme les années précédentes, mais de manière encore plus accentuée, l’offre ISR belge s’est composée majoritairement d’organismes de placements collectifs (OPC), qui représentaient 91 % du marché ISR en Belgique. La proportion des comptes d’épargne est de 6 % et celle des autres formules d’épargne éthiques ne représentait plus que 3 %.
Au 31 décembre 2008, le volume total de capitaux placés dans l’ISR en Belgique s’élevait à 9,38 milliards d’euros, soit une baisse d’environ 12 % par rapport au 31 décembre 2007. Toutefois, la part de marché en valeur de l’offre ISR est très légèrement en hausse à 3,56 %.
Le volume des capitaux placés dans les OPC ISR s’élevait à 8,65 milliards d’euros, soit une baisse de 14 % par rapport au 31 décembre 2007, mais une baisse nettement inférieure à l’ensemble des OPC en Belgique (30 %). Les OPC augmentaient ainsi en termes de parts de marché : 7,2 % au 31 décembre 2008 par rapport à 5,8 % au 31 décembre 2007. Les leaders du marché des OPC ISR sont clairement KBC (52 % avec 4,46 milliards d’euros) et Dexia (25 % avec 2,08 milliards d’euros).
Au 31 décembre 2008, le volume des capitaux placés dans les comptes d’épargne ISR pesait plus de 647 millions d’euros, soit une croissance de 18 % en un an. En termes de parts de marché, bien que toujours très minoritaires, les comptes d’épargne connaissaient également une croissance par rapport à l’année précédente. Seuls trois acteurs se partagent le marché des comptes d’épargne ISR en Belgique : la Banque Triodos (82 %), la Fortis Banque (17 %) et la VDK-Spaarbank (1 %). C’est clairement la Banque Triodos qui est leader du marché des comptes d’épargne ISR, étant passée d’un encours de 382,43 millions d’euros fin 2007 à 530,33 millions d’euros au 31 décembre 2008.

Il est enfin à noter que le public privilégie les produits ISR de bonne qualité. Si la qualité moyenne des produits ISR proposés est globalement bonne, avec une évaluation à hauteur de 73 %, cette moyenne recouvre toutefois une réalité contrastée si l’on examine chaque produit individuellement. Une évolution globale vers une qualité meilleure encore devrait donc s’accompagner d’un mouvement d’harmonisation sur le plan qualitatif, si l’on veut éviter que la qualité médiocre de certains produits ne vienne injustement entacher la réputation des autres produits ISR (10).

Aiguillon du monde financier dominant ?

Nous l’avons rappelé, le paysage bancaire belge a largement perdu sa diversité systémique au cours des quinze dernières années avec la disparition des caisses d’épargne et banques coopératives. Certes, des acteurs nouveaux, bancaires et non-bancaires, qui portent des valeurs de responsabilité et de solidarité dans leurs activités, ont vu le jour. Même s’ils se développent de manière significative, ils ne représentent toutefois, à ce jour, qu’un segment marginal de marché.
Les produits d’investissement socialement responsable semblent quant à eux vouloir échapper progressivement à une telle marginalité en poursuivant une progression importante. Cette évolution est liée à la notoriété grandissante de ces produits, à l’accroissement de l’intérêt qu’ils suscitent dans le public, sans doute à la perception qu’ils peuvent constituer une valeur refuge en ces temps d’incertitude financière et, enfin, à l’accroissement de l’offre. Ont-ils pour autant la vocation et le pouvoir de transformer le monde financier dominant ? Deux observations nous offrent un début de réponse.
D’une part, cette évolution s’inscrit dans un contexte qui voit les pouvoirs publics jouer un rôle croissant dans le domaine de l’ISR. Des chantiers importants sont en cours, dont l’aboutissement devrait influencer considérablement le marché ISR : la définition d’une norme ISR minimale qui protège le consommateur et lui garantisse une qualité minimale, l’introduction d’une exigence ISR pour bénéficier des incitants fiscaux liés à l’épargne-pension et une gestion des deniers publics selon des critères ISR.
D’autre part, au-delà du marché ISR, la prise en compte de l’impact social et environnemental fait tache d’huile et contamine l’ensemble du marché, que ce soit à l’initiative d’opérateurs, comme KBC ou Dexia assurances, qui conditionnent des pans entiers de leur activité à des critères ISR, ou que ce soit à l’initiative des pouvoirs publics qui interdisent le financement des entreprises impliquées dans les armes controversées. La poche, encore marginale mais en plein développement, de l’ISR semble donc s’inscrire dans un mouvement plus large de responsabilisation des marchés financiers. Une tendance que la crise financière que nous venons de subir semble conforter mais qui devra toutefois se confirmer dans les prochaines années.

 
Bernard Bayot, décembre 2009
 

(1) Bernard Bayot, De la citoyenneté politique à la citoyenneté financière, FINANcité Cahier, Réseau Financement Alternatif, n°8, décembre 2007.
(2) Bernard Bayot, Friedrich Wilhelm Raiffeisen, FINANcité Cahier, Réseau Financement Alternatif, n°1, mars 2006.
(3) Voir L.Bertrand, Histoire de la coopération en Belgique, I, Bruxelles, 1902 ; voir aussi Jean Puissant, La coopération en Belgique. Tentative d’évaluation globale, BTNG-RBHC, XXII, 1991, pp. 31-72 ; ainsi que Peter Bosmans, Arthur Damsin, Agnès Mathis, Bart Nollet, Jean-Pierre Pollénus et Anne Savaton, Vade-mecum pour l’entrepreneur d’économie sociale, Éditions Labor, 2002.
(4) Sabine Parmentier, Het liberaal staatsinterventionisme in de 19de eeuw. Een concreet geval : de oprichting van de a.s.l.k., Revue belge d’histoire contemporaine, XIX, 1986, 3-4, pp. 379-420.
(5) Suzy Pasleau, La politique de placement de la caisse générale d’épargne et de retraite (1955-1984), Revue belge d’histoire contemporaine, XIX, 1988, 3-4, pp. 499-541.
(6) Bernard Bayot, L’interventionnisme public dans la finance, FINANcité, Réseau Financement Alternatif, 15 décembre 2008, https://www.financite.be/s-informer/bibliotheque,fr,11,3,2,1,382.html#_ftn1.
(7) Première directive 77/780/CEE du Conseil, du 12 décembre 1977, visant à la coordination des dispositions législatives, réglementaires et administratives concernant l’accès à l’activité des établissements de crédit et son exercice, JO L 322 du 17.12.1977, p. 30–37.
(8) Bernard Bayot, L’Europe réglemente l’activité des banques, FINANcité Cahier, Réseau Financement Alternatif, n°3, octobre 2006.
(9) Sans compter les mandats discrétionnaires.
(10) Bernard Bayot et Annika Cayrol, L’investissement socialement responsable en Belgique. Rapport 2009, FINANcité Cahier, Réseau Financement Alternatif, nº 15, octobre 2009.

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12/2009
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Décembre

Accès bancaire des immigrants

Soumis par Anonyme le

Lorsque l'on s'intéresse à la question de l'inclusion financière, la problématique des immigrants est largement prédominante dans le paysage européen.

De bonnes pratiques ont parfois été mises en oeuvre dans des pays d'Europe particulièrement concernés par l'arrivée de populations immigrantes. Un petit tour d'horizon s'y impose donc pour nourrir notre inspiration... et celle de nos banquiers.

Introduction

Dans le chef de nos autorités européennes, l'idée d'un marché unique inclusif, dans lequel circule librement et aisément tout citoyen est l'objectif à atteindre. Toutefois, dans les faits, cet objectif rencontre encore une série d'obstacles plus ou moins importants.

Au nombre de ces obstacles, les difficultés que quiconque s’installe dans un pays étranger peut rencontrer au moment d’ouvrir un nouveau compte bancaire... Il est impératif de se familiariser avec les usages en vigueur, tant en ce qui concerne les exigences administratives qu'en ce qui concerne les pratiques commerciales relatives aux coûts des services bancaires et financiers. À titre d'illustration, si, dans tel pays, l'idée même qu'un compte bancaire occasionne des coûts facturés aux clients est inconcevable, dans tel autre, la preuve de l'identité ne pourra être apportée que sur la base d'une liste très réduite de documents.

Le citoyen européen est donc souvent surpris par toutes ces différences qu'il ressent la plupart du temps comme tout à fait inacceptables. Inacceptables, car pourquoi imposer une contrainte donnée dans un pays si elle n’est pas jugée nécessaire dans un autre ? Inacceptables, car, bien souvent, un défaut de communication (imputable notamment à des lacunes dans l'information fournie par les banques elles-mêmes, parfois aggravées par des problèmes linguistiques) les tracasseries que ces différences génèrent prennent les consommateurs au dépourvu et les placent dans des situations qu'ils considèrent comme absurdes.

Les situations que nous venons de décrire sont bien entendu potentiellement décuplées si l'on se place du point de vue des citoyens non européens, originaires de pays aux traditions administratives et bancaires encore plus éloignées, qui viennent s'installer sur notre sol.

Face à cette réalité, nous nous interrogeons sur l'efficacité de la loi belge en matière de garantie d'accès à des services bancaires de base pour ce type particulier de public. Telle qu'elle est organisée, l'offre de services financiers dans notre pays est-elle appropriée à ces clients différents ?

Le cadre légal

Au niveau européen, une directive impose notamment que toute personne souhaitant ouvrir un compte en banque dans l’Union puisse apporter la preuve de son identité. Cette condition s'applique à l'ensemble des banques européennes.

Derrière cette façade homogène se cache toutefois une disparité de pratiques, car apporter la preuve de son identité n'est pas une sinécure dans certains pays de l'Union européenne. Nombreux sont encore les pays où la carte d'identité, sous la forme qu'on lui connaît en Belgique, n'existe pas. Dès lors, d'autres documents sont acceptés par les banques – permis de conduire ou divers documents administratifs : carte certifiant l'âge (délivrée par la police en Irlande), carte délivrée par la banque postale (Norvège)...

Ces divers documents ne sont toutefois pas toujours mis automatiquement à la disposition des citoyens et il peut même arriver que des personnes résidant de manière légale dans un pays ne puissent accéder à aucun d'entre eux !

Par l'octroi systématique d'une carte d'identité à toute personne résidant légalement en Belgique, les problématiques liées à la preuve d'identité, lorsqu'elles existent, sont alors le plus souvent le fait de périodes transitoires, en attendant une régularisation... Ce qui n'est certes pas anodin... et peut soulever des questions relatives aux règles d'équivalence à appliquer entre les divers documents en cours dans l'Union.

Au niveau national, la législation belge en matière d'inclusion bancaire fait partie des plus performantes dans le paysage européen. Grâce au « droit » à l'accès à un compte bancaire de base, toute personne disposant d'une preuve d'identité peut donc, dans la banque de son choix, ouvrir un compte bancaire, et, le cas échéant, ouvrir un compte bancaire de base. Ce dernier garantit pour un prix modéré l'accès à un compte qui autorise la réalisation des transactions bancaires indispensables à une inclusion sociale et économique dans un pays hautement bancarisé.

Des produits différents ou des approches personnalisées ?

Voici quelques années, de nombreuses études se sont penchées sur la problématique du genre (sexe) dans l'accès et l'usage de multiples biens et services, et notamment en matière de crédit et de microcrédit.

En matière de microcrédit, un projet de recherche a été mené par le Réseau européen de la microfinance1 et, lors de la conférence finale (Madrid, décembre 2007), un large consensus s'est exprimé sur l'existence de besoins particuliers que ressentent les femmes en matière d'approche (p. ex. : à quels moments de la journée les femmes sont-elles disponibles sachant qu’elles assurent souvent un rôle central dans la garde et l'éducation des enfants), de mode de formation (p. ex. : les modules de formation en groupes sont plus appréciés par les femmes que par les hommes), de type de formation (p. ex. : certains métiers sont assez peu mixtes) et de la structure d'accompagnement. Un autre consensus s'est également exprimé au sein des participants sur le fait que selon eux, les femmes n'ont pas des besoins significativement différents à ceux des hommes en terme de produit, raison pour laquelle ils ne voient pas l'utilité de développer une gamme différente de microcrédits.

Ce parallèle nous semble opportun, car il permet de soulever la question de savoir si l'intégration financière des immigrants nécessite des produits financiers spécifiques ou plutôt des approches commerciales adaptées, ou, bien entendu, un savant mélange des deux.

La réponse à cette question n'est sans doute pas unique, et variera selon le profil particulier de la personne migrante. Une distinction de taille, qui influencera la réponse à donner, doit être faite entre les migrants qui laissent leur famille derrière eux et utiliseront largement les modalités de transfert de fonds dans l'espace extra-européen, des autres, qui s'installent avec leur famille ou qui gardent des contacts rapprochés grâce à une bonne mobilité. Ces derniers en effet sont moins soumis que les premiers aux difficultés d'inclusion financière.

Avant de présenter une sélection de bonnes pratiques et afin de mieux les situer dans une logique d'inclusion financière, voici, présentées de manière synthétique, les principales étapes identifiées par L. Anderloni et D. Vandonne (2008) dans le cadre de l'inclusion financière d'immigrants extra-européens.

Besoins financiers et cycle de vie des migrants2

Étapes

Besoins financiers

I Installation initiale Étape de « survie » possible endettement (arrivée dans le pays)
II Légalisation Transferts d'argent internationaux
Demande latente de crédit à la consommation et de microcrédit
III Stabilisation de l'installation Transferts d'argent internationaux - Services de paiement et d'épargne Crédits à des fins de :
  • consommation
  • démarrage d'une activité économique (autocréation d'emploi, micro-entreprise)
  • achat immobilier

Assurances couvrant les dommages de base

IV Consolidation

Transferts d'argent internationaux (dont l'importance diminue)

Services financiers de base et besoins financiers plus élaborés, incluant :

  • l'investissement et la gestion d'avoir
  • les assurances vie et autres
  • les plans d'épargne pension
  • les crédits et prêts hypothécaires
  • les services de paiement électronique

Les étapes ultérieures dépendent du projet migratoire :

Transit avec un retour prévu au pays : lorsqu'il existe sur le marché des produits bien positionnés et adaptés – plans d'épargne et de pension transférables.

Installation définitive : dans ce cas, toutes choses égales par ailleurs, les besoins seront similaires et comparables à ceux de la population locale

Conclusions intermédiaires

Nous retiendrons de l'étude ci-dessus, dans la mesure où elle illustre de réalités universelles,

  • qu'à l'exception des opérations de transferts de fonds internationaux, les services financiers utilisés ne diffèrent pas fondamentalement des besoins de la clientèle locale ;
  • que les microcrédits destinés à l'autocréation d'emploi sont selon toute vraisemblance utilisés par les immigrants;
  • que des produits financiers de base sont préférés et mieux adaptés durant les premières étapes de l'installation.

Des marges d'innovation sont toutefois envisageables pour mieux répondre à cette niche de clientèle et notamment dans la manière d'envisager la relation que cette dernière entretient avec l'institution financière.

Parmi les barrières les plus importantes qui limitent l'accès aux produits financiers des institutions financières, on citera, par ordre d’importance, les problèmes linguistiques, les différences culturelles, ensuite seulement – car elles ne concernent pas uniquement les populations émigrées, mais également les populations en risque d'exclusion – les difficultés liées à la localisation des agences, aux horaires d'ouvertures, à la compréhension du vocabulaire financier, au manque de confiance dans les banques.

Des approches marketing spécifiques peuvent donc être inventées afin de répondre plus adéquatement à ce public, et l'intérêt que les professionnels peuvent y trouver est avant tout de capturer une clientèle qui, au fil des ans et de son installation dans le pays, consommera une gamme de plus en plus large et sophistiquée de produits et services financiers.

Le principal obstacle à la mise en place de telles stratégies par les banques est sans doute le coût initial de cette stratégie, qui n'a de sens que dans une approche de long terme, lorsque les perspectives de développement sont suffisantes. En outre, l'opportunité de servir cette niche particulière varie d'un pays à l'autre, selon le niveau de bancarisation/financiarisation de la société. C'est dans les pays hautement bancarisés, où les opportunités de servir de nouveaux clients se font plus réduites, que l'on trouve le plus d'innovation tendant à servir les populations émigrées.

Innovations et bonnes pratiques

Répondre aux besoins premiers des personnes émigrées – les transferts de fonds

Le produit d'appel majeur, on l'aura compris dans la section précédente, est bien le « transfert de fonds ». Pour se positionner sur le marché et être compétitif, l'opérateur financier doit pouvoir proposer le service à un tarif plus attractif, proposant des taux de change avantageux et des garanties de mise à disposition efficace, grâce notamment à un large réseau de points de retrait dans les pays récepteurs des transferts.

La rapidité des transactions proposées est considérée comme fondamentale et clairement en relation avec la sécurité de celles-ci. Lorsque c'est techniquement possible, la banque peut également fournir des cartes de retrait qui permettent l'usage du réseau d'ATM (guichets de retraits automatiques) local, quand il existe.

Illustrations :

Une initiative intéressante a été développée par la Confédération espagnole des caisses d'épargne (CECA) regroupant plus de quarante banques d'épargne au niveau national.

La CECA a en effet mené en 2004 une étude approfondie sur les transferts de fonds effectués à destination de trois pays d'Amérique latine. Sur cette base, elle a décidé de développer une plate-forme commune permettant de procéder à des transferts via Swift/Internet. Cette technologie garantit tout à la fois la rapidité des transactions et un niveau de sécurité significatif, le tout à un prix compétitif par rapport à ceux pratiqués par les organismes spécialisés.

L'objectif poursuivi par ce développement est de permettre aux banques d'épargne de proposer les opérations de transferts de fonds internationaux à leurs clients. Un accord dans ce sens a été signé par les quarante membres de la CECA et quatorze pays d'Amérique latine. Ce développement s'inscrit clairement dans la stratégie des banques d'épargne espagnoles de s'ouvrir aux clients immigrants... qui, on le sait, consolident leur installation notamment par l'utilisation d'autres services bancaires.

Dans l'état actuel de nos connaissances, cette stratégie semble payante en Espagne, où le marché des transferts de fonds est en pleine croissance et où la population immigrante est considérée comme une population présentant un important potentiel.

Parler la langue de ses clients/Apprendre à parler la langue de ses futurs clients

La mise à disposition par l'institution bancaire de personnel et de supports d'information ou de présentation de produits ou services en diverses langues est une stratégie qui s'observe déjà assez largement dans les pays de forte immigration.

Des différences substantielles existent toutefois quant à la manière dont cette offre est organisée et présentée au public. Car il ne suffit pas de développer ce service particulier, encore faut-il faire en sorte que ce dernier soit bien connu du public qu'il cherche à atteindre. À cette fin, certains groupes bancaires consacrent des agences particulières, situées stratégiquement dans les zones géographiques où se concentre la population cible. Cette approche permet en général une excellente visibilité. Le défaut majeur de cette spécialisation, c'est le risque de constituer un réseau parallèle d'agences pour quartiers de seconde zone... et de développer une offre qui en devienne dès lors stigmatisante.

Illustrations :

La Banca Carige, en Italie, a mis en place dans la zone particulière du port de Gênes une agence spécifiquement dédiée aux immigrés ; et la Saopaolo Imi group qui a développé quatre « Points stratégiques multi-ethnic », où du personnel de langue natale française, anglaise, chinoise et arabe est employé afin de répondre à la clientèle immigrée.

Des offres de services « sur mesure » :

Certains opérateurs ayant eu l'occasion d'observer les principales lacunes/difficultés des immigrés ont développé des « cocktails de services » pour mieux répondre à leurs besoins. Trois pratiques espagnoles... berceau d'innovation en la matière, ont été sélectionnées !

Bancaja est une banque implantée au niveau national dont l'activité décrite ci-après est concentrée sur la région de Valence. La banque, afin de pallier l’inexistence de comptes courants proposant des services particuliers aux immigrants, a développé la stratégie marketing suivante : un "Welcome pack" est proposé, qui comporte un compte de dépôt ou un compte courant sans commission, une carte de débit ou une carte ATM et une assurance pour le rapatriement du corps en cas de décès. La banque propose gratuitement l'organisation de la déclaration de résidence (qui en général, coûte 15 euros), de transferts d'argent "A mi país/A mon pays" que ce soit en agence ou via l'Internet. Une offre de microcrédits essentiellement accordés aux immigrants afin de démarrer leur entreprise personnelle, dont les montants sont plafonnés à 15 000 euros sur une durée de 5 ans.

Ibercaja propose également un compte courant s'accompagnant de services particuliers aux immigrants ainsi qu'un site web en quatre langues (roumain, arabe, français et anglais). Le compte courant Multipaís, pour les résidents et non-résidents, offrant des facilités de transfert de fonds.

BBVA Banco Bilbao Vizcaya Argentaria propose une offre multiservices appelée Dinero Express qui comprend : les transferts de fonds (à des prix très compétitifs), des prêts personnels (Crédito fácil), une assurance, une garantie locative pour un logement, des cartes de crédit (Cuenta Claras Multipaís) et même du crédit hypothécaire. En outre, détail d'importance, ses agences sont ouvertes de 10 h à 22 h, 7 jours sur 7.

Conclusion

Au vu des initiatives précitées, on se rend compte qu'en marge du cadre légal, il existe des innovations tant au niveau des produits et services financiers que des approches marketing bien plus à même de rencontrer les besoins des personnes immigrées et d'en faciliter l'inclusion financière.

Au vu de l'importance des communautés étrangères installées sur notre sol, et notamment à Bruxelles, et au vu du peu d'initiatives prises dans ce sens par les opérateurs en place, il est raisonnable de penser qu'il existe des marges de progrès.

Amis banquiers, à vos marques ! 

Olivier Jérusalmy, décembre 2009

 

1 Fostering Gender Equality, European Microfinance Network, February 2008.(www.european-microfinance.org)

2 L. Anderloni & D. Vandonne, 2008 « Migrant and financial services », p.12 (http://www.fininc.eu/gallery/documents/wp-migrants-financial-services-final-january.pdf)

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Entreprises et changement climatique

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Banques et des armes à sous-munitions Communiqué de Netwerk Vlaanderen

Soumis par Anonyme le

Bruxelles et Londres, 29 octobre 2009 – Presque un an après la signature historique de la Convention d’Oslo en décembre 2008 sur les armes à sous-munitions, 138 institutions financières, parmi les plus importantes, continuent à investir auprès de huit fabricants d’armes à sous-munitions et à leur octroyer des services financiers représentant plus de 20 milliards d’US dollars. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport établi par Netwerk Vlaanderen et IKV Pax Christi. Aujourd’hui, les auteurs de ce rapport et les activistes lancent le rapport à le quartier des affaires de Londres.

“Pour les institutions financières il y a un aspect éthique, professionnel et légal à ne plus investir dans les armes à sous-munitions et aujourd’hui nous leur demandons de le faire,” déclare Esther Vandenbroucke de Netwerk Vlaanderen. “ Nous appelons aussi les états signataires de la Convention sur les armes à sous-munitions à mettre en place légalement une interdiction d’investir dans ces armes”.

Depuis 2007 les coûts humains et économiques découlant de l’utilisation d’armes à sous-munitions sont largement connus et commentés. Ces 40 dernières années, les bombes à sous-munitions ont tué et blessé des milliers de citoyens et elles continuent à le faire longtemps après la fin des conflits. Un traité interdisant la production, l’utilisation et le stockage de bombes à sous munitions est en cours de ratification dans le cadre d’une législation nationale et internationale.

Les armes à sous-munitions : une responsabilité collective
La Belgique a joué au plan international un rôle de pionnier en adoptant en 2007 une réglementation interdisant les investissements dans les armes à sous-munitions. Toutes les banques actives en Belgique sont soumises à cette réglementation. Le rapport met en évidence que nombre de ces banques continuent à investir, dans leurs activités mondiales, des millions de dollars auprès des fabricants d’armes à sous-munitions.

“Une politique nationale aide sans aucun doute et nous sommes heureux que la Belgique est une pionnière, mais ce n’est pas la seule solution. Les institutions financières doivent aussi agir elles-mêmes”, affirme Vandenbroucke. “La responsabilité de l’abolition des armes à sous-munitions est une responsabilité collective. Cela demande de l’audace et de l’engagement. A quelques mois du traité international il est grand temps d’agir pour les institutions financières, les états signataires et ceux n’ayant pas encore signé.”

Hall of Shame
La publication de l’IKV Pax Christi et de Netwerk Vlaanderen répartit les institutions financières en différentes catégories: ‘Hall of Shame, ‘Hall of Fame’ et ‘Runners-Up’, selon leur pratique et leur politique en matière d’investissement. Le rapport révèle que, depuis janvier 2007, 138 institutions financières provenant de 16 pays différents ont investi auprès de huit fabricants d’armes à sous-munitions. Parmi ces entreprises: Alliant Techsystems ATK (USA), Hanwha (Corée du sud), L-3 Communicaitons (USA), Lockheed Martin (USA), Poongsan (Corée du Sud), Roketsan (Turquie), Singapore Technologies Engineering (Singapour) et Textron (USA).

Les institutions financières ont réalisé auprès des huit fabricants d’armes à sous-munitions sélectionnés les investissements et les services suivants :

  * Investment banking pour plus de 4,5 milliards de dollars.
  * Octroi de crédits pour plus de 5 milliards de dollars
  * Actions et obligations détenues ou gérées représentant au moins 11.8 milliards de dollars

Banques actives en Belgique
Avec 1006 millions d’US dollars AXA est au plan mondial le troisième plus gros investisseur des huit fabricants. La Deutsche Bank figure en quatrième position en ce qui concerne l’octroi de crédits: elle accorde presque 400 millions d’US dollars à ces entreprises. Enfin Citigroup occupe la seconde place pour ses activités en tant que banque d’investissement, ce qui représente 570 millions d’US dollars. BNP Paribas, la nouvelle venue, est également mentionnée dans le Hall of Shame.
Parmi les bons élèves les banques suivantes ayant leur siège social en Belgique: Ethias, KBC et Dexia. Elles sont considérées comme des pionnières.

La catégorie *Hall of Fame *comprend: des caisses de retraite gérées par des pouvoirs publics, des banques éthiques et un certain nombre d’institutions financières privées. Le Fonds Norvégien de pension exclut depuis 2004 les fabricants d’armes à sous-munitions. Le National Pensions Reserve Fund Irlandais, le Superannuation Fund Néo-Zélandais et les fonds de pension Suédois AP 1-4 et AP7 figurent également dans ce Hall of Fame, tout comme les banques éthiques Triodos et ASN des Pays-Bas et la Banca Etica Italienne. La société Belge Ethias est l’une des institutions financières privées du Hall of Fame. En outre plusieurs institutions financières privées ont mis en place une politique non globale. Le rapport rend hommage à ces banques, considérées comme ‘Runner-up’ pour leurs démarches. Le rapport indique également quelles mesures leur permettraient de faire partie du Hall of Fame.

Fin du communiqué de presse
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Contact : Netwerk Vlaanderen 0032 2 201 0770 / 0032 497 693 864 (Marjon Meijer, chargée de communication)
Plus d’information à http://www.netwerkvlaanderen.be/fr/clustermunitions

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Communiqué de Netwerk Vlaanderen Les institutions financières mondiales continuent à investir plus de 20 milliards de dollars dans la production d'armes à sous-munitions * Parmi les top investisseurs des banques actives en Belgique *

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