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Aux larmes citoyens !

Soumis par Anonyme le

[ Sur la base d’un entretien avec Jean Puissant, écrivain et ancien professeur d’histoire à l’Université libre de Bruxelles.]

En bref

  • Les mouvements citoyens comblent le vide laissé par l’État.
  • Ils se construisent autour d’un projet politique, d’une autonomie financière, et d’une émotion partagée.

Plus les sociétés se sont institutionnalisées, plus les mouvements citoyens se sont développés. Au sens propre du terme, ce sont les révolutions française et américaine de la fin du XVIIIe siècle qui traduisent la notion de citoyenneté. À dater de ces événements, les individus existent juridiquement et sont égaux devant la loi.

Combler le vide

L’apparition des sociétés parlementaires et représentatives devait permettre aux citoyens d’exprimer leur volonté au travers des
institutions politiques. Une liberté relative puisque, dans tous les cas, la représentativité des élus (députés et sénateurs) est restreinte
à un nombre limité de citoyens. Le mouvement citoyen réunit donc des individus qui ne se sentent pas correctement représentés au niveau politique. En Belgique, les partis politiques sont les premiers à se constituer en mouvements citoyens en réaction à la nouvelle monarchie constitutionnelle et représentative. Le XIXe et le XXe siècle voient les libéraux et les catholiques s’affronter au sujet de la place de l’Église au sein de l’État et sur la question scolaire. Les questions de l’universalité des droits (rappelons que les femmes n’accèdent
au suffrage législatif qu’à partir de 1948 !) et des conditions de travail sont essentiellement portées par les socialistes. L’ensemble des interrogations qui traversent la société belge se pose avec, en toile de fond, la question des langues et de l’émancipation féminine.

Une balle dans le pied ?

Le mouvement citoyen veut s’exprimer en dehors de toute institution (juridique, militaire, ou ecclésiastique). La réalité démontre que
l’État a tendance à l’encadrer. S’ils sont devenus de véritables institutions d’un point de vue social, les partis politiques ne le sont pas d’un
point de vue juridique. Ils n’existent que par les subventions qui leur sont accordées et sont aujourd’hui encore absents de la Constitution. Les organisations non gouvernementales (ONG) font leur apparition à la fin du XIXe siècle. Elles sont également subventionnées, pour la plupart, par l’État. La Croix Rouge de Belgique, qui était au départ (1864) indépendante, est depuis 1981 auxiliaire des pouvoirs publics et perçoit à ce titre des subsides des entités fédérale et fédérées. D’autres associations, parmi les plus contestataires, cherchent à obtenir des subventions de ceux qu’ils contestent pour développer leurs activités. Un paradoxe qui explique en partie que les mouvements citoyens soient moins présents dans les pays autoritaires où l’État ne comprend pas comment un pouvoir peut subventionner sa propre critique.

De l’argent,de la politique et de l’émotion

Parallèlement aux partis politiques, les syndicats, mutuelles et associations prennent part aux revendications sociales. Dès 1906, la première convention collective belge est signée dans le secteur du textile. Si les périodes suivant les deux guerres mondiales renforcent la cohésion des citoyens, l’internationalisation des échanges financiers, les migrations politiques, les bouleversements climatiques mais aussi les exigences nationales (économiques et démographiques) font naître des revendications nouvelles (1). En 1961, Amnesty International entame le combat contre les atteintes aux droits humains, Greenpeace naît dix ans plus tard d’une protestation contre les essais nucléaires du gouvernement américain en Alaska, le mouvement altermondialiste se développe dans les années 1980 avec comme objectif premier la lutte contre la dette du tiers-monde. En 1996 à Bruxelles, la Marche blanche à la suite de l’affaire Dutroux remet en cause toutes les institutions politiques et judiciaires du pays. Mobilisation citoyenne historique de par son nombre de participants, elle rapelle que le facteur émotif est nécessaire pour réunir mais ne suffit pas pour perdurer. De fait, si l’indignation nationale permit de réunir 300 000 personnes en une fois, le mouvement issu de la Marche blanche disparut sitôt l’émotion retombée. Le mouvement prend sens lorsqu’il s’organise sur le plan financier et politique, et qu’il réussit à canaliser les frustrations et motivations des uns et des autres vers une avancée collective.

1. Gubin Éliane, Étude approfondie d’histoire politique de la Belgique contemporaine, Presses Universitaires de Bruxelles, 6e édition, 2005, p. 94.

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L'internationalisation des échanges financiers, les bouleversements climatiques, les migrations et renversements politiques feront naître de nouveaux mouvements citoyens.

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FINANcité Magazine n°19 : La démocratie sous influence

Soumis par Anonyme le
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Le pot de fer contre le pot de terre

Soumis par Anonyme le

En bref

  • La grande distribution impose ses conditions.
  • À l’opposé, les monnaies complémentaires drainent d’autres valeurs.

Quelle que soit la ville dans laquelle on se balade, ce sont pratiquement toujours les mêmes chaînes de magasins qui bordent les trottoirs. À l’intérieur, même décoration, même présentation et mêmes produits. La concurrence qui s’opère entre ces différents groupes et la chasse au bénéfice à court terme aboutissent souvent à de piètres conditions salariales et sociales pour leurs employés et fournisseurs (voir p5). À l’opposé de cette logique se situent les monnaies complémentaires. Ces monnaies servent à échanger des biens et des services mais, contrairement à la monnaie classique, elles sont souvent limitées à une région ou à un type de biens et de services. Il existe des milliers de monnaies complémentaires à travers le monde et pratiquement autant de modes de fonctionnement.

Le temps comme monnaie d'échange

Parmi celles-ci, on peut citer les SEL (systèmes d’échanges locaux) ou les banques du temps, qui permettent d’échanger des services. L’unité d’échange est le temps. A côté des SEL, un autre grand type de monnaie complémentaire fonctionne davantage comme la monnaie classique. Sa valeur peut être équivalente à la monnaie classique, parfois même un peu moins. Les monnaies complémentaires peuvent être utilisées dans des
magasins, des cafés, des restaurants et des fournisseurs au sein d’une communauté. Par exemple, l’équivalent de 2,4 millions de dollars circule en BerkShares dans l’ouest du Massachusetts. Ils sont échangeables en banque et acceptés dans quelques 400 magasins offrant une grande variété de biens et de services. Comme c’est souvent le cas pour ce type de monnaie, le taux de change est plus faible. Le Berkshare coûte 0,95 dollar. Les utilisateurs
reçoivent directement à la caisse une réduction de 5 %, ce qui les incite naturellement à utiliser cette monnaie. Le but affiché du Berkshare est de dynamiser l’économie locale et même, à en croire ses concepteurs, à créer une économie régionale autosuffisante basée sur le développement durable et l’aide à la communauté. D’autres monnaies complémentaires sont davantage basées sur le type de services ou de biens qu’elles permettent d’acheter, tels que la nourriture bio ou les produits «verts». Les unes comme les autres ne rivalisent pas avec
les grandes chaînes de magasins, mais leurs créateurs espèrent développer un autre système d’échange de biens et de services, non plus basé sur le profit mais sur d’autres valeurs telles que le développement durable,l’environnement ou l’économie locale.

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À côté des grandes chaînes de distribution vendant des produits standardisés, les monnaies locales permettent d'échanger des biens et services à un niveau régional avec comme but principal de dynamiser l'économie locale.

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C Populaire : la coopérative socialiste

Soumis par Anonyme le

On y trouve un peu de tout : du papier toilette au café en passant par l’alcool, le tabac, la viande et le fromage. Un rayon de fruits et légumes est aussi présent. Sur les murs (le rouge est la couleur dominante), le calendrier des fruits de saison de Solidaris est bien visible. L’éducation à la consommation fait partie intégrante du lieu. Nous sommes dans un C Populaire, nom donné à l’enseigne des Magasins du Peuple, une coopérative créée par la FGTB, le PS et la mutuelle Solidaris. Le premier C Populaire a ouvert en février à Verviers sous forme de brasserie.
Depuis, deux nouvelles ouvertures ont suivi, à Cheratte et Blegny, sous forme d’épicerie. Avec C Populaire, nous voulons relancer le commerce de proximité et valoriser la production belge, déclare Rachel Ardu, la coordinatrice du projet. Si les produits du terroir sont effectivement mis en avant dans les étalages, l’exercice a ses limites : toutes les
grandes marques sont aussi présentes, au cas où. Quant aux prix, ils sont particulièrement intéressants pour les affiliés FGTB qui bénéficient d’une remise de 10 %. Réponse à la crise libérale pour certains, moyen d’agrandir les rangs pour d’autres, ces nouveaux « M agasins du peuple » ont le mérite de naître là où l’économie locale avait disparu.
www.cpopulaire.be

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L'épicerie reprise par tout le village !

Soumis par Anonyme le

En bref

  • Une initiative locale réussie.
  • La coopérative comme vecteur de changement.

Meix-devant-Virton, bourgade ardennaise de 900 habitants située à deux pas de la frontière française, a bien failli perdre sa précieuse épicerie. En 2007, Denise, l’épicière du village, décidait de prendre sa retraite. Un repos bien mérité pour cette indépendante alors âgée de 67 ans. Mais un véritable drame pour les personnes âgées et isolées. Virton est à huit kilomètres certes, mais la ligne de bus est quasi inexistante. Épaulée par le centre d’animation globale du Luxembourg (CAGL), une poignée de motivés décide de prendre la relève. Une réunion est organisée et un toute-boîte est envoyé pour sonder la population. Les retours sont très encourageants.Les habitants veulent maintenir leur épicerie.

Concrètement

Trois cents habitants achètent pour 5 000 euros de parts dans la coopérative. La commune investit 5 000 euros de plus. Ensemble, ils rebaptisent l’épicerie « L’Épicentre ». Le matériel de Denise est racheté et les stocks sont reconstitués. Cette nouvelle collaboration entre les habitants et les représentants communaux fait son effet. Auparavant déserté par les professions indépendantes, le village voit aujourd’hui s’installer un boucher et un libraire. L’économie locale de Meix-devant-Virton reprend du poil de la bête !

Une aventure pleine de défis

Voilà bientôt trois ans que l’épicerie a été reprise. Deux employés du CAGL y travaillent à mi-temps, secondés par des bénévoles. Parmi eux, Denise, l’ancienne épicière. Les chiffres de fin de journée peuvent atteindre jusqu’à 1 000 euros. Suffisant pour maintenir un service de qualité, mais pas de quoi faire vivre une personne à temps plein.

Un nouveau mode de consommation ?

Un autre défi consiste à modifier petit à petit les habitudes des consommateurs. La renaissance de l’épicerie entraîne de nouveaux projets. En partenariat avec l’ASBL Grosses Légumes, l’Épicentre peut désormais proposer
des produits issus de l’agriculture biologique. Une première pour ce commerce de proximité qui ne vendait jusqu’ici que des produits issus de la grande distribution. « La clientèle de toujours n’a malheureusement pas changé ses habitudes de consommation. Par contre, une clientèle parallèle s’est développée. Des habitants de villages avoisinants, ou encore des villageois qui n’étaient pas clients viennent désormais s’approvisionner en produits bio et équitables », déclare Françoise Urbain, cheville ouvrière de l’Épicentre.

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À Meix-devant-Virton, les habitants ont repris en coopérative l'épicerie du village. Une aventure solidaire qui a permis à tout un chacun d'y trouver son compte !

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S'active-t-on dans la grande distribution?

Soumis par Anonyme le

En bref

  • Le Congrès du Travail du Canada encourage les actionnaires de Wal-Mart à réagir via leurs fonds de pension.
  • BCIMC : le puissant gestionnaire d’investissement socialement responsable.

Le modèle actuel de la grande distribution répond peu aux préoccupations sociales,éthiques et environnementales. Pour forcer les entreprises à prendre en compte ces préoccupations, les actionnaires peuvent faire pression via le capital investi dans l’entreprise. En déposant des résolutions, en unissant leurs voix et en votant aux assemblées générales, ils peuvent intervenir dans les politiques de gestion et veiller au respect de la bonne gouvernance ou des principes environnementaux et sociétaux.

Le fonds de pension comme munition

Même les géants ont des points faibles. En matière d’éthique, le groupe américain Wal-Mart les collectionne. Pour atteindre son chiffre d’affaires annuel de 405 milliards de dollars, le numéro un mondial de la grande distribution se permet tout : travail des enfants, précarité d’emploi, embauche de travailleurs illégaux, etc.... Quant au droit à se syndiquer, il est fortement déconseillé par les dirigeants. Les travailleurs du Wal-Mart de Jonquière au Québec sont un exemple de cette limitation des droits au sein du groupe. En 2004, alors qu’ils venaient de réussir à se syndiquer, Wal-Mart décidait de fermer le magasin et de licencier chacun des employés. Une affaire relayée par
la presse au bénéfice de Wal-Mart : l’antisyndicalisme permettrait une plus grande performance économique de l’entreprise. Un scandale pour le Congrès du travail du Canada qui explique le succès financier de Wal-Mart par sa politique de prix dénuée de toute préoccupation sociale. Pour y faire face, le Congrès du travail du Canada a mis au point une stratégie : exercer une pression sur les dirigeants de Wal-Mart via les fonds de pension. Les fonds de pension sont constitués par les capitaux des travailleurs précise Ken Georgetti, président du Congrès du Travail du Canada. Les travailleurs sont donc les propriétaires d’une portion importante d’actions dans le monde. Un pouvoir
non négligeable puisque ces fonds ont pour la majorité des investissements dans Wal-Mart, et qu’ils pèsent à eux seuls plus lourd que les revenus de la multinationale !En utilisant ces fonds pour forcer Wal-Mart à réagir, les travailleurs canadiens comptent bien entrer dans une nouvelle ère : celle où la collaboration internationale entre syndicats et fonds de pension fera tomber aux géants de la grande distribution leur "immunité impérialiste".

L’exemple de la Colombie-Britannique

La British Columbia Investment Management Corporation (BCIMC) est une société de gestion des investissements établie à Victoria, en Colombie-Britannique. Avec un actif sous administration de 74,5 milliards de dollars en date du 31 mars 2009 (1), elle compte parmi sa clientèle des régimes de retraite, le gouvernement provincial et des fonds d’assurance qui font d’elle un acteur incontournable de l’économie canadienne. En 2006, la BCIMC soutenait déjà une résolution en faveur d’une meilleure répartition des pouvoirs au sein de la direction du groupe
Nestlé. Sa politique de vote par procuration est décrite dans son Shareholder Engagement Guidelines. Ce document fait également référence aux pratiques d’emploi douteuses exercées par Wal-Mart. La BCIMC ambitionne aujourd’hui de devenir un exemple en matière de responsabilité sociale des entreprises. Le vote par procuration, le dialogue avec les directions des entreprises et la collaboration avec d’autres investisseurs institutionnels y sont devenus prioritaires. Une prise de position qui prouve que la notion de responsabilité sociale des entreprises commence à percer dans le monde de la finance, et que les plus puissants aussi peuvent y trouver leur compte.

S’active-t-on en Belgique ?

AXA, ING, Fortis-BNP-Paribas, Dexia, Citibank, Deutsche Bank, KBC, toutes ces banques utilisent une partie de notre argent pour financer et acheter des actions de Wal-Mart. Au total, le montant investi dans cette chaîne par les banques belges atteint 4,5 milliards d’euros. (2)

(1) www.bcimc.com
(2) Attout Antoine, « Wal-Mart, l’empire du rêve américain »,
www.financite.be, rubrique « bibilothèque ».

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Alors que le leader mondial de la grande distribution Wal-Mart est à nouveau épinglé par ses actionnaires, le gestionnaire des fonds de pension de la Colombie-Britannique confirme sa volonté de devenir chef de file en matière de responsabilité sociale de l'entreprise.

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Juin

Crédit à tout prix

Soumis par Anonyme le

En Bref :

  • Le supermarché n’est pas une banque.
  • Le consommateur ignore souvent ce à quoi il s’engage.
  • Le credit revolving coûte très cher

On n’a jamais vu un avocat opérer une tumeur à la place d’un médecin. Pourquoi, dès lors, voir des vendeurs accorder des crédits à la place des banquiers ? ! En leur qualité de commerçants, ils ont pour objectif d’assouvir votre soif de consommation, au plus vite. Pour ce faire, plusieurs possibilités s’offrent à eux. Le credit revolving ou crédit permanent en est une. Ce type de crédit permet d’obtenir une réserve permanente d’argent et de puiser quasi indéfiniment dans ses réserves. Une offre qui continue de séduire, à leurs dépens, de nombreux consommateurs.

Concrètement, ça marche comment ?

Partons d’un cas concret (1) : Sophie est au supermarché. Séduite par la promotion sur le dernier home cinema, elle hésite à l’acheter. Le problème est qu’il coûte 3 000 euros, somme que ne possède pas Sophie. C’est alors qu’intervient le vendeur : Vous souhaitez acheter ce magnifique home cinema ? Rien de plus simple ! Payez avec une carte de crédit du supermarché. C’est gratuit et vous prenez le temps qu’il vous faut pour rembourser. Et pour cause, plus le temps passe, plus le supermarché engrange des bénéfices. Pourquoi ? Comme son nom l’indique, le crédit permanent ne court pas sur une échéance, mais est à durée indéterminée. Les intérêts continuent de courir aussi longtemps que votre crédit n’est pas remboursé.
Aussitôt votre premier remboursement effectué, le montant remboursé réintègre votre réserve et redevient empruntable comme nouveau crédit. Votre réserve devient ainsi intemporelle et il n’est pas nécessaire de rembourser la totalité du premier emprunt pour en contracter un nouveau. Mais revenons au cas de Sophie. Elle doit rembourser mensuellement 5 % du solde restant dû, avec un minimum de 25 euros par mois. Le taux d’intérêt effectif global dans son cas est de 17 %. Dans ces conditions, Sophie devra débourser le premier mois 189,51 euros ! Ce n’est qu’à partir du 14e mois de remboursement qu’elle passera en dessous de la barre des 100 euros par mois. Elle devra attendre le 41e mois pour atteindre le montant de 25 euros et 55 mois pour rembourser intégralement son home cinema. Soit plus de 4 ans et demi ! Si Sophie décide en plus de réemprunter régulièrement pour d’autres achats le montant qu’elle a déjà remboursé, elle court à sa perte.

Où est le problème ?

La loi belge protège le consommateur des crédits abusifs à la consommation. La capacité d’emprunt du consommateur lui est garantie pour autant que celui-ci dispose d’une capacité de remboursement adéquate et suffisante. L’ensemble des professionnels du crédit s’accorde pour considérer l’octroi de crédit comme un acte sérieux et responsable. Ils se doivent de connaître l’identité du consommateur, de déterminer avec lui les besoins de financement, de le conseiller sur le but du crédit. Ils se doivent d’évaluer la solvabilité de leur client et de lui donner toute information nécessaire concernant le contrat de crédit envisagé (2).
Avant d’accorder un prêt, ils doivent consulter la Centrale des Crédits aux Particuliers. Ce registre central des crédits belges reprend les informations relatives aux crédits hypothécaires et aux crédits à la consommation de chaque contractant. Pas question donc d’endetter un client en lui prêtant une somme qu’il ne peut rembourser. En théorie, le consommateur est protégé et informé. En pratique, les groupes bancaires se dégagent de leur responsabilité en développant une offre de crédit vendue en grandes surfaces. Les vendeurs qui y opèrent s’y connaissent peu en matière financière et ne remplissent pas le devoir de conseil auquel ils sont tenus. Une telle facilité d’obtention de ce type de crédit (souvenons-nous de Sophie) liée à une information plus que lacunaire (souvent, les personnes ignorent les conditions du crédit) emmènent, presque à leur insu, un certain nombre de personnes sur la piste glissante du surendettement. Fin 2009, la Banque Nationale de Belgique établissait que 40,5 % des défauts de paiement étaient dû à des ouvertures de crédits.

(1) Basé sur un exemple du bimestriel Budget & Droits de janvier/février 2009 n°202, pp32-33
(2) Crédits en grandes surfaces et devoir de conseil : les banques jouent-elles un double jeu ?, Olivier Jérusalmy, www.financite.be, rubrique « bibliothèque »

Chaque année, la plateforme Journée sans crédit sensibilise 

le grand public aux dangers du crédit facile

Organisée par vingt associations francophones et néerlandophones, la plate-forme Journée sans crédit a pour objectif de sensibiliser les consommateurs aux dangers du crédit facile et de formuler des recommandations aux pouvoirs publics pour améliorer la protection des consommateurs les plus fragilisés. Retrouvez leurs trucs et astuces pour éviter le surendettement sur www.journeesanscredit.be.

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Pas d'argent sur vous ? Ce n'est pas grave. Ouvrez un compte crédit dans un supermarché et accédez à vos rêves les plus fous...

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Juin

Carrefour : la dérive actionnariale

Soumis par Anonyme le

En bref

  • Blue Capital : la stratégie ratée de deux actionnaires endettés.
  • Un calcul dont la Belgique fait les frais.
  • Malgré 1,030 milliard d’euros (1) de chiffre d’affaires au premier trimestre 2010 en Belgique, la direction du groupe Carrefour prévoyait en février de fermer 21 magasins.

Après avoir économisé 590 millions d’euros en 2009, Carrefour mise sur 500 millions supplémentaires en 2010. En Belgique pourtant, on parle déjà du groupe au passé.

L’origine du problème

Mars 2007, le français Bernard Arnault (seconde plus grosse fortune de France et leader mondial de l’industrie du luxe) et le fonds américain Colony Capital intègrent le capital de Carrefour. Via leur filiale luxembourgeoise Blue Capital, ils s’approprient d’entrée de jeu 10 % du capital du distributeur. Blue Capital devient ainsi le deuxième actionnaire de Carrefour, derrière la famille Halley qui en détient 13 %. Blue Capital veut pousser Carrefour à vendre une partie de son patrimoine immobilier. Cette opération devrait permettre de dégager une plus-value estimée à l’époque à 14 milliards d’euros (2). Un bénéfice qui serait alors redistribué sous forme de dividendes aux actionnaires qui se seraient probablement retirés du groupe. Mais c’était sans compter sur le krach immobilier qui fit chuter les prix. Dès lors, impossible de vendre des briques à un bon prix ! La perte potentiellepour Blue Capital est de 1,9 milliard d’euros. Les investisseurs commencent à paniquer. Le marché boursier se refroidit et l’action Carrefour chute. Les titres Carrefour achetés 53 euros n’en valent plus que 29.

Le cercle vicieux de l’actionnariat

Obligé de s’endetter pour rentrer dans le groupe Carrefour, Blue Capital, après une première mauvaise opération financière, est en
mauvaise posture. Afin de rentrer dans ses frais, le fonds d’investissement envisage alors de vendre les filiales asiatiques et sud-américaines pour se replier sur l’Europe. Une vente qui dégagerait un bénéfice suffisamment important pour amortir les pertes que les actionnaires viennent de subir, mais un choix qui ne tient pas compte de l’avenir. En 2008, le chiffre d’affaires de Carrefour a augmenté de 17 % en Chine et de 29 % au Brésil. Et cette tendance se confirme pour le futur. Carrefour est aujourd’hui numéro un de la grande distribution alimentaire au Brésil ! Le groupe a donc tout intérêt à ne pas se séparer de ses florissantes filiales. De plus, si les marchés européens sont stables, la consommation y est lente et la hausse des ventes y reste limitée. Deuxième revers pour Blue Capital : soucieuses d’un équilibre des forces de la grande distribution sur leur territoire, les autorités chinoises s’opposent à la vente de la filiale en Chine. Cette solution est donc abandonnée. Quant à la filiale sud-américaine, elle est bien trop rentable pour être vendue. Les actionnaires l’ont bien compris et s’opposent à cette vente. Face aux contestations, Blue Capital se voit contrainte de laisser cette option en suspens.

Une logique de court terme qui met la Belgique hors-jeu

Cette mésaventure illustre la dérive à laquelle conduit le transfert de propriété des entreprises dans les mains d’actionnaires guidés par une logique exclusivement financière de court terme. Une démarche qui vide le groupe Carrefour de toute préoccupation sociale. L’objectif n’est plus de produire la richesse par une activité économique, mais de capter la richesse en spéculant. Un calcul dont la Belgique fait les frais. Si une chute de 74 % des bénéfices annuels a été observée en 2009, le groupe Carrefour demeure bénéficiaire en Belgique. Mais pas suffisamment selon les décideurs. Les supermarchés belges ne rivalisent pas avec ceux du Brésil, de Chine ou encore d’Indonésie.

(1) http://www.carrefour.com/docroot/groupe/C4com/Pieces_jointes/CA/COMMUNIQUE%20T1%202010%20FR%20DEF.pdf

(2) Alternatives économiques, n° 286, décembre 2009, p.70.

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Les récents événements chez Carrefour prouvent une fois de plus que les décisions ne sont plus réfléchies en fonction des intérêts du plus grand nombre, mais dépendent d'une minorité d'actionnaires majoritaires.

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FINANcité Magazine n°18 : Grande distribution, qui passe à la caisse ?

Soumis par Anonyme le
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Cahier FINANcité n°17: Apprentissage mutuel en matière d'inclusion financière

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